Éphémérides : le ciel du mois de décembre 2024

Jupiter au plus près de la Terre, Mars qui fait un demi-tour et Vénus étincelante, ce mois de décembre 2024 est planétaire.

Une planète géante au plus près :

Le 7 décembre 2024, Jupiter est à l’opposition (alignement Soleil-Terre-Jupiter) à 612 millions de kilomètres de nous. La planète gazeuse géante nous présente un diamètre apparent de 48,1 secondes d’arc et une magnitude de -2,8. Autant dire que vous n’aurez aucun mal à la repérer au milieu des étoiles de la constellation du Taureau :

Position de Jupiter à 22 heures au moment de son opposition 2024. © Stelvision

Son observation est possible avec de petits instruments. Ne vous privez pas de la pointer, de belles surprises vous attendent ! Vous trouverez des idées d’observations dans cet article.

Et si le ciel reste désespérément couvert, regardez la géante gazeuse immortalisée une semaine avant son opposition par des astrophotographes chevronnés.

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Jupiter très en beauté, une semaine avant son opposition

À quelques jours de son opposition, la planète géante Jupiter a été magistralement immortalisée par deux astrophotographes.

Planète bien placée :

La prochaine opposition (définition) de Jupiter se produira le 7 décembre 2024. À cette date, la planète sera à l’opposé du Soleil : elle se lèvera quand il se couchera. C’est donc la meilleure période pour admirer la géante gazeuse, au plus près de la Terre. Installée dans la constellation du Taureau, la planète franchit le méridien très haut dans le ciel. Une opportunité pour échapper à une bonne partie de la turbulence atmosphérique qui brouille les images. Le 29 novembre, à quelques heures d’intervalle, deux astrophotographes chevronnés on immortalisé la planète gazeuse :

Le premier, Jean-Paul Oger, a utilisé son télescope de 400 millimètres de diamètre. Il y a quelques semaines, il nous faisait profiter de son expérience pour réussir nos photographies planétaires. Il a réalisé un superbe cliché révélant un luxe de détails dans les bandes nuageuses, avec en prime la Grande Tache rouge. Le second, Greg Terrance, opérait un peu plus tard avec son télescope de 500 millimètres. Comme Jupiter tourne sur elle-même en moins de dix heures, la planète nous présente un tout autre visage. On peut notamment y voir la récente éruption dans la Bande équatoriale Sud.

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Arp 271, quand deux galaxies se rencontrent dans la Vierge

Parmi les nombreuses galaxies de la Vierge, le duo NGC 5426-27 (Arp 271) a retenu l’attention de deux astrophotographes.

Rencontre prémonitoire :

Dans un coin de la constellation de la Vierge se joue un scénario qui intéresse beaucoup les astronomes. Car, avec Arp 271, on assiste à une rencontre galactique comme celle que connaîtront la Voie lactée et Andromède dans un futur lointain. La scène, qui se déroule à 130 millions d’années-lumière, a été immortalisée par Neil Corke et Martin Pugh. Plus de 27 heures d’acquisitions avec un télescope de 61 centimètres de diamètre permettent d’apprécier le spectacle qu’offrent les galaxies spirales NGC 5426-27 :

On peut comparer cette image avec celle acquise par le télescope géant Gemini Sud de 8,1 mètres de diamètre. Les astronomes ne sont pas certains que les deux galaxies finiront par entrer en collision. Elles vont peut-être continuer d’interagir pendant des dizaines de millions d’années en créant de nouvelles étoiles. Continuer la lecture

C/1908 R1 (Morehouse) était une rare comète bleue

Plus d’un siècle après son passage, une étude révèle que C/1908 R1 (Morehouse) faisait partie du club très fermé des comètes bleues.

Curieux astre chevelu :

Le premier septembre 1908, l’américain Daniel Walter Morehouse découvrait une comète à l’Observatoire Yerkes. Cette comète non périodique intrigua les astronomes. Elle présentait de très rapides et nombreux changements dans la structure de la queue. Par ailleurs, les spectres obtenus à l’époque révélèrent une abondance inhabituelle en monoxyde de carbone ionisé (CO+) :

La comète C/1908 R1 (Morehouse) photographiée le 30 septembre 1908 par E. E. Barnard

Récemment, une équipe de chercheurs conduite par Sarah Anderson (LAM) s’est penchée sur cette comète atypique. Elle a présenté le résultat de son travail à l’occasion de l’Europlanet Science Congress 2024 qui s’est tenu du 8 au 13 septembre à Berlin. Continuer la lecture

Théophile Moreux, un abbé sous les étoiles

L’abbé Théophile Moreux (1867-1954) consacra une grande partie de sa vie à observer le ciel et à vulgariser l’astronomie.

De la soutane aux étoiles :

Né le 20 novembre 1867 à Argent sur Sauldre (Cher), Théophile Moreux développe très tôt le goût des sciences. Il y est encouragé par son père, instituteur. Après des études au lycée de Bourges et au Séminaire, il est nommé professeur de mathématiques en 1889. Deux ans plus tard, il est ordonné prêtre. Le cardinal Boyer, dont il devient le secrétaire, lui offre sa première lunette astronomique.

T. Moreux dans son observatoire à Bourges dans les années 1920. © T. Moreux

En 1893, l’Abbé devient membre de la Société Astronomique de France, fondée par Camille Flammarion. À la mort du cardinal Boyer en 1897, T. Moreux reprend son poste d’enseignant au Séminaire. Il peut alors consacrer son temps libre à l’astronomie. Il observe désormais avec une lunette de 108 millimètres de diamètre, achetée deux ans plus tôt à Eugène Antoniadi. Continuer la lecture

Insolite : pointez Uranus, au plus près de la Terre

Sortez des sentiers battus ! Ce weekend, je vous propose de viser la lointaine Uranus, septième planète du Système solaire.

Uranus, une surprise à l’oculaire :

Imaginez-vous en train de vous promener, l’œil collé à l’oculaire de votre télescope, au milieu des étoiles, à l’ouest du célèbre amas des Pléiades. Soudain, une minuscule bille légèrement bleutée vous apparaît. C’est Uranus, la septième planète du Système solaire. Le 16 novembre 2024, elle est à l’opposition, donc au plus près de nous. Relative proximité, d’ailleurs : l’astre se situe à près de trois milliards de kilomètres, quand même ! Son disque mesure un peu moins de quatre secondes d’arc pour une magnitude de 5,7 :

Une application comme Stellarium permet de localiser la lointaine planète Uranus.

Ce weekend, vous pourrez tenter de découvrir cet astre bleuté, qui doit sa couleur au méthane présent dans son atmosphère. Mais attention, l’éclat de la Pleine Lune risque de vous compliquer la tâche. Il vous faudra peut-être retenter l’expérience dans quelques jours, lorsque le ciel sera plus sombre. Continuer la lecture

Jupiter : un amateur surprend une brillante éruption

Une éruption vient de se produire dans la Bande équatoriale Sud de Jupiter, quelques semaines avant son passage à l’opposition.

Cumulonimbus sur une géante gazeuse :

Le 11 novembre 2024, l’astronome amateur Moisés Portillo a signalé une éruption dans la South Equatorial Belt de Jupiter. La SEB est une bande nuageuse qui disparaît puis réapparaît en moyenne tous les quinze ans depuis un demi-siècle. L’astrophotographe installé en Amérique centrale a d’abord photographié un petit point blanc dans cette bande avec son télescope de 280 millimètres de diamètre. Vingt-quatre heures plus tard, le spot brillant s’était transformé en une “plume” convective enregistrée par Christopher Go depuis son observatoire aux Philippines :

Par la voix de John Rogers, la British Astronomical Association (BAA) a immédiatement lancé un appel pour mobiliser les observateurs. Ils sont invités à photographier la SEB dans différentes longueurs d’onde. Un premier cliché réalisé avec un filtre à bande méthane (CH4) a confirmé la brillance du panache nuageux. Preuve que ce cumulonimbus venu des profondeurs de la planète remonte bien au-dessus des autres couches nuageuses :

Je vous invite à lire les explications fournies par Christophe Pellier lors d’une éruption similaire qui s’est produite en 2010. Continuer la lecture

Planète Mars : la campagne d’observations est lancée

Le diamètre apparent de Mars vient de dépasser dix secondes d’arc, un cap symbolique qui lance la campagne d’observations.

Mars, la planète qui fait rêver :

Tous les vingt-cinq mois environ, les astronomes entament une nouvelle campagne d’observations martiennes. Un scénario qui se reproduit depuis 150 ans. C’est en effet à la fin du XIXe siècle que les observateurs se prirent de passion pour la quatrième planète du Système solaire. Il avait suffit que Percival Lowell imagine l’astre recouvert de canaux artificiels (une idée qui séduisait Camille Flammarion) pour que tous les regards se portent en direction de cet astre :

L’astronome américain Percival Lowell (1855-1916) fut un grand promoteur des canaux martiens, formations artificielles qu’il croyait déceler en observant la planète Mars avec la lunette de son observatoire personnel situé en Arizona. Dessin Christine Sasiad

Si plus personne ne croit aujourd’hui au mythe des petits hommes verts, chaque opposition martienne continue de mobiliser les astronomes. Continuer la lecture

John Dobson, une certaine idée de l’astronomie

John Dobson a révolutionné l’astronomie en imaginant de grands télescopes simples et peu coûteux, pour rendre l’astronomie accessible.

Un moine tourné vers les étoiles :

Des milliers d’astronomes utilisent des télescopes Dobson. Même si les modèles ont beaucoup évolué, ces instruments concilient grand diamètre et coût raisonnable, au prix d’une certaine simplification, en particulier au niveau de la monture. Mais qui se cache derrière cette révolution apparue en 1968 ? Né le 14 septembre 1915 à Pékin, John Dobson est arrivé à San Francisco à l’âge de douze ans. Il trouve un emploi dans l’industrie après des études de chimie.

Mais sa vie change complètement en 1944 quand il se tourne vers l’hindouisme et devient membre de l’ordre Râmakrishna à San Francisco. Il partage son temps entre la méditation et la contemplation du ciel étoilé. Fasciné par le cosmos, il se met à bricoler des télescopes avec des matériaux de récupération (bois et carton). Les miroirs (que Dobson sait désormais tailler, guidé par un ami) proviennent de hublots. Continuer la lecture

1909, l’année où les canaux martiens disparurent

En 1909, un rapprochement très favorable de la planète Mars mit un terme à l’incroyable histoire des canaux artificiels.

Mars en vedette, depuis Milan ou l’Arizona :

L’affaire des canaux martiens débute en 1877. Cette année-là, Mars se trouve à 56,2 millions de kilomètres de la Terre le 5 septembre. Sur le toit du Palazzo Brera à Milan, l’astronome italien Giovanni Schiaparelli observe la Planète rouge avec une lunette de 22 centimètres de diamètre. Il remarque des formations rectilignes sombres qu’il surnomme « canali », qu’on pourrait traduire par sillons ou chenaux. Schiaparelli n’est pas le seul à observer Mars. De l’autre côté de l’Atlantique, un certain Percival Lowell fait de même. Cet amateur fortuné dispose de son propre observatoire dans les montagnes de l’Arizona à proximité de la ville de Flagstaff.

Percival Lowell observant Mars depuis son observatoire. Dessin Christine Sasiad

Il l’a doté d’une lunette de 60 centimètres de diamètre. Lecteur assidu des ouvrages de Camille Flammarion, Lowell observe la Planète rouge, et se met à y voir lui aussi un dense réseau de canaux qu’il dessine.

Globe montrant les canaux martiens de Percival Lowell réalisé par Emmy Ingeborg Brun, une danoise passionnée par la planète Mars. © Royal Museums Greenwich

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