Spectaculaire pluie de Géminides depuis l’Arizona

La pluie de Géminides du 14 décembre 2023 a été immortalisée au-dessus d’une coupole de l’Observatoire de Kitt Peak en Arizona.

Un jeune essaim météoritique :

La pluie d’étoiles filantes des Géminides n’est mentionnée que depuis 150 ans. C’est peu, quand on sait que les premiers rapports d’observation des célèbres Perséides remontent à l’an 36. Le pic d’activité des Géminides se produit entre le 12 et le 14 décembre. Au moment du maximum, le taux horaire peut atteindre 75 météores. Curieusement, cet essaim n’est pas associé à une comète mais à un astéroïde. Il s’agit de (3200) Phaéton, découvert le 11 octobre 1983 par le télescope spatial infrarouge IRAS. Les astronomes ont alors remarqué que l’orbite de (3200) Phaéton correspondait à la pluie d’étoiles filantes des Géminides. Les météores semblent jaillir de la constellation des Gémeaux, non loin des étoiles Castor et Pollux, d’où le nom de cet essaim :

Nombreuses étoiles filantes en Arizona pendant la nuit du 13 décembre 2023. © R. Sparks

Cette superbe image est l’œuvre de Rob Sparks. Ce photographe a passé la nuit du 13 décembre en Arizona, au pied de la coupole du télescope de quatre mètres de l’Observatoire de Kitt Peak. Le cliché présenté ci-dessus est constitué de la superposition de plusieurs centaines d’images réalisées pendant la nuit.

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Filé d’étoiles derrière la chapelle Saint-Joseph

Soirée du 27 décembre à la chapelle Saint-Joseph des Pierres Plantées pour réaliser un filé d’étoiles sous la Pleine Lune.

Une chapelle dans le Beaujolais :

La chapelle Saint-Joseph des Pierres Plantées a été édifiée en 2015. Rattachée à la commune de Ville sur Jarnioux, elle surplombe Oingt, l’un des plus beaux villages de France. Accessible uniquement par un chemin de randonnée, le site vaut le détour pour le panorama qu’il offre sur les monts du Beaujolais. Je me suis rendu à la chapelle en fin d’après-midi le 27 décembre 2023. L’occasion de réaliser un filé d’étoiles avec un paysage éclairé par la dernière Pleine Lune de l’année :

Cette image correspond à l’addition (avec le logiciel StarMax) de 120 poses (à 640 iso) de 30 secondes. Les clichés ont été réalisés avec un boîtier Nikon D7100 et un objectif Samyang de 18 millimètres de focale. Continuer la lecture

Dernière Pleine Lune de l’année 2023

Retour sur la dernière des treize Pleines Lunes qui ont jalonné cette année 2023, le mois d’août en ayant compté deux.

Des mois avec une ou deux Pleines Lunes :

L’année 2023 se termine avec une Pleine Lune la nuit du 26 au 27 décembre. C’est la treizième, une par mois et deux en août, le 1er et le 31. J’ai photographié cette dernière Pleine Lune de l’année 2023 dans la soirée du 26 avec un boîtier Nikon D3200 au foyer d’un télescope Perl Maksutov 102/1300. L’utilisation d’un filtre polarisant a permis d’atténuer l’intensité lumineuse et d’augmenter le contraste. Une seule pose (mode B) à 100 iso avec occultation manuelle du tube du télescope :

Bizarrerie de notre calendrier, certains mois comptent deux Pleines Lunes et d’autres aucune. Mais à quelle fréquence se produisent les mois sans Pleine Lune ? Continuer la lecture

Quand Vincent Van Gogh peignait la Pleine Lune

En 1889, alors interné, Van Gogh est autorisé à sortir pour peindre. La Pleine Lune a permis de dater l’un de ses plus célèbres tableaux.

Un génie tourmenté :

C’est en 1889 que Vincent Van Gogh réalise la plupart de ses plus belles toiles. Sorte de chant du cygne, puisqu’il se suicidera l’année suivante, le 29 juillet 1890 à Auvers-sur-Oise. À 36 ans, le peintre néerlandais est de plus en plus souvent sujet à des accès de folie. En décembre 1888, après une dispute avec le peintre Paul Gauguin, il s’est tranché l’oreille. En mars 1889, il est interné dans un premier temps à l’hôpital d’Arles avant de partir pour l’asile de Saint-Paul-de-Mausole :

La chambre de Van Gogh à l’asile de Saint-Paul-de-Mausole. © Paul Hermans/Wikipédia

Durant l’été, il peint de nombreuses toiles, dont un “Lever de Pleine Lune”. Un événement astronomique assez banal, mais qui a permis de dater le tableau avec précision. Continuer la lecture

Observatoire Yerkes : au bonheur des dames

Dans les années 1920, l’Observatoire Yerkes offrait aux femmes la possibilité de faire de véritables recherches astronomiques.

Un observatoire réputé :

L’observatoire Yerkes, qui dépend de l’Université de Chicago, se trouve dans le Wiscontin, sur la rive du lac Léman à Williams Bay. Il a été fondé  en 1897 par l’astronome George Ellery Hale. Son financement a été assuré par le millionnaire Charles Tyson Yerkes qui lui a donné son nom. Cet observatoire est connu pour abriter le plus grand réfracteur du monde. Il s’agit d’une lunette dotée d’un objectif de 102 centimètres taillé par l’opticien Alvan Clark. Cet instrument exceptionnel est logé dans une coupole de 27 mètres de diamètre :

En 1921, Albert Einstein s’y est rendu au cours d’un voyage en Amérique. La scène a été immortalisée par un cliché (ci-dessus) devenu célèbre. Un siècle plus tard, Andrea Twiss-Brooks et Rich Kron (University of Chicago) se sont penchés sur cette image. Qui étaient donc ces femmes qui entouraient le physicien allemand ? Continuer la lecture

Rima Hyginus, l’étrange rainure lunaire

Contrairement à la plupart des formations lunaires, les cratères qui jalonnent Rima Hyginus ne sont pas d’origine météoritique.

Spectacle au Premier Quartier :

L’observation de Rima Hyginus est un spectacle inoubliable, un soir de faible turbulence atmosphérique. Entre le septième et le huitième jour de la lunaison, tout possesseur de télescope se doit de pointer cette rainure située dans la mer des Vapeurs, mare Vaporum. Elle a été mentionnée pour la première fois par l’astronome allemand Johann Schröter en 1792 :

Longue de 220 kilomètres pour une largeur d’environ 4 kilomètres, cette faille est déjà visible dans une lunette de 70 millimètres de diamètre. Continuer la lecture

Bételgeuse : une occultation riche en surprises

Les astronomes font un premier bilan de l’occultation de Bételgeuse par l’astéroïde (319) Leona qui s’est produite le 12 décembre.

Événement astronomique :

Ils se souviendront de cette nuit du 12 décembre. Leurs télescopes pointés vers Bételgeuse, amateurs et professionnels ont guetté l’éclipse de α Orionis. La principale étoile de la constellation d’Orion devait en effet être cachée pendant une dizaine de secondes par l’astéroïde (319) Leona. La plupart des observateurs, des habitués d’occultations d’étoiles par des astéroïdes, s’étaient positionnés à l’intérieur d’une bande de visibilité allant du Mexique jusqu’à l’Ouest de la Chine. Pour une fois, leur cible était particulièrement brillante, ce qui a nécessité quelques adaptations. Certains ont opté pour des masques à l’avant du télescope de façon à ne pas saturer le capteur de leur caméra :

Masque à l’avant d’un télescope pour diminuer l’éclat de Bételgeuse. © Claudio Costa

Rappelons que (319) Leona est un astéroïde mesurant environ 70X60 km. De magnitude 14, il circule entre les orbites de Mars et Jupiter. Il fut découvert à l’Observatoire de Nice en 1891 par l’astronome Auguste Charlois. Continuer la lecture

Veillée d’armes avant l’occultation de Bételgeuse

Les astronomes se préparent activement à l’exceptionnelle occultation de Bételgeuse par un astéroïde la nuit prochaine.

Mobilisation mondiale :

Du Mexique à l’Ouest de la Chine, ils seront plusieurs centaines d’observateurs mobilisés la nuit prochaine. Objectif : admirer la très rare occultation de Bételgeuse par l’astéroïde (319) Leona. Une nuit blanche pour dix secondes d’occultation, à condition que le ciel soit dégagé ! Car une fois encore c’est la météo qui mettra les nerfs des astronomes à rude épreuve :

Pour ceux qui ne vivent pas dans la bande de terre concernée par le phénomène, le voyage a été nécessaire. C’est le cas pour plusieurs dizaines de français, amateurs et professionnels de  la SAF et du LESIA. Ils sont arrivés en Espagne ce week-end et ont fait les derniers réglages la nuit dernière :

Répétition nocturne avant l’occultation pour les astronomes français. © Stéphane Neveu

La nuit prochaine, peu après une heure du matin (TU), ils espèrent enregistrer des images à haute fréquence de l’occultation. La courbe de lumière détaillée du phénomène permettra d’obtenir des informations sur la localisation des cellules convectives gigantesques situées à la surface de Bételgeuse.

David contre Goliath :

La nuit dernière, l’astronome italien Adriano Lolli est parvenu à photographier (319) Leona à proximité de Bételgeuse :

L’astéroïde (319) Leona le 10 décembre à proximité de Bételgeuse. © Adriano Lolli

Ce modeste astéroïde de magnitude 14 se trouve à un peu plus de 270 millions de kilomètres. Quant à la plus brillante étoile de la constellation d’Orion (magnitude 0,6), elle se situe à 650 années-lumière !

Pour toutes les informations concernant cette occultation, consultez la page de l’IMCCE. Pour suivre le phénomène en direct, rendez-vous sur la page du VirtualTelescope.

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L’occultation de Bételgeuse s’annonce exceptionnelle

Le spectacle d’une vie : c’est ce que vont vivre les astronomes qui auront fait le déplacement pour observer l’occultation de Bételgeuse.

Une occultation très rare :

Bételgeuse (α Orionis), principale étoile de la constellation d’Orion, va s’éteindre un court instant le 12 décembre. La faute à (319) Leona, un astéroïde de la ceinture principale. L’occultation, qui devrait durer une dizaine de secondes, sera exceptionnelle. Il est en effet extrêmement rare d’assister à l’extinction d’une étoile brillante par un astéroïde. On peut citer les occultations de Régulus (magnitude 1,4) en 2005 et 2014. Mais pour la supergéante rouge Bételgeuse (magnitude 0,6), ce sera une première :

Bételgeuse marque l’épaule du chasseur Orion un soir de Lune. © Jean-Baptiste Feldmann

Un phénomène observable à l’œil nu par tous, encore plus rare qu’une éclipse totale de Soleil ! C’est pourquoi la SAF et le LESIA ont décidé d’associer astronomes amateurs et professionnels pour étudier cette occultation.  Continuer la lecture

Portrait : Koichi Itagaki, chasseur de supernovae

Il a découvert SN 2023ixf dans la galaxie du Moulinet. Portrait de Koichi Itagaki, l’astronome amateur qui traque les supernovae.

Un amateur, trois observatoires :

C’est devenu un rituel depuis une quinzaine d’années qu’il est en retraite. Chaque soir, après avoir soupé avec sa femme, Koichi Itagaki se rend dans son “quartier général”. C’est une confortable cabane entourée de coupoles située dans les collines de Yamagata, à 300 kilomètres au Nord de Tokyo. Dans la salle de contrôle, une douzaine de moniteurs servent à commander sept télescopes de dix à soixante centimètres de diamètre :

Koichi Itagaki dans la salle de contrôle de ses trois observatoires. © K. Itagaki

Des instruments répartis sur trois sites au Japon pour être certain d’avoir toujours un coin de ciel dégagé. Une fois installé, l’astronome amateur démarre une énième séance de chasse aux supernovae.

Soirée presque ordinaire à Yamagata :

Chaque nuit claire, ce sont près d’un millier de galaxies qui sont automatiquement photographiées, à la recherche de nouvelles explosions stellaires. Cette nuit de printemps 2023, le ciel finit par se couvrir sur le Japon. Koichi Itagaki rentre chez nuit, non sans avoir pris soin de laisser les instruments en mode automatique, ce qui leur permet de reprendre leur programme d’observation en cas d’éclaircie. Le lendemain matin, l’astronome japonais repère immédiatement un point lumineux inhabituel sur un cliché de la galaxie du Moulinet (Messier 101) dans la Grande Ourse :

SN 2023ixf apparaît sur ce cliché de M 101 réalisé le 20 mai 2023. © Eliot Herman

Il est le premier à publier l’information sur le TNS (Transient Name Server), la base de données de l’Union Astronomique Internationale qui recense les nouveaux objets célestes. C’est la plus proche supernova observée depuis une décennie et la 172e découverte de Koichi Itagaki !

Passion de jeunesse :

« Je ne suis pas astronome, mon passe-temps consiste juste à chercher de nouveaux corps célestes ». C’est ainsi que Koichi Itagaki résume modestement sa passion depuis six décennies. Tout a commencé en 1963 : alors au lycée, il assemble un petit télescope avec lequel il observe la Lune. En 1965, deux amateurs japonais, Kaoru Ikeya et Tsutomu Seki, font la une des journaux nationaux en découvrant une comète. C/1965 S1 (Ikeya-Seki) atteint une magnitude de -10, devenant visible en plein jour avec une queue de 45 degrés.

La comète Ikeya-Seki en 1965. © R. Lynds

Impressionné, Koichi Itagaki décide alors de se consacrer à la recherche de comètes. Avec ses premiers salaires (il a rejoint l’entreprise familiale de confiseries, Itagaki Peanuts), il s’achète un télescope de 15 centimètres de diamètre et déniche trois ans plus tard une comète. Devancé par d’autres découvreurs, la comète C/1968 H1 Tago-Honda-Yamamoto ne portera jamais son nom.

Des comètes aux supernovae :

Devenu patron de l’entreprise familiale, Koichi va investir dans l’astronomie une grande partie de ses revenus et se consacrer à la recherche de comètes pendant trois décennies. Mais la mise en service de télescopes professionnels pour traquer les astéroïdes géocroiseurs à partir de 1998 ne lui laisse pas beaucoup d’espoir d’en découvrir. Il décide alors de rechercher les supernovae. Pour échapper aux lumières de Yamagata, il loue un terrain dans les collines au-dessus de la ville et, au fil des années y installe ses télescopes sous différentes coupoles. C’est ainsi qu’il repère trois nouveaux astéroïdes en 2004 : (117350) Saburo, (134069) Miyo et (189261) Hiroo. Cinq ans plus tard, le 14 mars 2009, il découvre enfin sa comète, C/2009 E1 (Itagaki), ce qui lui vaut de recevoir le prix Edgar-Wilson décerné annuellement depuis 1998 aux astronomes amateurs découvreurs de comètes.

L’observatoire situé dans les collines de Yamagata. © K. Itagaki

C’est à cette époque qu’il confie l’entreprise familiale à ses fils pour se consacrer entièrement à sa passion. Son deuxième observatoire voit le jour en 2015 à Okayama, un autre trois ans plus tard sur l’île de Shikoku. Un réseau de télescopes sans doute unique dans le monde de l’astronomie amateur ! Avec au final un record de 172 découvertes, dépassé uniquement par les 360 supernovae de l’américain Tim Puckett. Mais ce dernier est aidé pour le dépouillement de ses clichés par un réseau mondial de bénévoles. Koichi Itagaki, en revanche, travaille seul, et bien qu’il soit autodidacte, il a déjà co-signé une vingtaine d’articles scientifiques.

Précieuses archives :

Grâce à la persévérance de Koichi Itagaki, SN 2023ixf est probablement la supernova qui a été détectée dans le plus court laps de temps après son explosion. Mais le travail de bénédictin mené par l’astronome amateur japonais depuis deux décennies pourrait peut-être avoir une autre conséquence heureuse. Ses découvertes précédentes suggèrent qu’il pourrait être possible de voir des signes d’agitation sur une étoile massive avant même qu’elle n’explose. En 2004, il a repéré un point brillant dans une galaxie spirale à 77 millions d’années-lumière de la Terre. Aucun professionnel n’a vérifié ce flash qui a duré une dizaine de jours. Mais deux ans plus tard, Koichi Itagaki a découvert à cet emplacement la supernova SN 2006jc. Il a été le seul à observer deux ans plus tôt l’étoile en train de perdre ses couches externes dans un éclat de lumière.

Les archives constituées au cours de deux décennies d’observations par l’amateur japonais représentent une base irremplaçable pour l’étude des supernovae. © K. Itagaki

On pensait auparavant que les étoiles étaient silencieuses avant de devenir des supernovae, les observations de Koichi Itagaki semblent prouver le contraire.

Bien qu’il soit déjà âgé, Koichi Itagaki ne voit aucune raison de modifier ses habitudes. Il est déterminé à attraper une supernova dans la galaxie voisine d’Andromède. La nuit qui a suivi sa découverte de SN 2023ixf, il est retourné à son quartier général pour une nouvelle veillée en solitaire. “Quand j’étais au collège, je rêvais de construire une coupole, d’y installer un gros télescope et d’étudier le ciel“, dit-il. “Ce rêve est devenu réalité.

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Éphémérides : le ciel du mois de décembre 2023

Bien qu’inobservable en France, l’occultation de l’étoile Bételgeuse par un astéroïde sera le clou de ce mois de décembre 2023.

Occultation exceptionnelle :

Décembre 2023 nous réserve une belle surprise astronomique. Bételgeuse, principale étoile de la constellation d’Orion, va s’éteindre pendant quelques secondes le 12 décembre. La faute à (319) Leona, un astéroïde de la ceinture principale (une ceinture d’astéroïdes entre Mars et Jupiter). Cette rare occultation sera observable le long d’une bande passant par le Sud de l’Espagne et de l’Italie. Pour plus d’informations, consultez la page de La Société Astronomique de France consacrée à cette occultation de Bételgeuse :

Pour la petite histoire, (319) Leona fut découvert à l’Observatoire de Nice en 1891 par Auguste Charlois. Ce dernier fut assassiné devant chez lui en 1910 par le frère de sa première femme, lequel n’avait pas supporté le remariage de l’astronome ! Continuer la lecture