Observatoire Yerkes : au bonheur des dames

Dans les années 1920, l’Observatoire Yerkes offrait aux femmes la possibilité de faire de véritables recherches astronomiques.

Un observatoire réputé :

L’observatoire Yerkes, qui dépend de l’Université de Chicago, se trouve dans le Wiscontin, sur la rive du lac Léman à Williams Bay. Il a été fondé  en 1897 par l’astronome George Ellery Hale. Son financement a été assuré par le millionnaire Charles Tyson Yerkes qui lui a donné son nom. Cet observatoire est connu pour abriter le plus grand réfracteur du monde. Il s’agit d’une lunette dotée d’un objectif de 102 centimètres taillé par l’opticien Alvan Clark. Cet instrument exceptionnel est logé dans une coupole de 27 mètres de diamètre :

En 1921, Albert Einstein s’y est rendu au cours d’un voyage en Amérique. La scène a été immortalisée par un cliché (ci-dessus) devenu célèbre. Un siècle plus tard, Andrea Twiss-Brooks et Rich Kron (University of Chicago) se sont penchés sur cette image. Qui étaient donc ces femmes qui entouraient le physicien allemand ? Continuer la lecture

Rima Hyginus, l’étrange rainure lunaire

Contrairement à la plupart des formations lunaires, les cratères qui jalonnent Rima Hyginus ne sont pas d’origine météoritique.

Spectacle au Premier Quartier :

L’observation de Rima Hyginus est un spectacle inoubliable, un soir de faible turbulence atmosphérique. Entre le septième et le huitième jour de la lunaison, tout possesseur de télescope se doit de pointer cette rainure située dans la mer des Vapeurs, mare Vaporum. Elle a été mentionnée pour la première fois par l’astronome allemand Johann Schröter en 1792 :

Longue de 220 kilomètres pour une largeur d’environ 4 kilomètres, cette faille est déjà visible dans une lunette de 70 millimètres de diamètre. Continuer la lecture

Bételgeuse : une occultation riche en surprises

Les astronomes font un premier bilan de l’occultation de Bételgeuse par l’astéroïde (319) Leona qui s’est produite le 12 décembre.

Événement astronomique :

Ils se souviendront de cette nuit du 12 décembre. Leurs télescopes pointés vers Bételgeuse, amateurs et professionnels ont guetté l’éclipse de α Orionis. La principale étoile de la constellation d’Orion devait en effet être cachée pendant une dizaine de secondes par l’astéroïde (319) Leona. La plupart des observateurs, des habitués d’occultations d’étoiles par des astéroïdes, s’étaient positionnés à l’intérieur d’une bande de visibilité allant du Mexique jusqu’à l’Ouest de la Chine. Pour une fois, leur cible était particulièrement brillante, ce qui a nécessité quelques adaptations. Certains ont opté pour des masques à l’avant du télescope de façon à ne pas saturer le capteur de leur caméra :

Masque à l’avant d’un télescope pour diminuer l’éclat de Bételgeuse. © Claudio Costa

Rappelons que (319) Leona est un astéroïde mesurant environ 70X60 km. De magnitude 14, il circule entre les orbites de Mars et Jupiter. Il fut découvert à l’Observatoire de Nice en 1891 par l’astronome Auguste Charlois. Continuer la lecture

Veillée d’armes avant l’occultation de Bételgeuse

Les astronomes se préparent activement à l’exceptionnelle occultation de Bételgeuse par un astéroïde la nuit prochaine.

Mobilisation mondiale :

Du Mexique à l’Ouest de la Chine, ils seront plusieurs centaines d’observateurs mobilisés la nuit prochaine. Objectif : admirer la très rare occultation de Bételgeuse par l’astéroïde (319) Leona. Une nuit blanche pour dix secondes d’occultation, à condition que le ciel soit dégagé ! Car une fois encore c’est la météo qui mettra les nerfs des astronomes à rude épreuve :

Pour ceux qui ne vivent pas dans la bande de terre concernée par le phénomène, le voyage a été nécessaire. C’est le cas pour plusieurs dizaines de français, amateurs et professionnels de  la SAF et du LESIA. Ils sont arrivés en Espagne ce week-end et ont fait les derniers réglages la nuit dernière :

Répétition nocturne avant l’occultation pour les astronomes français. © Stéphane Neveu

La nuit prochaine, peu après une heure du matin (TU), ils espèrent enregistrer des images à haute fréquence de l’occultation. La courbe de lumière détaillée du phénomène permettra d’obtenir des informations sur la localisation des cellules convectives gigantesques situées à la surface de Bételgeuse.

David contre Goliath :

La nuit dernière, l’astronome italien Adriano Lolli est parvenu à photographier (319) Leona à proximité de Bételgeuse :

L’astéroïde (319) Leona le 10 décembre à proximité de Bételgeuse. © Adriano Lolli

Ce modeste astéroïde de magnitude 14 se trouve à un peu plus de 270 millions de kilomètres. Quant à la plus brillante étoile de la constellation d’Orion (magnitude 0,6), elle se situe à 650 années-lumière !

Pour toutes les informations concernant cette occultation, consultez la page de l’IMCCE. Pour suivre le phénomène en direct, rendez-vous sur la page du VirtualTelescope.

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L’occultation de Bételgeuse s’annonce exceptionnelle

Le spectacle d’une vie : c’est ce que vont vivre les astronomes qui auront fait le déplacement pour observer l’occultation de Bételgeuse.

Une occultation très rare :

Bételgeuse (α Orionis), principale étoile de la constellation d’Orion, va s’éteindre un court instant le 12 décembre. La faute à (319) Leona, un astéroïde de la ceinture principale. L’occultation, qui devrait durer une dizaine de secondes, sera exceptionnelle. Il est en effet extrêmement rare d’assister à l’extinction d’une étoile brillante par un astéroïde. On peut citer les occultations de Régulus (magnitude 1,4) en 2005 et 2014. Mais pour la supergéante rouge Bételgeuse (magnitude 0,6), ce sera une première :

Bételgeuse marque l’épaule du chasseur Orion un soir de Lune. © Jean-Baptiste Feldmann

Un phénomène observable à l’œil nu par tous, encore plus rare qu’une éclipse totale de Soleil ! C’est pourquoi la SAF et le LESIA ont décidé d’associer astronomes amateurs et professionnels pour étudier cette occultation.  Continuer la lecture

Portrait : Koichi Itagaki, chasseur de supernovae

Il a découvert SN 2023ixf dans la galaxie du Moulinet. Portrait de Koichi Itagaki, l’astronome amateur qui traque les supernovae.

Un amateur, trois observatoires :

C’est devenu un rituel depuis une quinzaine d’années qu’il est en retraite. Chaque soir, après avoir soupé avec sa femme, Koichi Itagaki se rend dans son “quartier général”. C’est une confortable cabane entourée de coupoles située dans les collines de Yamagata, à 300 kilomètres au Nord de Tokyo. Dans la salle de contrôle, une douzaine de moniteurs servent à commander sept télescopes de dix à soixante centimètres de diamètre :

Koichi Itagaki dans la salle de contrôle de ses trois observatoires. © K. Itagaki

Des instruments répartis sur trois sites au Japon pour être certain d’avoir toujours un coin de ciel dégagé. Une fois installé, l’astronome amateur démarre une énième séance de chasse aux supernovae.

Soirée presque ordinaire à Yamagata :

Chaque nuit claire, ce sont près d’un millier de galaxies qui sont automatiquement photographiées, à la recherche de nouvelles explosions stellaires. Cette nuit de printemps 2023, le ciel finit par se couvrir sur le Japon. Koichi Itagaki rentre chez nuit, non sans avoir pris soin de laisser les instruments en mode automatique, ce qui leur permet de reprendre leur programme d’observation en cas d’éclaircie. Le lendemain matin, l’astronome japonais repère immédiatement un point lumineux inhabituel sur un cliché de la galaxie du Moulinet (Messier 101) dans la Grande Ourse :

SN 2023ixf apparaît sur ce cliché de M 101 réalisé le 20 mai 2023. © Eliot Herman

Il est le premier à publier l’information sur le TNS (Transient Name Server), la base de données de l’Union Astronomique Internationale qui recense les nouveaux objets célestes. C’est la plus proche supernova observée depuis une décennie et la 172e découverte de Koichi Itagaki !

Passion de jeunesse :

« Je ne suis pas astronome, mon passe-temps consiste juste à chercher de nouveaux corps célestes ». C’est ainsi que Koichi Itagaki résume modestement sa passion depuis six décennies. Tout a commencé en 1963 : alors au lycée, il assemble un petit télescope avec lequel il observe la Lune. En 1965, deux amateurs japonais, Kaoru Ikeya et Tsutomu Seki, font la une des journaux nationaux en découvrant une comète. C/1965 S1 (Ikeya-Seki) atteint une magnitude de -10, devenant visible en plein jour avec une queue de 45 degrés.

La comète Ikeya-Seki en 1965. © R. Lynds

Impressionné, Koichi Itagaki décide alors de se consacrer à la recherche de comètes. Avec ses premiers salaires (il a rejoint l’entreprise familiale de confiseries, Itagaki Peanuts), il s’achète un télescope de 15 centimètres de diamètre et déniche trois ans plus tard une comète. Devancé par d’autres découvreurs, la comète C/1968 H1 Tago-Honda-Yamamoto ne portera jamais son nom.

Des comètes aux supernovae :

Devenu patron de l’entreprise familiale, Koichi va investir dans l’astronomie une grande partie de ses revenus et se consacrer à la recherche de comètes pendant trois décennies. Mais la mise en service de télescopes professionnels pour traquer les astéroïdes géocroiseurs à partir de 1998 ne lui laisse pas beaucoup d’espoir d’en découvrir. Il décide alors de rechercher les supernovae. Pour échapper aux lumières de Yamagata, il loue un terrain dans les collines au-dessus de la ville et, au fil des années y installe ses télescopes sous différentes coupoles. C’est ainsi qu’il repère trois nouveaux astéroïdes en 2004 : (117350) Saburo, (134069) Miyo et (189261) Hiroo. Cinq ans plus tard, le 14 mars 2009, il découvre enfin sa comète, C/2009 E1 (Itagaki), ce qui lui vaut de recevoir le prix Edgar-Wilson décerné annuellement depuis 1998 aux astronomes amateurs découvreurs de comètes.

L’observatoire situé dans les collines de Yamagata. © K. Itagaki

C’est à cette époque qu’il confie l’entreprise familiale à ses fils pour se consacrer entièrement à sa passion. Son deuxième observatoire voit le jour en 2015 à Okayama, un autre trois ans plus tard sur l’île de Shikoku. Un réseau de télescopes sans doute unique dans le monde de l’astronomie amateur ! Avec au final un record de 172 découvertes, dépassé uniquement par les 360 supernovae de l’américain Tim Puckett. Mais ce dernier est aidé pour le dépouillement de ses clichés par un réseau mondial de bénévoles. Koichi Itagaki, en revanche, travaille seul, et bien qu’il soit autodidacte, il a déjà co-signé une vingtaine d’articles scientifiques.

Précieuses archives :

Grâce à la persévérance de Koichi Itagaki, SN 2023ixf est probablement la supernova qui a été détectée dans le plus court laps de temps après son explosion. Mais le travail de bénédictin mené par l’astronome amateur japonais depuis deux décennies pourrait peut-être avoir une autre conséquence heureuse. Ses découvertes précédentes suggèrent qu’il pourrait être possible de voir des signes d’agitation sur une étoile massive avant même qu’elle n’explose. En 2004, il a repéré un point brillant dans une galaxie spirale à 77 millions d’années-lumière de la Terre. Aucun professionnel n’a vérifié ce flash qui a duré une dizaine de jours. Mais deux ans plus tard, Koichi Itagaki a découvert à cet emplacement la supernova SN 2006jc. Il a été le seul à observer deux ans plus tôt l’étoile en train de perdre ses couches externes dans un éclat de lumière.

Les archives constituées au cours de deux décennies d’observations par l’amateur japonais représentent une base irremplaçable pour l’étude des supernovae. © K. Itagaki

On pensait auparavant que les étoiles étaient silencieuses avant de devenir des supernovae, les observations de Koichi Itagaki semblent prouver le contraire.

Bien qu’il soit déjà âgé, Koichi Itagaki ne voit aucune raison de modifier ses habitudes. Il est déterminé à attraper une supernova dans la galaxie voisine d’Andromède. La nuit qui a suivi sa découverte de SN 2023ixf, il est retourné à son quartier général pour une nouvelle veillée en solitaire. “Quand j’étais au collège, je rêvais de construire une coupole, d’y installer un gros télescope et d’étudier le ciel“, dit-il. “Ce rêve est devenu réalité.

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Éphémérides : le ciel du mois de décembre 2023

Bien qu’inobservable en France, l’occultation de l’étoile Bételgeuse par un astéroïde sera le clou de ce mois de décembre 2023.

Occultation exceptionnelle :

Décembre 2023 nous réserve une belle surprise astronomique. Bételgeuse, principale étoile de la constellation d’Orion, va s’éteindre pendant quelques secondes le 12 décembre. La faute à (319) Leona, un astéroïde de la ceinture principale (une ceinture d’astéroïdes entre Mars et Jupiter). Cette rare occultation sera observable le long d’une bande passant par le Sud de l’Espagne et de l’Italie. Pour plus d’informations, consultez la page de La Société Astronomique de France consacrée à cette occultation de Bételgeuse :

Pour la petite histoire, (319) Leona fut découvert à l’Observatoire de Nice en 1891 par Auguste Charlois. Ce dernier fut assassiné devant chez lui en 1910 par le frère de sa première femme, lequel n’avait pas supporté le remariage de l’astronome ! Continuer la lecture

Jupiter : le déclin de la Grande Tache Rouge en images

Observée sur Jupiter depuis plus de 350 ans, la célèbre Grande Tache rouge ne cesse de rétrécir. La preuve en images.

Anticyclone géant :

C’est la plus célèbre tempête de tout le Système solaire. La GTR (Grande Tache rouge) est un gigantesque anticyclone orangé que l’on observe sur Jupiter. Sa couleur pourrait s’expliquer par l’action des rayons cosmiques sur les molécules d’hydrosulfure d’ammonium qui remontent du fond de la Tache jusqu’à sa surface. La découverte de la GTR par le français Jean-Dominique Cassini date de 1665. Depuis, les astronomes n’ont jamais cessé de l’étudier :

Jupiter et sa Grande Tache rouge photographiés le 17 juin 2022. © Christopher Go

Depuis une centaine d’années environ, les astronomes constatent que la Grande Tache rouge diminue. L’astrophotographe Damian Peach en apporte la preuve en images. Continuer la lecture

Spectaculaire lever de Pleine Lune à Istanbul

La mosquée de Çamlıca, située à Istanbul, la plus grande ville de Turquie, sert d’écrin pour magnifier le lever de la Pleine Lune.

Mosquée impériale :

Achevée en 2019, la mosquée de Çamlıca peut accueillir plus de 60.000 fidèles. Sa conception a été confiée à deux femmes architectes, Bahar Mızrak et Hayriye Gül Totu. Ses six minarets en forme de crayon culminent à plus de 100 mètres et sa grande coupole a un diamètre de 34 mètres. L’édifice se dresse sur une colline du quartier d’Üsküdar, offrant une vue imprenable sur le Bosphore. C’est l’un des monuments les plus emblématiques d’Istanbul. Rappelons que la plus grande ville de Turquie s’appelait Byzance (avant l’an 330) puis Constantinople jusqu’en 1930 :

C’est en choisissant la mosquée de Çamlıca comme premier plan que le photographe İsa Turan a immortalisé le lever de la Pleine Lune. L’utilisation d’un téléobjectif lui a permis de donner une telle importance à la Lune. Une technique que vous explique cet article proposé par la Société Astronomique du Havre.

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Le volcan Villarrica sous le Grand Nuage de Magellan

Le photographe Gabriel Muñoz a immortalisé Le Grand Nuage de Magellan au-dessus du volcan chilien Villarrica en pleine activité.

Un volcan très actif :

Des nombreux volcans chiliens, le Villarrica est l’un des plus agités. Culminant à 2.847 mètres d’altitude dans la Cordillère des Andes, il est situé à 750 kilomètres au Sud de la capitale, Santiago. Chez les Mapuches, un peuple réparti entre le Chili et l’Argentine, on l’a surnommé Rucapillán, “la maison du Grand Esprit”. Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il s’agit d’un Esprit colérique ! Les éruptions y sont spectaculaires (du même type que sur le Stromboli). Un lac de lave se forme par intermittence dans le cratère sommital :

C’est la lueur émise par ce lac incandescent que le photographe Gabriel Muñoz a voulu saisir la nuit. Il a attendu que le Grand Nuage de Magellan soit positionné dans le prolongement du volcan. Continuer la lecture

L’étrange activité de la comète 12P/Pons-Brooks

La comète 12P/Pons-Brooks n’en finit pas d’intriguer les astronomes avec une quatrième éruption majeure en 2023.

Une comète à moitié française :

La comète 12P/Pons- Brooks a été repérée le 12 juillet 1812 par Jean-Louis Pons. Cet astronome français est célèbre pour ses découvertes cométaires. Né en 1761, Pons grandit dans une modeste famille au milieu de ses dix frères et sœurs. En 1789, il devient le concierge de l’Observatoire de Marseille. Analphabète mais passionné d’astronomie, il déniche sa première comète en 1801 avec une lunette de sa fabrication. Il suit parallèlement des cours d’astronomie à l’observatoire. Son excellente vue et sa ténacité vont lui permettre de découvrir 37 astres chevelus en 26 ans !

Dessins de la comète Pons-Brooks lors de son passage de 1884. © Henry Cooper Wilson

La comète de Pons a été redécouverte en 1883 par l’astronome américain William Robert Brooks, d’où son double nom. Il s’agit d’une comète périodique qui revient nous voir tous les 71 ans environ. Certains de ses précédents passages on été observés depuis l’an 1385, mais sa périodicité n’a été établie qu’au XIXe siècle. Continuer la lecture

Chasse galactique entre le Cobra et la Souris

Dans la constellation du Poisson volant, le Cobra (la galaxie NGC 2442) va se jeter sur la Souris (la galaxie PGC 21457).

Galaxie distordue :

Situé à environ 75 millions d’années-lumière, le Cobra est une galaxie spirale assez atypique. Avec ses deux bras principaux écartés, elle fait penser à un hameçon ou un Crochet de boucher, son autre surnom. Découverte en 1834 par John Herschel (fils du célèbre William Herschel), elle porte le numéro 2442 dans le catalogue NGC. Elle doit très certainement sa forme tourmentée à des interactions gravitationnelles avec une galaxie voisine. Une bonne candidate pourrait être la petite Souris, PGC 21457 :

Cette étonnante scène de chasse galactique a été saisie par Kevin Morefield. On explorera avec plaisir la galerie d’images et le site internet de cet astrophotographe américain. Ce superbe cliché a nécessité plus de 38 heures de poses avec un télescope de 43 centimètres de diamètre.

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Vertigineux panorama dans la Ceinture d’Orion

Une étonnante astrophotographie nous permet de plonger au cœur de la Ceinture dans la célèbre constellation d’Orion.

Les trésors d’Orion :

Les observateurs du ciel nocturne connaissent bien la Ceinture d’Orion. Située juste au-dessus de la célèbre nébuleuse Messier 42, elle se présente sous la forme de trois étoiles brillantes alignées. Il s’agit de Alnitak, Alnilam et Mintaka, des supergéantes bleues :

Au centre de la constellation d’Orion on remarque un alignement de trois brillantes étoiles. Elles forment le baudrier noué autour de la taille du chasseur dans la mythologie. C’est de là que pend l’épée qui contient la nébuleuse Messier 42. © Jean-Baptiste Feldmann

Ces trois astres forment la Ceinture où est accrochée l’épée d’Orion, un chasseur vaniteux dans la mythologie gréco-romaine. Malheureusement pour lui il fut tué par un Scorpion, un mythe représenté sur une mosaïque à Pompéi. Seule une photographie grand champ peut nous révéler la richesse de ce baudrier céleste. Continuer la lecture

Les “Yeux de hibou”, d’étonnantes jumelles

Que voit-on dans les “Yeux de hibou” ? Voici le test de ces curieuses petites jumelles qui sont en train de conquérir les astronomes. 

Une curiosité :

La plupart des amoureux du ciel nocturne ont fait leur premiers pas avec une paire de jumelles. Grâce à sa simplicité d’utilisation, c’est l’instrument idéal pour commencer à scruter le ciel nocturne. Il peut même devenir l’instrument principal de l’observateur, tant il est polyvalent. Il suffit pour s’en convaincre de feuilleter “Le ciel aux jumelles“, un excellent guide pour optimiser ses observations :

La paire de jumelles, un instrument d’astronomie indispensable. © Jean-Baptiste Feldmann

C’est au milieu d’une gamme de jumelles déjà très large qu’est apparu un nouveau modèle, les “Yeux de hibou”. De petites jumelles qui grossissent très peu mais collectent beaucoup de lumière sur un très grand champ. Une curiosité qui a tout de suite attiré mon attention et que j’ai testée. Continuer la lecture

En vidéo : nuit d’astronomie en Normandie

En Normandie, les astronomes amateurs ont aussi leur jardin secret. Ils s’y retrouvent régulièrement pour y cueillir les étoiles.

Des météorites aux étoiles :

En Normandie, certains regardent à leurs pieds pour chercher des météorites, comme ce fut le cas après la désintégration de l’astéroïde 2023 CX1. D’autres choisissent de tourner leurs yeux vers le ciel étoilé. C’est le cas des membres du club d’astronomie AVEX (Astronomie du VEXin). Les plus actifs fuient régulièrement la pollution lumineuse et se retrouvent pour observer ensemble dans le Pays d’Auge, près de Vimoutiers :

Trois d’entre eux ont rassemblé leurs images nocturnes pour réaliser cette jolie vidéo partagée par Frédéric Tapissier. Alors que l’on reconnaît dans le ciel l’amas des Pléiades et la constellation d’Orion, les astronomes, équipés de lumières rouges, s’affairent autour de leurs télescopes. Continuer la lecture

Une nouvelle grotte photographiée sur Mars

L’orbiteur MRO a photographié une grotte martienne, une cavité apparue suite à l’effondrement du plafond d’un tube de lave.

Après la Lune, Mars :

Pourra-t-on un jour descendre dans une grotte martienne ? On connaissait déjà des cavités naturelles sur la Lune, photographiées par la sonde LRO (Lunar Reconnaissance Orbiter). Sur Mars, c’est MRO qui a la capacité de repérer ces curiosités. L’orbiteur installé sur une orbite polaire basse s’est fait connaître par les incroyables images fournies par sa caméra HiRISE (High Resolution Imaging Science Experiment). En 2016, MRO photographiait un trou au fond d’un cratère d’impact sur les flans de Pavonis Mons (un volcan bouclier situé au niveau de l’équateur martien) :

Cette grotte présentait une ouverture de 35 mètres de diamètre et une profondeur de 20 mètres. On pouvait même apercevoir le fond en partie éclairé par la lumière solaire. Continuer la lecture

En vidéo : aurores boréales au Plateau de Calern

Une grande partie de l’Europe a profité de belles aurores boréales le 5 novembre. Récit depuis le Plateau de Calern.
Observatoire sous les aurores :

Situé dans les Alpes-Maritimes, le Plateau de Calern accueille depuis les années 1970 un site d’observation de l’Observatoire de la Côte d’Azur. C’est là que s’est rendu Laurent Richard dans la soirée du 5 novembre. Il a ainsi pu immortaliser de belles aurores boréales qui étaient observables jusqu’en Italie. En effet, suite à un regain d’activité solaire, nous avons eu droit à une tempête géomagnétique de niveau 3 (sur une échelle qui va de 1 à 5) :

Le photographe nous raconte : “Hier soir, au Plateau de Calern, j’ai vécu une expérience inoubliable en capturant des aurores boréales. J’ai débarqué sur le site vers 19 heures, prêt à immortaliser ce spectacle céleste. Lorsque j’ai commencé à régler mon appareil photo, une surprise incroyable s’est offerte à moi. Alors que l’appareil prenait sa première photo pour vérifier la mise au point, des couleurs époustouflantes ont envahi le ciel. Sans perdre de temps, j’ai commencé mon premier time-lapse, et cette aventure s’est poursuivie jusqu’à 3h ou 4h du matin. Les couleurs fantastiques qui dansaient dans le ciel ont été capturées dans toute leur splendeur. C’était une nuit magique, une expérience inoubliable“.

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Ombre dans la Grande Tache Rouge sur Jupiter

Le passage de Jupiter à l’opposition nous donne l’occasion de revenir sur une image étonnante d’une ombre dans la GTR.

Géante gazeuse au plus près :

Qu’est-ce qu’une opposition ? C’est le moment où une planète se trouve exactement alignée avec le Soleil et la Terre. L’astre est visible toute la nuit, c’est donc sa meilleure période d’observation. L’opposition 2023 de Jupiter a lieu aujourd’hui et la planète géante gazeuse trône dans la constellation du Bélier avec une magnitude de -2,9. Les oppositions de Jupiter reviennent tous les treize mois. Il y a donc parfois une année sans opposition, comme en 2013 et en 2025 :

Position de Jupiter dans la constellation du Bélier pour l’opposition 2023. © Stelvision

Une petite lunette permet d’admirer la planète et ses quatre principaux satellites. Io, Europe, Ganymède et Callisto présentent chaque nuit une disposition différente (voir sur Shallowsky). Il leur arrive même de passer devant la planète et d’y projeter leur ombre. Continuer la lecture

Curiosité cosmique : LDN 1622, la nébuleuse sombre

La nébuleuse sombre LDN 1622 est l’une des nombreuses curiosités célestes cachées dans la célèbre constellation d’Orion.

Ombres et lumières dans Orion :

Si vous ne devez citer qu’une seule nébuleuse dans Orion, ce sera sans hésiter M 42 mais certainement pas LDN 1622 ! Il faut bien avouer que nous préférons les nébuleuses colorées, ces nuages interstellaires dont le gaz (principalement de l’hydrogène) est ionisé par le rayonnement ultraviolet émis par de jeunes étoiles :

La plus célèbre nébuleuse en émission, Messier 42, se trouve dans la constellation d’Orion. Elle est visible (sans ses couleurs) dans une simple paire de jumelles. © Miguel Claro

Mais il existe aussi des nuages interstellaires sombres beaucoup plus froids. Alors que la température d’un nuage ionisé peut atteindre 10.000 K, celle d’un nuage moléculaire sombre n’est que de 10 K. Rappelons au passage que 0 K (Kelvin) équivaut au zéro absolu, la température la plus basse qui puisse exister. Elle correspond à −273,15 °C (Celsius). LDN 1622, l’un de ces nuages sombres, se trouve justement pas très loin de M 42 :

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Éphémérides : le ciel du mois de novembre 2023

Ce mois de novembre 2023 nous réserve quelques belles surprises comme l’occultation de Vénus par la Lune et l’opposition de Jupiter.

Occultation matinale :

Le passage de la Lune devant Vénus le 9 novembre 2023 constitue un bel événement astronomique. D’abord par sa rareté en un lieu donné, ensuite parce qu’il est observable facilement en journée. La dernière fois que le phénomène était visible en France remonte au 19 juin 2020. Il fallait ensuite se déplacer pour voir les occultations suivantes : au Japon, à l’Île de la Réunion ou encore aux Philippines.

Occultation de Vénus par la Lune le 27 mai 2022 à la Réunion. © Quentin Gineys

Jeudi 9 novembre 2023, une paire de jumelles vous permettra d’assister à la disparition de Vénus derrière la Lune aux alentours de 11 heures du matin. La seconde planète du Système solaire émergera environ une heure plus tard. Vous trouverez toutes les infos sur la page de Stelvision consacrée au phénomène.

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"J'ai en moi un besoin terrible. Dirais-je le mot? La religion. Alors, je sors la nuit et je peins des étoiles." Vincent van Gogh