Archives pour la catégorie Les hommes et le ciel

Découverte : le réfracteur géant de Serge Deconihout

Serge Deconihout possède l’un des plus grands réfracteurs amateurs au monde. Rencontre avec un passionné.

Aventure provençale :

Serge Deconihout a posé ses valises au pied du petit village de Puimichel en 1991. Délaissant la région parisienne où il travaillait dans le secteur “études et prototypes” en aéronautique militaire, il est venu s’installer avec femme et enfants dans ce joli coin de Provence pour lancer son entreprise de mécanique astronomique. Pendant vingt-sept ans, sa société Valmeca a conçu des montures pour télescopes.

Le télescope de 0,6 mètre de l’Observatoire des Makes sur l’Île de La Réunion est l’une des nombreuses réalisations de la société Valmeca.© JohanneA974

Difficile de tous les énumérer, mais on en retrouve à La Réunion (un télescope de 1,2 mètre et deux de 0,6 mètre pour l’Observatoire des Makes), au Maroc (0,6 mètre pour l’OUCA), en Allemagne (0,6 mètre pour l’Université de Tübingen), en France (0,6 mètre pour le Centre d’Astronomie de Saint-Michel-l’Observatoire)… Signalons également deux télescopes de 0,6 mètre en Suisse, l’un pour l’OFXB (ainsi qu’un coronographe de 150 millimètres), et l’autre (utilisé par Michel Ory) à l’Observatoire Astronomique Jurassien. Il a enfin réalisé les instruments TAROT et ROSACE, ainsi que de nombreuses pièces mécaniques pour de prestigieux observatoires professionnels comme le VLT, le CFHT ou encore le KPNO.

L’observatoire de Serge Deconihout comporte deux coupoles. La première abrite un réfracteur de 43,5 cm, la seconde un télescope de 75 cm. © Jean-Baptiste Feldmann

En 2011, Serge Deconihout s’est lancé dans une autre aventure : réaliser son propre observatoire et l’équiper d’instruments exceptionnels. Continuer la lecture

Des astronomes amateurs traquent les astéroïdes

En étudiant les occultations d’étoiles par des astéroïdes, les amateurs contribuent à améliorer notre connaissance de ces corps célestes. 

Faire œuvre utile :

Dans le petit monde des astronomes amateurs, il y a les observateurs, les dessinateurs et les photographes. Beaucoup pratiquent leur passion par pur plaisir, mais certains y ajoutent un peu de science en participant à de véritables programmes de recherche. C’est le cas par exemple quand on surveille les supernovae, ces explosions stellaires cataclysmiques. Autre domaine où il reste beaucoup à apprendre, celui des astéroïdes :

Vue d’artiste d’un astéroïde double, (90) Antiope. © ESO

Formant ce qu’on nomme la ceinture principale, ils sont des millions de fragments de roche et de glace à circuler entre les orbites de Mars et Jupiter. Parfois, l’un d’entre eux passe entre une étoile et nous. On assiste alors à l’occultation de l’étoile pendant quelques secondes :

Principe d’une occultation d’étoile par un petit astéroïde. La courbe de lumière et ses oscillations sont représentées en rouge. Crédit : Observatoire de Paris, Lesia

Observer l’extinction d’une étoile est une manière élégante d’en savoir un peu plus sur l’astéroïde auquel on ne peut pas rendre visite. En mesurant la durée d’occultation de l’étoile depuis différents endroits, on peut déterminer la forme et l’albédo (l’éclat) de ce corps céleste. Continuer la lecture

Puimichel, paradis des amoureux du ciel nocturne

Puimichel accueille depuis plusieurs décennies le plus gros télescope d’Europe accessible aux simples curieux comme aux passionnés.

Provence étoilée :

Dans les Alpes-de-Haute-Provence, Puimichel se dresse fièrement au-dessus des champs de lavande. Les visiteurs qui gravissent les ruelles de ce village construit en escalier ne manquent pas de faire un détour par son église Notre-Dame-du-Serre, sa chapelle Saint-Elzéard ou encore son moulin à vent joliment restauré. Les points de vue y sont nombreux pour admirer les champs de lavande alentours :

Carte postale provençale : lavande et ciel bleu à Puimichel. © Jean-Baptiste Feldmann

Mais cette cité provençale possède également de nombreuses coupoles astronomiques. Leurs dômes blancs se détachent sur un ciel presque toujours bleu, condition indispensable pour pouvoir admirer les étoiles une fois le Soleil couché :

Des coupoles apparaissent au détour du chemin. © Jean-Baptiste Feldmann

Dans ce joli coin de Provence, la météo est particulièrement propice aux activités astronomiques. Une qualité du ciel qui suffit à justifier la présence de l’Observatoire de Haute-Provence à une trentaine de kilomètres. Si les coupoles de Forcalquier s’adressent aux professionnels, celles de Puimichel ont été érigées par et pour les astronomes amateurs. Une incroyable aventure qui a commencé il y a plus de quarante ans …

Le joli moulin de Puimichel sous les étoiles. © Jean-Baptiste Feldmann

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Un nouveau guide pour découvrir le ciel à l’œil nu

Pratique, ludique et pédagogique, Le ciel à l’œil nu est un joli guide à mettre entre les mains de tous, petits et grands curieux.

Levez les yeux :

Observer le ciel à l’œil nu peut sembler désuet à une époque où écrans, caméras et télescopes nous semblent incontournables. Pourtant, la récente Grande éclipse nord-américaine est venue nous rappeler combien certains phénomènes célestes sont spectaculaires à l’œil nu. Moins impressionnants mais plus fréquents, le ballet des planètes, les facéties de la Lune, le passage fugace des étoiles filantes ou encore la splendeur de la Voie lactée sont à la portée de ceux qui lèvent les yeux. C’est à leur intention que Stelvision propose un nouveau guide, “Le ciel à l’œil nu” :

En ville, à la campagne et même dans son canapé, ce joli guide a tout pour vous séduire. Réalisé par Bertrand d’Armagnac et Carine Souplet, deux passionnés qui savent parfaitement vulgariser l’astronomie, il bénéficie du talent de l’illustratrice Valérie Leblanc.

On commence par apprendre où, quand et comment observer. Puis, au fil des pages et des dépliants richement illustrés, on se familiarise avec le ciel nocturne des quatre saisons. La course des planètes, de la Lune et du Soleil ainsi que de nombreux spectacles célestes insolites viennent compléter ce guide.

Mes coups de cœur :
  • le style de l’ouvrage, rédigé avec le souci constant d’expliquer les choses simplement. Bertrand d’Armagnac et Carine Souplet confirment dans ce guide leurs talents de pédagogues.
  • des encarts réguliers destinés à enrichir sa culture céleste, qui permettent d’aborder certains aspects historiques ou scientifiques.
  • de nombreux codes QR qu’il suffit de scanner pour avoir accès à des informations actualisées : visibilité des planètes, actualité cométaire, passages de la Station spatiale…

À savoir :

Depuis plusieurs années, Stelvision marque de son empreinte le monde de l’astronomie avec des guides originaux et un choix limité de produits pertinents (voir par exemple “les Yeux de hibou“). Son site internet propose également de nombreux outils et conseils pour observer le ciel étoilé. Citons par exemple l’incontournable carte du ciel adaptée à votre lieu d’observation. Autre application très pratique, un simulateur de télescope. Il vous donnera une idée de ce que vous pouvez espérer voir dans un instrument d’astronomie en fonction du diamètre de son miroir.

“Le ciel à l’œil nu” 22,90 €, à commander ici.

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Insolite : la Station spatiale chinoise devant le Soleil

L’astrophotographe Nicolas Giraud a saisi le rapide passage de la Station spatiale chinoise Tiangong devant le Soleil et ses taches. 

Station chinoise :

Tiangong (Palais céleste en mandarin) est le nom de la Station spatiale chinoise. Cette dernière est composée pour le moment de trois modules lancés en 2021 et 2022. Mais elle va prochainement s’agrandir, comme cela a été annoncé en 2023 à l’occasion du 74e Congrès international d’astronautique. Actuellement, Tianhe (le module central), Wentian (le module d’habitation) et Mengtian (le module scientifique) représentent un volume de 110 m³. Un espace suffisant pour accueillir régulièrement trois taïkonautes. Comparativement, les astronautes présents dans la Station spatiale internationale (ISS) disposent d’environ 400 m³.

La station spatiale chinoise Tiangong est en orbite depuis 2021. © Shujianyang

Orbitant à environ 350 km au-dessus de la Terre, la station Tiangong est alimentée en électricité par de grands panneaux solaires. Ils lui donnent une silhouette qui rappelle celle de l’ISS. Continuer la lecture

Cure de jouvence pour le célèbre télescope Hooker

Le miroir du télescope du Mont Wilson, dont l’astronome Edwin Hubble fut un fervent utilisateur, va être réaluminé.

Observatoire centenaire :

L’Observatoire du Mont Wilson est installé à 1.742 mètres d’altitude dans le comté de Los Angeles, en Californie. C’est là que les astronomes ont écrit quelques-unes des plus belles pages de l’astronomie du XXe siècle. L’observatoire fut fondé en 1904 par l’astronome George Ellery Hale. Il fut équipé quatre ans plus tard d’un télescope de 1,5 mètre de diamètre. Puis en 1917 un télescope de 2,5 mètres de diamètre entra en service et resta le plus grand du monde jusqu’en 1948. C’est ce dernier, le télescope Hooker, qui fait actuellement l’objet d’une cure de jouvence. Les images du démontage du miroir ont été réalisées par David Frey :

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Les somptueuses galaxies de Ralph Copeland

Connu comme le Septette de Copeland, un majestueux groupe de lointaines galaxies se cache dans la constellation du Lion.

Un astronome aventureux :

La vie mouvementée de Ralph Copeland mérite d’être brièvement racontée. Né en 1837 dans une famille de fermiers anglais, il voit son père mourir alors qu’il n’a que trois ans. Il part pour l’Australie à seize ans où il se découvre une passion pour l’astronomie tout en élevant des moutons. De retour en Angleterre en 1858, il observe la comète Donati :

La comète Donati au-dessus de Notre-Dame de Paris le 4 octobre 1858. Dessin réalisé par E. Guillemin et Ph. Benoist

Refusé à l’Université de Cambridge, Copeland part alors en Europe faire des études à l’Université de Göttingen en Allemagne. Il revient quelques années plus tard en Irlande pour observer aux côtés de l’astronome William Parsons. Puis il va s’installer en Écosse où il est nommé astronome royal. Il entre à l’Observatoire royal d’Édimbourg en 1889 et y reste jusqu’à sa mort en 1905. Continuer la lecture

Le voyage extraordinaire d’Olivier Sauzereau

Avec son film “Un Jardin pour l’Univers”, Olivier Sauzereau nous entraîne dans un voyage extraordinaire, de son jardin jusqu’aux étoiles. 

Le ciel pour passion :

Olivier Sauzereau a la tête dans les étoiles depuis plusieurs décennies. Que ce soit depuis son observatoire à la Chapelle-aux-Lys (en Vendée) ou en parcourant le monde, il n’a de cesse de photographier la beauté du Cosmos. Un amour du ciel qu’il aime partager à travers ses livres (une dizaine), articles et conférences. Cet historien des sciences vient de réaliser un film intitulé “Un Jardin pour l’Univers“, un merveilleux voyage auquel il nous convie :

Olivier Sauzereau a déjà eu l’occasion de travailler sur des documentaires pour la télévision, notamment pour des films sur l’œuvre de Jules Verne. Il y intervenait en tant qu’auteur, narrateur ou présentateur, jamais encore comme réalisateur. Avec “Un Jardin pour l’Univers”, il signe sa première réalisation.

La genèse du film :

Olivier Sauzereau nous raconte : “L’idée de réaliser un travail audiovisuel associant images de la nature et découverte de l’astronomie remonte à la sortie du film Microcosmos, le peuple de l’herbe (1996). Le projet a longuement mûri avant de prendre forme fin 2020, suite à l’annulation d’un grand voyage en Amérique du Sud en famille pour cause de pandémie. La réalisation de ce film s’est ensuite étalée sur trois années, l’occasion de conduire en même temps un travail pédagogique auprès de 500 élèves des écoles primaires de mon canton, avec le soutien de La Communauté de Communes du Pays de la Châtaigneraie. Pour les besoins du film, j’ai réalisé 145.000 photographies et 1.200 séquences vidéo.

L’une des forces de ce film est la participation du musicien Romuald Tual. Ce dernier est venu passer plusieurs jours chez moi en “résidence d’artiste” pour composer la musique. Romuald est aussi le compositeur des musiques que nous utilisons dans le planétarium de La Chapelle-aux-Lys. Il a également sonorisé l’un des espaces de la nouvelle exposition permanente sur l’exploration spatiale à la Cité des sciences.”

Le DVD est disponible dans les boutiques de l’Astronome et de La Maison du Globe.

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Étienne Trouvelot, l’art au service de l’astronomie

Le peintre Étienne Léopold Trouvelot (1827-1895) est l’auteur d’une magnifique série de chromolithographies mariant art et astronomie.  

De l’entomologie à l’astronomie :

Rien ne semblait prédestiner Étienne Léopold Trouvelot à devenir un artiste astronome. Né à Guyencourt (Aisne) en 1827, il émigre aux USA en 1855, probablement pour des raisons politiques. Il exerce le métier de portraitiste dans le Massachusetts puis dans la banlieue de Boston. C’est là qu’il se lance dans une expérience malheureuse. Passionné d’entomologie, il décide d’élever dans son jardin des œufs de Bombyx disparate. Malheureusement les papillons s’échappent et infestent les arbres tout autour.

Étienne Léopold Trouvelot (auteur inconnu).

Les chenilles de cette espèce, particulièrement invasive, causent depuis des dégâts importants sur les feuillus américains. En France, elles font aussi régulièrement l’actualité (6.000 hectares de forêt dévastés par des chenilles voraces dans le Var). Découragé, Trouvelot se tourne alors vers l’astronomie. En 1870, il réalise plusieurs dessins des aurores boréales observables dans le pays. Continuer la lecture

Observatoire amateur : quand le rêve devient réalité

Pour ne plus avoir à déplacer leur matériel, de plus en plus d’astronomes amateurs franchissent le pas et construisent leur observatoire. 

Astronome nomade ou sédentaire :

Avoir son propre observatoire, un rêve pour les amateurs d’astronomie, devient peu à peu chose courante. Il est désormais possible de construire un poste fixe dans son jardin pour y installer son télescope. Simple abri ou véritable coupole, pilotage de l’instrument sur place ou bien au chaud depuis la maison, les réalisations se multiplient. Comme d’autres, Éric Brotons (Esprit de la Nature) a choisi de ne plus déplacer son matériel. Une évolution qu’il a mise en images :

Les sorties astronomiques sont synonymes de manutention du matériel, trajet, fatigue… Une aventure qui peut parfois se solder par un résultat nul. Un accessoire oublié, l’arrivée intempestive de nuages au-dessus du site d’observation, et l’amateur repart bredouille.

Construction simple :

Sortir, c’est pour beaucoup la possibilité de s’éloigner de la pollution lumineuse. Mais on peut désormais s’affranchir de ce fléau en astrophotographie grâce à l’utilisation de filtres sélectifs. Une raison de plus pour pratiquer sa passion chez soi. Un choix que nous explique Éric Brotons : “À 47 ans, je suis un passionné de musique et un grand amoureux de tous ce qui m’entoure : la flore, la faune et le ciel. J’ai commencé à réellement m’intéresser aux astres à l’âge de 8 / 10 ans, quand ma mère m’a offert une petite lunette pour Noël. Et depuis, l’astronomie fait partie intégrante de ma vie. Jusqu’à l’âge de 28 ans, je n’ai fait que de l’observation visuelle. Puis je me suis lancé dans l’astrophoto, bien aidé par certains membres du Club d’Astronomie de Mont-Bernenchon.

Un observatoire chez soi, un rêve devenu réalité pour certains passionnés. © E. Brotons

Pourquoi un observatoire dans mon jardin ? Tout simplement pour ne pas démonter et remonter mon matériel en permanence. Ainsi, je suis toujours prêt pour observer ou photographier le ciel nocturne. La conception de mon observatoire est très simple. Il est en bois, celui qu’on utilise pour les chalets, avec un toit coulissant. Je l’ai monté sur des briques pour ne pas être en contact avec le sol. Il dispose de la fibre et de l’électricité. J’estime le coût total de l’installation (hors matériel astronomique) aux environs de 1.000 euros.” Éric (joignable sur Facebook) partagera volontiers ses astuces de construction avec ceux qui ont envie de se lancer !

La nébuleuse du Casque de Thor, NGC 2359, 5 heures de poses avec un T150. © E. Brotons
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Comète 12P/Pons-Brooks : un astrophotographe raconte

L’astrophotographe Christian Bertincourt nous fait partager une soirée dans la Drôme avec la belle comète 12P/Pons-Brooks.

Chasse à la comète :

Pour un astrophotographe comme pour un amoureux du ciel étoilé, la météo est un facteur déterminant. Et il faut bien l’avouer, ce mois de mars 2024 est assez chaotique. Difficile de faire le marathon Messier ou d’admirer en soirée les splendeurs dans le sillage de la comète 12P/Pons-Brooks. On peut alors opter pour la location d’un télescope à distance… ou partir à la recherche d’un coin de ciel bleu :

Ciel dégagé le 13 mars au-dessus de Rimon-et-Savel. © Christian Bertincourt

Christian Bertincourt a choisi la seconde option le 13 mars pour aller immortaliser la comète du moment. Cet astrophotographe lyonnais réalise régulièrement de très belles images nocturnes, à découvrir sur son site ou sa galerie d’images Flickr. Il nous livre le récit de sa soirée. Continuer la lecture

Henry de Graffigny, la science à la portée de tous

Henry de Graffigny fut un écrivain-journaliste scientifique particulièrement prolifique à cheval sur les XIXe et XXe siècles.

Un écrivain méconnu :

Henry de Graffigny : ce nom ne vous dit peut-être rien. C’était le cas pour moi, jusqu’à ce que j’achète un petit livre (130 pages), “L’astronome amateur“. Son auteur y présentait les bases de l’astronomie au tournant du XXe siècle. Bien que l’ouvrage ne soit pas daté, il y était question de la SAF “fondée il y a 27 ans”, ce qui signifie que le texte avait été écrit en 1914 :

Une petite recherche sur le web m’a permis d’en savoir un peu plus sur cet auteur méconnu. Mes infos sont extraites du blog Mémoires 52, association de recherches historiques en Haute-Marne. C’est en effet dans ce département qu’est né Raoul Marquis le 28 septembre 1863. Il s’agit de l’homme qui prendra plus tard le nom de Henry de Graffigny. Continuer la lecture

Au Mont Palomar, on a perdu trois étoiles !

C’est un mystère vieux de plus de 70 ans. En 1952, trois étoiles ont disparu en moins d’une heure sur des clichés réalisés au Mont Palomar.

Surprise dans le POSS :

En cette nuit du 19 juillet 1952, les astronomes du Mont Palomar s’affairent autour du télescope Samuel Oschin (1,22 m). Ils participent au Palomar Observatory Sky Survey (POSS1), un important relevé photographique du ciel nocturne commencé en 1949 qui prendra fin en 1958. À l’aide de plaques photographiques carrées de 14 pouces de côté (soit environ 35 centimètres), ils photographient chaque région du ciel deux fois. Une première fois avec une plaque sensible au rouge, la seconde fois avec une plaque sensible au bleu. C’est à l’époque la seule technique disponible pour enregistrer la couleur des objets célestes :

Où sont passées les trois étoiles ? © Palomar Observatory/Solano, et al

En comparant les deux plaques d’une même portion de ciel, les astronomes font une étrange découverte. Trois étoiles de magnitude 15 présentes sur une plaque sensible au rouge ne sont plus visibles sur la plaque suivante sensible au bleu. Continuer la lecture

Célèbre astronome tchèque, Luboš Kohoutek est décédé

Bien connu pour avoir découvert la Grande comète de 1973, l’astronome tchèque Luboš Kohoutek nous a quittés le 30 décembre 2023.

Découvreur d’astéroïdes et de comètes :

Luboš Kohoutek est né le 29 janvier 1935 en Tchécoslovaquie. Il s’intéresse au cosmos durant ses études secondaires, devenant l’un des plus jeunes membres de la Société Astronomique Tchèque. Dans les années 1950, il suit un cursus universitaire en mathématiques et physique. Il se consacre parallèlement à l’observation des étoiles filantes et publie à ce sujet des articles remarqués. À la fin de ses études, il intègre l’Académie tchèque des sciences. Il publie en 1967 le Catalogue of Galactic Planetary Nebulae avec l’astronome Luboš Perek :

L’astronome tchèque Luboš Kohoutek recevant le Prix Nušl en 2010. © Miloš Podařil

Fuyant le Printemps de Prague l’année suivante, Luboš Kohoutek se réfugie en Allemagne où il obtient un poste à l’Observatoire de Hambourg. Pour traquer comètes et astéroïdes, il sera amené à passer de nombreuses nuits à l’Observatoire de la Silla jusqu’à sa retraite en 2001. Continuer la lecture

Observatoire Yerkes : au bonheur des dames

Dans les années 1920, l’Observatoire Yerkes offrait aux femmes la possibilité de faire de véritables recherches astronomiques.

Un observatoire réputé :

L’observatoire Yerkes, qui dépend de l’Université de Chicago, se trouve dans le Wiscontin, sur la rive du lac Léman à Williams Bay. Il a été fondé  en 1897 par l’astronome George Ellery Hale. Son financement a été assuré par le millionnaire Charles Tyson Yerkes qui lui a donné son nom. Cet observatoire est connu pour abriter le plus grand réfracteur du monde. Il s’agit d’une lunette dotée d’un objectif de 102 centimètres taillé par l’opticien Alvan Clark. Cet instrument exceptionnel est logé dans une coupole de 27 mètres de diamètre :

En 1921, Albert Einstein s’y est rendu au cours d’un voyage en Amérique. La scène a été immortalisée par un cliché (ci-dessus) devenu célèbre. Un siècle plus tard, Andrea Twiss-Brooks et Rich Kron (University of Chicago) se sont penchés sur cette image. Qui étaient donc ces femmes qui entouraient le physicien allemand ? Continuer la lecture

Portrait : Koichi Itagaki, chasseur de supernovae

Il a découvert SN 2023ixf dans la galaxie du Moulinet. Portrait de Koichi Itagaki, l’astronome amateur qui traque les supernovae.

Un amateur, trois observatoires :

C’est devenu un rituel depuis une quinzaine d’années qu’il est en retraite. Chaque soir, après avoir soupé avec sa femme, Koichi Itagaki se rend dans son “quartier général”. C’est une confortable cabane entourée de coupoles située dans les collines de Yamagata, à 300 kilomètres au Nord de Tokyo. Dans la salle de contrôle, une douzaine de moniteurs servent à commander sept télescopes de dix à soixante centimètres de diamètre :

Koichi Itagaki dans la salle de contrôle de ses trois observatoires. © K. Itagaki

Des instruments répartis sur trois sites au Japon pour être certain d’avoir toujours un coin de ciel dégagé. Une fois installé, l’astronome amateur démarre une énième séance de chasse aux supernovae.

Soirée presque ordinaire à Yamagata :

Chaque nuit claire, ce sont près d’un millier de galaxies qui sont automatiquement photographiées, à la recherche de nouvelles explosions stellaires. Cette nuit de printemps 2023, le ciel finit par se couvrir sur le Japon. Koichi Itagaki rentre chez nuit, non sans avoir pris soin de laisser les instruments en mode automatique, ce qui leur permet de reprendre leur programme d’observation en cas d’éclaircie. Le lendemain matin, l’astronome japonais repère immédiatement un point lumineux inhabituel sur un cliché de la galaxie du Moulinet (Messier 101) dans la Grande Ourse :

SN 2023ixf apparaît sur ce cliché de M 101 réalisé le 20 mai 2023. © Eliot Herman

Il est le premier à publier l’information sur le TNS (Transient Name Server), la base de données de l’Union Astronomique Internationale qui recense les nouveaux objets célestes. C’est la plus proche supernova observée depuis une décennie et la 172e découverte de Koichi Itagaki !

Passion de jeunesse :

« Je ne suis pas astronome, mon passe-temps consiste juste à chercher de nouveaux corps célestes ». C’est ainsi que Koichi Itagaki résume modestement sa passion depuis six décennies. Tout a commencé en 1963 : alors au lycée, il assemble un petit télescope avec lequel il observe la Lune. En 1965, deux amateurs japonais, Kaoru Ikeya et Tsutomu Seki, font la une des journaux nationaux en découvrant une comète. C/1965 S1 (Ikeya-Seki) atteint une magnitude de -10, devenant visible en plein jour avec une queue de 45 degrés.

La comète Ikeya-Seki en 1965. © R. Lynds

Impressionné, Koichi Itagaki décide alors de se consacrer à la recherche de comètes. Avec ses premiers salaires (il a rejoint l’entreprise familiale de confiseries, Itagaki Peanuts), il s’achète un télescope de 15 centimètres de diamètre et déniche trois ans plus tard une comète. Devancé par d’autres découvreurs, la comète C/1968 H1 Tago-Honda-Yamamoto ne portera jamais son nom.

Des comètes aux supernovae :

Devenu patron de l’entreprise familiale, Koichi va investir dans l’astronomie une grande partie de ses revenus et se consacrer à la recherche de comètes pendant trois décennies. Mais la mise en service de télescopes professionnels pour traquer les astéroïdes géocroiseurs à partir de 1998 ne lui laisse pas beaucoup d’espoir d’en découvrir. Il décide alors de rechercher les supernovae. Pour échapper aux lumières de Yamagata, il loue un terrain dans les collines au-dessus de la ville et, au fil des années y installe ses télescopes sous différentes coupoles. C’est ainsi qu’il repère trois nouveaux astéroïdes en 2004 : (117350) Saburo, (134069) Miyo et (189261) Hiroo. Cinq ans plus tard, le 14 mars 2009, il découvre enfin sa comète, C/2009 E1 (Itagaki), ce qui lui vaut de recevoir le prix Edgar-Wilson décerné annuellement depuis 1998 aux astronomes amateurs découvreurs de comètes.

L’observatoire situé dans les collines de Yamagata. © K. Itagaki

C’est à cette époque qu’il confie l’entreprise familiale à ses fils pour se consacrer entièrement à sa passion. Son deuxième observatoire voit le jour en 2015 à Okayama, un autre trois ans plus tard sur l’île de Shikoku. Un réseau de télescopes sans doute unique dans le monde de l’astronomie amateur ! Avec au final un record de 172 découvertes, dépassé uniquement par les 360 supernovae de l’américain Tim Puckett. Mais ce dernier est aidé pour le dépouillement de ses clichés par un réseau mondial de bénévoles. Koichi Itagaki, en revanche, travaille seul, et bien qu’il soit autodidacte, il a déjà co-signé une vingtaine d’articles scientifiques.

Précieuses archives :

Grâce à la persévérance de Koichi Itagaki, SN 2023ixf est probablement la supernova qui a été détectée dans le plus court laps de temps après son explosion. Mais le travail de bénédictin mené par l’astronome amateur japonais depuis deux décennies pourrait peut-être avoir une autre conséquence heureuse. Ses découvertes précédentes suggèrent qu’il pourrait être possible de voir des signes d’agitation sur une étoile massive avant même qu’elle n’explose. En 2004, il a repéré un point brillant dans une galaxie spirale à 77 millions d’années-lumière de la Terre. Aucun professionnel n’a vérifié ce flash qui a duré une dizaine de jours. Mais deux ans plus tard, Koichi Itagaki a découvert à cet emplacement la supernova SN 2006jc. Il a été le seul à observer deux ans plus tôt l’étoile en train de perdre ses couches externes dans un éclat de lumière.

Les archives constituées au cours de deux décennies d’observations par l’amateur japonais représentent une base irremplaçable pour l’étude des supernovae. © K. Itagaki

On pensait auparavant que les étoiles étaient silencieuses avant de devenir des supernovae, les observations de Koichi Itagaki semblent prouver le contraire.

Bien qu’il soit déjà âgé, Koichi Itagaki ne voit aucune raison de modifier ses habitudes. Il est déterminé à attraper une supernova dans la galaxie voisine d’Andromède. La nuit qui a suivi sa découverte de SN 2023ixf, il est retourné à son quartier général pour une nouvelle veillée en solitaire. “Quand j’étais au collège, je rêvais de construire une coupole, d’y installer un gros télescope et d’étudier le ciel“, dit-il. “Ce rêve est devenu réalité.

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Les “Yeux de hibou”, d’étonnantes jumelles

Que voit-on dans les “Yeux de hibou” ? Voici le test de ces curieuses petites jumelles qui sont en train de conquérir les astronomes. 

Une curiosité :

La plupart des amoureux du ciel nocturne ont fait leur premiers pas avec une paire de jumelles. Grâce à sa simplicité d’utilisation, c’est l’instrument idéal pour commencer à scruter le ciel nocturne. Il peut même devenir l’instrument principal de l’observateur, tant il est polyvalent. Il suffit pour s’en convaincre de feuilleter “Le ciel aux jumelles“, un excellent guide pour optimiser ses observations :

La paire de jumelles, un instrument d’astronomie indispensable. © Jean-Baptiste Feldmann

C’est au milieu d’une gamme de jumelles déjà très large qu’est apparu un nouveau modèle, les “Yeux de hibou”. De petites jumelles qui grossissent très peu mais collectent beaucoup de lumière sur un très grand champ. Une curiosité qui a tout de suite attiré mon attention et que j’ai testée. Continuer la lecture

En vidéo : nuit d’astronomie en Normandie

En Normandie, les astronomes amateurs ont aussi leur jardin secret. Ils s’y retrouvent régulièrement pour y cueillir les étoiles.

Des météorites aux étoiles :

En Normandie, certains regardent à leurs pieds pour chercher des météorites, comme ce fut le cas après la désintégration de l’astéroïde 2023 CX1. D’autres choisissent de tourner leurs yeux vers le ciel étoilé. C’est le cas des membres du club d’astronomie AVEX (Astronomie du VEXin). Les plus actifs fuient régulièrement la pollution lumineuse et se retrouvent pour observer ensemble dans le Pays d’Auge, près de Vimoutiers :

Trois d’entre eux ont rassemblé leurs images nocturnes pour réaliser cette jolie vidéo partagée par Frédéric Tapissier. Alors que l’on reconnaît dans le ciel l’amas des Pléiades et la constellation d’Orion, les astronomes, équipés de lumières rouges, s’affairent autour de leurs télescopes. Continuer la lecture

Chaîne Younivers : quand astro rime avec ados

Pour inciter les jeunes à se tourner vers l’astronomie, la Société Astronomique de France a créé Younivers, la chaîne des astro-ados.

Astronomie populaire :

Younivers, voilà une chaîne YouTube (à découvrir ici) qui plairait à Camille Flammarion !  Cet astronome amateur (1842-1925) a œuvré toute sa vie pour vulgariser l’observation des astres. Il voulait une Astronomie Populaire, titre du plus célèbre des ouvrages de cet écrivain prolifique. C’est dans le même esprit qu’il fonda un observatoire à Juvisy-sur-Orge ainsi que la Société Astronomique de France :

À Juvisy-sur-Orge, la coupole installée sur la demeure de Camille Flammarion accueille encore certains soirs les amoureux des étoiles. © Jean-Baptiste Feldmann

Toujours très active, cette Société a lancé il y a quelques années la chaîne Younivers. À ce jour, plusieurs dizaines de vidéos ont été réalisées par des ados. Ils y abordent tous les sujets, du Soleil aux planètes, en passant par les aurores boréales ou encore la matière noire. Continuer la lecture

Cinq vidéos pour faire la Fête (de la Science) chez soi

À l’occasion de la Fête de la Science, Cielmania vous propose de vous évader dans les étoiles pour faire le plein de science et de poésie.

Science pour tous :

La Fête de la Science (site internet) vous propose de célébrer une nouvelle fois la beauté et l’utilité des sciences. Pendant une semaine (du 6 au 13 octobre) de nombreux événements gratuits se dérouleront dans toute la France. Animations, expériences, visites de labos et d’installations scientifiques, il y en a pour tous les goûts :

Pour vous mettre en appétit, je vous propose quelques belles vidéos. Une sélection forcément subjective puisqu’elles sont exclusivement dédiées à l’astronomie ! Continuer la lecture