Camille Flammarion, l’astronome qui a vulgarisé le ciel

Située sur les bords de la Seine, Juvisy-sur-Orge est la patrie de l’astronome Camille Flammarion. Visite de son observatoire.

Qui était Camille Flammarion ?

Aîné d’une famille de quatre enfants (son frère Ernest fondera les éditions Flammarion), Camille Flammarion naît le 26 février 1842 à Montigny-le-Roi (Haute-Marne). En 1858, il est admis à 16 ans comme élève astronome à l’Observatoire de Paris sous la direction d’Urbain Le Verrier, le découvreur de Neptune. Il quitte cette institution 4 ans plus tard et travaille comme chroniqueur scientifique pour différents journaux.

La maison et l’observatoire de Camille Flammarion. © Jean-Baptiste Feldmann

Il publie de nombreux ouvrages de vulgarisation et devient célèbre en 1879 avec « l’Astronomie populaire ». Ce livre de 870 pages sera réédité à plusieurs reprises et traduit en anglais en 1894.

Amoureux des sciences :

Trois ans plus tard, l’un de ses admirateurs, M. Méret, lui lègue une propriété à Juvisy-sur-Orge. Camille Flammarion aménage la bâtisse pour y vivre et y développer l’astronomie. Il y installe une importante bibliothèque et un observatoire privé équipé d’une grande lunette. En 1887, il fonde la Société Astronomique de France. Il travaillera dans son observatoire de Juvisy jusqu’à sa mort le 3 juin 1925.

L’entrée de l’observatoire. © Jean-Baptiste Feldmann

Toutes les sciences (astronomie mais également météorologie, climatologie, physique du globe et magnétisme terrestre) intéressent Camille Flammarion. Il est également attiré par les phénomènes paranormaux et devient un adepte du spiritisme. Cette doctrine admet l’existence des esprits et reconnaît aux médiums le pouvoir de communiquer avec les défunts.

Publié en 1879, “l’Astronomie populaire” est l’ouvrage qui va révéler les talents de vulgarisateur de Camille Flammarion et le rendre célèbre. © Jean-Baptiste Feldmann
Le parc :

Dans les jardins qui entourent sa maison, Flammarion installe une station météorologique. Des serres aux vitres teintées sont construites pour étudier l’influence du Soleil sur la croissance des végétaux. Ces recherches lui vaudront en 1900 le grand prix de l’Exposition universelle. Il reste quelques vestiges de ces expériences ainsi que la tombe de Flammarion. Il est enterré avec ses deux épouses, Sylvie (décédée en 1919) et Gabrielle (décédée en 1962).

Camille Flammarion repose dans le parc avec ses deux épouses. © Jean-Baptiste Feldmann
La demeure :

il s’agit d’une ancienne auberge construite en 1730 qui servit notamment de relais à la Cour du Roi. Elle sera ensuite reconvertie en relais de poste après la Révolution. Camille Flammarion l’aménage de la façon suivante :

  • Au rez-de-chaussée se situent les pièces de réception et de service. Un musée regroupe une collection d’objets scientifiques et de curiosités. Tout le mobilier a été enlevé et mis en sécurité en attendant la restauration des lieux.
  • Le premier étage accueille l’impressionnante bibliothèque qui contient plus de 10.000 ouvrages. Les écrits de Copernic, Tycho Brahé, Kepler, Galilée, Newton, Leibniz, Laplace ou encore Delambre, sont aujourd’hui en lieu sûr. Il y a également les appartements privés de la famille Flammarion. Dans son bureau, Camille Flammarion écrit ses livres et échange régulièrement des courriers avec des membres de différentes institutions dans le monde. Des lettres sont adressées à l’Observatoire de Greenwich, l’Académie des Beaux Arts de Belgique ou encore le Lick Observatory.
  • Le deuxième étage est dédié aux astronomes. Il comprend une salle de travail, un laboratoire photographique et un espace pour se reposer. L’Observatoire de Juvisy est inauguré le 29 juillet 1887 en présence de l’Empereur du Brésil Don Pedro d’Alcantara, un passionné d’astronomie.
Plaque commémorant la venue de l’empereur du Brésil à Juvisy. © Jean-Baptiste Feldmann
L’observatoire :

Une coupole de 5 mètres de diamètre abrite une lunette de 240 mm de diamètre pour une focale de 3,61 m. Des grossissements de 600 fois sont possibles quand l’atmosphère est stable. La lunette s’inspire de l’une de celles de l’Observatoire de Paris.

Observation avec la lunette de Camille Flammarion. © Jean-Baptiste Feldmann

Occupé par la rédaction de ses ouvrages qui lui permettent de financer ses activités scientifiques, Camille Flammarion observe en réalité très peu. Il laisse ses instruments à d’autres astronomes comme Eugène Antoniadi puis son successeur Ferdinand Quénisset. Ce dernier y découvre  deux comètes, la comète Rordame -Quénisset en 1893 et la comète Quénisset en 1911. De nombreuses études menées avec la grande lunette renforcent nos connaissances sur le Soleil (étude de l’évolution des taches au cours du cycle de 11 ans), Vénus, Saturne et Jupiter.

Passion martienne :

Mais la planète qui fascine Flammarion, c’est Mars. Le grand vulgarisateur correspond avec Schiaparelli (en Italie) et Lowell (l’Américain, qu’il reçoit même à Juvisy), deux astronomes qui prétendent voir des canaux sur Mars. Preuve selon eux de la présence d’êtres intelligents sur la quatrième planète du Système solaire. Les observations d’Eugène Antoniadi en 1909 avec la grande lunette de l’Observatoire de Meudon prouveront que les canaux martiens ne sont que des illusions d’optique.

La lunette dans sa coupole depuis la terrasse de l’observatoire. © Jean-Baptiste Feldmann

Grâce à une subvention de la DRAC de 10.000 € et un don important de la Fondation Goury Lafont de 20.000 €, la lunette a été entièrement rénovée en 2007. La coupole a été restaurée en 2010.

L’Observatoire de Juvisy aujourd’hui :

À la mort de Gabrielle Flammarion en 1962, l’observatoire est confié à la Société Astronomique de France qui n’a pas les moyens de l’entretenir. La commune de Juvisy est devenue locataire du site en 1973 pour une durée de 99 ans. Avec la SAF et l’association Les Amis de Camille Flammarion, elle espère réunir les 5 millions d’euros nécessaires pour réhabiliter l’édifice. On pourrait y créer un centre d’animation de culture scientifique et technique contribuant à la vulgarisation de l’astronomie.

Quelques-uns des instruments utilisés par Camille Flammarion et ses assistants. © Jean-Baptiste Feldmann

Plus de 90 ans après sa mort, l’esprit de Camille Flammarion est encore bien présent. Son nom a été donné à une rue de Juvisy, à un boulevard de Marseille et à l’astéroïde 1021 Flammario découvert en 1924. En outre, un rêve extrait d’un carnet de songes rédigé par l’astronome est parti dans l’espace. Il a été enregistré sur un disque dur placé à bord de la sonde Osiris Rex en direction de l’astéroïde Bennu.

Flammarion fait preuve d’audace en envisageant l’existence d’un monde extraterrestre dès 1862 dans “La pluralité des mondes habités”. © Jean-Baptiste Feldmann
Remerciements :

Je remercie  Francis Oger, vice-président de la Société Astronomique de France. Il m’a exceptionnellement ouvert les portes de la demeure de Camille Flammarion, le bâtiment étant fermé pour des raisons de sécurité. Merci également à Stéphane Neveu et Guy Artzner. Grâce à eux, j’ai pu réaliser une merveilleuse promenade sur la Lune avec la lunette du célèbre astronome.

Si vous passez à Juvisy, vous pouvez toujours déambuler dans le parc (ouvert les après-midis). Il est également possible d’observer avec la lunette lors de soirées organisées par la Société Astronomique de France.

Observer dans la lunette de Camille Flammarion près d’un siècle après sa disparition est un privilège rare dont il faut savoir profiter. © Jean-Baptiste Feldmann
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8 réflexions sur “ Camille Flammarion, l’astronome qui a vulgarisé le ciel ”

  1. L’astronomie l’a -t-elle influencé sur sa croyance en les phenomenes paranormaux et ses experiences de medium? Belle documentation sur cet homme.

    1. Les scientifiques de la fin du XIXe siècle étaient souvent à cheval entre les sciences officielles et les sciences occultes et Flammarion n’y échappait pas ; c’était aussi l’occasion d’attirer beaucoup de monde chez lui 🙂

  2. Sympa cet article Jean Baptiste, je découvre ton blog avec plaisir et intérêt, que de travail !
    Merci de partager notre passion de si belle manière.

  3. Bravo pour ton article et pour le reste !

    J’espère te rencontrer un de ces quatres matins avant
    d’aller regarder les étoiles de plus près

    Encore Merci pour tes partages

    Jepe

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