Tous les articles par Jean-Baptiste FELDMANN

Non, il n’y aura pas de “Super Lune rose” la nuit du 26 au 27 avril !

Ne vous emballez pas : contrairement à ce qu’annoncent certains médias, il n’y aura pas de “Super Lune rose” la nuit du 26 au 27 avril.

Plusieurs médias se copient mutuellement un sujet racoleur, celui de la “Super Lune rose”. On fait le point pour savoir de quoi il est question et ce que signifient les termes employés.

Une Lune pas vraiment rose :

Personne n’a jamais vu la Lune rose. Tout au plus, elle se pare d’une belle couleur orangée à son lever, comme peut le faire le Soleil. Lorsque ces astres sont sur l’horizon, leur lumière est décomposée en traversant une couche d’atmosphère beaucoup plus importante. Les rayons de courte longueur d’onde (vert, bleu) sont plus déviés que les rayons de grande longueur d’onde (rouge, orange) qui sont les seuls à nous parvenir.

Plus l’astre s’élève et plus cette dispersion se réduit, comme le révèle le montage ci-dessus réalisé à raison d’un cliché toutes les deux minutes. Vous ne verrez donc pas la Lune rose : cette appellation fait uniquement allusion à la couleur de certains arbres en fleurs à cette époque de l’année.

Super Lune ou pas ?

En raison de son orbite elliptique, la Lune n’est pas toujours à la même distance de la Terre. Au plus près, le périgée, cette distance est de 356.700 km. Au plus loin, l’apogée, la Lune se trouve à 406.300 km. Cette variation de distance induit automatiquement une variation du diamètre lunaire apparent. Il oscille entre 29,5 minutes d’arc à l’apogée et 33,5 minutes d’arc au périgée, soit une différence de 12%. Lorsque le  périgée  coïncide avec la  Pleine Lune, les astronomes parlent de périgée-syzygie. Quant aux journaux, ils préfèrent le terme de Super Lune.

Sur son blog, l’astrophysicien Fred Espenak signale que cette Pleine Lune du 27 avril est la seconde des quatre SuperMoon de l’année (celles dont le diamètre apparent dépasse 33 minutes d’arc). La première a eu lieu le 28 mars,  les autres se produiront les 26 mai et 24 juin. Concrètement, la différence du diamètre apparent de la Lune ne peut se voir qu’en comparant des photographies. C’est ce qu’a fait l’astronome amateur Philippe Moussette ci-dessus. Visuellement, le spectacle reste le même, notre cerveau étant incapable de se souvenir du diamètre apparent d’une ancienne Pleine Lune !

Conseils pour admirer la Pleine Lune :

La Pleine Lune se produisant le 27 avril à 3 heures 30 du matin, vous pouvez l’admirer pleine les soirs du 26 et 27 avril. Le 26 elle sera levée à l’EST avant que le Soleil ne soit couché à l’OUEST. Le 27 son lever interviendra plus tard, une quarantaine de minutes après la disparition du Soleil. N’attendez pas que la Lune soit trop haute pour admirer le spectacle et éventuellement le photographier. Ensuite, elle deviendra rapidement très brillante dans un ciel de plus en plus sombre.

Pleine Lune derrière le clocher de l’église de Brochon. © Jean-Baptiste Feldmann
Vous pourriez aimer :

Suivez l’actualité astronomique et découvrez mes images du ciel en vous abonnant à Cielmania sur Facebook ou Twitter.

Une colonne solaire jaillit des Monts du Beaujolais

Curieux spectacle que celui d’une colonne solaire. Ce pilier lumineux qui accompagne le Soleil est provoqué par des cristaux de glace.

Terminologie incertaine :

Colonne solaire, colonne lumineuse, pilier solaire ou pilier lumineux. Si l’appellation varie, on parle bien de la même chose. Une trainée lumineuse qui s’étire au-dessus ou au-dessous du Soleil quand celui-ci est bas sur l’horizon. Cette trace verticale, continue ou fragmentée, descend sous le Soleil quand il est à quelques degrés de l’horizon. Quand il est couché, la colonne se dresse au-dessus de lui et jaillit sur l’horizon. On observe beaucoup plus rarement le même phénomène avec la Lune. On parle alors de colonne lunaire.

Explications :

Comment se forme une colonne solaire ? Le phénomène se produit par réflexion des rayons du Soleil sur des cristaux de glace plats à base hexagonale situés dans l’atmosphère. Plus les cristaux seront disposés horizontalement (cela dépend de la stabilité des couches atmosphériques) et plus la colonne sera allongée.

Principe de la formation d’une colonne solaire en présence de cristaux de glace.
Spectacle en images :

La soirée du 16 avril 2021 a été propice à différentes belles observations. Elles sont présentées ci-dessous à l’aide de clichés réalisés avec un boîtier Lumix FZ82 depuis une fenêtre. Le Soleil allait se coucher derrière les Monts du Beaujolais situés à une vingtaine de kilomètres.

Lorsque le Soleil a été masqué par des nuages, quelques rayons crépusculaires sont apparus (partie supérieure du cliché ci-dessus). Les bandes sombres en éventail correspondent aux rayons lumineux bloqués par les nuages. Les bandes lumineuses correspondent aux rayons qui passent entre les nuages. Ces rayons deviennent visibles car ils sont réfléchis par les particules en suspension dans l’atmosphère.

Une colonne très brillante a commencé à se former sous le Soleil, une autre un peu plus discrète au-dessus du Soleil (cliché ci-dessus). Ensuite le Soleil est sorti des nuages et s’est couché. Un peu plus tard une colonne solaire s’est de nouveau développée.

Vous pourriez aimer :

Suivez l’actualité astronomique et découvrez mes images du ciel en vous abonnant à Cielmania sur Facebook ou Twitter.

Une sixième supernova explose dans la galaxie NGC 3147

Pour la sixième fois en cinquante ans, les astronomes observent l’explosion d’une supernova dans une galaxie spirale du Dragon, NGC 3147.

Une galaxie dans le Dragon :

La galaxie NGC 3147 niche dans le Dragon, une constellation qui se glisse entre la Petite Ourse et la Grande Ourse. Située à 130 millions d’années-lumière, cette spirale de magnitude 10,6 a été découverte en 1785 par William Herschel. Elle a ensuite été enregistrée dans l’imposant New General Catalogue of Nebulae and Clusters of Stars (NGC) qui regroupe près de 8.000 objets du ciel profond.

La constellation du Dragon serpente entre les deux Ourses. © Jean-Baptiste Feldmann

NGC 3147 offre régulièrement aux astronomes la possibilité d’observer des supernovae. Ce fut le cas en 1972, 1997, 2006 et 2008. Rappelons qu’une supernova est l’explosion cataclysmique d’une étoile. Pendant plusieurs semaines, l’astre se met alors à briller aussi fort que les milliards d’étoiles qui composent la galaxie !

Deux supernovae en trois mois :

En 2021, NGC 3147 a déjà produit deux supernovae. C’est d’abord  SN 2021do qui a été détectée le 02 janvier 2021 dans le cadre du Zwicky Transient Facility, un programme d’observation du ciel à grand champ entrepris à l’observatoire du mont Palomar (États-Unis).

SN 2021hpr est la sixième supernova découverte dans la galaxie spirale NGC 3147. © Gemini Astronomical Observatory / Ivan Molnar

Puis, SN 2021hpr a été découverte exactement trois mois plus tard, le 02 avril 2021, par Koichi Itagaki. On peut suivre l’actualité concernant ces deux supernovae sur la page que leur consacre la Rochester Academy of Science.

Phare galactique :

Si SN 2021do est désormais plus faible que la magnitude 18, la supernova SN 2021hpr continue d’augmenter d’éclat. Au moment de la rédaction de cet article, sa magnitude est de 14, ce qui la rend spectaculaire. Sur le cliché du Gemini Astronomical Observatory ci-dessus, la supernova brille à 130 millions d’années-lumière autant que les autres étoiles présentes dans le champ. Ces dernières sont pourtant beaucoup plus proches puisqu’elles font partie de notre Voie lactée. Elles se situent donc à seulement quelques dizaines ou centaines d’années-lumière. Imaginez donc !

Vous pourriez aimer :

Suivez l’actualité astronomique et découvrez mes images du ciel en vous abonnant à Cielmania sur Facebook ou Twitter.

Voici le croissant de Lune qui annonce le début du Ramadan

Dans le calendrier lunaire musulman, le 13 avril 2021 est le premier jour du mois de Ramadan. Cette date dépend du retour de la Lune.

Fin croissant à saisir :

Les éphémérides nous l’enseignent : la Nouvelle Lune s’est produite le lundi 12 avril 2021 à 2 heures 31. En théorie, le premier croissant pouvait être observable dans la soirée du 12. En pratique, son repérage moins de 20 heures après la Nouvelle Lune est très délicat. Particulièrement fin, l’arc lunaire est en effet noyé dans la luminosité du ciel. Il faut alors le rechercher aux jumelles dans un ciel exempt de toute brume. En février 2015, j’avais eu la chance de photographier un croissant âgé de 18 heures seulement, ce qui reste mon record à ce jour.

Les conditions étaient réunies en février 2015 pour photographier un minuscule croissant de Lune, 18 heures seulement après la Nouvelle Lune. © Jean-Baptiste Feldmann

C’est donc dans la soirée du 13 avril 2021 que l’on pouvait espérer voir facilement le premier croissant de cette nouvelle lunaison. Il était effectivement bien visible au-dessus de l’horizon OUEST un peu après le coucher du Soleil. Le voici photographié au-dessus des Monts du Beaujolais avec un boîtier Nikon D7100. La focale de l’objectif est de 300 millimètres, pose de 1 seconde à 2000 iso.

Premier croissant de la nouvelle lunaison le 13 avril 2021. © Jean-Baptiste Feldmann

Ce mois d’avril, les musulmans attendaient l’observation de ce mince croissant pour démarrer le Ramadan. Comme le préconisait le Prophète : “ne jeûnez que lorsque vous verrez le croissant lunaire et rompez le jeûne lorsque vous le verrez aussi”. Continuer la lecture de Voici le croissant de Lune qui annonce le début du Ramadan

Stephen Rater, le marcheur qui fait découvrir les étoiles

“Marche à l’étoile” nous raconte les belles rencontres que fait Stephen Rater, un marcheur qui partage sa passion pour l’astronomie.

Marcher la tête dans les étoiles :

Si vous aimez randonner, peut-être croiserez-vous Stephen Rater sur les chemins. Vous serez sans doute surpris par la taille de son sac à dos. Il faut dire que, en plus de ses effets personnels, il y met aussi un télescope de 15 centimètres de diamètre. À 31 ans, Stephen a comme passions le trekking et l’astronomie. Comment concilier les deux ? en créant AstroBivouac. De petits séjours pendant lesquels Stephen vous propose d’aller marcher en forêt, en montagne.

Stephen Rater (à gauche) et Boris Wilmart la nuit sous les étoiles . © Boris Wilmart

Et quand arrive l’heure du bivouac, le marcheur se fait astronome et vous fait découvrir les beautés du ciel nocturne. Lune, Voie lactée, planètes, constellations, Stephen sait captiver son auditoire et lui mettre des étoiles plein les yeux. Continuer la lecture de Stephen Rater, le marcheur qui fait découvrir les étoiles

Le croissant de Lune rejoint Jupiter et Saturne à l’aube du 7 avril

Les planètes géantes gazeuses sont de retour en fin de nuit ! Et le vieux croissant de Lune est venu les saluer à l’aube de ce 7 avril.

Fin de lunaison :

Avant la Nouvelle Lune du 12 avril, c’est en fin de nuit qu’il faut rechercher le croissant de Lune. La scène se déroule sur l’horizon EST, et la grosse virgule lunaire est accompagnée par la lumière cendrée. Un spectacle dont on ne se lasse pas et qui fascinait déjà Léonard de Vinci. Cette délicate lueur qui éclaire le reste du disque lunaire s’apprécie encore mieux avec une paire de jumelles.

Le croissant de Lune accompagne Jupiter et Saturne le 7 avril. © Jean-Baptiste Feldmann

Mais ce matin 7 avril, c’est la présence de Jupiter et Saturne qui attirait les regards. Après leur Grande conjonction de décembre, les planètes géantes gazeuses sont de retour. De quoi réjouir tous les astronomes amateurs de visions planétaires. Continuer la lecture de Le croissant de Lune rejoint Jupiter et Saturne à l’aube du 7 avril

De curieuses caldeiras lunaires intriguent les géologues

Les géologues les ont surnommées Irregular Mare Patches (IMP). Ces zones volcaniques lunaires encore mal connues restent une énigme. 

Paysages lunaires :

Tout a commencé en 1971. Au cours de leur survol lunaire, les astronautes de la mission Apollo 15 ont photographié une étrange structure. Il s’agit d’une caldeira située au SUD-EST de la chaîne des Apennins lunaires, dans le Lacus Felicitatis. Elle est très difficile à observer depuis la Terre en raison de sa petite taille (moins de 3 kilomètres) et de son faible contraste. L’orbiteur LRO a pu ultérieurement nous en offrir des clichés détaillés.

Localisation de Ina, une petite caldera volcanique lunaire. © NASA/LROC

Cette dépression surnommée Ina est constituée de plusieurs zones lisses et rugueuses. Les zones lisses sont des collines avec des sommets plats, les zones rugueuses sont en revanche un peu plus basses. Continuer la lecture de De curieuses caldeiras lunaires intriguent les géologues

Spectaculaire : sprite rouge et jet bleu au sommet du Mauna Kea

Les orages s’accompagnent parfois de brefs phénomènes lumineux. Voici un sprite rouge et un jet bleu photographiés au sommet du Mauna Kea.

Un observatoire sur un volcan :

Le Mauna Kea est un volcan bouclier endormi âgé de près d’un million d’années. Situé sur l’île d’Hawaii, il culmine à 4.207 mètres d’altitude et sa dernière éruption remonte à environ 4.500 ans. Son sommet, régulièrement au-dessus des nuages, offre l’un des meilleurs sites d’observations astronomiques de l’hémisphère nord.

Les coupoles de l’Observatoire du Mauna Kea vues de l’espace. © NASA

On y a installé un observatoire dans lequel différentes coupoles abritent une dizaine d’instruments. La France dispose là-bas d’un télescope de 3,6 mètres de diamètre, le CFHT. Continuer la lecture de Spectaculaire : sprite rouge et jet bleu au sommet du Mauna Kea

Que voir dans le ciel nocturne en avril 2021

Pour ce mois d’avril 2021, le couvre-feu va limiter les observations. Elles restent possibles depuis un jardin, un balcon ou une fenêtre.

Observer de chez soi :

En rédigeant cette rubrique, je me suis replongé dans les éphémérides du mois d’avril 2020. Un an plus tard, le confinement a été remplacé par le couvre-feu. Et il va falloir encore ruser pour observer le ciel nocturne. La situation ne sera pas la même entre l’observateur dans son jardin en zone rurale, loin de la pollution lumineuse, et celui qui n’a que les fenêtres de son appartement en ville.

L’astronomie depuis un jardin est idéale pendant le couvre-feu. © Jean-Baptiste Feldmann

Heureusement qu’il reste quelques jolis phénomènes astronomiques accessibles à tout le monde. N’oubliez pas de consulter la carte du ciel de Stelvision pour vous orienter sous la voûte céleste. Continuer la lecture de Que voir dans le ciel nocturne en avril 2021

Admirez les passages de la Station spatiale internationale

Petit point brillant qui traverse le ciel nocturne lentement, la Station spatiale internationale est observable régulièrement à l’œil nu.

Meccano géant :

l’ISS (International Space Station) est un assemblage de modules et de panneaux solaires de la taille d’un terrain de football. Elle passe régulièrement au-dessus de nos têtes à plus de 300 kilomètres d’altitude. La première mission de longue durée, Expédition 1, s’est déroulée il y a vingt ans. Depuis, la Station est occupée sans interruption. Le spationaute français Thomas Pesquet y séjournait en 2021 : c’était la Mission Alpha.

Le lent passage de la Station spatiale le 27 mars a laissé une trace lumineuse d’OUEST en EST, ici en dessous de l’étoile polaire (au centre de la rotation). © Jean-Baptiste Feldmann

Il est possible de voir passer la Station spatiale dans le ciel lorsqu’elle nous survole en début ou en fin de nuit. C’est à ce moment que le Soleil (sous l’horizon) éclaire toute la structure. Continuer la lecture de Admirez les passages de la Station spatiale internationale

Le 28 mars, vous pourrez admirer la Pleine Lune du printemps

Le 28 mars, c’est la troisième Pleine Lune de l’année. Voici quelques conseils pour observer cette Pleine Lune du printemps. 

Pourquoi donner un nom à la Pleine Lune ?

En raison de son importance dans la vie quotidienne de nos ancêtres, la Pleine Lune porte des noms différents depuis très longtemps. Les noms encore utilisés aujourd’hui nous viennent d’Amérique du Nord. On les trouve dans l’Almanach du fermier du Maine, une publication annuelle qui existe depuis 1818.

Lever de Pleine Lune avec un cliché toutes les deux minutes. © Jean-Baptiste Feldmann

Il y a un nom pour chaque Pleine Lune de l’année, en lien avec la météo, les récoltes ou les animaux. Cette troisième Pleine Lune de l’année devrait être celle du ver. Je trouve que Pleine Lune du printemps est quand même plus poétique ! Continuer la lecture de Le 28 mars, vous pourrez admirer la Pleine Lune du printemps

Islande : aurore boréale sur le Geldingadalur en éruption

Un photographe a profité de l’éruption du Geldingadalur en Islande pour immortaliser ce spectacle en même temps qu’une aurore boréale.

L’Islande, pays des volcans :

Depuis le 19 mars 2021, une éruption volcanique se déroule dans la vallée de Geldingadalur. De la lave jaillit sans danger à une quarantaine de kilomètres seulement de Reykjavik, la capitale de l’Islande. Une aubaine pour les photographes et les volcanologues. Ces derniers s’attendaient à un tel événement sur l’île. L’Islande est en effet un bel exemple de l’interaction entre un point chaud et une dorsale. Une situation à l’origine de nombreuses éruptions (parfois violentes).

Coulées de lave dans la vallée de Geldingadalur. © Icelandic Meteorological Office

On se souvient qu’en 2010, l’activité éruptive de l’Eyjafjöll avait paralysé pendant plusieurs jours le trafic aérien à l’échelle mondiale. En outre, toute une partie de l’Europe du Nord avait eu droit à des pluies de cendres. Continuer la lecture de Islande : aurore boréale sur le Geldingadalur en éruption

Interview : Michel Ory, chasseur de comètes (et d’astéroïdes)

L’astronome amateur suisse Michel Ory répond à nos questions à l’occasion de la sortie de son livre : Chasseur de comètes, la quête de nos origines.

Michel Ory est un astronome amateur comblé. Lorsqu’il n’est pas devant ses élèves pour leur enseigner la physique, cet ancien journaliste scientifique suisse traque les astéroïdes et les comètes. Son palmarès est éloquent : il a découvert plus de 200 astéroïdes, deux comètes et deux supernovæ.

L’astronome amateur suisse Michel Ory.© Michel Ory

Des découvertes réalisées à l’Observatoire astronomique jurassien de Vicques en Suisse (2000-2011) et à l’Observatoire de l’Oukaïmeden au Maroc (dès 2011). Auteur de Chasseur d’astéroïdes en 2019 (éditions Le Pommier), il a sorti un second ouvrage en 2021, Chasseur de comètes, la quête de nos origines. Continuer la lecture de Interview : Michel Ory, chasseur de comètes (et d’astéroïdes)

Les astronomes amateurs ont photographié le “X” sur la Lune

Ce weekend, les astronomes amateurs se sont mobilisés pour photographier le “X” sur la Lune, un curieux jeu d’ombre et de lumière.

La Lune à la portée de tous :

La Lune est une source infinie d’observations faciles qui ne demandent même pas un gros télescope. La plupart sont réalisables avec une simple longue-vue ou même une paire de jumelles calée sur un trépied photo. Si vous ne disposez pas de cet accessoire, contentez-vous de prendre appui sur un manche à balai coincé entre vos genoux en observant assis.

Le “X” et le “V” sur la Lune dans la soirée du 20 mars. © Pierre-Olivier Castille

Un peu avant le Premier Quartier, vous avez la possibilité de découvrir un amusant jeu d’ombre et de lumière. C’est le « X » lunaire, observable quelques heures le long du terminateur. Cette ligne sépare la partie éclairée de la partie sombre de notre satellite naturel. Le phénomène était observable samedi soir 20 mars.

Jeu de lumière sur les crêtes :

Voici  la description qu’en fait l’astrophotographe Denis Huber : “le X lunaire correspond à l’illumination de crêtes en avant du terminateur, au lever du Soleil, les terrains environnants moins élevés restant donc dans le noir. Son principal intérêt réside dans son caractère évolutif : des changements sont perceptibles en 20 minutes seulement, la séquence complète d’observation ayant une durée d’environ quatre heures.

Les rayons du Soleil éclairent les crêtes des cratères Purbach et Blanchinus. © Denis Huber

Les crêtes du cratère Purbach sont les premières illuminées, formant en une heure environ les deux bras les plus à l’ouest du X. Puis il faut 30 à 40 minutes supplémentaires pour que celles du cratère Blanchinus s’éclairent aussi, formant les deux autres bras. Une fois entièrement apparue, la croix est particulièrement brillante et visible, mais il faut en profiter très vite car l’inexorable lever du Soleil sur les terrains alentours la fait ensuite disparaître en un peu moins de deux heures. En 2021, seulement six soirées offriront les conditions propices à l’observation de ce phénomène.” 

L’astrophotographe Jean-Paul Godard signe ce portrait du “X” sur la Lune.
Vous pourriez aimer :

Suivez l’actualité astronomique et découvrez mes images du ciel en vous abonnant à Cielmania sur Facebook ou Twitter.

Espagne : qui a volé le précieux “Sidereus Nuncius” de Galilée ?

Le plus célèbre des traités d’astronomie, le “Sidereus Nuncius” rédigé par Galilée, a disparu de la Bibliothèque nationale d’Espagne.

Le Messager volatilisé :

L’histoire pourrait prêter à sourire tant elle est rocambolesque. Un ouvrage de Galilée écrit en 1610 a été volé à la Bibliothèque nationale d’Espagne. Ce fascicule, le Messager des étoiles (Sidereus Nuncius), est un véritable trésor. C’est le plus ancien manuel d’astronomie présentant des observations à la lunette. Les traités antérieurs (comme l’Atlas de Dunhuang) sont basés sur des observations à l’œil nu.

Cet exemplaire du Messager des étoiles (Sidereus Nuncius), publié par Galilée en 1610, se trouve au Musée d’Histoire des Sciences à Florence. © Jean-Baptiste Feldmann

En 2014, les responsables de la bibliothèque ont découvert que l’exemplaire qu’ils possédaient était un faux. Par recoupement, ils ont estimé que l’usurpation avait sans doute eu lieu vingt ans plus tôt. Ils ont pourtant attendu 2018 pour en informer la police. Qui mène depuis l’enquête en toute discrétion. Les Espagnols, quant à eux, viennent de découvrir cette histoire grâce à un article du quotidien El País. Continuer la lecture de Espagne : qui a volé le précieux “Sidereus Nuncius” de Galilée ?

Comment réaliser votre première photo de la nébuleuse d’Orion

La nébuleuse d’Orion est actuellement bien visible en soirée. Voici comment l’immortaliser avec une lunette astronomique et un boîtier photo.

La plus belle des nébuleuses :

La plus belle nébuleuse du ciel est la nébuleuse d’Orion qui se situe dans la constellation du même nom. Cette nébuleuse ressemble à une aile de papillon quand on l’observe dans une paire de jumelles ou une petite lunette astronomique. Elle porte le numéro 42 dans le catalogue de l’astronome français Charles Messier. Son observation est à l’origine de nombreuses vocations dans le petit monde de l’astronomie.

La célèbre constellation d’Orion et la nébuleuse Messier 42 sont bien visibles en début de soirée à la fin de l’hiver. © Jean-Baptiste Feldmann

La nébuleuse est facilement observable à la fin de l’hiver en direction du SUD-OUEST, après la tombée de la nuit. Si vous vous éloignez des lumières parasites, vous la découvrirez sans peine.

Détails techniques :

L’image de la nébuleuse a été obtenue le 6 mars par Alain Brodin qui nous livre maintenant sa recette. Il a utilisé un boîtier Canon 600D installé au foyer d’une lunette 80ED. L’ensemble était fixé sur une monture HEQ 5 GOTO préalablement mise en station.

Voici le matériel utilisé pour photographier la nébuleuse d’Orion. © Alain Brodin

Le cliché qu’il nous propose représente l’addition (avec le logiciel Siril) de 50 poses de 30 secondes à 800 iso, de 9 dark et de 11 offset. Les retouches sur l’image finale ont été réalisées en utilisant le logiciel Photoshop. Dark et offset sont deux types d’images qu’on réalise pour augmenter le rapport entre le signal (la lumière de la nébuleuse) et le bruit (d’origine électronique et thermique) généré par le capteur de l’appareil photo.

La belle nébuleuse d’Orion photographiée le 06 mars 2021. © Alain Brodin

Un dark consiste à acquérir une image du signal thermique. Pour cela, on prend des photos avec la même sensibilité (800 iso) et le même temps de pose (30 sec), mais en laissant le bouchon sur l’objectif de la lunette. L’offset permet de visualiser le bruit du capteur. On garde la même sensibilité (800 iso) mais avec des temps de poses très courts (entre 1/4000e et 1/8000e de sec).

À savoir :

Messier 42 est un vaste complexe nébuleux diffus observable à proximité de la Voie lactée. Elle se situe à une distance d’environ 1.350 années-lumière. C’est la pouponnière stellaire la plus proche de la Terre. Plusieurs centaines d’étoiles naissantes ont été découvertes en sondant la nébuleuse en infrarouge. Seul ce rayonnement traverse la poussière et nous révèle les astres qui s’y cachent. Certains instruments, comme le télescope Vista ou l’observatoire volant SOFIA, sont dédiés à l’étude de l’Univers en infrarouge. Le diamètre de Messier 42 est estimé à 24 années-lumière. Sa masse est environ 2.000 fois plus importante que celle du Soleil.

Vous pourriez aimer :

Suivez l’actualité astronomique et découvrez mes images du ciel en vous abonnant à Cielmania sur Facebook ou Twitter.

Le retour du croissant de Lune en soirée entre deux giboulées

Les nuages ont fait place à un fin croissant de Lune ce lundi soir. Le début d’une nouvelle lunaison avec quelques temps forts.

Lune de mars :

Il fallait bien viser ce soir entre deux ondées pour saisir le croissant de Lune ! Peu après 19 heures, une éclaircie m’a permis de le voir, petite virgule argentée au-dessus de l’horizon OUEST. J’ai essayé de l’immortaliser de façon originale à travers une boule en verre. Le cliché a été réalisé avec un boîtier Nikon D3200, un objectif 18-105 millimètres et une pose de 1 seconde à 400 iso.

en cette période de giboulées et de couvre-feu, photographier les spectacles célestes est une véritable prouesse ! Continuer la lecture de Le retour du croissant de Lune en soirée entre deux giboulées

Insolite : LRO photographie un rocher qui a roulé sur la Lune

La haute résolution de la caméra qui équipe l’orbiteur lunaire LRO saisit d’incroyables détails, comme ce rocher et la trace de ses rebonds.

La Lune en très gros plan :

Observer la Lune est à la portée de tous. C’est déjà possible avec une longue-vue, un instrument que je vous recommande car il est facile à utiliser. Il pourra vous servir à vous lancer dans la découverte d’une série de paysages lunaires à explorer. Mais aucun télescope ne vous montrera la surface de la Lune comme le fait LRO. Cette sonde d’environ 2 tonnes a été lancée en 2009 au cours de l’Année mondiale de l’astronomie. Elle orbite depuis à une altitude de 50 kilomètres au-dessus de la Lune.

La sonde LRO permet de photographier le sol lunaire en très haute résolution. © NASA

Elle étudie la surface lunaire de façon très détaillée grâce à sa caméra haute résolution LROC. Elle a même été capable de nous révéler les sites d’atterrissage d’Apollo. Continuer la lecture de Insolite : LRO photographie un rocher qui a roulé sur la Lune

Les trésors oubliés de l’Observatoire de Copenhague

Retrouvées par hasard, des plaques photographiques de l’Observatoire de Copenhague montrent le ciel tel qu’il était il y a plus d’un siècle.

La patrie de Tycho Brahe :

Au Danemark, l’astronomie a connu ses lettres de noblesse avec Tycho Brahe, le premier grand observateur des temps modernes. En 1642, quatre décennies après sa mort, l’Université de Copenhague se dote d’un observatoire installé à Rundetårn. Puis en 1861, un nouvel observatoire le remplace, celui d’Østervold. Le Bureau central des télégrammes astronomiques (CBAT), fondé en 1882, s’y installe de la Première guerre mondiale jusqu’en 1964.

L’instrument double (un télescope associé à une lunette) de l’Observatoire d’Østervold permettait d’observer le ciel tout en le photographiant sur des plaques en verre dont on voit le châssis sous le porte-oculaire. © Niels Bohr Institute, University of Copenhagen

L’Observatoire d’Østervold a été équipé en 1895 d’un instrument double. Il s’agissait d’un télescope associé à une lunette astronomique. L’un servait à l’observation visuelle, l’autre à la photographie du ciel sur des plaques en verre de 16 centimètres de côté. Continuer la lecture de Les trésors oubliés de l’Observatoire de Copenhague

Pourquoi le cœur de la galaxie Messier 94 est-il si brillant ?

Observée depuis sa découverte en 1781, la galaxie spirale Messier 94 offre un tout autre aspect quand on la photographie en très longue pose.

Quatre nuits pour un portrait cosmique :

L’image réalisée par l’astrophotographe italien Leonardo Orazi aurait de quoi faire rêver Pierre Méchain ! Lorsque cet astronome français découvre la galaxie spirale Messier 94 au mois de mars 1781, il ne voit qu’une nébulosité diffuse avec un centre brillant. Près de 240 ans plus tard, l’astrophotographe italien nous en offre un saisissant portrait. Armé d’un télescope de 25 centimètres de diamètre et d’une caméra refroidie, il a cumulé plus de 12 heures de poses réparties sur 4 nuits pour arriver à ses fins.

En longue pose, la galaxie Messier 94 révèle un centre très brillant. © Leonardo Orazi

Messier 94 se situe à 15 millions d’années-lumière dans les Chiens de Chasse. Cette modeste constellation est située juste à côté de la Grande Ourse. Dans une puissante paire de jumelles, Messier 94 ressemble à une petite tâche lumineuse de magnitude 8. Continuer la lecture de Pourquoi le cœur de la galaxie Messier 94 est-il si brillant ?