Un seul mot d’ordre pour ce mois de mai 2021 : observez le beau retour des planètes Mercure et Vénus dans le ciel du soir.
Galaxies de mai :
À l’approche du solstice d’été (le 21 juin), les nuits se font plus courtes. Ce n’est pourtant pas une raison pour délaisser le ciel profond. Les galaxies du Lion et de la Vierge vous tendent les bras. Armé d’une paire de jumelles ou d’une longue-vue, cherchez le célèbre triplet du Lion ou encore Messier 87.
Mais ce mois de mai 2021 va surtout être l’occasion de profiter d’une belle opportunité planétaire. La fugace Mercure est en effet de retour en soirée, tout comme Vénus. Continuer la lecture →
Nichée dans la constellation du Cocher, la nébuleuse IC 410 abrite deux nuages de gaz et de poussière dont la forme évoque celle des têtards.
Une vision enrichie :
L’évolution de la puissance des télescopes a permis de multiplier la découverte d’objets célestes singuliers. Prenez la nébuleuse en émission IC 410, située à 12.000 années-lumière. Elle était beaucoup trop faible pour être perçue dans l’instrument de John Herschel (le neveu de Caroline Herschel). En observant la constellation du Cocher en 1827, cet astronome britannique n’a découvert qu’un amas d’étoiles, NGC 1893, de magnitude 7. Ce n’est que bien plus tard qu’on a pu détecter tout autour les faibles volutes de la nébuleuse IC 410 (magnitude 10).
Puis l’astrophotographie a fait son apparition. Les longues poses photographiques et l’évolution des capteurs ont révélé des détails insoupçonnés, comme deux têtards cosmiques (ou des spermatozoïdes…). Continuer la lecture →
Anders Hjelset, un astronome amateur norvégien, a conçu un observatoire mobile pour aller observer loin de la pollution lumineuse.
La pollution lumineuse, un fléau :
Depuis l’apparition de l’éclairage public, la lumière a progressivement effacé les étoiles du ciel nocturne. Cette pollution lumineuse ne cesse de s’étendre et empêche l’alternance naturelle du jour et de la nuit. On estime aujourd’hui qu’un tiers de la population mondiale ne peut pas voir la Voie lactée.
Pour pouvoir continuer à observer et photographier le ciel nocturne, les astronomes amateurs cherchent à s’éloigner des lumières. Les plus chanceux (et les plus fortunés) construisent un petit observatoire dans un lieu isolé. Mais leurs espoirs sont parfois anéantis par l’installation de nouvelles sources lumineuses. En effet, un site d’observation peut perdre ses qualités au fil des années en fonction de l’urbanisation des alentours. Continuer la lecture →
Depuis plus de trois siècles, les observateurs lunaires s’amusent à imaginer la tête de femme en admirant Promontorium Heraclides.
Un golfe encadré par deux promontoires :
Les paysages lunaires résultent pour la plupart de violents impacts. Il y a un peu plus de 3 milliards d’années, un astéroïde d’environ 15 kilomètres de diamètre est venu frapper la Lune dans son quart NORD-OUEST. La collision a laissé un cratère de 260 kilomètres de diamètre dans le remblai extérieur du bassin de la mer des Pluies (Mare Imbrium). Les épanchements de lave ont ensuite comblé en partie le fond de cette gigantesque excavation.
C’est ainsi qu’est né le Golfe des Iris (Sinus Iridum). Ce golfe est limité par deux pointes de terre qui s’avancent dans Mare Imbrium. À l’EST on trouve Promontorium Laplace, et à l’OUEST Promontorium Heraclides. Continuer la lecture →
Le Grand Télescope des Canaries, le plus grand de l’hémisphère nord, a été utilisé pour réaliser une image saisissante de l’amas Messier 11.
Un géant espagnol :
Le GTC, Gran Telescopio Canarias (le Grand télescope des îles Canaries) est le plus grand télescope de l’hémisphère nord. Financé à 90 % par l’Espagne, il est installé sur l’île de La Palma, à 2.396 mètres d’altitude. Son miroir primaire est constitué d’un assemblage de 36 miroirs hexagonaux. C’est l’équivalent d’un miroir sphérique de 10,4 mètres de diamètre. Le GTC est actuellement le second plus grand télescope du monde. Il est devancé dans l’hémisphère sud par le SALT (Southern African Large Telescope), un instrument de 11 mètres de diamètre.
Dans quelques années, nous assisterons à la mise en service de télescopes géants comme l’E-ELT (European Extremely Large Telescope). En attendant, le GTC fournit des images exceptionnelles comme celle de Messier 11. Continuer la lecture →
Ne vous emballez pas : contrairement à ce qu’annoncent certains médias, il n’y aura pas de “Super Lune rose” la nuit du 26 au 27 avril.
Plusieurs médias se copient mutuellement un sujet racoleur, celui de la “Super Lune rose”. On fait le point pour savoir de quoi il est question et ce que signifient les termes employés.
Une Lune pas vraiment rose :
Personne n’a jamais vu la Lune rose. Tout au plus, elle se pare d’une belle couleur orangée à son lever, comme peut le faire le Soleil. Lorsque ces astres sont sur l’horizon, leur lumière est décomposée en traversant une couche d’atmosphère beaucoup plus importante. Les rayons de courte longueur d’onde (vert, bleu) sont plus déviés que les rayons de grande longueur d’onde (rouge, orange) qui sont les seuls à nous parvenir.
Plus l’astre s’élève et plus cette dispersion se réduit, comme le révèle le montage ci-dessus réalisé à raison d’un cliché toutes les deux minutes. Vous ne verrez donc pas la Lune rose : cette appellation fait uniquement allusion à la couleur de certains arbres en fleurs à cette époque de l’année.
Super Lune ou pas ?
En raison de son orbite elliptique, la Lune n’est pas toujours à la même distance de la Terre. Au plus près, le périgée, cette distance est de 356.700 km. Au plus loin, l’apogée, la Lune se trouve à 406.300 km. Cette variation de distance induit automatiquement une variation du diamètre lunaire apparent. Il oscille entre 29,5 minutes d’arc à l’apogée et 33,5 minutes d’arc au périgée, soit une différence de 12%. Lorsque le périgée coïncide avec la Pleine Lune, les astronomes parlent de périgée-syzygie. Quant aux journaux, ils préfèrent le terme de Super Lune.
Sur son blog, l’astrophysicien Fred Espenak signale que cette Pleine Lune du 27 avril est la seconde des quatre SuperMoon de l’année (celles dont le diamètre apparent dépasse 33 minutes d’arc). La première a eu lieu le 28 mars, les autres se produiront les 26 mai et 24 juin. Concrètement, la différence du diamètre apparent de la Lune ne peut se voir qu’en comparant des photographies. C’est ce qu’a fait l’astronome amateur Philippe Moussette ci-dessus. Visuellement, le spectacle reste le même, notre cerveau étant incapable de se souvenir du diamètre apparent d’une ancienne Pleine Lune !
Conseils pour admirer la Pleine Lune :
La Pleine Lune se produisant le 27 avril à 3 heures 30 du matin, vous pouvez l’admirer pleine les soirs du 26 et 27 avril. Le 26 elle sera levée à l’EST avant que le Soleil ne soit couché à l’OUEST. Le 27 son lever interviendra plus tard, une quarantaine de minutes après la disparition du Soleil. N’attendez pas que la Lune soit trop haute pour admirer le spectacle et éventuellement le photographier. Ensuite, elle deviendra rapidement très brillante dans un ciel de plus en plus sombre.
Curieux spectacle que celui d’une colonne solaire. Ce pilier lumineux qui accompagne le Soleil est provoqué par des cristaux de glace.
Terminologie incertaine :
Colonne solaire, colonne lumineuse, pilier solaire ou pilier lumineux. Si l’appellation varie, on parle bien de la même chose. Une trainée lumineuse qui s’étire au-dessus ou au-dessous du Soleil quand celui-ci est bas sur l’horizon. Cette trace verticale, continue ou fragmentée, descend sous le Soleil quand il est à quelques degrés de l’horizon. Quand il est couché, la colonne se dresse au-dessus de lui et jaillit sur l’horizon. On observe beaucoup plus rarement le même phénomène avec la Lune. On parle alors de colonne lunaire.
Explications :
Comment se forme une colonne solaire ? Le phénomène se produit par réflexion des rayons du Soleil sur des cristaux de glace plats à base hexagonale situés dans l’atmosphère. Plus les cristaux seront disposés horizontalement (cela dépend de la stabilité des couches atmosphériques) et plus la colonne sera allongée.
Spectacle en images :
La soirée du 16 avril 2021 a été propice à différentes belles observations. Elles sont présentées ci-dessous à l’aide de clichés réalisés avec un boîtier Lumix FZ82 depuis une fenêtre. Le Soleil allait se coucher derrière les Monts du Beaujolais situés à une vingtaine de kilomètres.
Lorsque le Soleil a été masqué par des nuages, quelques rayons crépusculaires sont apparus (partie supérieure du cliché ci-dessus). Les bandes sombres en éventail correspondent aux rayons lumineux bloqués par les nuages. Les bandes lumineuses correspondent aux rayons qui passent entre les nuages. Ces rayons deviennent visibles car ils sont réfléchis par les particules en suspension dans l’atmosphère.
Une colonne très brillante a commencé à se former sous le Soleil, une autre un peu plus discrète au-dessus du Soleil (cliché ci-dessus). Ensuite le Soleil est sorti des nuages et s’est couché. Un peu plus tard une colonne solaire s’est de nouveau développée.
Pour la sixième fois en cinquante ans, les astronomes observent l’explosion d’une supernova dans une galaxie spirale du Dragon, NGC 3147.
Une galaxie dans le Dragon :
La galaxie NGC 3147 niche dans le Dragon, une constellation qui se glisse entre la Petite Ourse et la Grande Ourse. Située à 130 millions d’années-lumière, cette spirale de magnitude 10,6 a été découverte en 1785 par William Herschel. Elle a ensuite été enregistrée dans l’imposant New General Catalogue of Nebulae and Clusters of Stars (NGC) qui regroupe près de 8.000 objets du ciel profond.
NGC 3147 offre régulièrement aux astronomes la possibilité d’observer des supernovae. Ce fut le cas en 1972, 1997, 2006 et 2008. Rappelons qu’une supernova est l’explosion cataclysmique d’une étoile. Pendant plusieurs semaines, l’astre se met alors à briller aussi fort que les milliards d’étoiles qui composent la galaxie !
Deux supernovae en trois mois :
En 2021, NGC 3147 a déjà produit deux supernovae. C’est d’abord SN 2021do qui a été détectée le 02 janvier 2021 dans le cadre du Zwicky Transient Facility, un programme d’observation du ciel à grand champ entrepris à l’observatoire du mont Palomar (États-Unis).
Puis, SN 2021hpr a été découverte exactement trois mois plus tard, le 02 avril 2021, par Koichi Itagaki. On peut suivre l’actualité concernant ces deux supernovae sur la page que leur consacre la Rochester Academy of Science.
Phare galactique :
Si SN 2021do est désormais plus faible que la magnitude 18, la supernova SN 2021hpr continue d’augmenter d’éclat. Au moment de la rédaction de cet article, sa magnitude est de 14, ce qui la rend spectaculaire. Sur le cliché du Gemini Astronomical Observatory ci-dessus, la supernova brille à 130 millions d’années-lumière autant que les autres étoiles présentes dans le champ. Ces dernières sont pourtant beaucoup plus proches puisqu’elles font partie de notre Voie lactée. Elles se situent donc à seulement quelques dizaines ou centaines d’années-lumière. Imaginez donc !
Dans le calendrier lunaire musulman, le 13 avril 2021 est le premier jour du mois de Ramadan. Cette date dépend du retour de la Lune.
Fin croissant à saisir :
Les éphémérides nous l’enseignent : la Nouvelle Lune s’est produite le lundi 12 avril 2021 à 2 heures 31. En théorie, le premier croissant pouvait être observable dans la soirée du 12. En pratique, son repérage moins de 20 heures après la Nouvelle Lune est très délicat. Particulièrement fin, l’arc lunaire est en effet noyé dans la luminosité du ciel. Il faut alors le rechercher aux jumelles dans un ciel exempt de toute brume. En février 2015, j’avais eu la chance de photographier un croissant âgé de 18 heures seulement, ce qui reste mon record à ce jour.
C’est donc dans la soirée du 13 avril 2021 que l’on pouvait espérer voir facilement le premier croissant de cette nouvelle lunaison. Il était effectivement bien visible au-dessus de l’horizon OUEST un peu après le coucher du Soleil. Le voici photographié au-dessus des Monts du Beaujolais avec un boîtier Nikon D7100. La focale de l’objectif est de 300 millimètres, pose de 1 seconde à 2000 iso.
Ce mois d’avril, les musulmans attendaient l’observation de ce mince croissant pour démarrer le Ramadan. Comme le préconisait le Prophète : “ne jeûnez que lorsque vous verrez le croissant lunaire et rompez le jeûne lorsque vous le verrez aussi”. Continuer la lecture →
“Marche à l’étoile” nous raconte les belles rencontres que fait Stephen Rater, un marcheur qui partage sa passion pour l’astronomie.
Marcher la tête dans les étoiles :
Si vous aimez randonner, peut-être croiserez-vous Stephen Rater sur les chemins. Vous serez sans doute surpris par la taille de son sac à dos. Il faut dire que, en plus de ses effets personnels, il y met aussi un télescope de 15 centimètres de diamètre. À 31 ans, Stephen a comme passions le trekking et l’astronomie. Comment concilier les deux ? en créant AstroBivouac. De petits séjours pendant lesquels Stephen vous propose d’aller marcher en forêt, en montagne.
Et quand arrive l’heure du bivouac, le marcheur se fait astronome et vous fait découvrir les beautés du ciel nocturne. Lune, Voie lactée, planètes, constellations, Stephen sait captiver son auditoire et lui mettre des étoiles plein les yeux. Continuer la lecture →
Les planètes géantes gazeuses sont de retour en fin de nuit ! Et le vieux croissant de Lune est venu les saluer à l’aube de ce 7 avril.
Fin de lunaison :
Avant la Nouvelle Lune du 12 avril, c’est en fin de nuit qu’il faut rechercher le croissant de Lune. La scène se déroule sur l’horizon EST, et la grosse virgule lunaire est accompagnée par la lumière cendrée. Un spectacle dont on ne se lasse pas et qui fascinait déjà Léonard de Vinci. Cette délicate lueur qui éclaire le reste du disque lunaire s’apprécie encore mieux avec une paire de jumelles.
Mais ce matin 7 avril, c’est la présence de Jupiter et Saturne qui attirait les regards. Après leur Grande conjonction de décembre, les planètes géantes gazeuses sont de retour. De quoi réjouir tous les astronomes amateurs de visions planétaires. Continuer la lecture →
Les géologues les ont surnommées Irregular Mare Patches (IMP). Ces zones volcaniques lunaires encore mal connues restent une énigme.
Paysages lunaires :
Tout a commencé en 1971. Au cours de leur survol lunaire, les astronautes de la mission Apollo 15 ont photographié une étrange structure. Il s’agit d’une caldeira située au SUD-EST de la chaîne des Apennins lunaires, dans le Lacus Felicitatis. Elle est très difficile à observer depuis la Terre en raison de sa petite taille (moins de 3 kilomètres) et de son faible contraste. L’orbiteur LRO a pu ultérieurement nous en offrir des clichés détaillés.
Cette dépression surnommée Ina est constituée de plusieurs zones lisses et rugueuses. Les zones lisses sont des collines avec des sommets plats, les zones rugueuses sont en revanche un peu plus basses. Continuer la lecture →
Les orages s’accompagnent parfois de brefs phénomènes lumineux. Voici un sprite rouge et un jet bleu photographiés au sommet du Mauna Kea.
Un observatoire sur un volcan :
Le Mauna Kea est un volcan bouclier endormi âgé de près d’un million d’années. Situé sur l’île d’Hawaii, il culmine à 4.207 mètres d’altitude et sa dernière éruption remonte à environ 4.500 ans. Son sommet, régulièrement au-dessus des nuages, offre l’un des meilleurs sites d’observations astronomiques de l’hémisphère nord.
On y a installé un observatoire dans lequel différentes coupoles abritent une dizaine d’instruments. La France dispose là-bas d’un télescope de 3,6 mètres de diamètre, le CFHT. Continuer la lecture →
"J'ai en moi un besoin terrible. Dirais-je le mot? La religion. Alors, je sors la nuit et je peins des étoiles." Vincent van Gogh