Les globules cométaires cachent des nurseries stellaires

Plusieurs globules cométaires, véritables pouponnières célestes, nichent dans la constellation australe de la Poupe.

Appellation trompeuse :

Dans les années 1970, les astronomes ont étudié une immense nébuleuse diffuse dans la constellation de la Poupe. Ils l’ont surnommée Gum 12, douzième objet du catalogue établi par l’astronome australien Colin Stanley Gum. La nébuleuse de Gum est probablement tout ce qui reste de l’explosion de plusieurs supernovae. À l’intérieur, les astronomes y on déniché différents globules cométaires.

Cette portion de la nébuleuse de Gum montre le globule cométaire CG 4 qui semble prêt à dévorer la galaxie (en réalité beaucoup plus lointaine) PGC 21338. © Jeffrey K Lovelace

Ces objets ne partagent cependant que leur apparence avec les comètes : tête poussiéreuse et longue queue. Il s’agit en réalité de petits nuages de gaz et de poussière où naissent des étoiles. Ces nuages sont entourés d’une bulle de matière chaude ionisée par les étoiles environnantes. Martin Pugh, qui a découvert l’astronomie en 1997 avec la comète Hale-Bopp, a immortalisé la région céleste qui abrite les globules CG 30/31 :

Ces globules portent également le nom de globules de Bok, du nom de l’astronome néerlando-américain Bart Bok qui les découvrit dans les années 1940. Pour obtenir ce superbe cliché, l’astrophotographe Martin Pugh a réalisé 13 heures de poses avec un télescope de 61 centimètres de diamètre installé en Australie.

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Aurore boréale et compagnie pour le jour de l’An

La première soirée de l’année a été riche en observations : le croissant de Lune, une aurore boréale et l’émersion d’un satellite de Jupiter.

Spectacles variés :

La dernière aurore boréale que j’avais photographiée date du 10 octobre (à retrouver ici). Le spectacle s’est renouvelé le premier soir de cette nouvelle année :

J’ai réalisé le cliché ci-dessus en posant 15 secondes à 3200 iso avec un boîtier Nikon D7100 et un objectif de 50 millimètres de focale ouvert à 4. En cette année de maximum d’activité solaire, c’est encore une fois l’arrivée d’une puissante éjection de masse coronale qui a coloré le ciel du Beaujolais. La soirée avait commencé par la chasse au fin croissant de Lune, armé de mon boîtier Panasonic FZ 82 sur trépied :

Après l’aurore boréale, j’ai profité d’un ciel dégagé pour pointer Jupiter au télescope Celestron 6XLT avec sa tête binoculaire :

Peu après 22 heures, Europe est sorti de l’ombre de la planète gazeuse géante. Étonnant spectacle que de voir ce satellite se “rallumer” progressivement en quelques minutes :

Vous retrouverez la liste des prochains spectacles célestes dans les éphémérides de janvier. En espérant des ciels dégagés pour pouvoir les admirer !

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La Lune en couleurs, l’étonnant dessin de Lucien Rudaux

Parmi les nombreuses recherches qu’il mena, Lucien Rudaux consacra plusieurs décennies à étudier les couleurs de la Lune.

Les multiples facettes d’un passionné : 

Lucien Rudaux, l’astronome de Donville, aurait eu 150 ans cette année. Voici le portrait qu’en dresse la Société Astronomique de France : ” Lucien Rudaux (1874-1947), « l’astronome de Donville », fut un brillant amateur de sciences dont la notoriété a largement dépassé les limites de l’Hexagone durant la première moitié du XXe siècle. Curieux et avide de savoirs, il se consacra avec enthousiasme à la fois à l’astronomie, à la météorologie, à la physique du globe ou encore à la spéléologie grâce auxquelles il côtoya les grandes figures scientifiques de son époque telles que Camille Flammarion, Édouard-Alfred Martel ou Alexandre Ananoff.
C’est par le dessin et surtout la photographie qu’il enregistrait et documentait ses recherches.

En 2021, les Archives départementales de la Manche ont publié un bel ouvrage consacré à sa vie et son œuvre. Ce livre est illustré de 300 photographies, dessins et aquarelles de ce scientifique amateur. Continuer la lecture de La Lune en couleurs, l’étonnant dessin de Lucien Rudaux

NGC 3981, la galaxie spirale qui perd ses bras

La discrète constellation de la Coupe héberge NGC 3981, une galaxie spirale qui a connu un profond bouleversement. 

Une galaxie dans la Coupe :

NGC 3981 est encore une découverte à mettre à l’actif de l’astronome William Herschel en 1785. Cette curieuse galaxie spirale se situe dans la Coupe, petite constellation placée sous la Vierge et le Lion. Dans la mythologie grecque, cette Coupe aurait pu être celle d’Apollon, de Dionysos ou encore de Salomon. Mais revenons à notre galaxie : située à 100 millions d’années-lumière, elle offre une modeste magnitude de 11. Autant dire que William Herschel ne voyait qu’une petite tache floue dans son télescope. Pour en découvrir toute la splendeur, il faut la photographier avec un grand instrument :

L’image proposée par NOIRLab a été réalisée à l’aide du télescope Blanco. Elle révèle une galaxie spirale dont les bras ont été arrachés au noyau, probable résultat d’une lointaine rencontre cosmique entre NGC 3981 et une autre galaxie. De telles collisions laissent la place à de curieux objets célestes, comme par exemple Arp 243. Certains astrophotographes amateurs lui ont également tiré le portrait, comme Bernard Miller.

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L’Âme et le Cœur, une nuit d’astronomie en Lozère

L’astrophotographe Christian Bertincourt nous entraîne dans une nouvelle aventure. Cette fois-ci, cap sur la Lozère et ses nuits noires.

Ciel d’encre en Lozère :

La préparation d’une soirée d’observation astronomique est une aventure en soi, un rituel presque aussi fascinant que l’observation elle-même. Chaque détail compte, car le ciel nocturne ne se dévoile qu’aux plus attentifs“. Ainsi commence la nouvelle odyssée que nous propose Christian Bertincourt. Cet astrophotographe lyonnais nous avait déjà raconté au printemps 2024 sa chasse à la comète 12P/Pons-Brooks. Cette fois-ci, il nous entraîne dans la constellation de Cassiopée, à 6.000 années-lumière :

Il a immortalisé les nébuleuses de l’Âme et du Cœur. Il s’agit de IC 1848 et IC 1805 (IC pour Index Catalogue of Nebulae and Clusters of Stars, dont la première version est parue en 1895). Ces nébuleuses en émission rayonnent principalement dans l’hydrogène excité, d’où la nécessité de les photographier avec des filtres. C’est ce que Christian Bertincourt a fait avec sa lunette astronomique. Pour fuir la pollution lumineuse de la région lyonnaise, l’astrophotographe a passé la nuit près d’un col de moyenne montagne en Lozère. Un nouveau périple plein de poésie que je vous invite à découvrir sur son blog.

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Observez l’ombre de Titan glisser sur Saturne

D’ici fin janvier 2025, l’ombre de Titan se projettera quatre fois sur Saturne. Une curieux phénomène qu’on ne reverra plus avant 2039.

Ombre chinoise :

Tout comme les Phe-Sat (phénomènes mutuels des satellites de Saturne), les passages de l’ombre de Titan ont lieu au moment de l’équinoxe sur la planète. Une configuration (lorsque le Soleil et la Terre passent dans le plan orbital des satellites) que l’on retrouve tous les quatorze ans. Titan étant le plus gros des satellites de la planète aux anneaux et l’un des plus proches, son ombre est logiquement la plus facile à observer. Voici les quatre rendez-vous à venir, d’après les simulations sur Stellarium. Ils se produisent les 6 et 22 décembre, puis les 7 et 23 janvier 2025 :

On trouvera d’autres précisions concernant ces quatre phénomènes à la fin de la Lettre d’information n°218 de l’IMCCE. Un télescope de 150 millimètres de diamètre semble le minimum pour les observer, mais rien n’interdit de tenter avec un diamètre plus petit. Les astrophotographes pourront s’inspirer des conseils prodigués par Jean-Paul Oger. N’hésitez pas à nous faire partager votre expérience en laissant un commentaire en bas de l’article. Continuer la lecture de Observez l’ombre de Titan glisser sur Saturne

Insolite : la planète Mars va faire demi-tour

Tous les deux ans, la planète Mars semble faire demi-tour, elle rétrograde. Un mouvement apparent qui a longtemps intrigué les observateurs.

Virage à 180 degrés :

Le 6 décembre 2024, la planète Mars va faire demi-tour. Un étrange virage amorcé dans la constellation du Cancer, non loin de l’amas d’étoiles de la Crèche. Jusqu’à cette date, la planète glissait vers l’Est de la constellation. Elle va désormais repartir dans l’autre sens jusqu’au 24 février 2025:

Dans l’Antiquité, ce mouvement apparent laissait les astronomes perplexes. Impossible en effet de l’expliquer à une époque où prédominait le modèle géocentrique (la Terre au centre de l’Univers) de Claude Ptolémée. Seul l’héliocentrisme, proposé à partir de 1584 par Giordano Bruno, permet de comprendre l’origine de ce mouvement rétrograde :

Alors qu’une année terrestre dure 365 jours, il faut 687 jours à la planète Mars pour effectuer une révolution complète autour du Soleil. Régulièrement, la Terre “rattrape” et “double” Mars, comme on peut le voir dans l’animation ci-dessus. Résultat : la Planète rouge semble s’arrêter et faire demi-tour devant le fond du ciel étoilé.

À lire : l’opposition hivernale de Mars (qui aura lieu le 16 janvier 2025) est présentée dans le numéro de décembre 2024 de la revue L’Astronomie.

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Éphémérides : le ciel du mois de décembre 2024

Jupiter au plus près de la Terre, Mars qui fait un demi-tour et Vénus étincelante, ce mois de décembre 2024 est planétaire.

Une planète géante au plus près :

Le 7 décembre 2024, Jupiter est à l’opposition (alignement Soleil-Terre-Jupiter) à 612 millions de kilomètres de nous. La planète gazeuse géante nous présente un diamètre apparent de 48,1 secondes d’arc et une magnitude de -2,8. Autant dire que vous n’aurez aucun mal à la repérer au milieu des étoiles de la constellation du Taureau :

Position de Jupiter à 22 heures au moment de son opposition 2024. © Stelvision

Son observation est possible avec de petits instruments. Ne vous privez pas de la pointer, de belles surprises vous attendent ! Vous trouverez des idées d’observations dans cet article.

Et si le ciel reste désespérément couvert, regardez la géante gazeuse immortalisée une semaine avant son opposition par des astrophotographes chevronnés.

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Jupiter très en beauté, une semaine avant son opposition

À quelques jours de son opposition, la planète géante Jupiter a été magistralement immortalisée par deux astrophotographes.

Planète bien placée :

La prochaine opposition (définition) de Jupiter se produira le 7 décembre 2024. À cette date, la planète sera à l’opposé du Soleil : elle se lèvera quand il se couchera. C’est donc la meilleure période pour admirer la géante gazeuse, au plus près de la Terre. Installée dans la constellation du Taureau, la planète franchit le méridien très haut dans le ciel. Une opportunité pour échapper à une bonne partie de la turbulence atmosphérique qui brouille les images. Le 29 novembre, à quelques heures d’intervalle, deux astrophotographes chevronnés on immortalisé la planète gazeuse :

Le premier, Jean-Paul Oger, a utilisé son télescope de 400 millimètres de diamètre. Il y a quelques semaines, il nous faisait profiter de son expérience pour réussir nos photographies planétaires. Il a réalisé un superbe cliché révélant un luxe de détails dans les bandes nuageuses, avec en prime la Grande Tache rouge. Le second, Greg Terrance, opérait un peu plus tard avec son télescope de 500 millimètres. Comme Jupiter tourne sur elle-même en moins de dix heures, la planète nous présente un tout autre visage. On peut notamment y voir la récente éruption dans la Bande équatoriale Sud.

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Arp 271, quand deux galaxies se rencontrent dans la Vierge

Parmi les nombreuses galaxies de la Vierge, le duo NGC 5426-27 (Arp 271) a retenu l’attention de deux astrophotographes.

Rencontre prémonitoire :

Dans un coin de la constellation de la Vierge se joue un scénario qui intéresse beaucoup les astronomes. Car, avec Arp 271, on assiste à une rencontre galactique comme celle que connaîtront la Voie lactée et Andromède dans un futur lointain. La scène, qui se déroule à 130 millions d’années-lumière, a été immortalisée par Neil Corke et Martin Pugh. Plus de 27 heures d’acquisitions avec un télescope de 61 centimètres de diamètre permettent d’apprécier le spectacle qu’offrent les galaxies spirales NGC 5426-27 :

On peut comparer cette image avec celle acquise par le télescope géant Gemini Sud de 8,1 mètres de diamètre. Les astronomes ne sont pas certains que les deux galaxies finiront par entrer en collision. Elles vont peut-être continuer d’interagir pendant des dizaines de millions d’années en créant de nouvelles étoiles. Continuer la lecture de Arp 271, quand deux galaxies se rencontrent dans la Vierge

C/1908 R1 (Morehouse) était une rare comète bleue

Plus d’un siècle après son passage, une étude révèle que C/1908 R1 (Morehouse) faisait partie du club très fermé des comètes bleues.

Curieux astre chevelu :

Le premier septembre 1908, l’américain Daniel Walter Morehouse découvrait une comète à l’Observatoire Yerkes. Cette comète non périodique intrigua les astronomes. Elle présentait de très rapides et nombreux changements dans la structure de la queue. Par ailleurs, les spectres obtenus à l’époque révélèrent une abondance inhabituelle en monoxyde de carbone ionisé (CO+) :

La comète C/1908 R1 (Morehouse) photographiée le 30 septembre 1908 par E. E. Barnard

Récemment, une équipe de chercheurs conduite par Sarah Anderson (LAM) s’est penchée sur cette comète atypique. Elle a présenté le résultat de son travail à l’occasion de l’Europlanet Science Congress 2024 qui s’est tenu du 8 au 13 septembre à Berlin. Continuer la lecture de C/1908 R1 (Morehouse) était une rare comète bleue

Théophile Moreux, un abbé sous les étoiles

L’abbé Théophile Moreux (1867-1954) consacra une grande partie de sa vie à observer le ciel et à vulgariser l’astronomie.

De la soutane aux étoiles :

Né le 20 novembre 1867 à Argent sur Sauldre (Cher), Théophile Moreux développe très tôt le goût des sciences. Il y est encouragé par son père, instituteur. Après des études au lycée de Bourges et au Séminaire, il est nommé professeur de mathématiques en 1889. Deux ans plus tard, il est ordonné prêtre. Le cardinal Boyer, dont il devient le secrétaire, lui offre sa première lunette astronomique.

T. Moreux dans son observatoire à Bourges dans les années 1920. © T. Moreux

En 1893, l’Abbé devient membre de la Société Astronomique de France, fondée par Camille Flammarion. À la mort du cardinal Boyer en 1897, T. Moreux reprend son poste d’enseignant au Séminaire. Il peut alors consacrer son temps libre à l’astronomie. Il observe désormais avec une lunette de 108 millimètres de diamètre, achetée deux ans plus tôt à Eugène Antoniadi. Continuer la lecture de Théophile Moreux, un abbé sous les étoiles

Insolite : pointez Uranus, au plus près de la Terre

Sortez des sentiers battus ! Ce weekend, je vous propose de viser la lointaine Uranus, septième planète du Système solaire.

Uranus, une surprise à l’oculaire :

Imaginez-vous en train de vous promener, l’œil collé à l’oculaire de votre télescope, au milieu des étoiles, à l’ouest du célèbre amas des Pléiades. Soudain, une minuscule bille légèrement bleutée vous apparaît. C’est Uranus, la septième planète du Système solaire. Le 16 novembre 2024, elle est à l’opposition, donc au plus près de nous. Relative proximité, d’ailleurs : l’astre se situe à près de trois milliards de kilomètres, quand même ! Son disque mesure un peu moins de quatre secondes d’arc pour une magnitude de 5,7 :

Une application comme Stellarium permet de localiser la lointaine planète Uranus.

Ce weekend, vous pourrez tenter de découvrir cet astre bleuté, qui doit sa couleur au méthane présent dans son atmosphère. Mais attention, l’éclat de la Pleine Lune risque de vous compliquer la tâche. Il vous faudra peut-être retenter l’expérience dans quelques jours, lorsque le ciel sera plus sombre. Continuer la lecture de Insolite : pointez Uranus, au plus près de la Terre

Jupiter : un amateur surprend une brillante éruption

Une éruption vient de se produire dans la Bande équatoriale Sud de Jupiter, quelques semaines avant son passage à l’opposition.

Cumulonimbus sur une géante gazeuse :

Le 11 novembre 2024, l’astronome amateur Moisés Portillo a signalé une éruption dans la South Equatorial Belt de Jupiter. La SEB est une bande nuageuse qui disparaît puis réapparaît en moyenne tous les quinze ans depuis un demi-siècle. L’astrophotographe installé en Amérique centrale a d’abord photographié un petit point blanc dans cette bande avec son télescope de 280 millimètres de diamètre. Vingt-quatre heures plus tard, le spot brillant s’était transformé en une “plume” convective enregistrée par Christopher Go depuis son observatoire aux Philippines :

Par la voix de John Rogers, la British Astronomical Association (BAA) a immédiatement lancé un appel pour mobiliser les observateurs. Ils sont invités à photographier la SEB dans différentes longueurs d’onde. Un premier cliché réalisé avec un filtre à bande méthane (CH4) a confirmé la brillance du panache nuageux. Preuve que ce cumulonimbus venu des profondeurs de la planète remonte bien au-dessus des autres couches nuageuses :

Je vous invite à lire les explications fournies par Christophe Pellier lors d’une éruption similaire qui s’est produite en 2010. Continuer la lecture de Jupiter : un amateur surprend une brillante éruption

Planète Mars : la campagne d’observations est lancée

Le diamètre apparent de Mars vient de dépasser dix secondes d’arc, un cap symbolique qui lance la campagne d’observations.

Mars, la planète qui fait rêver :

Tous les vingt-cinq mois environ, les astronomes entament une nouvelle campagne d’observations martiennes. Un scénario qui se reproduit depuis 150 ans. C’est en effet à la fin du XIXe siècle que les observateurs se prirent de passion pour la quatrième planète du Système solaire. Il avait suffit que Percival Lowell imagine l’astre recouvert de canaux artificiels (une idée qui séduisait Camille Flammarion) pour que tous les regards se portent en direction de cet astre :

L’astronome américain Percival Lowell (1855-1916) fut un grand promoteur des canaux martiens, formations artificielles qu’il croyait déceler en observant la planète Mars avec la lunette de son observatoire personnel situé en Arizona. Dessin Christine Sasiad

Si plus personne ne croit aujourd’hui au mythe des petits hommes verts, chaque opposition martienne continue de mobiliser les astronomes. Continuer la lecture de Planète Mars : la campagne d’observations est lancée

John Dobson, une certaine idée de l’astronomie

John Dobson a révolutionné l’astronomie en imaginant de grands télescopes simples et peu coûteux, pour rendre l’astronomie accessible.

Un moine tourné vers les étoiles :

Des milliers d’astronomes utilisent des télescopes Dobson. Même si les modèles ont beaucoup évolué, ces instruments concilient grand diamètre et coût raisonnable, au prix d’une certaine simplification, en particulier au niveau de la monture. Mais qui se cache derrière cette révolution apparue en 1968 ? Né le 14 septembre 1915 à Pékin, John Dobson est arrivé à San Francisco à l’âge de douze ans. Il trouve un emploi dans l’industrie après des études de chimie.

Mais sa vie change complètement en 1944 quand il se tourne vers l’hindouisme et devient membre de l’ordre Râmakrishna à San Francisco. Il partage son temps entre la méditation et la contemplation du ciel étoilé. Fasciné par le cosmos, il se met à bricoler des télescopes avec des matériaux de récupération (bois et carton). Les miroirs (que Dobson sait désormais tailler, guidé par un ami) proviennent de hublots. Continuer la lecture de John Dobson, une certaine idée de l’astronomie

1909, l’année où les canaux martiens disparurent

En 1909, un rapprochement très favorable de la planète Mars mit un terme à l’incroyable histoire des canaux artificiels.

Mars en vedette, depuis Milan ou l’Arizona :

L’affaire des canaux martiens débute en 1877. Cette année-là, Mars se trouve à 56,2 millions de kilomètres de la Terre le 5 septembre. Sur le toit du Palazzo Brera à Milan, l’astronome italien Giovanni Schiaparelli observe la Planète rouge avec une lunette de 22 centimètres de diamètre. Il remarque des formations rectilignes sombres qu’il surnomme « canali », qu’on pourrait traduire par sillons ou chenaux. Schiaparelli n’est pas le seul à observer Mars. De l’autre côté de l’Atlantique, un certain Percival Lowell fait de même. Cet amateur fortuné dispose de son propre observatoire dans les montagnes de l’Arizona à proximité de la ville de Flagstaff.

Percival Lowell observant Mars depuis son observatoire. Dessin Christine Sasiad

Il l’a doté d’une lunette de 60 centimètres de diamètre. Lecteur assidu des ouvrages de Camille Flammarion, Lowell observe la Planète rouge, et se met à y voir lui aussi un dense réseau de canaux qu’il dessine.

Globe montrant les canaux martiens de Percival Lowell réalisé par Emmy Ingeborg Brun, une danoise passionnée par la planète Mars. © Royal Museums Greenwich

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Éphémérides : le ciel du mois de novembre 2024

Après octobre, le mois de la comète, novembre 2024 sera consacré aux observations planétaires, avec quelques beaux rendez-vous.

Vénus s’installe en soirée :

Ce mois de novembre 2024 nous offre des nuits qui commencent de plus en plus tôt. Si la météo est clémente, c’est le meilleur moment pour observer les planètes. Vénus sur l’horizon Ouest, suivie de Saturne, Jupiter puis Mars. Sans instrument, amusez-vous à repérer ces astres au milieu des constellations. Une application comme Stellarium ou la carte du ciel Stelvision vous seront utiles pour les localiser. Avec des jumelles, pointez Vénus dans la soirée du 11 novembre. Elle côtoie les nébuleuses Messier 8 et Messier 20. Une observation originale proposée par l’Astronomical League :

Notez que dans un petit télescope, Vénus présente une forme gibbeuse, avec environ 70% de sa surface éclairée. Quant aux autres planètes, Saturne stagne dans le Verseau, Jupiter étincelle au-dessus d’Orion, et Mars gagne en luminosité du côté de Castor et Pollux. Pour ces deux dernières planètes, il vous faudra attendre l’avancée de la nuit pour les voir se hisser à l’Est. Si vous désirez les immortaliser, regardez Comment réussir vos photographies planétaires.

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Cederblad 211, l’étonnante nébuleuse ailée dans le Verseau

Tel un étrange oiseau cosmique, la nébuleuse Cederblad 211 semble déployer ses ailes dans la constellation du Verseau.

Nébuleuse par réflexion :

Le bestiaire cosmique est peuplé d’étranges créatures volantes. Après LDN 43, la chauve-souris dans Ophiuchus, voici Cederblad 211. Nous sommes cette fois dans la constellation du Verseau. Bien moins connue que sa célèbre voisine NGC 7293, Cederblad 211 est une nébuleuse par réflexion. Elle doit son nom à Sven Cederblad. Cet astronome suédois publia en 1946 un Catalog of Bright Diffuse Galactic Nebulae. Les nébuleuses par réflexion sont des nuages de poussières qui réfléchissent la lumière d’une  étoile proche :

Sh2-136, la nébuleuse du Fantôme. © A. Block/ Mount Lemmon SkyCenter/U. of Arizona

Un bel exemple de nébuleuse par réflexion est visible ci-dessus. Il s’agit de Sh2-136, la nébuleuse du Fantôme, qui se cache dans la constellation de Céphée. Continuer la lecture de Cederblad 211, l’étonnante nébuleuse ailée dans le Verseau

La comète Tsuchinshan-ATLAS nous fait ses adieux

La comète C/2023 A3 Tsuchinshan-ATLAS s’éloigne mais vous pouvez la suivre aux jumelles jusqu’à la fin du mois.

Voyageuse sur le départ :

La comète C/2023 A3 Tsuchinshan-ATLAS a fait couler beaucoup d’encre ! Surnommée par les médias “la comète du siècle”, elle aura finalement moins brillé que Neowise il y a quatre ans. Mais ne boudons pas notre plaisir : on peut quand même la voir sans instrument depuis quelques soirs, à condition de s’éloigner de toute pollution lumineuse. En image, elle a un aspect plutôt flatteur, en raison des performances des capteurs actuels. Pour ma part, je préfère réaliser des photographies qui restituent ce que l’on voit à l’œil nu depuis mon site d’observation dans le Beaujolais :

Observation de la comète aux jumelles 12X80 le 20 octobre. © Jean-Baptiste Feldmann

Le cliché ci-dessus a été obtenu avec un antique boîtier Nikon D3200, un objectif Samyang de 12 millimètres de focale, et une pose de 15 secondes à 3200 iso. On devine la Voie lactée, alors que la comète plonge vers l’Ouest. Comme elle s’éloigne de nous, les jumelles vont rapidement devenir indispensables pour la suivre.

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"J'ai en moi un besoin terrible. Dirais-je le mot? La religion. Alors, je sors la nuit et je peins des étoiles." Vincent van Gogh