Nichée dans la constellation d’Orion, la nébuleuse de la Framboise, LBN 867, se compose en réalité de trois objets célestes distincts.
Gourmandise cosmique :
Avec la nébuleuse de la Framboise, la cuisine céleste prend une saveur délicate. Il faut dire que l’appellation lui convient mieux que LBN 867. Mais les astronomes étant méthodiques, ils l’ont rangée dans le Lynds’ Catalog of Bright Nebulae. Ce catalogue d’un peu moins de 1.800 nébuleuses brillantes a été compilé par l’astronome américain Beverly Lynds. Notre framboise céleste se cache dans la célèbre constellation d’Orion :
En juillet 2023 nous admirerons la plus basse Pleine Lune de l’année ainsi que plusieurs rapprochements entre la Lune et les planètes.
Rase-motte lunaire :
La Pleine Lune la plus basse de l’année sera observable le 3 juillet 2023. Cette nuit-là, le globe lunaire se traînera au-dessus de l’horizon Sud. Ce sera peut-être pour vous l’occasion de l’immortaliser au-dessus d’un joli paysage ou d’une construction originale. Les meilleures images seront réalisables dans un ciel clair à l’aube ou au crépuscule :
Le 30 juin 1973, une équipe d’astronomes assista à la plus longue éclipse totale de Soleil à bord d’un des premiers prototypes du Concorde.
Un projet fou :
Les magnifiques éclipses totales de Soleil ont la fâcheuse tendance d’être assez brèves. Quelques minutes seulement de Soleil noir, et uniquement si le ciel est dégagé. L’une des plus longues se déroula le samedi 30 juin 1973 : jusqu’à sept minutes d’obscurité à l’intérieur d’une bande courant de la Mauritanie à la Somalie.
Quelques mois plus tôt, Pierre Léna eut une idée un peu folle : suivre l’éclipse à bord d’un Concorde pour multiplier sa durée par dix ! Le futur avion de ligne, qui volait depuis 1969, achevait alors son programme d’essai. Jeune astrophysicien français, Pierre Léna rencontra le commandant de bord André Turcat en mai 1972. Il lui exposa son plan dans un restaurant de l’aéroport de Toulouse et le pilote du supersonique fut conquis.
S’étirant actuellement sur plus de 70.000 kilomètres, la tache géante AR 3354 est suivie avec intérêt par tous les observateurs du Soleil.
Un nouveau cycle riche en taches :
Les taches sont des zones sombres moins chaudes qui trahissent une intense activité magnétique à la surface du Soleil. Elles sont numérotées dans l’ordre d’apparition, le numéro étant précédé par les lettres AR qui signifient Active Region. Depuis fin 2019, date à laquelle on a assisté au changement de polarité du magnétisme du Soleil, nous sommes dans un nouveau cycle solaire, le vingt-cinquième. L’activité de ce nouveau cycle se révèle beaucoup plus élevée que ce que les simulations prévoyaient. La preuve avec la tache géante AR 3354 qui balafre actuellement le Soleil :
Comme le précise Futura, le maximum de l’activité solaire devait arriver un peu plus tôt que prévu, d’ici fin 2024. Il y a donc fort à parier que la période estivale sera riche en nouvelles grosses taches.
Telle une méduse céleste, la galaxie JW100 se pare de tentacules lumineux en traversant l’atmosphère gazeuse d’un amas galactique.
Océan cosmique :
Il semble que la méduse ne peuple pas seulement les fonds marins. Le télescope spatial Hubble vient d’en photographier un bel exemplaire dans la constellation de Pégase. La scène se déroule à plus de 800 millions d’années-lumière. De quoi s’agit-il ? Les astronomes ont découvert que l’intérieur d’un amas de galaxies, appelé aussi Milieu Intra-Amas (MIA), n’est pas vide. On y trouve un gaz très chaud (plusieurs millions de degrés). Ce gaz chaud exerce une pression sur le gaz et la poussière de la galaxie qui le traverse. C’est pour cette raison que JW 100, la galaxie méduse, abandonne des filaments en traversant rapidement un amas de galaxies (dont on voit quelques-uns des membres tout autour) :
Dans ces filaments, les astronomes ont trouvé du gaz moléculaire froid, mais également des grumeaux contenant des pouponnières d’étoiles. L’opportunité pour eux d’étudier la formation d’étoiles dans un environnement très particulier. Continuer la lecture de Hubble photographie une galaxie méduse→
La cinquième édition de “On The Moon Again” se déroulera les 23, 24 et 25 juin. Une belle occasion pour (re) découvrir la Lune.
La Lune pour tous :
Vous souvenez-vous de la première édition de “On The Moon Again” ? C’était en juillet 2019, à l’occasion du cinquantième anniversaire du Premier Homme sur la Lune. Des astronomes amateurs avaient installé leurs télescopes dans les rues pour offrir la Lune aux passants. Un peu partout sur Terre, des yeux émerveillés avaient découvert la froide beauté de la Mer de la Tranquillité, là même où Neil Armstrong avait posé le pied :
Le rendez-vous est désormais incontournable. Chaque année, plusieurs milliers de points d’observation permettent d’admirer notre satellite naturel. L’édition 2023 se déroulera les 23, 24 et 25 juin. Le site de “On The Moon Again” (voir ici) vous permettra de trouver un point d’observation près de chez vous.
Après Saturne, c’est au tour de Jupiter de redevenir visible en fin de nuit. Ces deux planètes géantes vont enchanter les nuits d’été.
Nouvelle saison planétaire :
Depuis sa conjonction avec le Soleil le 11 avril dernier, les astronomes attendaient que Jupiter redevienne visible. Vous vous souvenez sans doute que début mars, la géante gazeuse brillait encore dans le ciel du soir, s’offrant le luxe de frôler Vénus :
Puis Jupiter a plongé vers le Soleil, disparaissant quelques semaines. La planète gazeuse géante redevient visible à l’aube et va se rapprocher jusqu’à son opposition le 3 novembre. Le 15 juin à l’aube, on pouvait l’admirer à droite du croissant de Lune :
Dans la Vierge, les galaxies qui constituent le Triplet de Wild sont accrochées les unes aux autres par une magnifique autoroute étoilée.
Torsades lumineuses :
Le Triplet de Wild doit son nom à l’astronome suisse Paul Wild (1925-2014). Bien qu’il soit surtout connu pour ses nombreuses découvertes de comètes, Paul Wild a aussi déniché cet ensemble de galaxies en interaction gravitationnelle. Son Triplet (immortalisé en 2022 par le télescope Hubble) est également appelé Arp 248. Il a naturellement rejoint l’Atlas of Peculiar Galaxies, un catalogue de 338 galaxies particulières établi par l’astronome Halton Arp. Situé dans la constellation de la Vierge, Arp 248 se trouve à environ 200 millions d’années-lumière :
Cette superbe image est l’œuvre de deux astrophotographes, Mike Selby et Mark Hanson. Pour la réaliser, ils ont utilisé un télescope robotisé de un mètre de diamètre installé au Chili (Observatorio El Sauce). Les galaxies du Triplet se sont mutuellement arrachées du gaz et des étoiles, formant ce gigantesque pont lumineux long de 200.000 années-lumière. Les autres galaxies visibles sur l’image sont beaucoup plus éloignées et n’interagissent donc pas. Continuer la lecture de Un pont d’étoiles relie les galaxies du Triplet de Wild→
Parmi les nébuleuses obscures, certaines ont des formes très évocatrices, comme LDN 43, la nébuleuse de la Chauve-souris.
Nébuleuses obscures :
Si vous admirez la Voie lactée une nuit d’été, elle vous fera penser à une bande laiteuse, à l’origine de son nom. Armé d’une paire de jumelles, vous découvrirez que sa lumière est produite par une infinité d’étoiles. Pourtant, au milieu de cette rivière de lumière, on trouve de nombreuses nébuleuses obscures. Au début des années 1960, l’astronome Beverly Turner Lynds décida de les recenser. Près de 1.800 nébuleuses obscures sont ainsi répertoriées dans le LDN (Lynds Catalog of Dark Nebulae) :
Ces vastes nuages moléculaires (on y trouve de l’hydrogène moléculaire, appelé aussi dihydrogène) produisent un effet saisissant. Très riches en poussières, ils occultent la lumière de presque toutes les étoiles qui brillent derrière.
Chauve-souris cosmique :
LDN 43 est l’un de ces nuages moléculaires. Il est situé dans la constellation d’Ophiuchus à environ 1.400 années-lumière. Cette curieuse nébuleuse en forme de chauve-souris masque les étoiles, mais également une partie de la nébuleuse LBN 7 (dont on voit quelques filaments lumineux au centre). L’image ci-dessous est l’œuvre des astrophotographes Mark Hanson et Mike Selby :
Cette sinistre écharpe noire s’étire sur 12 années-lumière. Bien qu’à première vue elle ne semble pas très accueillante, c’est une pouponnière stellaire. D’ailleurs, si vous l’observez attentivement, vous constaterez que sa noirceur est très relative. Elle brille d’un étrange éclat, produit par les jeunes astres qui l’illuminent de l’intérieur.
Le 8 avril 2024, la Lune projettera son ombre sur une partie de l’Amérique, plongeant des millions de personnes dans l’obscurité.
Soleil noir en Amérique :
L’Amérique va vivre au printemps 2024 sa seconde éclipse totale de Soleil en moins de dix ans. La précédente avait eu lieu le 21 août 2017, un spectacle que nous rappelle la vidéo ci-dessous réalisée par Olivier Sauzereau. Cette année-là, l’astrophotographe français avait emmené sa petite famille dans les montagnes de l’Oregon pour y vivre quelques minutes d’obscurité en plein jour :
Le 8 avril 2024, un lundi comme le 21 août 2017, l’ombre de la Lune traversera le Mexique, l’Amérique du Nord et la province du Québec. En théorie, c’est au Texas que la météo devrait être la plus favorable. La carte suivante permet de visualiser la ligne de centralité. De part et d’autre, l’éclipse sera partielle, donc peu spectaculaire :
Que représente cette étrange trace lumineuse saisie dans le ciel nocturne de l’Observatoire américain de Kitt Peak ?
Un observatoire dans le désert :
Situé en Arizona, le désert de Sonora est la plus grande zone aride de l’Amérique du Nord. On y trouve de magnifiques cactus Saguaro (Carnegiea gigantea) dont certains atteignent 15 mètres de haut. En raison de son climat, la région a été choisie en 1958 pour y créer un observatoire astronomique. L’Observatoire de Kitt Peak (KPNO) accueille actuellement 24 télescopes. Il y a deux radiotélescopes et vingt-deux télescopes optiques (dont le télescope Mayall de 4 mètres de diamètre) :
Ce début du mois de juin, la planète Mars passe devant l’amas d’étoiles de la Crèche, un spectacle à suivre aux jumelles.
Mars l’intruse :
Vous avez envie de faire une observation insolite ? Ce mois-ci, c’est devant l’amas de la Crèche que je vous invite à retrouver Mars. La quatrième planète du Système solaire va en effet traverser ce joli paquet d’étoiles. Pour suivre ce transit, commencez par repérer l’éclatante Vénus en début de soirée (magnitude -4) :
Un peu plus haut à gauche se trouve Mars beaucoup moins brillante (magnitude 2). Une paire de jumelles est indispensable pour admirer le phénomène les trois premiers soirs de juin. On peut également pointer la scène avec un petit télescope et un faible grossissement permettant d’englober l’amas qui s’étale sur plus d’un degré apparent. Et s’il fait mauvais, vous pourrez suivre l’événement dans la soirée du 2 juin grâce au Virtual Telescope Project :
Quand vous observerez ce transit, dites-vous que les étoiles de l’amas sont près de quarante millions de fois plus éloignées que la planète Mars !
Pour ce mois de juin 2023 aux nuits très courtes, vous pourrez suivre les rapprochements de la Lune avec cinq planètes.
Nuits courtes :
Qu’observer en juin 2023, à l’époque des plus courtes nuits de l’année ? Ce mois-ci, les amoureux des étoiles doivent oublier la Voie lactée et ses nébuleuses que vous retrouverez plus tard dans l’été. Mais rassurez-vous, il reste quelques jolis spectacles célestes à suivre. Rappelons d’abord que l’astronomie peut aussi se pratiquer la journée. Il est possible de suivre l’augmentation des taches solaires avec un filtre approprié, comme ce fut le cas à l’aube du 6 mai :
Soir et matin, vous pourrez également reconnaître cinq planètes. Il vous suffira de les chercher à proximité de la Lune aux dates que je vais maintenant vous indiquer. Et peut-être aurez-vous la chance d’admirer quelques nuages noctiluques.
Le gaz de Abell 31 se dilue dans l’espace depuis très longtemps. Portrait d’une grande nébuleuse planétaire très discrète.
Nébuleuse ténue :
Ne cherchez pas à la voir dans un petit télescope. Abell 31 ne se dévoile que dans les instruments de grand diamètre (voir le dessin de Bertrand Laville). Quant aux astrophotographes, il leur faut accumuler de multiples poses pour restituer l’aspect de cette discrète nébuleuse planétaire. En théorie, c’est l’une des plus grosses nébuleuses planétaires (NP) observables. En pratique, sa magnitude de 12 la réserve aux observateurs les mieux équipés. Pour l’immortaliser, Peter Goodhew n’a pas hésité à poser plus de 43 heures avec une lunette de 152 millimètres de diamètre :
Dénommée SN 2023ixf, la supernova apparue le 19 mai dans la galaxie du Moulinet Messier 101 ne cesse de gagner en luminosité.
Cataclysme cosmique :
La découverte d’une supernova (définition) est toujours un événement pour les astronomes. Autant dire qu’ils sont en émoi depuis qu’on a signalé une explosion stellaire dans la galaxie Messier 101 le 19 mai. Comme je vous l’expliquais ici, c’est l’astronome japonais Koichi Itagaki qui a été le premier à donner l’alerte. Depuis, les télescopes du monde entier sont mobilisés pour étudier le phénomène. Un intérêt accru quand on sait que la galaxie du Moulinet, Messier 101, n’est qu’à 22 millions d’années-lumière (AL) :
Un spectacle que tout possesseur d’un petit télescope peut aussi admirer en pointant cette galaxie dans la constellation de la Grande Ourse. Une fois Messier 101 localisée, la carte proposée par l’AAVSO vous permettra de repérer la SN :
Messier 101, la galaxie du Moulinet, compte une nouvelle supernova. C’est la plus proche explosion stellaire depuis une décennie.
L’une des plus belles spirales :
La galaxie Messier 101 a été découverte par l’astronome français Pierre Méchain en 1781. Considérée comme l’une des plus belles galaxies spirales vues de face, elle se trouve dans la Grande Ourse. Elle forme un triangle équilatéral avec les étoiles Alkaid et Alcorqui symbolisent le manche de la célèbre casserole céleste :
Une occultation de Jupiter par le croissant de Lune s’est produite dans la journée du 17 mai 2023. Un spectacle suivi en Amérique du Nord.
Cache-cache céleste :
Une occultation de planète par la Lune est toujours un événement très apprécié des astronomes. Rappelons-en le principe : dans son mouvement naturel, la Lune glisse devant les astres beaucoup plus éloignés. On se souvient par exemple de l’occultation de Mars en décembre 2022 ou de celle de Saturne au printemps 2019. Ce 17 mai, il fallait se trouver en Amérique du Nord pour voir le croissant de Lune grignoter Jupiter :
Alors que notre satellite naturel se trouvait à environ 400.000 kilomètres, Jupiter était à près de 6 UA. Je vous rappelle que l’Unité Astronomique représente 150 millions de kilomètres. La planète gazeuse géante était donc 2.250 fois plus éloignée ! Voilà qui explique son minuscule diamètre apparent de 34 secondes d’arc. Mais rassurez-vous, la géante gazeuse va grossir en se rapprochant de nous. Elle sera au plus près en novembre 2023.
On observe parfois les planètes faire demi-tour dans le ciel nocturne. Explication de ce mouvement rétrograde.
Curieux demi-tour :
Le phénomène a longtemps intrigué les Hommes : pourquoi voit-on les planètes revenir en arrière devant le fond de ciel étoilé ? Ce curieux mouvement est parfaitement illustré par un montage de Davide Mascoli. L’astrophotographe italien a imagé régulièrement Jupiter au milieu des constellations entre juin et août 2022. Puis il a superposé ses clichés (explications) :
Sur le montage final, on note bien sûr que Jupiter (accompagnée de ses satellites) se déplace par rapport au fond du ciel. C’est la caractéristique première des planètes, dont le nom vient du grec ancien, planếtês, qui signifie astre errant. Mais un demi-tour de la planète pose question : que s’est-il passé ? Continuer la lecture de Pourquoi certaines planètes font-elles demi-tour ?→
Partons à la découverte de Messier 101, la majestueuse galaxie spirale du Moulinet située dans la célèbre Grande Ourse !
Nébuleuse spirale :
Avec une magnitude de 8 et un diamètre comparable à celui de la Pleine Lune, la galaxie du Moulinet ne manque pas d’atouts. Elle fut découverte par l’astronome français Pierre Méchain en 1781. Un siècle plus tard, Lord Ross l’étudia avec son immense Léviathan et la classa comme nébuleuse spirale. À cette époque, on ne connaissait pas encore les galaxies et les astronomes rangeaient toutes les taches floues qu’ils observaient dans la catégorie des nébuleuses. Nous en savons beaucoup plus aujourd’hui sur Messier 101, mais commençons par situer cet objet céleste :
Orbitant autour de la planète Mars tout comme Deimos, Phobos est la lune la plus sombre de tout le Système solaire.
Femme obstinée :
Les deux satellites naturels de Mars, Phobos et Deimos, ont été découverts en 1877. Cette année-là, l’opposition de la Planète rouge fut particulièrement favorable. Le 5 septembre, elle n’était qu’à 56,2 millions de kilomètres de la Terre. De nombreux télescopes essayèrent alors d’en percer quelques-uns des mystères. À l’Observatoire naval de Washington (USNO), l’astronome Asaph Hall avait décidé dès le début du mois d’août de chercher d’éventuels satellites :