Plus d’un siècle après son passage, une étude révèle que C/1908 R1 (Morehouse) faisait partie du club très fermé des comètes bleues.
Curieux astre chevelu :
Le premier septembre 1908, l’américain Daniel Walter Morehouse découvrait une comète à l’Observatoire Yerkes. Cette comète non périodique intrigua les astronomes. Elle présentait de très rapides et nombreux changements dans la structure de la queue. Par ailleurs, les spectres obtenus à l’époque révélèrent une abondance inhabituelle en monoxyde de carbone ionisé (CO+) :
Récemment, une équipe de chercheurs conduite par Sarah Anderson (LAM) s’est penchée sur cette comète atypique. Elle a présenté le résultat de son travail à l’occasion de l’Europlanet Science Congress 2024 qui s’est tenu du 8 au 13 septembre à Berlin.
Rares comètes bleues :
L’équipe de Sarah Anderson a sélectionné des plaques photographiques de la comète (réalisées en octobre et novembre 1908) conservées dans les archives de l’Observatoire de Meudon. Leur analyse montre que C/1908 R1 (Morehouse) ressemble beaucoup à C/2016 R2, une comète découverte le 7 septembre 2016 par le réseau de surveillance d’astéroïdes Pan-STARRS. La comète de 2016 présentait les mêmes brusques variations :
Autre similitude, l’abondance de monoxyde de carbone ionisé dans ces deux comètes. Le CO est un gaz extrêmement volatil qui peut se sublimer (passer directement d’un état solide à l’état gazeux) à des températures aussi basses que -248° C (25 K). Il suffit donc que la comète s’approche un peu du Soleil pour transformer le CO congelé à la surface du noyau en jets de gaz et en nuages bleutés (la couleur du CO ionisé à la longueur d’onde de 427 nanomètres). Jusqu’à présent, seulement deux astres chevelus avaient présenté cette couleur bleue caractéristique : C/1961 R1 (Humason) et C/2016 R2 Panstarrs. On peut donc désormais y ajouter C/1908 R1 (Morehouse).
Précieuses archives :
L’analyse des plaques photographiques de la comète Morehouse vient confirmer l’intérêt grandissant des chercheurs pour les archives des observatoires. Cette chasse au trésor a déjà permis de retrouver une exoplanète sur un spectre de 1917 au Mont Wilson, ainsi qu’un cliché de l’éclipse d’Einstein (1919) à Copenhague. Sans oublier la belle histoire de l’astronomie au féminin écrite au début du XXe siècle à l’Observatoire Yerkes.
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