2019 : les images du ciel que vous avez (peut-être) manquées

Voici mes images les plus marquantes de cette année 2019 présentées dans CIELMANIA. Si vous avez raté certains clichés, c’est le moment de les découvrir.

Une nouvelle année s’achève. Douze mois pendant lesquels j’ai traqué les beautés du ciel nocturne pour les immortaliser. Des images réalisées avec du matériel simple qui ont fait chaque fois l’objet d’une présentation sur ce blog. La Lune y tient une grande place puisque c’est mon sujet photographique de prédilection. Levers, couchers, croissants, Pleines Lunes, notre satellite naturel se donne en spectacle tout au long de l’année.

Cette sélection est forcément subjective mais j’espère qu’elle vous plaira. À vous tous et toutes, fidèles lecteurs et lectrices du blog (n’oubliez pas que vous pouvez me suivre sur Facebook et Twitter), je souhaite une très belle année 2020. Qu’elle vous offre l’opportunité de lever régulièrement les yeux vers le ciel étoilé, et de le faire en bonne santé !

Lune-Vénus : rendez-vous céleste au-dessus de la mine

Le 28 décembre le jeune croissant de Lune accompagnait Vénus en fin de journée au-dessus du chevalement de la mine de fer d’Aumetz en Lorraine.

Sous terre :

À Aumetz, petite ville de 2.000 habitants de la Moselle, tout évoque la mine. Les petites maisons des mineurs alignées le long des rues et bien sûr le chevalement qui se dresse au-dessus des toits. Dans l’industrie minière, le chevalement est la structure qui sert à descendre et remonter les mineurs, ainsi que le minerai, via une cage d’ascenseur. Au temps de sa splendeur (la première descente a eu lieu en 1900), la mine Bassompierre employait 800 ouvriers.

Ils ont extrait le minerai de fer 200 mètres sous terre jusqu’à la fermeture du site en 1983. Un musée installé au pied du chevalement permet désormais de revivre cette époque.  Continuer la lecture

Trois heures de poses pour voir tourner le ciel nocturne

Le ciel nocturne est en mouvement si on le photographie longuement. Apparence que tout cela puisque c’est la Terre qui tourne.

Et pourtant elle tourne :

Si vous observez les constellations qui jalonnent le ciel nocturne, vous constaterez sans difficulté qu’elles effectuent un mouvement apparent d’EST en OUEST durant la nuit. Le phénomène concerne également le Soleil, la Lune et les planètes. C’est bien entendu le mouvement de rotation de la Terre sur elle-même qui est responsable de ce déplacement apparent. En se tournant vers le pôle nord céleste (matérialisé par l’étoile polaire) on constate que l’ensemble des étoiles semble pivoter autour de ce repère durant la nuit. Les constellations les plus proches de ce point sont visibles toute l’année à toute heure de la nuit. Elles sont dites circumpolaires.

Traces laissées par les étoiles au cours de 3 heures de poses photographiques en pointant l’appareil en direction du pôle nord céleste (en bas au centre). © Jean-Baptiste Feldmann

La photographie permet d’immortaliser ce mouvement apparent à condition d’accumuler un nombre conséquent de poses. Continuer la lecture

Une tache d’encre au milieu de l’amas d’étoiles Trumpler 14

En admirant les images de l’amas Trumpler 14, on remarque immédiatement la présence d’une zone noire. Il s’agit d’un nuage opaque appelé globule de Bok.

Un très jeune amas d’étoiles :

S’il n’était pas si éloigné, l’amas d’étoiles Trumpler 14 pourrait nous offrir un spectacle aussi beau que celui des Pléiades dans une paire de jumelles. Mais à 8.000 années-lumière il n’y a que le télescope spatial Hubble qui soit capable d’en réaliser une image détaillée. Comme cet amas est très jeune (500.000 ans), il possède l’une des plus fortes concentrations d’étoiles massives et lumineuses de toute la Voie lactée.

Au milieu de cette multitude d’étoiles bleues et blanches, l’œil est attiré par une curieuse marque sombre. Aurait-on renversé par mégarde une goutte d’encre sur cette belle photographie ? Continuer la lecture

La Lune gibbeuse, l’église de Seurre et les étourneaux

Un nuage d’étourneaux ondulait dans la soirée du 10 décembre au-dessus de l’église Saint-Martin de Seurre alors que la Lune gibbeuse s’élevait.

C’est un peu le même rituel chaque automne. Le ballet de milliers d’étourneaux dessine dans le ciel d’étonnantes arabesques. Un régal pour les curieux qui se donnent la peine de lever des yeux avant la tombée de la nuit. L’étourneau sansonnet  est une espèce de passereaux qui a été introduite sur tous les continents. Ces oiseaux vivent en groupes qui peuvent parfois compter plusieurs milliers voire millions d’individus. Si leur ballet aérien est très photogénique, ils sont aussi une source de dégats et de nuisances qui justifient certaines mesures de régulation des effectifs.

Vol d’étourneaux au-dessus de l’église Saint-Martin de Seurre un soir de Lune gibbeuse. ©Jean-Baptiste Feldmann

L’église Saint-Martin de Seurre (en Côte-d’Or) a été construite à la fin du XIIIe siècle, début du XIVe siècle. Le clocher est doté d’un carillon de 47 cloches. Sur ce cliché pris des bords de Saône on voit également le portail trilobé de 1880 surmonté d’une rosace en verre coloré de 6 mètres de diamètre. L’image a été réalisée le 10 décembre vers 17 heures 30 à l’heure bleue. Nous étions deux jours avant la Pleine Lune.  Boîtier Nikon D3100, zoom 18-105 millimètres, 800 iso, pose 1/5e de seconde.

Portrait : Lewis Swift, célèbre chasseur de comètes américain

Lewis Swift consacra sa vie à traquer les astres chevelus, lui qui fut l’un des rares astronomes à connaître deux passages de la comète de Halley.

Accident de jeunesse :

Un lourd handicap peut parfois développer le caractère d’un enfant. On peut se demander si Lewis Swift aurait été l’un des astronomes les plus célèbres du XIXe siècle s’il ne s’était pas fracturé la hanche lors d’une chute alors qu’il était jeune. Cet accident malheureux survenu en 1833 (il avait 13 ans) l’a handicapé à vie. Ne pouvant plus travailler sur la ferme familiale, le  jeune Lewis a donc été autorisé à aller à l’école, ce qu’il faisait chaque jour avec des béquilles. C’est là qu’il a développé son goût pour l’astronomie.

Gravure illustrant la pluie d’étoiles filantes des Léonides en 1833.

En 1833 il assiste à la grande pluie d’étoiles filantes des Léonides. En 1835 c’est le passage de la comète de Halley suivi quelques années plus tard de la comète de 1843, l’une des plus brillantes du siècle.

Première découverte :

Inspiré par les livres d’astronomie de l’époque, il achète un petit télescope vers 1860 et s’installe dans la ville de Marathon en Floride. En 1862  il découvre sa première comète. Observé indépendamment trois jours plus tard par Horace Tuttle à l’observatoire de Harvard, l’astre chevelu prend le nom de comète Swift-Tuttle. On découvre alors que cette comète est à l’origine de l’essaim d’étoiles filantes des Perséides. Lewis Swift acquiert à cette occasion un prestige international et décide de consacrer sa vie à la recherche de comètes. Ayant déménagé à Rochester, il devient rapidement une célébrité locale, tant pour son passe-temps inhabituel que pour les conférences d’astronomie qu’il donne.

Rare photographie de l’astronome amateur Lewis Swift observant avec un réfracteur.

Swift a installé son télescope sur le toit plat d’un bâtiment où il se rend chaque nuit claire. Marcher 500 mètres et monter des échelles n’est pas évident pour l’homme handicapé qu’il est. Mais la passion l’emporte et Swift découvre cinq nouvelles comètes entre 1877 et 1881.

Directeur d’observatoire :

Les activités de Lewis Swift attirent l’attention de Hulbert Harrington Warner, riche homme d’affaires qui a fait fortune dans les brevets de médicaments. Ce dernier fait construire un observatoire à Rochester (inauguré en 1882) où il invite Swift qui en devient le directeur. L’établissement se voit doté d’un réfracteur de 40 centimètres de diamètre,  la quatrième plus grande lunette astronomique en service aux États-Unis à l’époque.

Lewis Swift et le réfracteur de 40 centimètres de l’observatoire Warner.

Pendant les années qui suivent Swift découvre plus de 900 nouvelles nébuleuses non cataloguées ainsi que 3 autres comètes. Son activité d’observateur ne l’empêche pas d’ouvrir l’observatoire au public deux soirs par semaine, ce qui est unique à l’époque.

De l’autre côté du pays : 

En 1893 Hulbert Harrington Warner fait faillite et ne peut plus soutenir financièrement l’observatoire. Heureusement pour Swift, sa réputation attire l’attention de Thaddeus Lowe, scientifique et inventeur. Ce dernier lui propose de venir s’installer en Californie pour diriger le nouvel observatoire Lowe à Echo Mountain, près de Los Angeles. C’est là-bas que Swift continue d’ajouter de nouvelles comètes à sa liste. Il y en aura 13 au total, la dernière en 1899 alors qu’il a 79 ans ! Puis sa vue baisse très rapidement et il n’est pas certain qu’il ait pu admirer le passage de la comète de Halley en 1910. Il décède trois ans plus tard.

Le nom de Lewis Swift est indissociable de l’essaim d’étoiles filantes des Perséides, des poussières abandonnées par la comète Swift-Tuttle. © Jean-Baptiste Feldmann

Le plus vieil atlas astronomique, celui de Dunhuang, est chinois

Découvert au début du XXe siècle près de la ville chinoise de Dunhuang, le plus ancien atlas astronomique indique la position de plus de 1.300 étoiles.

Une bibliothèque secrète :

Les voyageurs qui empruntaient la route de la soie aimaient faire halte dans les grottes de Mogao sur la colline de Mingsha. Elles furent creusées entre les IVe et XIVe siècles. Elles se situent à environ 25 kilomètres au sud-est de Dunhuang dans la province du Gansu. Il s’agit de sanctuaires bouddhistes dans lesquels on priait sans doute pour le succès de son voyage. En 1900 un prêtre s’y installa et décida de les remettre en état. En creusant derrière une paroi il tomba par hasard sur une extraordinaire bibliothèque composées de 40.000 rouleaux.

Sur cette carte du ciel extraite de l’atlas de Dunhuang, on peut reconnaître la région de l’étoile Polaire avec en bas la constellation de  la Grande Ourse. © British Library

Sur ces parchemins il était question de littérature, mathématiques, médecine ou encore d’économie. Parmi les manuscrits se trouvait une magnifique carte céleste. Continuer la lecture

Oméga du Centaure n’est sans doute pas un amas globulaire

On le considère depuis sa découverte comme le plus grand amas globulaire de la Voie lactée. Mais Oméga du Centaure en est-il vraiment un ?

Une pelote de 10 millions d’étoiles :

Il y a dans la constellation australe du Centaure un objet céleste qui ne laisse personne indifférent. Âgé d’environ 12 milliards d’années, NGC 5139 se situe à 15.000 années-lumière de nous. Son nom, Omega Centauri, fait penser à celui d’une étoile. C’est en effet ce que crut Edmond Halley quand il l’observa en 1677. Quelques décennies plus tard John Herschel corrigea cette erreur. À première vue il s’agit d’un amas globulaire constitué de 10 millions d’étoiles. Elles tiennent dans un volume apparent équivalent à celui de la Pleine Lune.

Depuis quelques années ce statut d’amas globulaire est remis en cause. Plusieurs indices laissent penser qu’Oméga du Centaure est en réalité le noyau d’une ancienne galaxie. Continuer la lecture