Archives pour la catégorie Ciel étoilé

Du côté d’Orion : découvrez l’amas ouvert NGC 2169

Si la constellation d’Orion est célèbre pour sa nébuleuse, elle recèle d’autres trésors à découvrir, comme par exemple l’amas ouvert NGC 2169.

Dans l’ombre d’une nébuleuse :

Comme d’autres objets célestes présents dans la constellation d’Orion, l’amas ouvert NGC 2169 vit dans l’ombre de Messier 42. Cette célébrissime nébuleuse a tendance à nous faire oublier qu’elle n’est pas le seul charme de cette belle constellation hivernale. Il est temps de pointer votre télescope vers d’autres cibles ! Direction au Nord-Est de Bételgeuse, l’étoile orangée qui symbolise l’épaule gauche du chasseur Orion. L’amas ouvert que nous allons découvrir aujourd’hui forme un petit triangle avec deux étoiles faiblement visibles à l’œil nu, xi (ξ Orionis) et nu (v Orionis) :

Dans une longue-vue, NGC 2169 révèle tout de suite sa forme atypique. Il est en effet constitué de deux ensembles distincts de cinq ou six étoiles. Un plus gros télescope dévoile quelques astres plus faibles. Continuer la lecture

Ciel d’automne : admirez l’amas d’étoiles des Pléiades

C’est le moment de partir à la découverte du splendide amas d’étoiles des Pléiades, de retour dans le ciel en début de nuit.

Messier 45, un amas fascinant :

En 1771, l’astronome français Charles Messier enregistre l’amas des Pléiades à la quarante-cinquième position de son célèbre catalogue. Il s’inscrit dans une longue liste d’observateurs qui, depuis l’Antiquité, admirent ce petit groupe d’étoiles. Vers 850 avant J.-C., le poète grec Homère y faisait déjà référence dans l’Iliade et l’Odyssée. On en retrouve la trace dans les cultures du monde entier. Que ce soit chez les Maoris de Nouvelle-Zélande, les Perses, les Indiens, les Chinois, les Japonais ou encore les Mayas et les Aztèques. Mais de quoi parlons-nous exactement ?

Messier 45 au-dessus d’une mer de nuages. © Jean-Baptiste Feldmann

À l’œil nu, l’amas des Pléiades (Messier 45) ressemble à un petit nuage constitué de sept étoiles relativement brillantes. Ces astres sont Alcyone, Atlas, Mérope, Électre, Maïa, Taygète et Pléioné. Leurs magnitudes varient entre 3 et 5. Les observateurs ayant une vue perçante parviennent à dénombrer jusqu’à douze étoiles quand ils l’observent sous un excellent ciel sans aucune pollution lumineuse. Continuer la lecture

Prodigieux excès de vitesse pour la nébuleuse planétaire IC 5148

Dans la constellation australe de la Grue, la petite nébuleuse planétaire IC 5148 continue de se dilater à une vitesse phénoménale.

Discrète NP :

IC 5148 (IC pour Index Catalogue) est une petite nébuleuse planétaire (NP) découverte en 1894 par Walter Frederick Gale. Ce banquier australien vouait une passion à l’observation du ciel. Tout comme Percival Lowell, il fut un ardent défenseur des canaux martiens. La nébuleuse, qu’on surnomme également la Roue de secours, se trouve dans la constellation de la Grue, juste à côté d’un autre oiseau céleste, le Toucan :

L’expansion de la nébuleuse planétaire IC 5148 est très rapide. © Wolfgang Promper

Située à 3.000 années-lumière, la nébuleuse est peu lumineuse (magnitude de 13). Néanmoins, l’astronome amateur Bertrand Laville est parvenu à la détecter avec une lunette de seulement huit centimètres de diamètre. Continuer la lecture

Pourquoi voit-on clignoter la nébuleuse planétaire NGC 6826 ?

La nébuleuse planétaire NGC 6826 présente une curieuse particularité quand on l’observe au télescope : elle semble clignoter !

Dans l’aile du Cygne :

Avez-vous envie de dessiner la nébuleuse planétaire NGC 6826 comme le fait Bertrand Laville sur son blog ? Pour la localiser, plongez dans l’aile du Cygne, mais choisissez la bonne. L’aile qui s’étire en direction de Pégase est connue pour ses célèbres Dentelles. Pour dénicher NGC 6826, soulevez l’autre aile, celle qui se déploie au-dessus de la Lyre :

L’objet céleste que vous allez essayer d’observer a une magnitude de 9 et un diamètre de 25 secondes d’arc. Vous l’aurez compris, cette nébuleuse planétaire s’adresse aux possesseurs d’un télescope d’au moins vingt centimètres de diamètre.  Continuer la lecture

Grande Ourse : un immense pont de matière relie deux galaxies

Dans la constellation de la Grande Ourse, les galaxies en interaction NGC 5216 et NGC 5218 sont reliées entre elles par un pont de matière. 

Découverte délicate :

En 1935, l’astronome américain Philip C. Keenan publie un article dans l’Astrophysical Journal. Il explique qu’il a remarqué un pont lumineux entre deux galaxies de la Grande Ourse, NGC 5216 et NGC 5218. Il a fait cette découverte en étudiant un cliché réalisé un an plus tôt par le télescope de soixante centimètres de diamètre de l’Observatoire Yerkes. Les deux galaxies en question étaient connues et référencées depuis 1790. Elles avaient même été étudiées en 1926 par Edwin Hubble, mais le pont de matière était trop ténu pour être détecté avec les moyens photographiques de l’époque :

Sur ce cliché réalisé le 20 février 1934 avec un télescope de 60 centimètres, on devine un filament lumineux entre les galaxies NGC 5216 et 5218. © Yerkes Observatory

Les astronomes vont redécouvrir ce filament en 1958 et le nommeront alors Système de Keenan. L’ensemble sera intégré ultérieurement dans l’Atlas of Peculiar Galaxies imaginé par l’astronome Halton Arp sous le matricule Arp 104.     Continuer la lecture

Trois galaxies s’enlacent du côté de l’étoile Fomalhaut

Le Groupe galactique compact Hickson 91 se niche dans la constellation du Poisson Austral, à 320 millions d’années-lumière.

Une célèbre petite constellation :

Sous le Carré de Pégase, au ras de l’horizon, la petite constellation du Poisson Austral fait assez pâle figure. Elle est pourtant célèbre pour son étoile principale, Fomalhaut. Les astronomes ont en effet découvert qu’elle est entourée d’un anneau qui se compose de glace et de poussières. On imagine qu’il s’y produit de multiples collisions entre des comètes et de futures planètes, des planétésimaux. En combinant les données du réseau ALMA et du télescope Hubble, on obtient une fascinante image de cet anneau qui fait penser à un œil gigantesque (ci-dessous). On le surnomme d’ailleurs l’Oeil de Sauron, l’un des personnages du Seigneur des Anneaux :

Un anneau de glace et de poussière entoure l’étoile Fomalhaut. © ALMA/NASA/Hubble

Légende ou histoire véridique ? On raconte qu’il y a 3.000 ans, en Perse (l’actuel Iran), Fomalhaut était l’une des quatre étoiles royales. Elle trônait dans l’une des quatre régions célestes, les autres étant gouvernées par AldébaranRégulus et Antarès. Continuer la lecture

De puissants jets de poussière balaient la nébuleuse NGC 7027

C’est un véritable bijou cosmique qui se cache dans la constellation du Cygne. Zoom sur l’étonnante nébuleuse planétaire NGC 7027.

Dans la queue du Cygne :

Si vous levez les yeux une nuit d’été, vous remarquez immédiatement la présence de trois brillantes étoiles qui constituent les jalons du Triangle d’été. L’un de ces astres est Deneb, une supergéante blanche qui marque la queue du Cygne. Les astrophotographes connaissent bien cette région céleste qui héberge de célèbres Dentelles. On y trouve aussi, bien que beaucoup plus discrète, une nébuleuse planétaire qui mérite le détour. NGC 7027, c’est son nom, fut observée pour la première fois en 1878 par Édouard Stephan :

Position de la nébuleuse planétaire NGC 7027 (cercle rouge) à proximité de Deneb, la plus brillante étoile du Cygne. © Sky and Telescope

Cet astronome français, qui fut pendant plus de quarante ans le directeur de l’Observatoire de Marseille, est surtout connu pour avoir découvert un Quintette de galaxies. Continuer la lecture

NGC 6717, l’amas globulaire qui scintille dans le Sagittaire

Les étoiles de l’amas globulaire NGC 6717 semblent scintiller sur cette magnifique image réalisée par le télescope spatial Hubble. 

Vestiges cosmiques :

Les amas globulaires intéressent beaucoup les astrophysiciens. Avec des âges compris entre 10 et 14 milliards d’années, ils font office de fossiles des galaxies dont ils occupent la périphérie. On en compte environ 200 en orbite autour de notre Voie lactée. Le plus célèbre d’entre eux est Messier 13, visible dans la modeste constellation d’Hercule, à l’ouest du Triangle d’été. Mais c’est dans le Sagittaire que se cache un autre spécimen, NGC 6717 :

L’amas globulaire le plus connu dans le Sagittaire est Messier 55 mais aujourd’hui nous allons nous intéresser à NGC 6717. Il se situe légèrement  au-dessus de la poignée de la théière que semble représenter cette constellation. Continuer la lecture

Des étoiles vont naître dans la nébuleuse du Fantôme

Dans la constellation de Céphée, Sh2-136 porte bien son nom de nébuleuse du Fantôme. Elle devrait donner naissance à de nouvelles étoiles.

Fantôme de gaz et de poussière :

1.500 années-lumière : c’est la distance qui nous sépare de Sh2-136, la nébuleuse du Fantôme. Il s’agit d’une nébuleuse par réflexion, c’est-à-dire que ce sont les nuages de poussière qui réfléchissent la lumière des étoiles environnantes. L’objet se cache dans Céphée, la constellation qui héberge également NGC 2276, la galaxie qui ne tourne pas rond. Sh2-136 est loin d’être facile à imager, et ce ne sont pas les astrophotographes amateurs qui vous diront le contraire. Comptez une vingtaine d’heures de poses avec un petit télescope pour l’immortaliser. Et visuellement, ça donne quoi ?

C’est Bertrand Laville qui nous livre la réponse. Il en a fait un dessin (ci-dessus) avec un télescope de 63,5 centimètres de diamètre depuis l’Observatoire des Baronnies Provençales. Continuer la lecture

Pluie d’étoiles sur un lac gelé dans les Rocheuses canadiennes

Le photographe Paul Zizka s’est figé en pleine nuit sur le lac gelé Two Jack, dans les Rocheuses canadiennes, le temps d’un étonnant cliché.

Le plus ancien Parc national canadien :

Les Rocheuses canadiennes abritent le plus ancien Parc national du Canada. Créé en 1885, le Banff National Park se trouve à un peu plus de 100 kilomètres à l’Ouest de Calgary. Le parc est inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 1985. Les paysages y sont idylliques : forêts de pins Douglas, lacs vert émeraude, glaciers, sommets enneigés. Et les promeneurs peuvent espérer y croiser quelques-uns des animaux emblématiques du site, comme des mouflons, des wapitis, et même des grizzlis :

Mais le parc est victime de son succès. En effet, plusieurs millions de visiteurs le parcourent chaque année, fragilisant les écosystèmes. Une situation qui a entraîné un certain nombre de mesures (comme par exemple la mise en place d’un permis pour s’arrêter dans le parc), en vue de concilier tourisme et gestion durable.  Continuer la lecture

Superposition galactique dans la Grande Ourse

Le bestiaire galactique est riche de nombreuses curiosités. Exemple avec SDSS J115331 et LEDA 2073461, deux galaxies qui se chevauchent.  

Perspective trompeuse :

Lorsque des galaxies interagissent, les forces de marée gravitationnelles étirent les belligérants et leur donnent des formes torsadées. La collision déclenche également des flambées de naissances stellaires qui se traduisent par une profusion d’étoiles bleues brillantes et de nuages ​​de gaz. Autant de signes que l’on retrouve dans Arp 243, ou encore avec NGC 2798/2799. Pourtant, rien de tout cela n’est visible quand on regarde ce cliché réalisé par le télescope Hubble :

Situé dans la Grande Ourse, le couple SDSS J115331 et LEDA 2073461 ne semble pas connaître les tumultes engendrés par une collision galactique. Et les astronomes l’ont bien compris : ces deux galaxies n’interagissent pas entre elles. Il se trouve que par un incroyable concours de circonstance, elles sont parfaitement alignées quand on les observe depuis la Terre ! Une situation rare, mais pas exceptionnelle. On la retrouve dans le cas de NGC 3314 :

NGC 3314 est le résultat de l’alignement parfait de deux galaxies. © ESO/Iodice et al.

Là aussi, les deux galaxies (baptisées A et B dans un grand élan d’originalité), sont sur notre ligne de visée, mais séparées entre elles de plusieurs dizaines de millions d’années-lumière.

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Cette nébuleuse nous cache une monstrueuse protoétoile

Dans la nébuleuse RCW 120, les astronomes ont découvert un astre qui pourrait devenir l’une des plus brillantes étoiles de notre Galaxie. 

Pépinières pour étoiles  :

Située dans la constellation du Scorpion, à environ 4.300 années-lumière, RCW 120 porte une dénomination qui mérite quelques explications. Elle fait partie du catalogue RCW, un recueil d’environ 200 nébuleuses en émission du ciel austral. On doit sa réalisation dans les années 1960 aux astronomes Rodgers, Campbell et Whiteoak :

La nébuleuse RCW 120 se trouve dans la constellation du Scorpion. © Christine Sasiad

Des nébuleuses en émission, nous en connaissons beaucoup, la plus célèbre étant sans conteste la nébuleuse d’Orion. Si ces nébuleuses brillent, c’est parce que le gaz qui les compose est ionisé par le rayonnement de jeunes étoiles chaudes. Ce sont ces protoétoiles que les astronomes cherchent à étudier pour reconstituer les grandes étapes de l’évolution stellaire :

La plus célèbre nébuleuse en émission se trouve dans la constellation d’Orion. © M. Claro

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Spectacle cosmique : la galaxie d’Andromède vue des Cévennes

Sous le ciel noir des Cévennes, l’astrophotographe Mathieu Clot a immortalisé la grande galaxie d’Andromède, Messier 31.

Ciel préservé :

Depuis août 2018, le Parc naturel des Cévennes est labellisé RICE. Ce label récompense des régions dans lesquelles ont été prises des mesures afin de minimiser la pollution lumineuse. Cette Réserve Internationale de Ciel Étoilé est actuellement la plus grande d’Europe. Autant dire qu’elle attire de nombreux astronomes en quête de beaux ciels étoilés. C’est d’ailleurs au col de Finiels (1.540 mètres d’altitude), sur le mont Lozère, que l’astrophotographe Mathieu Clot s’est rendu durant l’été 2021 pour réaliser quelques belles images nocturnes :

Le matériel est en place pour une nuit d’astrophotographie sous le ciel étoilé des Cévennes. © Mathieu Clot

Il avait emporté dans ses bagages une lunette Skywatcher 80ED équipée d’un correcteur de champ x0.85. Ce réfracteur était installé sur une monture Skywatcher EQ6-R pro sans autoguidage. Et pour les images, l’astrophotographe était équipé d’un boîtier Nikon D800. Pendant qu’il faisait ses premiers essais en début de nuit, sa compagne Hélène Xerry a immortalisé la Voie lactée depuis leur site d’observation :

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UGCA 193, l’étrange galaxie dont les étoiles sont bleues

Dans la constellation du Sextant, la galaxie spirale UGCA 193 (que nous voyons par la tranche) présente une forte densité d’étoiles bleues.

Une curieuse galaxie dans le Sextant : 

UGCA 193 est l’une des galaxies rassemblées dans le Uppsala General Catalogue Addendum. Ce dernier est un additif à l’UGC (Uppsala General Catalogue of Galaxies), un recueil de près de 13.000 galaxies réalisé par l’astronome suédois Peter Nilson. Perdue dans la modeste constellation du Sextant, UGCA 193 n’est pas accessible aux lunettes astronomiques des amateurs. Il faut faire appel au télescope spatial Hubble pour découvrir celle que les astronomes comparent à une cascade d’étoiles :

La galaxie UGCA 193 montre une grande quantité d’étoiles bleues. © ESA/Hubble/NASA

Sur ce cliché, nous découvrons une étrange galaxie spirale située à plus de 30 millions d’années-lumière. L’objet céleste est singulier à plus d’un titre. D’abord, parce qu’il s’agit d’une galaxie spirale vue exactement par la tranche, comme IC 2233. Ensuite, parce qu’elle compte une très forte proportion d’étoiles bleues. Continuer la lecture

En vidéo : plongée dans la nébuleuse planétaire NGC 3132

Les premières images du JWST ont dévoilé la beauté en infrarouge de la nébuleuse planétaire NGC 3132 dans la constellation des Voiles.

Nébuleuse planétaire australe :

Cataloguée sous le nom de NGC 3132 (ou Caldwell 74), la nébuleuse de l’anneau Sud est le pendant austral de la célèbre nébuleuse de la Lyre. C’est une nébuleuse planétaire, le linceul d’une étoile mourante située à environ 2.500 années-lumière de la Terre. L’étoile moribonde à l’origine de cet anneau de gaz et de poussière n’est pas celle que l’on voit briller intensément au centre. Elle apparaît faiblement juste à côté, noyée dans la lumière d’un des pics de diffraction (flèche rouge sur l’image suivante) :

NGC 3132 imagée par le James Webb Space Telescope. © NASA/ESA/CSA/STScI/NIRCam

Vouée à devenir une naine blanche, l’étoile mourante éjecte des coquilles de gaz et de poussière depuis des milliers d’années. Son mouvement orbital autour de sa brillante voisine a donné lieu aux structures complexes de la nébuleuse (présentée dans l’APOD). Cette dernière s’étend sur une superficie d’environ 0,5 année-lumière. Continuer la lecture

Fascinantes nébuleuses obscures dans la Voie lactée

Au milieu des myriades d’étoiles qui peuplent la Voie lactée, d’étonnantes nébuleuses obscures se dessinent à l’encre noire.

Dentelles noires :

Si vous admirez la Voie lactée une nuit d’été, elle vous fera penser à une bande laiteuse, à l’origine de son nom. Armé d’une paire de jumelles, vous découvrirez que sa lumière est produite par une infinité d’étoiles :

L’artiste flamand Pierre Paul Rubens nous a laissé une représentation de la Voie lactée qui s’inspire de la mythologie gréco-romaine : Zeus profita du sommeil de sa femme légitime, la déesse Héra, pour lui faire allaiter Hercule. En s’éveillant, Héra repoussa l’enfant qui n’était pas d’elle et le lait se répandit dans le ciel, formant la Voie lactée.

Pourtant, au milieu de cette rivière de lumière, on trouve de nombreuses nébuleuses obscures. Au début des années 1960, l’astronome Beverly Turner Lynds décida de les recenser. Près de 1.800 nébuleuses obscures sont ainsi rassemblées dans le LDN (Lynds Catalog of Dark Nebulae). Ces vastes nuages moléculaires (on y trouve de l’hydrogène moléculaire, appelé aussi dihydrogène) produisent un effet saisissant. Très riches en poussières, ils occultent la lumière de presque toutes les étoiles qui brillent derrière. Comme si un artiste cosmique avait fait couler de l’encre de Chine en pleine Voie lactée. Continuer la lecture

Vaguelettes gazeuses dans la nébuleuse du Spirographe

Dans la nébuleuse planétaire du Spirographe, le gaz soufflé par l’étoile centrale produits d’étonnants motifs géométriques. 

Sous les pieds d’Orion :

La discrète nébuleuse du Spirographe (alias IC 418) est blottie sous les pieds du chasseur Orion, dans la constellation du Lièvre. En général, les astronomes n’ont d’yeux que pour Messier 42, la plus belle nébuleuse du ciel nocturne. Il leur suffirait pourtant de pointer leur télescope sept degrés plus bas pour découvrir IC 418. Mais il est vrai qu’avec une magnitude de 11, cette petite nébuleuse planétaire est bien plus modeste que la célébrissime nébuleuse d’Orion :

La petite nébuleuse planétaire IC 418 se trouve dans la constellation du Lièvre, sept degrés en dessous de la célèbre nébuleuse d’Orion, Messier 42. © Sky and Telescope

Pour découvrir visuellement IC 418, il faudra réunir plusieurs conditions : un ciel bien noir et un télescope d’au moins 30 centimètres de diamètre. Une autre option consiste à feuilleter les archives photographiques du télescope Hubble. La nébuleuse du Spirographe y dévoile ses curieuses volutes gazeuses (ici). Continuer la lecture

NGC 2276, la galaxie qui ne tourne pas rond dans Céphée

NGC 2276 est une galaxie particulière dans la constellation de Céphée. Curieusement, son noyau n’est pas au centre des bras spiraux.

Tout au bout de Céphée :

La constellation de Céphée (le roi des Éthiopiens dans la mythologie grecque), recèle quelques beautés célestes. La nébuleuse de l’Hippocampe (Barnard 150) en fait partie, tout comme plusieurs amas d’étoiles. Parmi eux, Palomar 1, première découverte réalisée en 1954 par le télescope américain de 5 mètres de diamètre, est le plus célèbre. Céphée est une constellation circumpolaire, ce qui signifie qu’elle est visible toute la nuit et toute l’année. Très proche du pôle céleste, elle ne passe jamais sous l’horizon pour les observateurs européens :

NGC 2276 est une galaxie spirale particulière située dans la constellation de Céphée, non loin de l’étoile Polaire. © IAU/Sky & Telescope magazine

Mais c’est une galaxie qui nous intéresse aujourd’hui. Il s’agit de NGC 2276, une spirale repérée en 1876 par l’astronome allemand August Winnecke, grand découvreur de comètes. Elle n’est qu’à quelques degrés de la célèbre étoile Polaire, à 120 millions d’années-lumière de nous. Continuer la lecture

Zoom sur Véga, la plus belle étoile du ciel d’été

Plus brillante étoile du ciel estival, Véga est l’une des pointes du Triangle d’été. C’est le moment de lever les yeux pour l’admirer.

Carte d’identité :

Véga (Alpha Lyrae) est la cinquième étoile la plus brillante (magnitude zéro). Depuis nos latitudes, on peut même dire qu’elle est la troisième après Sirius et Arcturus. Elle est située à environ 25 années-lumière, ce qui en fait la sixième plus proche de toutes les étoiles brillantes. Un observateur remarque tout de suite sa couleur bleue. Elle correspond à une température de surface d’environ 9.400° C, soit 4.000° de plus que notre Soleil. Bien que Véga ne soit âgée que d’environ 500 millions d’années, elle est déjà à la moitié de sa vie :

Véga est la cinquième étoile la plus brillante du ciel nocturne. © Jose Mtanous

Selon une légende japonaise, Véga, la plus jeune fille de l’empereur céleste, est tisserande. Elle est amoureuse d’Altaïr (il est bouvier, c’est-à-dire conducteur de bœufs). Mais le père de la jeune fille ne veut pas et place entre eux une rivière d’étoiles, la Voie lactée. Voyant sa fille inconsolable, l’empereur finit par accepter qu’ils se retrouvent une fois par an. C’est le 7 juillet, septième jour du septième mois de l’année. Au Japon, cette fête est l’occasion de nombreux festivals. Continuer la lecture

Dans la Carène, le JWST scrute les rivages d’un océan cosmique

L’une des premières images réalisées par le James Webb Space Telescope nous montre une petite partie de la nébuleuse de la Carène.

Image iconique :

Le cliché fera date : le 12 juillet 2022, les astronomes dévoilaient un stupéfiant cliché de la Carène réalisé par le JWST. Il s’agit d’une toute petite portion de l’une des plus grandes nébuleuses, découverte par un Français. En effet, c’est Nicolas-Louis de Lacaille qui mentionna le premier la nébuleuse de la Carène (NGC 3372) en 1752. L’astronome français était alors en mission dans l’hémisphère austral pour mesurer l’arc du méridien :

La nébuleuse de la Carène déploie ses pétales rouges au-dessus d’une des antennes du réseau ALMA (Atacama Large Millimeter/submillimeter Array). © ESO/Babak Tafreshi

Cette nébuleuse en émission est l’une des plus grandes régions H II (hydrogène ionisé) de la Voie lactée. Imaginez : elle couvre une surface apparente de 3 degrés, soit six fois la Pleine Lune ! À la distance où se trouve la Carène (près de 9.000 années-lumière), cela représente une taille réelle d’environ 460 années-lumière. Continuer la lecture