Découverte il y a 36 ans, EGB 9 devrait être reclassée comme nébuleuse planétaire grâce à la persévérance d’un groupe d’astronomes amateurs.
Une beauté oubliée :
EGB 9 : voilà un nom bien ingrat pour une aussi jolie nébuleuse ! Cet objet céleste situé dans la constellation du Petit Chien a été déniché en 1984. Il a fait son entrée à la neuvième place dans le catalogue de ses découvreurs : Glen L. Ellis, Earl T. Grayson et Howard E. Bond. À l’époque de sa découverte, EGB 9 semblait un bon candidat au statut de nébuleuse planétaire (NP). Rappelons au passage que ces nébuleuses doivent leur nom uniquement à leur aspect circulaire. Dans leurs télescopes imparfaits, nos aïeux les prenaient pour des planètes. Il s’agit en réalité d’enveloppes gazeuses éjectées par des étoiles très chaudes devenues instables en fin de vie, lorsqu’elles atteignent le stade de naines blanches.
Mais les analyses qui ont été réalisées après sa découverte ont montré que EGB 9 n’était pas une NP. Redevenue une banale nébuleuse cosmique, elle est alors retombée dans l’oubli. Jusqu’en 2020, date à laquelle des astronomes amateurs se sont penchés sur la Belle endormie.
Chercheurs de nébuleuses :
Il y a un peu plus d’un an, je vous avais présenté le travail de deux astronomes amateurs spécialisés dans la recherche de nébuleuses planétaires. Vous pouvez retrouver Xavier Strottner et Marcel Drechsler dans l’article intitulé Moisson de nébuleuses planétaires pour deux amateurs. À la fin de l’année dernière, Xavier Strottner s’est penché sur les clichés de EGB 9 réalisés par les télescopes du réseau Pan-STAARS (Panoramic Survey Telescope And Rapid Response System). Après une analyse minutieuse de ces images, il a fini par repérer une très faible étoile bleue, possible naine blanche. Une hypothèse confirmée par Lionel Mulato.
L’apport de la spectroscopie :
Lionel Mulato nous en dit plus : ” La nature d’un objet ne peut être confirmée avec certitude qu’à l’aide d’une analyse spectroscopique. La confirmation spectrale des candidates NP, jusqu’ici réservée aux professionnels, fait aujourd’hui l’objet d’une intense collaboration entre professionnels et amateurs. Le spectre de EGB 9 ci-dessous s’inscrit dans cette démarche. Notre groupe amateur, le PNST, a réalisé plus de 260 spectres de candidates NP (voir la liste). Ces données sont analysées par les professionnels et sont intégrées dans la base de données de référence des NP HASH PN Database “.
Un spectre révélateur :
Que révèle le spectre de EGB 9 ? explications de Lionel Mulato : ” EGB 9 présente un spectre caractéristique d’une nébuleuse planétaire. L’intensité du doublet [O III] λλ5007/4959 est très supérieure à la raie H-beta λ4861. C’est le signe d’une forte excitation produite par une étoile centrale très chaude (naine blanche). L’intensité du doublet [N II] λλ6548/6583 est de plus comparable à celle du Halpha λ6562. Cet azote a potentiellement été produit par l’étoile ayant généré EGB 9 “.
La Belle se réveille :
C’est ainsi que EGB 9 devrait retrouver son statut de nébuleuse planétaire (l’objet est toujours en cours d’étude à l’Université de Hong Kong), devenant du même coup StDr 137 ! L’astrophotographe allemand Markus Blauensteiner a utilisé l’un des instruments automatisés de l’Observatoire ROSA pour l’imager. Poétiquement, ces astronomes amateurs chevronnés ont renommé cette NP oubliée “La Belle au bois dormant”. Grâce à eux, EGB 9 sort d’un sommeil dans lequel elle était plongée depuis trois décennies.
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Très bel article pour une “redécouverte” fascinante !!
La collaboration pro/am dans ce qu’elle apporte de meilleur.
Bravo à tous les intervenants 🙂
Merci Thomas 🙂