Archives pour l'étiquette John Herschel

Quand les hommes chauves-souris peuplaient la Lune

En 1835, le quotidien américain The Sun publia une série d’articles humoristiques évoquant la présence d’hommes chauves-souris sur la Lune.

Comment créer une fake news :

Pourrait-on voir voler des hommes chauves-souris sur la Lune ? L’idée semble bien incongrue, elle fut pourtant à la mode en 1835. Cette année-là, le journaliste américain Richard Adams Locke (1800-1871) décida de s’amuser aux dépens de ses lecteurs. Il rédigea pour le journal The Sun six articles sur l’habitabilité de notre satellite naturel. Pour les rendre crédibles, il lui fallait une caution scientifique. Il décida alors d’attribuer la découverte de cette vie extraterrestre à l’astronome John Herschel, profitant de l’absence de ce dernier parti observer en Afrique du Sud.

Le célèbre astronome William Herschel, découvreur d’Uranus en 1781, était le père de John Herschel. Dessin Christine Sasiad

John Herschel était loin d’être un inconnu pour le grand public. C’était le fils de William Herschel, l’astronome rendu immortel par la découverte d’Uranus en 1781. Quant à sa tante, Caroline Herschel, elle était presque aussi célèbre.

Faune et flore lunaires :

Cette caution scientifique permit à Richard Adams Locke de ne pas éveiller les soupçons. Au fil de ses articles, les lecteurs virent la surface lunaire se couvrir d’arbres et de lacs. Ils apprirent que John Herschel utilisait de nouvelles lentilles sur son immense télescope pour voir des détails de plus en plus petits. On pouvait lire qu’il avait observé des troupeaux de quadrupèdes qui faisaient penser à des bisons, d’autres à des chèvres dotées d’une corne au milieu du front ! Puis entrèrent en scène des humains volants. Des hommes chauves-souris que l’astronome surnommait Vespertilio-homo.

Des hommes chauves-souris sur la Lune, une idée du journaliste américain Richard Adams Locke en 1835 pour le journal The Sun. Dessin Christine Sasiad

Devant tant de fantaisie, certains lecteurs finirent par se montrer sceptiques. Ce qui n’empêchera pas les articles d’être repris et traduits par de nombreux journaux. Un tel succès n’était pas étonnant, à une époque où l’on imaginait volontiers qu’il y avait de la vie ailleurs que sur Terre. Une idée qui allait refaire surface quelques décennies plus tard, avec l’affaire des canaux martiens.

Cette fake news vous est racontée dans ce podcast de Chasseurs de science.

Vous pourriez aimer :

Suivez l’actualité astronomique et découvrez mes images du ciel en vous abonnant à Cielmania sur Facebook ou Twitter.

Zoom vertigineux au cœur de la splendide galaxie NGC 1703

C’est une galaxie qui dévoile sa beauté dans les très grands télescopes. Zoom sur NGC 1703, une spirale barrée cachée dans la Dorade. 

Bijoux cosmiques :

La petite constellation australe de la Dorade a-t-elle un secret ? Bien qu’aucune étoile de cet astérisme ne dépasse la magnitude 4, on y trouve deux superbes galaxies. Il y a d’abord NGC 1672, une spirale barrée où les naissances d’étoiles sont permanentes. Penchons-nous aujourd’hui sur NGC 1703, une autre spirale barrée elle aussi de toute beauté. Située à 70 millions d’années-lumière, elle fut observée pour la première fois en 1834 par l’astronome britannique John Herschel (le fils de William Herschel, le découvreur d’Uranus). Avec une magnitude de 12, NGC 1703 n’est accessible qu’aux grands instruments. C’est le télescope de 4 mètres de diamètre du Cerro Tololo qui nous en offre la plus belle image :

NGC 1703 est une magnifique galaxie spirale barrée située dans la constellation australe de la Dorade. © Dark Energy Survey/DOE/FNAL/DECam/CTIO/NOIRLab/NSF/AURA

Je vous encourage vivement à consulter la version zoomable proposée par NOIRLab. C’est un régal de plonger dans les bras spiraux de NGC 1703 pour y découvrir des nébuleuses rougies par l’hydrogène ionisé (comme la Rosette dans notre Voie lactée), ainsi que de petites galaxies très lointaines en arrière-plan.

À savoir :

Le sigle NGC fait référence à l’imposant New General Catalogue of Nebulae and Clusters of Stars qui regroupe près de 8.000 objets du ciel profond. Initié par l’astronome irlando-danois John Dreyer, ce catalogue fit l’objet d’une première édition en 1888. D’autres catalogues sont aussi très prisés des astronomes amateurs. Citons par exemple le catalogue Messier créé par l’astronome français Charles Messier, ainsi que le catalogue Caldwell publié en 1995 par Patrick Moore.

Vous pourriez aimer :

Suivez l’actualité astronomique et découvrez mes images du ciel en vous abonnant à Cielmania sur Facebook ou Twitter.