En 2013 un arrêté réglementait l’éclairage nocturne des bâtiments non résidentiels. 4 ans plus tard l’ANPCEN dresse le bilan de la pollution lumineuse.
Le XXème siècle aura été celui d’une surproduction d’électricité, une énergie considérée alors comme propre et inépuisable. Un état d’esprit qu’illustre bien la commande passée en 1937 par la Compagnie parisienne de distribution d’électricité au peintre Raoul Dufy avec comme objectif de « mettre en valeur le rôle de l’électricité dans la vie nationale et dégager notamment le rôle social de premier plan joué par la lumière électrique ». S’en suivra une peinture monumentale (ci-dessous) de 60X10 m rendant hommage à la Fée Électricité.
Pendant plusieurs décennies cette électricité bienfaisante a été utilisée sans compter, notamment en matière d’éclairage nocturne, mais depuis quelques années des voix s’élèvent contre ce gaspillage.
Tout a commencé véritablement en 2008 quand Nathalie Kosciusko-Morizet, alors Secrétaire d’État chargée de l’écologie, a fait inscrire l’article 36 dans le projet de loi Grenelle 1. Cet article prévoyait que les émissions de lumière artificielle feraient l’objet de mesures de prévention, de suppression ou de limitation si elles étaient « de nature à présenter des dangers ou à causer un trouble excessif aux personnes, à la faune, à la flore ou aux écosystèmes, entraînant un gaspillage énergétique ou empêchant l’observation du ciel nocturne ».
Ce texte arrivait après plusieurs études révélant les répercussions négatives de cette pollution lumineuse omniprésente : on estime actuellement que 80 % de la population mondiale ne connaît plus de nuit noire, un chiffre qui atteint 99% en Europe et aux États-Unis ! (voir à ce sujet les excellentes cartes de pollution lumineuse proposées par AVEX).
En juillet 2013 était publié un arrêté destiné à encadrer l’éclairage nocturne des bâtiments non résidentiels. Il prévoyait l’extinction au plus tard à 1 h du matin de l’éclairage des façades de bâtiments et des vitrines de magasins ainsi que celui des bureaux une heure après la fin de leur occupation. Quatre ans plus tard l’ANPCEN (l’Association Nationale pour la Protection du Ciel et de l’Environnement Nocturnes) a demandé à ses membres d’aller sur le terrain pour vérifier l’application de cet arrêté.
Dans son rapport l’association note de grandes disparités entre les 13 villes qui ont été passées à la loupe, avec de très mauvais élèves (comme Bordeaux, Limoges où Marseille dont près de 70% des sites étudiés ne respectent pas l’arrêté) et d’autres qui ont fait de gros progrès (Lille arrive en tête avec seulement 10% de sites non conformes).
Comme le fait remarquer l’ANPCEN, la lutte contre la pollution lumineuse passe d’abord par une véritable volonté politique de faire appliquer la réglementation existante. N’oublions pas qu’un bon usage de l’éclairage public (il ne s’agit pas d’éclairer moins mais d’éclairer mieux) permettrait aux communes d’économiser entre 25 et 75 % de leur budget en électricité. Sans parler du plaisir qu’auraient les habitants des villes à pouvoir de nouveau admirer la Voie lactée depuis leurs fenêtres comme c’était le cas il y a un peu plus d’un siècle.
La NUIT est indispensable à la vie ! Les humains ne se rendent pas compte que le petit plaisir d’y voir comme en plein jour après le coucher du Soleil fait partie intégrante des causes de leur disparition à brève échéance. Combien de plantes, d’insectes, d’oiseaux, d’animaux vivent la nuit et contribuent grandement à la vie des humains ! La prise de conscience de notre fragilité serait reconnue si tout le monde avait un minimum de connaissance concernant notre Univers. Vive l’Astronomie fut elle d’amateur et de loisir !