Même si elle est classée dans la catégorie des nébuleuses planétaires, NGC 5189 ne leur ressemble vraiment pas.
Une curieuse nébuleuse :
Située dans la constellation australe de la Mouche, NGC 5189 se distingue par son apparence inhabituelle. En règle générale, les nébuleuses planétaires ont un aspect circulaire. Ceci s’explique par leur origine : lorsqu’elles passent du stade de géante rouge à celui de naine blanche, certaines étoiles expulsent une coquille de gaz. Cette bulle se dilate à des vitesses très rapides, de l’ordre de 20 à 30 kilomètres/seconde. C’est d’ailleurs cet aspect circulaire qui leur a valu leur surnom : lorsqu’on les a découvertes au XVIIIème siècle, les NP ressemblaient à des planètes dans les instruments de l’époque. Regardez par exemple la nébuleuse du Hibou pour vous en convaincre. Il semble cependant que NGC 5189 ait eu une évolution bien différente, si l’on en juge par son aspect :
Les astronomes ont bien du mal à expliquer quels mécanismes sont à l’origine de cet aspect inhabituel. Faute de réponse, ils lui tirent le portrait. C’est le cas de Luigi Morrone, l’auteur de cette belle image. En 2004, Bertrand Laville en avait réalisé plusieurs dessins au cours d’un séjour en Namibie. Même le télescope spatial Hubble a été mis à contribution pour l’immortaliser.
Une équipe d’astronomes amateurs et professionnels a photographié une immense nébuleuse cachée à proximité de la constellation d’Orion.
Célèbre constellation :
Orion est sans conteste la plus belle des constellations. Elle nous raconte l’histoire d’un chasseur arrogant qui mourut foudroyé par le venin d’un scorpion. Dans la mythologie grecque, le chasseur géant Orion passait son temps à se vanter de ses prouesses. Exaspérée, Héra, sœur et femme de Zeus, lui envoya un scorpion qui le piqua et le tua. Un mythe illustré notamment par une mosaïque retrouvée dans les ruines de Pompéi :
Cette très belle constellation abrite une superbe nébuleuse, Messier 42 (la nébuleuse d’Orion). Une paire de jumelles suffit pour l’admirer. On ne peut pas en dire autant de la nouvelle nébuleuse que viennent de découvrir sept astronomes. Continuer la lecture →
La comète C/2023 A3 Tsuchinshan-ATLAS pourrait nous réserver une très belle surprise, vingt-sept ans après l’inoubliable Hale-Bopp.
Prometteuse comète :
C/2023 A3 Tsuchinshan-ATLAS : son nom ne vous dit peut-être rien. Pourtant, cette comète s’annonce particulièrement intéressante, beaucoup plus que 12P/Pons-Brooks. Commençons d’abord par expliciter son appellation :
C : lettre désignant une comète qui n’est pas périodique (P).
2023 A3 : c’est la troisième comète découverte pendant la première quinzaine (A) de l’année 2023.
Tsuchinshan-ATLAS : elle a été repérée le 23 février 2023 par l’un des télescopes du réseau de surveillance ATLAS. Mais on a ensuite retrouvé sa trace sur des images obtenues début janvier 2023 à l’Observatoire de la Montagne Pourpre (Tsuchinshan) en Chine.
Les prévisions de luminosité pour cette comète ont de quoi faire rêver. Sur le site du spécialiste Gideon van Buitenen, la comète est indiquée avec une magnitude négative au mois d’octobre ! Comme l’explique le site Stelvision, l’astre chevelu deviendra très intéressant à observer à l’aube en septembre. Puis C/2023 A3 passera au plus près du Soleil (moins de 60 millions de kilomètres) le 27 septembre. Si la comète ne se brise pas, elle redeviendra visible en soirée les semaines qui suivront, avec un passage à 71 millions de kilomètres de la Terre le 12 octobre. Sa magnitude négative nous offrirait alors un spectacle comparable à ce que nous avions connu au printemps 1997 avec l’exceptionnelle comète Hale-Bopp.
La Pleine Lune de ce 25 mars est la première du printemps 2024. Elle sera suivie logiquement du weekend de Pâques.
Lune de Pâques :
La date de Pâques n’est pas choisie au hasard. Cette fête religieuse tombe le weekend qui suit immédiatement la première Pleine Lune du printemps. Cette dernière avait lieu aujourd’hui 25 mars. Ce matin, le ciel parfaitement dégagé m’a permis d’apprécier son coucher :
Cette image surprenante correspond à l’addition de 14 clichés pris à raison d’un toutes les 20 secondes environ. Des poses au 1/40e de seconde à 100 iso, toujours avec le boîtier Panasonic FZ 82 et son zoom de 1200 millimètres. L’empilement des clichés est réalisé avec le logiciel StarMax. C’est ce dernier que j’utilise également pour les filés d’étoiles. Le cliché ci-dessous est le huitième de la série :
L’astrophotographe Andrew McCarthy a immortalisé le transit de la Station spatiale internationale “au-dessus” du cratère lunaire Tycho.
Timing parfait :
Le transit de la Station spatiale internationale devant la Lune n’excède jamais trois secondes. Autant dire qu’une bonne dose de savoir-faire est indispensable pour le photographier. Une formalité pour Andrew McCarthy :
I’m so honored my photo “A Visit to Tycho” was runner-up during this year’s Astronomy Photographer of the Year competition. The other entries were incredible and I was lucky to be featured among them.
L’astrophotographe américain nous régale régulièrement de superbes images. Je vous avais d’ailleurs présenté il y a quelques temps son astucieux montage photographique d’une éclipse totale de Lune. Continuer la lecture →
On les appelle les galaxies de la Rose. Voici Arp 273 dans Andromède, un bel exemple de galaxies en interaction.
Galaxies particulières :
Avouons-le, Arp 273 n’est pas un nom très poétique. Il fait référence à l’Atlas of Peculiar Galaxies, un catalogue de 338 galaxies particulières publié en 1966 par Halton Arp. Les astronomes ont surnommé les galaxies de la Rose ces deux galaxies en interaction situées à plus de 300 millions d’années-lumière (AL). En s’approchant un peu trop près l’une de l’autre (100.000 AL quand même), elles ont été déformées par les marées gravitationnelles. Sur ce superbe cliché de Kent Wood, elles font également penser à un point d’interrogation cosmique :
Pour l’astrophotographe américain (qui est également professeur d’astronomie à l’Utah Valley University), il aura fallu poser plus de 16 heures avec un télescope de 400 millimètres de diamètre pour immortaliser Arp 273. Continuer la lecture →
Bételgeuse connaît une nouvelle baisse de luminosité depuis la fin du mois de janvier. Que nous prépare la plus célèbre supergéante rouge ?
Vedette imprévisible :
S’il y a une étoile que tout le monde connaît, c’est bien Bételgeuse. Elle fait régulièrement l’actualité, que ce soit en étant occultée par un astéroïde, ou lorsqu’elle est victime d’un grand obscurcissement. Depuis environ deux mois, celle qui symbolise l’une des épaules du chasseur Orion perd de nouveau lentement de son éclat, 1/2 magnitude pour être précis. Pas étonnant pour une variable semi-régulière, mais l’astre n’avait pas autant baissé depuis deux ans. Que faut-il en penser ?
Bételgeuse, la plus célèbre des supergéantes rouges, grande comme 1000 soleils, perd de l'éclat! C'est une étoile variable, c'est son comportement habituel, mais elle n'a plus été si peu brillante depuis deux ans. Est-ce la prémisse d'un grand obscurcissement comme en 2020 ? 1/3 pic.twitter.com/oKZZyKderb
Cet astre devrait finir par exploser en supernova, devenant visible en plein jour ! Un spectacle qui peut avoir lieu la nuit prochaine comme dans 100.000 ans (lire l’avis de l’astrophysicienne Sylvie Vauclair). À moins que cela ne soit déjà fait : c’est ce que suggère une équipe internationale d’astrophysiciens. Quoi qu’il en soit, les sautes d’humeur de cette étoile géante rouge sont connues depuis longtemps. On en trouve la trace dans les récits que se transmettent les Aborigènes d’Australie (lire sur arXiv).
L’astrophotographe Christian Bertincourt nous fait partager une soirée dans la Drôme avec la belle comète 12P/Pons-Brooks.
Chasse à la comète :
Pour un astrophotographe comme pour un amoureux du ciel étoilé, la météo est un facteur déterminant. Et il faut bien l’avouer, ce mois de mars 2024 est assez chaotique. Difficile de faire le marathon Messier ou d’admirer en soirée les splendeurs dans le sillage de la comète 12P/Pons-Brooks. On peut alors opter pour la location d’un télescope à distance… ou partir à la recherche d’un coin de ciel bleu :
Christian Bertincourt a choisi la seconde option le 13 mars pour aller immortaliser la comète du moment. Cet astrophotographe lyonnais réalise régulièrement de très belles images nocturnes, à découvrir sur son site ou sa galerie d’images Flickr. Il nous livre le récit de sa soirée. Continuer la lecture →
Chaque nuit, la queue de la comète 12P/Pons-Brooks se décline en de multiples variations. Un régal pour les astrophotographes.
Progrès fulgurants :
Le spectacle aurait fait rêvé Louis Thollon, qui observait et dessinait déjà la comète 12P/Pons-Brooks en 1884 à l’Observatoire de Nice. Cet astronome français ne pouvait pas imaginer ce que l’on serait capable de photographier 140 ans plus tard :
Il aura suffi à la comète de parcourir deux fois son orbite pour que notre vision des astres chevelus change radicalement. Grâce aux progrès foudroyants de la photographie astronomique, les comètes nous offrent des détails insoupçonnés :
Depuis Galilée, les astronomes avaient appris à dessiner les astres pour garder une trace de leurs observations. Certains étaient passés maîtres dans l’art de “croquer” les cratères lunaires et les surfaces planétaires. Mais comment représenter l’invisible (ou presque) ? Car c’est bien le problème que l’on rencontre avec les queues de gaz des comètes (appelées aussi queues ioniques), particulièrement ténues.
Quand l’orbiteur MRO nous livre ses images de la planète Mars, certaines attirent tout particulièrement l’attention des planétologues.
Mars vue d’orbite :
Les missions spatiales en direction de Mars mobilisent de nombreux planétologues. Si les clichés obtenus par les rovers comme Curiosity sont spectaculaires, les engins en orbite nous offrent de leur côté des visions saisissantes. C’est le cas de MRO (Mars Reconnaissance Orbiter), installé sur une orbite polaire basse depuis 2006. Sa caméra HiRIZE, un télescope de 0,5 mètre de diamètre, peut saisir des détails de 0,3 mètre au sol depuis une altitude de 300 kilomètres. Et le moins qu’on puisse dire, c’est que les résultats sont parfois spectaculaires :
Prenez cette image : vous pensiez être en présence de chenilles processionnaires géantes ? Rassurez-vous, les planétologues ont une explication pour cette jolie paréidolie ! Continuer la lecture →
La comète 12P/Pons-Brooks arrive ! Cielmania et La Chaîne Astro s’associent pour vous aider à bien préparer vos observations.
Une comète à suivre :
Les comètes sont des petits corps célestes constitués de glace et de poussière. À l’approche du Soleil, ces astres sont soumis à différents rayonnements et laissent échapper du gaz et des poussières dans leur sillage. C’est le moment où les comètes deviennent les plus lumineuses :
Les comètes portent le nom de leur (s) découvreur (s). 12P/Pons-Brooks a été découverte en 1812 par Jean-Louis Pons et retrouvée en 1883 par William Robert Brooks. La lettre P indique qu’elle est périodique : elle repasse nous voir tous les 71 ans environ. Avec La Chaîne Astro, voici tout ce que vous devez savoir au sujet de cet astre chevelu observable en soirée :
La magnitude des comètes :
Pour indiquer la luminosité des astres, on utilise une échelle de mesure logarithmique, l’échelle des magnitudes. Voici quelques magnitudes : -26,7 pour le Soleil, -12,6 pour la Pleine Lune, 2 pour l’étoile polaire ou encore 3,4 pour la grande galaxie d’Andromède :
Les étoiles les plus faibles visibles à l’œil nu sous un très bon ciel ont une magnitude de 6. L’éclat de la comète 12P/Pons-Brooks a franchi ce cap symbolique, mais attention, une comète est un astre flou. Il faut donc beaucoup relativiser cette valeur… Il est intéressant de lire à ce sujet la mise au point de l’astronome Alan Hale lors du passage de la comète ZTF.
Cinq conseils pour ne pas être déçu :
Téléchargez une application comme Stellarium sur votre smartphone, elle vous sera très utile pour localiser la comète.
Fuyez la pollution lumineuse. La dernière comète assez brillante pour être observable en ville était Hale-Bopp au printemps 1997.
Emportez une paire de jumelles, c’est l’instrument idéal pour traquer 12P/Pons-Brooks.
Laissez vos yeux s’adapter à l’obscurité pendant 15-20 minutes. Pensez à régler au préalable la luminosité de votre smartphone au minimum pour ne pas être ébloui.
Méfiez-vous des photos de la comète : les astrophotographes additionnent souvent plusieurs images pour faire ressortir des détails dans les queues de la comète. Ils n’hésitent pas non plus à inventer des compositions avec des focales différentes (voir par exemple les surprenantes images de la comète Nishimura).
Observations aux jumelles :
On trouve sur les forums d’astronomie quelques témoignages d’observations de 12P/Pons-Brooks aux jumelles loin des villes. Avec des 10X43 (grossissement 10 fois, diamètre des objectifs de 43 millimètres), l’astre chevelu ressemble à une petite tache floue grise. D’imposantes jumelles 25X100 montrent une courte queue. Rappelons enfin que notre œil n’est pas assez sensible pour nous révéler la couleur de la comète dans ces instruments. Les photographies la montrent verte, un phénomène de fluorescence qui trouve son origine dans l’excitation des molécules de carbone diatomique.
Le photographe Camille Niel a profité d’une nuit d’hiver dans le massif du Dévoluy pour réaliser une très longue rotation d’étoiles.
La Terre tourne, pas le ciel :
La Terre tourne sur elle-même autour d’un axe imaginaire, un mouvement à l’origine de l’alternance des jours et des nuits. Cette rotation explique pourquoi nous voyons le Soleil et la Lune se lever à l’EST et se coucher à l’OUEST environ 12 heures plus tard. Si vous admirez le ciel nocturne, vous noterez les mêmes déplacements des étoiles. Les constellations semblent également circuler d’EST en OUEST. Ces déplacements ne sont bien entendu qu’apparents puisque c’est notre planète qui tourne en réalité :
L’axe imaginaire de rotation de la Terre se prolonge en direction du pôle nord céleste marqué par une étoile, la Polaire. Durant la nuit, les astres semblent tourner autour de cet astre dans le sens inverse des aiguilles d’une montre, un phénomène facile à photographier. Continuer la lecture →
Tel un diamant serti sur une bague bleutée, l’astre qui brille sur le bord de cette nébuleuse planétaire rend Abell 33 unique.
Discrète nébuleuse :
C’est un diamant que vous ne verrez pas dans un petit télescope. Car Abell 33 est une discrète nébuleuse planétaire (NP) située dans la constellation australe de l’Hydre. Avec une magnitude de 13, elle ne se dévoile que dans les instruments de grand diamètre. Regardez par exemple le dessin qu’en a réalisé Bertrand Laville. Photographique ment, il faut toute la puissance du Very Large Telescope pour nous en offrir ce saisissant portrait. Située à environ 2.700 années-lumière (AL), il s’agit de la 33eme NP du catalogue publié en 1958 par l’astronome américain George Ogden Abell :
Mais l’originalité de cette nébuleuse planétaire tient surtout dans la présence d’une étoile en avant-plan. HD 83535, c’est son nom, est beaucoup plus brillante (magnitude 7). Par le plus grand des hasards, l’astre coïncide avec le bord de la NP, lui donnant cet aspect si caractéristique. Continuer la lecture →
"J'ai en moi un besoin terrible. Dirais-je le mot? La religion. Alors, je sors la nuit et je peins des étoiles." Vincent van Gogh