Archives de catégorie : Ciel étoilé

Superposition galactique dans la Grande Ourse

Le bestiaire galactique est riche de nombreuses curiosités. Exemple avec SDSS J115331 et LEDA 2073461, deux galaxies qui se chevauchent.  

Perspective trompeuse :

Lorsque des galaxies interagissent, les forces de marée gravitationnelles étirent les belligérants et leur donnent des formes torsadées. La collision déclenche également des flambées de naissances stellaires qui se traduisent par une profusion d’étoiles bleues brillantes et de nuages ​​de gaz. Autant de signes que l’on retrouve dans Arp 243, ou encore avec NGC 2798/2799. Pourtant, rien de tout cela n’est visible quand on regarde ce cliché réalisé par le télescope Hubble :

Situé dans la Grande Ourse, le couple SDSS J115331 et LEDA 2073461 ne semble pas connaître les tumultes engendrés par une collision galactique. Et les astronomes l’ont bien compris : ces deux galaxies n’interagissent pas entre elles. Il se trouve que par un incroyable concours de circonstance, elles sont parfaitement alignées quand on les observe depuis la Terre ! Une situation rare, mais pas exceptionnelle. On la retrouve dans le cas de NGC 3314 :

NGC 3314 est le résultat de l’alignement parfait de deux galaxies. © ESO/Iodice et al.

Là aussi, les deux galaxies (baptisées A et B dans un grand élan d’originalité), sont sur notre ligne de visée, mais séparées entre elles de plusieurs dizaines de millions d’années-lumière.

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Cette nébuleuse nous cache une monstrueuse protoétoile

Dans la nébuleuse RCW 120, les astronomes ont découvert un astre qui pourrait devenir l’une des plus brillantes étoiles de notre Galaxie. 

Pépinières pour étoiles  :

Située dans la constellation du Scorpion, à environ 4.300 années-lumière, RCW 120 porte une dénomination qui mérite quelques explications. Elle fait partie du catalogue RCW, un recueil d’environ 200 nébuleuses en émission du ciel austral. On doit sa réalisation dans les années 1960 aux astronomes Rodgers, Campbell et Whiteoak :

La nébuleuse RCW 120 se trouve dans la constellation du Scorpion. © Christine Sasiad

Des nébuleuses en émission, nous en connaissons beaucoup, la plus célèbre étant sans conteste la nébuleuse d’Orion. Si ces nébuleuses brillent, c’est parce que le gaz qui les compose est ionisé par le rayonnement de jeunes étoiles chaudes. Ce sont ces protoétoiles que les astronomes cherchent à étudier pour reconstituer les grandes étapes de l’évolution stellaire :

La plus célèbre nébuleuse en émission se trouve dans la constellation d’Orion. © M. Claro

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Spectacle cosmique : la galaxie d’Andromède vue des Cévennes

Sous le ciel noir des Cévennes, l’astrophotographe Mathieu Clot a immortalisé la grande galaxie d’Andromède, Messier 31.

Ciel préservé :

Depuis août 2018, le Parc naturel des Cévennes est labellisé RICE. Ce label récompense des régions dans lesquelles ont été prises des mesures afin de minimiser la pollution lumineuse. Cette Réserve Internationale de Ciel Étoilé est actuellement la plus grande d’Europe. Autant dire qu’elle attire de nombreux astronomes en quête de beaux ciels étoilés. C’est d’ailleurs au col de Finiels (1.540 mètres d’altitude), sur le mont Lozère, que l’astrophotographe Mathieu Clot s’est rendu durant l’été 2021 pour réaliser quelques belles images nocturnes :

Le matériel est en place pour une nuit d’astrophotographie sous le ciel étoilé des Cévennes. © Mathieu Clot

Il avait emporté dans ses bagages une lunette Skywatcher 80ED équipée d’un correcteur de champ x0.85. Ce réfracteur était installé sur une monture Skywatcher EQ6-R pro sans autoguidage. Et pour les images, l’astrophotographe était équipé d’un boîtier Nikon D800. Pendant qu’il faisait ses premiers essais en début de nuit, sa compagne Hélène Xerry a immortalisé la Voie lactée depuis leur site d’observation :

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UGCA 193, l’étrange galaxie dont les étoiles sont bleues

Dans la constellation du Sextant, la galaxie spirale UGCA 193 (que nous voyons par la tranche) présente une forte densité d’étoiles bleues.

Une curieuse galaxie dans le Sextant : 

UGCA 193 est l’une des galaxies rassemblées dans le Uppsala General Catalogue Addendum. Ce dernier est un additif à l’UGC (Uppsala General Catalogue of Galaxies), un recueil de près de 13.000 galaxies réalisé par l’astronome suédois Peter Nilson. Perdue dans la modeste constellation du Sextant, UGCA 193 n’est pas accessible aux lunettes astronomiques des amateurs. Il faut faire appel au télescope spatial Hubble pour découvrir celle que les astronomes comparent à une cascade d’étoiles :

La galaxie UGCA 193 montre une grande quantité d’étoiles bleues. © ESA/Hubble/NASA

Sur ce cliché, nous découvrons une étrange galaxie spirale située à plus de 30 millions d’années-lumière. L’objet céleste est singulier à plus d’un titre. D’abord, parce qu’il s’agit d’une galaxie spirale vue exactement par la tranche, comme IC 2233. Ensuite, parce qu’elle compte une très forte proportion d’étoiles bleues. Continuer la lecture de UGCA 193, l’étrange galaxie dont les étoiles sont bleues

En vidéo : plongée dans la nébuleuse planétaire NGC 3132

Les premières images du JWST ont dévoilé la beauté en infrarouge de la nébuleuse planétaire NGC 3132 dans la constellation des Voiles.

Nébuleuse planétaire australe :

Cataloguée sous le nom de NGC 3132 (ou Caldwell 74), la nébuleuse de l’anneau Sud est le pendant austral de la célèbre nébuleuse de la Lyre. C’est une nébuleuse planétaire, le linceul d’une étoile mourante située à environ 2.500 années-lumière de la Terre. L’étoile moribonde à l’origine de cet anneau de gaz et de poussière n’est pas celle que l’on voit briller intensément au centre. Elle apparaît faiblement juste à côté, noyée dans la lumière d’un des pics de diffraction (flèche rouge sur l’image suivante) :

NGC 3132 imagée par le James Webb Space Telescope. © NASA/ESA/CSA/STScI/NIRCam

Vouée à devenir une naine blanche, l’étoile mourante éjecte des coquilles de gaz et de poussière depuis des milliers d’années. Son mouvement orbital autour de sa brillante voisine a donné lieu aux structures complexes de la nébuleuse (présentée dans l’APOD). Cette dernière s’étend sur une superficie d’environ 0,5 année-lumière. Continuer la lecture de En vidéo : plongée dans la nébuleuse planétaire NGC 3132

Fascinantes nébuleuses obscures dans la Voie lactée

Au milieu des myriades d’étoiles qui peuplent la Voie lactée, d’étonnantes nébuleuses obscures se dessinent à l’encre noire.

Dentelles noires :

Si vous admirez la Voie lactée une nuit d’été, elle vous fera penser à une bande laiteuse, à l’origine de son nom. Armé d’une paire de jumelles, vous découvrirez que sa lumière est produite par une infinité d’étoiles :

L’artiste flamand Pierre Paul Rubens nous a laissé une représentation de la Voie lactée qui s’inspire de la mythologie gréco-romaine : Zeus profita du sommeil de sa femme légitime, la déesse Héra, pour lui faire allaiter Hercule. En s’éveillant, Héra repoussa l’enfant qui n’était pas d’elle et le lait se répandit dans le ciel, formant la Voie lactée.

Pourtant, au milieu de cette rivière de lumière, on trouve de nombreuses nébuleuses obscures. Au début des années 1960, l’astronome Beverly Turner Lynds décida de les recenser. Près de 1.800 nébuleuses obscures sont ainsi rassemblées dans le LDN (Lynds Catalog of Dark Nebulae). Ces vastes nuages moléculaires (on y trouve de l’hydrogène moléculaire, appelé aussi dihydrogène) produisent un effet saisissant. Très riches en poussières, ils occultent la lumière de presque toutes les étoiles qui brillent derrière. Comme si un artiste cosmique avait fait couler de l’encre de Chine en pleine Voie lactée. Continuer la lecture de Fascinantes nébuleuses obscures dans la Voie lactée

Vaguelettes gazeuses dans la nébuleuse du Spirographe

Dans la nébuleuse planétaire du Spirographe, le gaz soufflé par l’étoile centrale produits d’étonnants motifs géométriques. 

Sous les pieds d’Orion :

La discrète nébuleuse du Spirographe (alias IC 418) est blottie sous les pieds du chasseur Orion, dans la constellation du Lièvre. En général, les astronomes n’ont d’yeux que pour Messier 42, la plus belle nébuleuse du ciel nocturne. Il leur suffirait pourtant de pointer leur télescope sept degrés plus bas pour découvrir IC 418. Mais il est vrai qu’avec une magnitude de 11, cette petite nébuleuse planétaire est bien plus modeste que la célébrissime nébuleuse d’Orion :

La petite nébuleuse planétaire IC 418 se trouve dans la constellation du Lièvre, sept degrés en dessous de la célèbre nébuleuse d’Orion, Messier 42. © Sky and Telescope

Pour découvrir visuellement IC 418, il faudra réunir plusieurs conditions : un ciel bien noir et un télescope d’au moins 30 centimètres de diamètre. Une autre option consiste à feuilleter les archives photographiques du télescope Hubble. La nébuleuse du Spirographe y dévoile ses curieuses volutes gazeuses (ici). Continuer la lecture de Vaguelettes gazeuses dans la nébuleuse du Spirographe

NGC 2276, la galaxie qui ne tourne pas rond dans Céphée

NGC 2276 est une galaxie particulière dans la constellation de Céphée. Curieusement, son noyau n’est pas au centre des bras spiraux.

Tout au bout de Céphée :

La constellation de Céphée (le roi des Éthiopiens dans la mythologie grecque), recèle quelques beautés célestes. La nébuleuse de l’Hippocampe (Barnard 150) en fait partie, tout comme plusieurs amas d’étoiles. Parmi eux, Palomar 1, première découverte réalisée en 1954 par le télescope américain de 5 mètres de diamètre, est le plus célèbre. Céphée est une constellation circumpolaire, ce qui signifie qu’elle est visible toute la nuit et toute l’année. Très proche du pôle céleste, elle ne passe jamais sous l’horizon pour les observateurs européens :

NGC 2276 est une galaxie spirale particulière située dans la constellation de Céphée, non loin de l’étoile Polaire. © IAU/Sky & Telescope magazine

Mais c’est une galaxie qui nous intéresse aujourd’hui. Il s’agit de NGC 2276, une spirale repérée en 1876 par l’astronome allemand August Winnecke, grand découvreur de comètes. Elle n’est qu’à quelques degrés de la célèbre étoile Polaire, à 120 millions d’années-lumière de nous. Continuer la lecture de NGC 2276, la galaxie qui ne tourne pas rond dans Céphée

Zoom sur Véga, la plus belle étoile du ciel d’été

Plus brillante étoile du ciel estival, Véga est l’une des pointes du Triangle d’été. C’est le moment de lever les yeux pour l’admirer.

Carte d’identité :

Véga (Alpha Lyrae) est la cinquième étoile la plus brillante (magnitude zéro). Depuis nos latitudes, on peut même dire qu’elle est la troisième après Sirius et Arcturus. Elle est située à environ 25 années-lumière, ce qui en fait la sixième plus proche de toutes les étoiles brillantes. Un observateur remarque tout de suite sa couleur bleue. Elle correspond à une température de surface d’environ 9.400° C, soit 4.000° de plus que notre Soleil. Bien que Véga ne soit âgée que d’environ 500 millions d’années, elle est déjà à la moitié de sa vie :

Véga est la cinquième étoile la plus brillante du ciel nocturne. © Jose Mtanous

Selon une légende japonaise, Véga, la plus jeune fille de l’empereur céleste, est tisserande. Elle est amoureuse d’Altaïr (il est bouvier, c’est-à-dire conducteur de bœufs). Mais le père de la jeune fille ne veut pas et place entre eux une rivière d’étoiles, la Voie lactée. Voyant sa fille inconsolable, l’empereur finit par accepter qu’ils se retrouvent une fois par an. C’est le 7 juillet, septième jour du septième mois de l’année. Au Japon, cette fête est l’occasion de nombreux festivals. Continuer la lecture de Zoom sur Véga, la plus belle étoile du ciel d’été

Dans la Carène, le JWST scrute les rivages d’un océan cosmique

L’une des premières images réalisées par le James Webb Space Telescope nous montre une petite partie de la nébuleuse de la Carène.

Image iconique :

Le cliché fera date : le 12 juillet 2022, les astronomes dévoilaient un stupéfiant cliché de la Carène réalisé par le JWST. Il s’agit d’une toute petite portion de l’une des plus grandes nébuleuses, découverte par un Français. En effet, c’est Nicolas-Louis de Lacaille qui mentionna le premier la nébuleuse de la Carène (NGC 3372) en 1752. L’astronome français était alors en mission dans l’hémisphère austral pour mesurer l’arc du méridien :

La nébuleuse de la Carène déploie ses pétales rouges au-dessus d’une des antennes du réseau ALMA (Atacama Large Millimeter/submillimeter Array). © ESO/Babak Tafreshi

Cette nébuleuse en émission est l’une des plus grandes régions H II (hydrogène ionisé) de la Voie lactée. Imaginez : elle couvre une surface apparente de 3 degrés, soit six fois la Pleine Lune ! À la distance où se trouve la Carène (près de 9.000 années-lumière), cela représente une taille réelle d’environ 460 années-lumière. Continuer la lecture de Dans la Carène, le JWST scrute les rivages d’un océan cosmique

Voie lactée depuis la station savoyarde du Corbier

En s’élevant au-dessus des lumières de la station du Corbier Les Sybelles, on peut découvrir la Voie lactée dans toute sa splendeur.

Au cœur de la Maurienne :

La station du Corbier est née dans les années 1960 sur la commune de Villarembert. Elle a été inaugurée le 31 décembre 1967 en présence de Françoise Hardy et Robert Hossein. Cette station familiale compte plus de 300 kilomètres de pistes. Son Office du Tourisme, “Le Tripode”, a une forme pyramidale assez étonnante. Quand on circule dans la station, on remarque que les immeubles portent des noms en rapport avec l’espace. Cosmos, Baïkonour, Zodiak, Vostok, Ariane, mais également Altaïr ou encore Antarès.

C’est donc tout naturellement que s’y est déroulée la première édition du festival AstroRock du 1er au 6 août. Outre des conférences et des observations du ciel, plusieurs groupes de musique se sont succédés.

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Hubble capture la lente agonie d’une étoile géante rouge

Avec la nébuleuse de la Calebasse, nous assistons à la fin d’une géante rouge avant qu’elle ne laisse la place à une nébuleuse planétaire.

Devenir une géante rouge :

Les étoiles ne sont pas éternelles. Prenez par exemple celles dont la taille est comparable à notre Soleil : après une dizaine de milliards d’années à fusionner de l’hydrogène en hélium, elles connaissent une métamorphose radicale. Elles s’échauffent, gonflent et prennent une teinte pourpre. C’est le stade de géante rouge, une agonie que connaîtra le Soleil dans cinq milliards d’années.

Quelques-unes des plus célèbres étoiles géantes rouges que l’on puisse observer.

Nous avons dans le ciel nocturne quelques belles géantes rouges. La plus célèbre est sans aucun doute Bételgeuse. La deuxième étoile la plus brillante d’Orion avait connu début 2020 une spectaculaire baisse d’éclat. Toutes les étoiles géantes rouges sont condamnées à devenir de superbes nébuleuses planétaires. Continuer la lecture de Hubble capture la lente agonie d’une étoile géante rouge

Au Chili, l’arche de la Voie lactée surplombe le Salar d’Atacama

Au Chili, des myriades d’étoiles de la Voie lactée se reflètent la nuit dans les rares lagons qui parsèment le Salar d’Atacama.

Du sel et des étoiles :

Le Salar d’Atacama est le plus grand dépôt salin du Chili. Il est situé dans la région d’Antofagasta, à une trentaine de kilomètres au sud de la ville de San Pedro de Atacama. Le sel s’est accumulé dans une dépression alimentée par les précipitations qui descendent de la Cordillère des Andes. L’eau ne peut s’échapper de cette cuvette que par évaporation ou infiltration. Le Salar d’Atacama est également l’un des plus grands gisements de lithium du monde.

C’est dans cette région aride et sèche qu’on trouve de petites oasis d’eaux douces et profondes. Ojos Del Salar sont deux lagons circulaires qui font penser à des yeux, d’où leur nom. Ils sont entourés de sel et de quelques prairies parcourues par les renards et les flamants roses. L’astrophotographe portugais Miguel Claro (voir son site) a choisi l’un de ces lagons pour y réaliser une étonnante image nocturne. En format portrait, l’image donne l’impression qu’un œil géant regarde la Voie lactée, particulièrement lumineuse.

À savoir :

Dans le petit monde de la photographie astronomique, il est des noms qui reviennent régulièrement. Celui de l’astrophotographe portugais Miguel Claro en fait partie : on ne compte plus le nombre de ses magnifiques images publiées dans les revues (National Geographic, Ciel et Espace, Astronomy…) et sur les sites spécialisés (APOD…). Il est également l’astrophotographe officiel de la “Dark Sky Alqueva Reserve (qu’il gère avec l’aide de son amie Apolónia Rodrigues), première Réserve touristique de ciel étoilé au monde.

L’astrophotographe Miguel Claro présente ses photographies. © Jean-Baptiste Feldmann

Il est enfin l’auteur de deux beaux livres, “Astrofotografia – Imagens à luz das estrelas” et “Dark Sky Alqueva – O Destino das Estrelas / A Star Destination”. Il est aussi ambassadeur photo pour l’ESO et membre du collectif TWAN.

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Spectacle céleste : les mille et une couleurs de Rho Ophiuchi

S’il est une région céleste incroyablement colorée, c’est bien celle de Rho Ophiuchi, une étoile multiple située à proximité d’Antarès.

Au cœur de la Voie lactée :

La région de Rho Ophiuchi se situe dans l’hémisphère céleste sud, à une déclinaison moyenne de 24° Sud. Pour les astrophotographes, il est donc impératif de choisir un site d’observation le plus méridional possible. Le Suisse Markus Lienhard s’est donc rendu sur l’Île de La Palma pour imager cette portion du ciel. Il a ensuite additionné 12 poses de 300 secondes réalisées à l’aide d’un téléobjectif de 135 millimètres de focale ouvert à 2. Le résultat révèle les chatoyantes couleurs du nuage moléculaire géant qui s’interpose entre nous et les étoiles Rho Ophiuchi, Antarès et Sigma Scorpii :

La région stellaire autour de Rho Ophiuchi offre une incroyable palette de couleurs, comme en témoigne ce superbe cliché réalisé depuis l’Île de La Palma. © Markus Lienhard

De son côté, l’astrophotographe Arnaud Frich nous explique ici comment il a procédé pour immortaliser ce joyau du ciel nocturne. Continuer la lecture de Spectacle céleste : les mille et une couleurs de Rho Ophiuchi

Jeunes et vieilles étoiles cohabitent dans l’amas Liller 1

Contrairement à ses congénères, l’amas globulaire Liller 1 est composé d’un mélange d’étoiles très jeunes et très anciennes. 

Dans les poussières du Scorpion :

À seulement 30.000 années-lumière de nous, l’amas globulaire Liller 1 devrait être une cible facile pour les astronomes. Mais il se situe en pleine Voie lactée, dans la constellation du Scorpion. Dans cette région céleste, les nuages de poussière interstellaire sont nombreux. Ce qui explique pourquoi cet amas globulaire n’a été découvert qu’en 1977 par l’astronome américain William Liller.

La constellation du Scorpion photographiée depuis la plage de Cassis en avril 2016. Les planètes Saturne et Mars se trouvaient alors à proximité. © Jean-Baptiste Feldmann

Heureusement, la caméra WFC3 du télescope spatial Hubble est sensible dans l’infrarouge, seule longueur d’onde capable de percer cet écran de poussière. Grâce à cette propriété, l’ESA peut nous proposer cette superbe image de Liller 1Continuer la lecture de Jeunes et vieilles étoiles cohabitent dans l’amas Liller 1

Une étoile torride fait briller la nébuleuse du Masque

Les astronomes ont mesuré la température impressionnante de l’étoile centrale dans la nébuleuse du Masque : plus de 130.000°C !

Nébuleuse planétaire australe :

La nébuleuse du Masque (CVMP 1) est une nébuleuse planétaire (NP) située à environ 6.500 années-lumière. Elle s’est formée il y a plus de 12.000 ans dans la constellation australe du Compas. Lorsqu’une étoile géante rouge arrive en fin de vie, elle explose. En projetant dans l’espace ses couches externes,  elle crée une bulle gazeuse en expansion. Le gaz de la nébuleuse se met à briller sous l’action du puissant rayonnement ultraviolet émis par l’astre géniteur. C’est le spectacle que nous observons actuellement dans la nébuleuse du Masque :

CVMP 1, la nébuleuse planétaire du Masque dans la constellation du Compas. © Gemini Observatory / NSF’s National Optical-Infrared Astronomy Research Laboratory / AURA

Au fil du temps, l’étoile centrale se refroidit et le gaz de la NP se dilue dans l’espace. C’est ce qui explique l’existence éphémère (à l’échelle de l’Univers) des nébuleuses planétaires : quelques dizaines de milliers d’années tout au plus. Continuer la lecture de Une étoile torride fait briller la nébuleuse du Masque

Zoom vertigineux au cœur de la splendide galaxie NGC 1703

C’est une galaxie qui dévoile sa beauté dans les très grands télescopes. Zoom sur NGC 1703, une spirale barrée cachée dans la Dorade. 

Bijoux cosmiques :

La petite constellation australe de la Dorade a-t-elle un secret ? Bien qu’aucune étoile de cet astérisme ne dépasse la magnitude 4, on y trouve deux superbes galaxies. Il y a d’abord NGC 1672, une spirale barrée où les naissances d’étoiles sont permanentes. Penchons-nous aujourd’hui sur NGC 1703, une autre spirale barrée elle aussi de toute beauté. Située à 70 millions d’années-lumière, elle fut observée pour la première fois en 1834 par l’astronome britannique John Herschel (le fils de William Herschel, le découvreur d’Uranus). Avec une magnitude de 12, NGC 1703 n’est accessible qu’aux grands instruments. C’est le télescope de 4 mètres de diamètre du Cerro Tololo qui nous en offre la plus belle image :

NGC 1703 est une magnifique galaxie spirale barrée située dans la constellation australe de la Dorade. © Dark Energy Survey/DOE/FNAL/DECam/CTIO/NOIRLab/NSF/AURA

Je vous encourage vivement à consulter la version zoomable proposée par NOIRLab. C’est un régal de plonger dans les bras spiraux de NGC 1703 pour y découvrir des nébuleuses rougies par l’hydrogène ionisé (comme la Rosette dans notre Voie lactée), ainsi que de petites galaxies très lointaines en arrière-plan.

À savoir :

Le sigle NGC fait référence à l’imposant New General Catalogue of Nebulae and Clusters of Stars qui regroupe près de 8.000 objets du ciel profond. Initié par l’astronome irlando-danois John Dreyer, ce catalogue fit l’objet d’une première édition en 1888. D’autres catalogues sont aussi très prisés des astronomes amateurs. Citons par exemple le catalogue Messier créé par l’astronome français Charles Messier, ainsi que le catalogue Caldwell publié en 1995 par Patrick Moore.

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Voyage au cœur de l’étoile supergéante AG Carinae

C’est l’une des plus brillantes étoiles de notre Galaxie. Grâce au télescope Hubble, on peut admirer AG Carinae avec un luxe de détails.

Un phare dans la Galaxie :

Perdue dans la constellation australe de la Carène, AG Carinae (AG Car) pourrait passer inaperçue. Sa magnitude variant de 6 à 9, elle n’est même pas visible à l’œil nu. Il s’agit pourtant d’une des étoiles les plus brillantes de notre Galaxie, la Voie lactée. Son rayonnement est un million de fois supérieur à celui du Soleil ! Si nous ne percevons pas cette intensité, c’est tout simplement parce que 20.000 années-lumière nous séparent de AG Carinae :

Quand on regarde une étoile dans un télescope d’amateur, on ne voit qu’un point lumineux. On a beau utiliser le plus fort grossissement disponible, impossible d’obtenir plus de détails. Mais si vous avez le privilège de pouvoir utiliser un grand télescope installé dans l’espace, il en va tout autrement. Continuer la lecture de Voyage au cœur de l’étoile supergéante AG Carinae

Scène de cannibalisme du côté de la galaxie Centaurus A

La galaxie lenticulaire Centaurus A est un objet cosmique singulier. Elle est en train d’avaler une galaxie spirale sous nos yeux. 

Cliché professionnel :

L’astrophotographe Wolfgang Promper (Astro-Pics) vient de réaliser une époustouflante image de Centaurus A. Il faut dire qu’il ne lésine pas sur le matériel : cinq heures de poses avec un télescope de 60 centimètres de diamètre sous le ciel noir de la Namibie ! Et le résultat vaut largement ce qu’on obtient dans les grands observatoires, comme ici à l’ESO. Un investissement conséquent, à la hauteur de l’énigmatique galaxie :

La galaxie Centaurus A est en train d’avaler une galaxie spirale. © Wolfgang Promper

Centaurus A s’appelle également NGC 5128 et Cadwell 77. l’appellation NGC nous renvoie à l’imposant New General Catalogue of Nebulae and Clusters of Stars qui regroupe près de 8.000 objets du ciel profond. Initié par l’astronome irlando-danois John Dreyer, ce catalogue fit l’objet d’une première édition en 1888. Quant à Caldwell, c’est le nom du catalogue produit par un célèbre vulgarisateur britannique, Patrick Moore. Continuer la lecture de Scène de cannibalisme du côté de la galaxie Centaurus A

Au Chili, saisissante Voie lactée au-dessus du Cerro Tololo

Depuis l’Observatoire du Cerro Tololo au Chili, Babak Tafreshi a utilisé un objectif fisheye pour immortaliser la Voie lactée.

Observatoire chilien :

Le CTIO (Cerro Tololo Inter-American Observatory) est installé à 2.200 mètres d’altitude sur le Cerro Tololo. C’est l’un des sommets qui encadrent la vallée de l’Elqui au Chili. L’air y est très sec et la pollution lumineuse absente. C’est ce qui explique la présence d’autres installations astronomiques dans la région. Le Gemini sud et le LSST (Large Synoptic Survey Telescope) sont construits sur un autre sommet, le Cerro Pachón. Le CTIO est l’un des quatre observatoires rassemblés au sein du NOAO.

Vu du ciel, l’Observatoire interaméricain du Cerro Tololo.© CTIO

Ce site compte une dizaine de coupoles qui abritent des instruments entre 50 centimètres et 1,5 mètre de diamètre. Mais le fleuron de l’observatoire est le télescope Blanco avec son miroir de 4 mètres de diamètre. Continuer la lecture de Au Chili, saisissante Voie lactée au-dessus du Cerro Tololo