Une étoile torride fait briller la nébuleuse du Masque

Les astronomes ont mesuré la température impressionnante de l’étoile centrale dans la nébuleuse du Masque : plus de 130.000°C !

Nébuleuse planétaire australe :

La nébuleuse du Masque (CVMP 1) est une nébuleuse planétaire (NP) située à environ 6.500 années-lumière. Elle s’est formée il y a plus de 12.000 ans dans la constellation australe du Compas. Lorsqu’une étoile géante rouge arrive en fin de vie, elle explose. En projetant dans l’espace ses couches externes,  elle crée une bulle gazeuse en expansion. Le gaz de la nébuleuse se met à briller sous l’action du puissant rayonnement ultraviolet émis par l’astre géniteur. C’est le spectacle que nous observons actuellement dans la nébuleuse du Masque :

CVMP 1, la nébuleuse planétaire du Masque dans la constellation du Compas. © Gemini Observatory / NSF’s National Optical-Infrared Astronomy Research Laboratory / AURA

Au fil du temps, l’étoile centrale se refroidit et le gaz de la NP se dilue dans l’espace. C’est ce qui explique l’existence éphémère (à l’échelle de l’Univers) des nébuleuses planétaires : quelques dizaines de milliers d’années tout au plus. Continuer la lecture

En vidéo : la Station spatiale et la grande tache solaire AR 3038

Le 24 juin, l’astrophotographe Denis Huber a filmé le transit de la Station spatiale à proximité de la grande tache solaire AR3038. 

Une tache impressionnante :

La tache solaire AR3038 a beaucoup fait parler d’elle ces derniers jours. Mais bien que 2,5 fois plus grande que la Terre, elle n’a pas produit d‘éruption majeure dans notre direction. Notre étoile tournant sur elle-même (en 25 jours environ au niveau de l’équateur), les taches défilent sous les yeux des astronomes puis disparaissent. Le 24 juin, alors que AR3038 approchait du bord, on pouvait assister à un passage de la Station spatiale devant le Soleil depuis Cannes :

L’astrophotographe Denis Huber (voir son compte Instagram) a immortalisé ce transit à l’aide d’un boîtier Canon 90D en mode vidéo fixé au foyer d’un télescope Meade Lx90. Continuer la lecture

Zoom vertigineux au cœur de la splendide galaxie NGC 1703

C’est une galaxie qui dévoile sa beauté dans les très grands télescopes. Zoom sur NGC 1703, une spirale barrée cachée dans la Dorade. 

Bijoux cosmiques :

La petite constellation australe de la Dorade a-t-elle un secret ? Bien qu’aucune étoile de cet astérisme ne dépasse la magnitude 4, on y trouve deux superbes galaxies. Il y a d’abord NGC 1672, une spirale barrée où les naissances d’étoiles sont permanentes. Penchons-nous aujourd’hui sur NGC 1703, une autre spirale barrée elle aussi de toute beauté. Située à 70 millions d’années-lumière, elle fut observée pour la première fois en 1834 par l’astronome britannique John Herschel (le fils de William Herschel, le découvreur d’Uranus). Avec une magnitude de 12, NGC 1703 n’est accessible qu’aux grands instruments. C’est le télescope de 4 mètres de diamètre du Cerro Tololo qui nous en offre la plus belle image :

NGC 1703 est une magnifique galaxie spirale barrée située dans la constellation australe de la Dorade. © Dark Energy Survey/DOE/FNAL/DECam/CTIO/NOIRLab/NSF/AURA

Je vous encourage vivement à consulter la version zoomable proposée par NOIRLab. C’est un régal de plonger dans les bras spiraux de NGC 1703 pour y découvrir des nébuleuses rougies par l’hydrogène ionisé (comme la Rosette dans notre Voie lactée), ainsi que de petites galaxies très lointaines en arrière-plan.

À savoir :

Le sigle NGC fait référence à l’imposant New General Catalogue of Nebulae and Clusters of Stars qui regroupe près de 8.000 objets du ciel profond. Initié par l’astronome irlando-danois John Dreyer, ce catalogue fit l’objet d’une première édition en 1888. D’autres catalogues sont aussi très prisés des astronomes amateurs. Citons par exemple le catalogue Messier créé par l’astronome français Charles Messier, ainsi que le catalogue Caldwell publié en 1995 par Patrick Moore.

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Le Soleil dans tous ses états pour fêter le solstice d’été

La réfraction atmosphérique nous joue parfois de drôles de tours, comme à l’occasion de ce lever de Soleil le jour du solstice d’été.

Surprise pour le solstice d’été :

Depuis la Côte Est américaine, Joseph Golebieski a réalisé un curieux cliché du Soleil levant (publié sur Spaceweather). Le 21 juin, date du solstice d’été, ce photographe a décidé d’immortaliser l’astre qui éclaire nos journées. Il opérait depuis Lavalette, une ville située au bord de l’océan Atlantique, au Sud de New York. Lorsque le Soleil s’est levé, semblant sortir de l’océan, il a présenté un aspect tout à fait inhabituel que Joseph Golebieski s’est empressé d’immortaliser avec un téléobjectif :

Un étonnant lever de Soleil photographié depuis la Côte américaine. © Joseph Golebieski

Il semble que le Soleil ait été grignoté on ne sait par quel monstre cosmique ! Cette vision inquiétante, qui s’est estompée quand le Soleil a pris de la hauteur, s’explique par un phénomène optique appelé réfraction atmosphérique.

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Voici C/2017 K2 (Panstarrs), la belle comète de l’été

La comète C/2017 K2 (Panstarrs) se rapproche de nous, une aubaine pour les astrophotographes qui ont quelques semaines pour l’immortaliser.

Une grosse mais lointaine comète :

La comète non périodique C/2017 K2 (Panstarrs) a été découverte en 2017 alors qu’elle se trouvait entre Saturne et Uranus. À l’époque, c’était déjà une comète très active. Ce qu’a confirmé par la suite le télescope Hubble en photographiant autour de son noyau un halo gazeux dont le diamètre avoisine 100.000 kilomètres ! Ce noyau est sans doute assez gros, de l’ordre d’une quarantaine de kilomètres de diamètre. C’est comparable à celui de la grande comète Hale-Bopp et quatre fois plus que celui de la comète de Halley.

La comète C/2017 K2 le 19 juin 2022 à côté de l’amas d’étoiles IC 4665. © Michael Jäger

Le 19 juin, l’amateur autrichien Michael Jäger (voir son compte Twitter) a photographié la comète à proximité de l’amas d’étoiles IC 4665 dans la constellation d’Ophiuchus. La belle couleur verte de la comète est provoquée  par une forte émission de carbone diatomique. Continuer la lecture

La Lune traverse le Grand alignement des planètes

Visible avant l’aube, le Grand alignement des planètes du Système solaire reçoit cette semaine la visite de la Lune décroissante.

Effet de perspective :

Depuis le début du mois, les planètes se regroupent dans le ciel du matin. Ce Grand alignement, qui n’est observable que par un effet de perspective, ne se reproduira pas avant l’an 2124, le précédent ayant eu lieu en 1997. En partant de l’horizon Est, vous pouvez admirer successivement Mercure, Vénus, Mars, Jupiter et Saturne. Vous remarquerez au passage que les cinq planètes sont disposées dans leur ordre d’éloignement par rapport au Soleil. Uranus et Neptune sont également présentes, mais trop faibles pour être visibles sans instrument :

Ce montage permet de visualiser le déplacement de la Lune au milieu du Grand alignement planétaire de juin 2022. La scène se déroule à l’aube au-dessus de l’horizon Sud-Est. © CIELMANIA

Cette semaine, la Lune décroissante vient se glisser au milieu de ce Grand alignement :

  • Le 18 et le 19 à l’aube, notre satellite naturel est passé quelques degrés sous Saturne.
  • Le 21 et le 22 à l’aube, on retrouve le Dernier Quartier du côté de Jupiter.
  • Le 23 à l’aube, le gros croissant lunaire passe à un degré environ de la planète Mars. Une occultation de la Planète rouge est même observable dans le Sud de l’océan Pacifique.
  • Le 24, les observateurs situés en Indonésie peuvent suivre l’occultation d’Uranus par la Lune.
  • Le 26 à l’aube, le fin croissant de Lune se trouve à moins de deux degrés de Vénus, et le 27 à moins de quatre degrés de Mercure.
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Sur Jupiter, la Grande Tache rouge continue de rétrécir

Observée sur Jupiter depuis plus de 350 ans, la célèbre Grande Tache rouge poursuit inexorablement sa cure d’amincissement.

Anticyclone géant :

C’est la plus célèbre tempête de tout le Système solaire. La GTR (Grande Tache rouge) est un gigantesque anticyclone orangé que l’on observe sur Jupiter. Sa couleur pourrait s’expliquer par l’action des rayons cosmiques sur les molécules d’hydrosulfure d’ammonium qui remontent du fond de la Tache jusqu’à sa surface. La découverte de la GTR par le français Jean-Dominique Cassini date de 1665. Depuis, les astronomes n’ont jamais cessé de l’étudier :

La planète Jupiter et sa Grande Tache rouge le 17 juin 2022. © Christopher Go

Avec le retour de Jupiter dans le ciel du matin (voir la Grande parade de ce mois de juin), les astrophotographes recommencent à imager la planète gazeuse géante. C’est le cas de Christopher Go (découvrez son site internet) qui vient de publier le cliché ci-dessus. Et le moins qu’on puisse dire, c’est que la GTR n’en finit pas de rétrécir. Continuer la lecture

En Sicile, la Pleine Lune de juin au-dessus de l’Etna en activité

L’astrophotographe Dario Giannobile a immortalisé la dernière Pleine Lune au-dessus des nuages de cendre expulsés par l’Etna.

Un géant sous la Lune :

L’Etna est le plus haut volcan actif d’Europe avec ses 3.357 mètres d’altitude. Le 12 mai dernier, le géant sicilien a signé son énième réveil par des émissions de cendres et une petite coulée de lave. Bien que les habitants de Catane, la ville voisine, soient habitués aux toussotements de l’Etna, c’est chaque fois la même question : faut-il craindre une grande éruption ? Cela n’a pas été le cas cette fois-ci. Néanmoins, les émissions de gaz et de cendres se poursuivent toujours. Une situation qui a inspiré Dario Giannobile (voir son site internet) :

La Pleine Lune de juin au-dessus de l’Etna en activité. © Dario Giannobile

L’astrophotographe s’est donc installé sur la côte Ouest du volcan pour assister au lever de la Pleine Lune de juin. Il a composé son image finale en additionnant un cliché de la Lune et quatorze clichés du paysage. Ces quatorze clichés étaient nécessaires pour donner cet effet éthéré au nuage de cendres.

Dario Giannobile fait partie de ces photographes qui mettent en valeur le patrimoine nocturne à travers leurs images. Une démarche qui n’est pas sans rappeler le travail de Babak Tafreshi ou encore Jeff Day,  membres du collectif TWAN (The World At Night).

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Vol en rase-motte pour la Pleine Lune de juin

La Pleine Lune a traversé le ciel en rase-motte la nuit dernière en direction du Sud. C’était la plus basse Pleine Lune de l’année. 

Une Pleine Lune au plus bas :

Si vous avez regardé le ciel la nuit dernière, vous avez sans doute remarqué que la Pleine Lune passait en rase-motte plein Sud. La hauteur de notre satellite naturel varie en effet durant la lunaison, et se décale au fil du temps. La plus haute Pleine Lune (70 degrés au-dessus de l’horizon Sud) est observable entre novembre et janvier. La plus basse (22 degrés au-dessus de l’horizon Sud) entre mai et juillet. Cette année, c’est durant la nuit du 14 au 15 juin que le phénomène avait lieu :

La Pleine Lune de juin 2022 a été la plus basse de l’année. En fin de nuit, elle surplombe la commune de Pommiers (69480). © Jean-Baptiste Feldmann

Cette Pleine Lune était aussi celle des fraises. Un surnom que lui a valu la couleur rouge qu’elle prend parfois à l’époque du solstice d’été, quand elle se lève à la fin d’une chaude journée. On observe le même phénomène avec le Soleil. Il s’agissait également d’une Super Lune, qualificatif qu’on lui attribue quand son diamètre apparent dépasse 33 minutes d’arc. La Pleine Lune du 13 juillet prochain sera un peu plus près de nous, donc encore un peu plus grosse.

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Voyage au cœur de l’étoile supergéante AG Carinae

C’est l’une des plus brillantes étoiles de notre Galaxie. Grâce au télescope Hubble, on peut admirer AG Carinae avec un luxe de détails.

Un phare dans la Galaxie :

Perdue dans la constellation australe de la Carène, AG Carinae (AG Car) pourrait passer inaperçue. Sa magnitude variant de 6 à 9, elle n’est même pas visible à l’œil nu. Il s’agit pourtant d’une des étoiles les plus brillantes de notre Galaxie, la Voie lactée. Son rayonnement est un million de fois supérieur à celui du Soleil ! Si nous ne percevons pas cette intensité, c’est tout simplement parce que 20.000 années-lumière nous séparent de AG Carinae :

Quand on regarde une étoile dans un télescope d’amateur, on ne voit qu’un point lumineux. On a beau utiliser le plus fort grossissement disponible, impossible d’obtenir plus de détails. Mais si vous avez le privilège de pouvoir utiliser un grand télescope installé dans l’espace, il en va tout autrement. Continuer la lecture

Scène de cannibalisme du côté de la galaxie Centaurus A

La galaxie lenticulaire Centaurus A est un objet cosmique singulier. Elle est en train d’avaler une galaxie spirale sous nos yeux. 

Cliché professionnel :

L’astrophotographe Wolfgang Promper (Astro-Pics) vient de réaliser une époustouflante image de Centaurus A. Il faut dire qu’il ne lésine pas sur le matériel : cinq heures de poses avec un télescope de 60 centimètres de diamètre sous le ciel noir de la Namibie ! Et le résultat vaut largement ce qu’on obtient dans les grands observatoires, comme ici à l’ESO. Un investissement conséquent, à la hauteur de l’énigmatique galaxie :

La galaxie Centaurus A est en train d’avaler une galaxie spirale. © Wolfgang Promper

Centaurus A s’appelle également NGC 5128 et Cadwell 77. l’appellation NGC nous renvoie à l’imposant New General Catalogue of Nebulae and Clusters of Stars qui regroupe près de 8.000 objets du ciel profond. Initié par l’astronome irlando-danois John Dreyer, ce catalogue fit l’objet d’une première édition en 1888. Quant à Caldwell, c’est le nom du catalogue produit par un célèbre vulgarisateur britannique, Patrick Moore. Continuer la lecture

En Antarctique, une aurore danse pendant l’éclipse de Lune

L’éclipse de Lune du 16 mai 2022 a été photographiée en Antarctique par un astronome depuis la base Amundsen-Scott.

Observatoire austral :

La base antarctique Amundsen-Scott (ASSPS) est une station de recherche américaine située au pôle Sud. Elle porte le nom de deux célèbres explorateurs, Roald Amundsen et Robert F. Scott. Ils atteignirent le pôle respectivement en décembre 1911 et janvier 1912 :

La base Amundsen-Scott est la zone habitée la plus australe du monde. © Daniel Leussler

Dans cette station, occupée depuis sa création en 1956, des chercheurs se relaient pour mener des études dans des domaines aussi variés que la biologie, la glaciologie, la climatologie ou encore l’astronomie. Continuer la lecture

Observation lunaire : découvrez les cratères jumeaux Messier

Parmi les formations lunaires qui suscitent encore des interrogations, les cratères Messier tiennent une place de choix.

Un nom évocateur :

Quand on parle de Messier, on pense d’abord au célèbre catalogue qui recense les principaux objets nébuleux du ciel nocturne. Ce qu’on sait moins, c’est que l’astronome français Charles Messier (1730-1817) a également son nom sur la Lune. Tous les possesseurs d’une lunette astronomique ont déjà observé une curieuse formation dans la Mer de la Fécondité :

Position des cratères lunaires Messier dans la Mer de la Fécondité. © Sky Publishing Corp.

Il s’agit de deux cratères allongés dans le prolongement desquels s’étirent des trainées claires, le tout disposé selon un axe Est-Ouest. À l’époque de la Pleine Lune, l’ensemble devient très brillant, signe de la jeunesse (relative) de cette formation :

Les cratères Messier et leur rayonnement à la Pleine Lune. © LROC/NASA

Ces deux curieux cratères ont été imagés à haute résolution par LROC (Lunar Reconnaissance Orbiter Camera). On peut également les admirer en relief (avec des lunettes appropriées) sur cette image stéréoscopique. Continuer la lecture

En juin 2022, admirez la grande parade des planètes

En ce mois de juin 2022, toutes les planètes du Système solaire se regroupent dans le ciel de l’aube, nous offrant leur grande parade. 

Spectacle matinal :

C’est une grande parade à laquelle nous convient toutes les planètes du Système solaire durant ce mois de juin 2022. Et ça tombe bien, puisque le spectacle a lieu à l’époque des plus courtes nuits de l’année. Oubliez la Voie lactée et ses nébuleuses que vous retrouverez cet été, et concentrez-vous sur les premières heures de l’aube. Alors que le ciel commence à pâlir, des astres errants vous attendent à l’Est. De Mercure à Saturne, les sept planètes du Système solaire s’échelonnent le long de l’écliptique :

Mercure, Vénus, Mars, Jupiter et Saturne sont visibles à l’œil nu. Avec une paire de jumelles, vous pourrez y ajouter Neptune (entre Saturne et Jupiter) et Uranus (entre Mars et Vénus). Une grande parade au milieu de laquelle se glissera la Lune le 24 juin. Continuer la lecture