Alors que les médias s’emballent avec l’arrivée de la comète C/2022 E3 (ZTF), l’astronome Alan Hale nous rappelle ce qu’il en est exactement.
Un nom accroché au firmament :
Si vous aimez les astres chevelus, le nom d’Alan Hale (lire sa biographie en anglais) vous dit forcément quelque chose. Le 23 juillet 1995, cet astronome américain découvrait (indépendamment de l’amateur Thomas Bopp, décédé en 2018), la comète C/1995 O1. Celle qui devint la plus brillante comète du XXe siècle fut visible pendant 18 mois à l’œil nu, atteignant la magnitude -1 lors de son passage au périhélie en avril 1997 :
Les 22 et 23 janvier, nous auront droit à un joli rendez-vous planétaire : Vénus et Saturne se croiseront sur l’horizon Sud-Ouest.
Spectaculaire conjonction :
Ce week-end, le rendez-vous entre Vénus et Saturne s’annonce particulièrement intéressant. Souvenez-vous : le 21 décembre 2020, nous assistions à la Grande conjonction entre Jupiter et Saturne. À l’époque, l’écart apparent entre les deux planètes était de seulement 6 minutes d’arc (équivalent au 1/5e du diamètre apparent de la Lune). Dans la soirée du 22 janvier, l’écart entre Vénus et Saturne sera un peu plus grand, environ 10 minutes d’arc. Vingt-quatre heures plus tard, l’écart aura légèrement augmenté. Le spectacle sera observable au-dessus de l’horizon Sud-Ouest une heure après le coucher du Soleil :
La galaxie spirale NGC 7497 semble prisonnière d’un grand nuage de poussière, mais ce dernier est en réalité beaucoup plus proche.
Du côté de Pégase :
NGC 7497 se trouve à plus de 60 millions d’années-lumière dans la constellation de Pégase, le cheval ailé de la mythologie grecque. La galaxie spirale est située dans le coin inférieur droit du célèbre Carré. C’est une région céleste que les amateurs qui arpentent régulièrement le ciel nocturne connaissent bien. Elle permet en effet de retrouver facilement la position de la grande galaxie d’Andromède toute proche (à l’Est du Carré) :
C’est une surprise : le nombre de taches du cycle en cours, qui permet de mesurer l’activité solaire, est bien plus élevé que prévu.
Un nouveau cycle très actif :
En décembre 2019, les astronomes ont constaté que le magnétisme du Soleil avait changé de polarité. Une inversion qui annonçait le début d’un nouveau cycle solaire (le 25e) dont le maximum est prévu pour 2025. Depuis, l’activité solaire (mesurée par le nombre de taches) s’est révélée beaucoup plus élevée que ce que les simulations prévoyaient. Ces taches sont des zones sombres moins chaudes qui trahissent une intense activité magnétique. Elles sont numérotées dans l’ordre d’apparition, le numéro étant précédé par les lettres AR qui signifient Active Region :
La plus ancienne observation avérée de ces zones sombres est chinoise et remonte à l’an -28. Sans instrument, les astronomes de l’empire du Milieu avaient sans doute noté que les plus grosses taches sont visibles à l’œil nu quand la lumière solaire est filtrée par un épais brouillard. Continuer la lecture de L’activité solaire est beaucoup plus intense que prévu→
Ce 12 janvier 2023, la comète C/2022 E3 (ZTF) est à sa plus courte distance du Soleil et continue de s’approcher de la Terre.
Visiteuse chevelue :
La comète C/2022 E3 (ZTF) a été découverte le 2 mars 2022 par le Zwicky Transient Facility. Il s’agit d’une comète à très longue période orbitale ; elle nous a déjà rendu visite il y a près de 50.000 ans. Lors de sa découverte, elle avait une magnitude de 17 et se trouvait à 4 Unités Astronomiques (UA). Depuis dix mois, les astronomes la regardent s’approcher. Ce 12 janvier 2023, elle passe au périhélie, le point de son orbite le plus proche du Soleil :
Elle est aujourd’hui à 166 millions de kilomètres de notre étoile et à 106 millions de kilomètres de la Terre. La distance qui nous en sépare va continuer de diminuer jusqu’au 1er février : elle se trouvera alors à 42 millions de kilomètres de nous. Continuer la lecture de La comète C/2022 E3 (ZTF) au plus près du Soleil→
Le choix d’un premier télescope est toujours délicat : comment ne pas se tromper ? Je me propose de vous guider dans votre recherche.
Le grand saut :
C’est décidé, vous allez acquérir votre premier télescope ! Vous connaissez les constellations que vous repérez sans souci. Explorer le ciel nocturne avec une paire de jumelles ne vous fait pas peur. Vous avez peut-être même déjà pointé la Lune et les planètes avec une longue-vue. La passion s’est installée progressivement, et maintenant vous avez envie de franchir le pas. Désormais, c’est vers les télescopes que vous lorgnez. Mais voilà : comment s’y retrouver devant la multitude des instruments proposés ? Comment être sûr que ce premier télescope sera facile à utiliser ?
On ne compte plus les instruments d’astronomie qui ont découragé leurs acquéreurs, trop complexes à monter et à régler. Je vais donc vous donner quelques pistes pour vous guider dans votre choix. Continuer la lecture de Bien choisir son premier télescope→
Le plus grand amas d’étoiles, celui des Hyades, occupe une place de choix dans le ciel d’hiver, non loin des célèbres Pléiades.
Localisation :
Si les Pléiades voisines ne lui volaient pas la vedette, l’amas ouvert des Hyades (Melotte 25) serait le plus célèbre objet du ciel d’hiver. Avec ses cinq degrés de champ apparent (dix fois la Pleine Lune), Melotte 25 en impose. Seule une paire de jumelles permet d’en embrasser la totalité. Une longue-vue ou un petit télescope permettront ensuite de scruter certaines zones de l’amas. Pour repérer les Hyades, il suffit de trouver Aldébaran. Cette géante orangée est la plus brillante étoile de la constellation du Taureau. En ce début d’année 2023, la planète Mars est également présente :
À l’aube du 7 janvier, la Pleine Lune s’est glissée derrière une colline beaujolaise sur laquelle est construite la chapelle de Saint-Bonnet.
Sites photogéniques :
La campagne beaujolaise compte de nombreux monuments, sources d’inspiration pour des paysages célestes. Je vous ai déjà présenté la chapelle de Chevennes, celle de Saint-Joseph, ainsi que le château de Montmelas. Aujourd’hui, retour à la chapelle de Saint-Bonnet, que j’avais déjà photographiée sous la Grande Ourse. Cette fois, j’en suis resté à bonne distance, environ sept kilomètres. Le but était de la photographier à l’aube de ce 7 janvier avec la Pleine Lune (PL) :
Cette première Pleine Lune de l’année était tout à la fois la plus haute et la plus éloignée. Avec une déclinaison supérieure à 27°, cette PL est passée pendant la nuit au sommet de la voûte céleste. Avec un diamètre de 29,4 minutes d’arc, elle comptait 4 minutes d’arc de moins que la plus proche, en août 2023. Mon boîtier Panasonic FZ82 et son immense zoom (1200 millimètres de focale) ont fait le reste !
Les astronomes ont déniché une Saturne géante aux anneaux démesurés située à plus de 400 années-lumière de la Terre, J1407b.
Le véritable Seigneur des anneaux :
À côté de J1407b, Saturne semble bien chétive. Et pour cause : cette exoplanète (à moins qu’il ne s’agisse d’une naine brune) est entourée d’anneaux gigantesques. Il y en aurait plus d’une trentaine dont la constitution est comparable à ceux de Saturne (des blocs de plusieurs mètres jusqu’aux grains de poussière). Mais c’est leur taille qui impressionne : ils sont deux cent fois plus grands ! Cet astre bien particulier se situe à 430 années-lumière de la Terre dans la constellation australe du Centaure, célèbre pour héberger Oméga du Centaure :
Installé sur le télescope de 3,6 mètres de l’ESO au Chili, l’instrument NIRPS doit permettre de détecter de petites planètes rocheuses.
Un regard dans l’infrarouge :
NIRPS (Near InfraRed Planet Searcher) est un nouveau chasseur d’exoplanètes. Il est désormais opérationnel à l’Observatoire européen austral (ESO). Mais, à la différence de ses prédécesseurs, il va travailler dans le proche infrarouge. Sa mission : repérer des exoplanètes autour d’étoiles plus froides que le Soleil. Il s’agit des étoiles de type M, dont la température de couleur varie de 2.500 à 3.900° K (entre 5.000 et 6.000° K pour le Soleil). Plus froides, ces étoiles ont une zone habitable plus proche.
Ce mois de janvier 2023 sera l’occasion d’admirer la danse des planètes Vénus et Saturne ainsi que l’arrivée de la comète C/2022 E3 (ZTF).
Le froid, ennemi de l’astronome :
En ce mois de janvier 2023, il faudra être bien couvert pour profiter du ciel nocturne. L’hiver est peu apprécié par les observateurs nocturnes en raison des basses températures. Elles peuvent en effet rapidement décourager les plus motivés. Pourtant, la saison a des atouts indéniables. Les nuits sont très longues et il n’est nul besoin de veiller tard pour observer. D’autre part, lorsque le ciel nocturne est dégagé, il est particulièrement noir. Relisez mes 5 conseils pour observer sans avoir froid avant de mettre le nez dehors :
Bonne année 2023 à toutes et à tous ! Qu’elle vous apporte, à vous et à ceux que vous aimez, une belle portion de joie et de bonne humeur.
Outre les traditionnels vœux de bonheur et santé, Christine et moi vous souhaitons de pouvoir souvent vous émerveiller devant le ciel étoilé comme nous le faisons régulièrement. Et quoi qu’il arrive, ne cessez jamais de croire en la science : “la vérité scientifique sera toujours plus belle que les créations de notre imagination et que les illusions de notre ignorance” (Claude Bernard).
Cette année 2023 sera sans aucun doute riche en beaux événements astronomiques. CIELMANIA continuera de vous les annoncer chaque mois dans ses éphémérides. Une comète qui pourrait nous surprendre en ce début d’année, de jolis rapprochements entre les astres et plein d’autres rendez-vous que nous vous dévoilerons.
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Le télescope austral Gemini a immortalisé NGC 6845, un majestueux quatuor de galaxies situé à 270 millions d’années-lumière de la Terre.
Deux télescopes géants :
Le télescope Gemini austral est un instrument installé au sommet du Cerro Pachón, dans les Andes chiliennes. Son équivalent boréal est implanté à Hawaii. À eux deux, ces télescopes jumeaux peuvent scruter la totalité du ciel étoilé. Avec leur miroir principal de 8,1 mètres de diamètre, ils font partie des plus grands instruments actuellement en service. C’est avec le Gemini austral qu’a été réalisé ce magnifique portrait de NGC 6845 :
Ce 27 décembre, la Lune était encadrée par Jupiter et Saturne. Spectacle céleste depuis la chapelle Saint-Joseph des Pierres Plantées.
Une chapelle dans le Beaujolais :
La chapelle Saint-Joseph des Pierres Plantées a été édifiée en 2015. Rattachée à la commune de Ville sur Jarnioux, elle surplombe Oingt, l’un des plus beaux villages de France. Accessible uniquement par un chemin de randonnée, le site vaut le détour pour le panorama qu’il offre sur les monts du Beaujolais. Je me suis rendu à la chapelle en fin d’après-midi le 27 décembre 2022 pour y admirer le crépuscule. La Lune, âgée de quatre jours, présentait un gros croissant. Les planètes Jupiter et Saturne l’encadraient :
Les deux géantes gazeuses s’éloignent lentement de nous, mais leur éclat est toujours intéressant. Magnitudes -2,5 pour Jupiter et 0,8 pour Saturne. Le cliché a été réalisé avec un boîtier Nikon D7100 et un objectif Samyang de 12 millimètres de focale. Pose de deux secondes à 1000 iso. Continuer la lecture de La Lune et deux planètes depuis la chapelle Saint-Joseph→
Crise énergétique oblige, Enedis vient d’annoncer une baisse historique de la consommation électrique de l’éclairage public.
Moins d’éclairage nocturne :
La crise énergétique qui touche l’Europe a au moins un effet positif : la diminution de la pollution lumineuse. C’est Enedis, le gestionnaire du réseau de distribution d’électricité en France, qui l’a annoncé. Durant la première quinzaine de décembre, on note une forte diminution de la consommation d’électricité entre minuit et quatre heures du matin. Une chute de 20% par rapport à la même période en 2021. Ce chiffre vient confirmer une prise de conscience de la population et des élus. Toujours selon Enedis, 72 % des Français sont favorables à l’extinction de l’éclairage public après 22 heures. Et 68 % des maires interrogés ont déjà mis en place de telles mesures :
Il faut dire que l’éclairage nocturne est très gourmand. Les onze millions de lampadaires qui couvrent le territoire français représentent plus de 40% de la consommation électrique des communes ! Sans parler de son impact sur les rythmes biologiques et la biodiversité. Et ce n’est pas l’emploi de lampes à Led qui améliorera la situation. Selon l’Inserm, l’usage de ce nouveau type d’éclairage pourrait accélérer le développement de la dégénérescence maculaire liée à l’âge (DMLA).
Le XXème siècle aura été celui d’une surproduction d’électricité, une énergie considérée alors comme propre et inépuisable. Un état d’esprit qu’illustre bien la commande passée en 1937 par la Compagnie parisienne de distribution d’électricité au peintre Raoul Dufy. Avec comme objectif de « mettre en valeur le rôle de l’électricité dans la vie nationale et dégager notamment le rôle social de premier plan joué par la lumière électrique ». S’en suivra une peinture monumentale (ci-dessous) de 60X10 m rendant hommage à la Fée Électricité :
Pendant plusieurs décennies, cette électricité bienfaisante a été utilisée sans compter, notamment en matière d’éclairage nocturne. La crise énergétique pourrait enfin mettre un terme à ce gaspillage.
Si la constellation d’Orion est célèbre pour sa nébuleuse, elle recèle d’autres trésors à découvrir, comme par exemple l’amas ouvert NGC 2169.
Dans l’ombre d’une nébuleuse :
Comme d’autres objets célestes présents dans la constellation d’Orion, l’amas ouvert NGC 2169 vit dans l’ombre de Messier 42. Cette célébrissime nébuleuse a tendance à nous faire oublier qu’elle n’est pas le seul charme de cette belle constellation hivernale. Il est temps de pointer votre télescope vers d’autres cibles ! Direction au Nord-Est de Bételgeuse, l’étoile orangée qui symbolise l’épaule gauche du chasseur Orion. L’amas ouvert que nous allons découvrir aujourd’hui forme un petit triangle avec deux étoiles faiblement visibles à l’œil nu, xi (ξ Orionis) et nu (v Orionis) :
Une nouvelle comète vient nous rendre visite, et elle sera visible dans une paire de jumelles en février 2023. Il s’agit de C/2022 E3 (ZTF).
Grande voyageuse :
C/2022 E3 (ZTF) est une comète à très longue période orbitale qui nous a déjà rendu visite il y a environ 50.000 ans. Elle a été découverte le 2 mars 2022 par le Zwicky Transient Facility. Nommé en hommage à l’astrophysicien Fritz Zwicky (1898-1974), ce relevé astronomique est assuré par l’un des télescopes du mont Palomar. Lors de sa découverte, C/2022 E3 (ZTF) avait une magnitude de 17 et se trouvait à 4 Unités Astronomiques (UA). Mais les calculs des astronomes ont montré que cet astre chevelu allait s’approcher assez près de la Terre :
Le 1er février 2023, la comète passera à un peu moins de 0,3 UA. Elle devrait alors avoir une magnitude proche de 5, ce qui la rendra facilement observable aux jumelles ou avec une longue-vue. Selon certaines sources, elle pourrait même atteindre la magnitude 4, devenant ainsi visible à l’œil nu, loin de toute pollution lumineuse.
La pluie d’étoiles filantes de l’essaim des Géminides le 14 décembre a été immortalisée depuis le site majestueux de Stonehenge.
Le plus célèbre des monuments mégalithiques :
Stonehenge se situe dans le comté du Wiltshire (Sud-Ouest de l’Angleterre). C’est là qu’il y a un peu plus de 4.000 ans, des hommes ont dressé d’immenses structures circulaires à l’aide de pierres. Lorsque à cette époque on se plaçait à l’intérieur du monument de Stonehenge le jour du solstice d’été, on voyait se lever le Soleil en direction du Nord-Est. L’astre du jour apparaissait alors juste au-dessus d’une pierre dressée à l’extérieur du cercle :
Sur le sommet chilien du Cerro Armazones, le bâtiment qui soutiendra l’immense coupole du futur télescope géant E-ELT prend forme.
Un géant sous le ciel du Chili :
L’E-ELT (European Extremely Large Telescope) est le dernier fleuron de l’Observatoire européen austral (ESO). Alors que le JWST explore l’Univers depuis l’espace, l’Europe a entamé la construction d’un télescope terrestre géant. Avec cet instrument gigantesque, les astronomes pourront observer l’Univers en lumière visible et dans l’infrarouge. Dans un premier temps, il avait été envisagé de le construire aux Canaries. En effet, cet archipel situé au large du Maroc compte déjà deux grands observatoires, dont le GTC. Mais c’est un sommet des Andes chiliennes qui a finalement été retenu. Il s’agit du Cerro Armazones :
Spectacle impressionnant immortalisé par Damian Peach : de gigantesques ombres saluent le lever du Soleil dans le cratère lunaire Platon.
Un faux lac lunaire :
Lorsque le Soleil se lève, des ombres démesurées s’étirent sur le fond de Platon, un cratère d’impact lunaire d’une centaine de kilomètres. Voici la scène qui a été enregistrée par l’un des plus talentueux astrophotographes planétaires, Damian Peach (voir son site internet). On lui doit une collection de superbes clichés réalisés ces dernières années, comme par exemple cette incroyable image de la planète Mars en 2020. Cette fois, Damian Peach s’est penché sur Platon (nommé ainsi par l’Union Astronomique Internationale en l’honneur du célèbre philosophe grec) :