La comète C/2017 K2 (Panstarrs) se rapproche de nous, une aubaine pour les astrophotographes qui ont quelques semaines pour l’immortaliser.
Une grosse mais lointaine comète :
La comète non périodique C/2017 K2 (Panstarrs) a été découverte en 2017 alors qu’elle se trouvait entre Saturne et Uranus. À l’époque, c’était déjà une comète très active. Ce qu’a confirmé par la suite le télescope Hubble en photographiant autour de son noyau un halo gazeux dont le diamètre avoisine 100.000 kilomètres ! Ce noyau est sans doute assez gros, de l’ordre d’une quarantaine de kilomètres de diamètre. C’est comparable à celui de la grande comète Hale-Bopp et quatre fois plus que celui de la comète de Halley.
Visible avant l’aube, le Grand alignement des planètes du Système solaire reçoit cette semaine la visite de la Lune décroissante.
Effet de perspective :
Depuis le début du mois, les planètes se regroupent dans le ciel du matin. Ce Grand alignement, qui n’est observable que par un effet de perspective, ne se reproduira pas avant l’an 2124, le précédent ayant eu lieu en 1997. En partant de l’horizon Est, vous pouvez admirer successivement Mercure, Vénus, Mars, Jupiter et Saturne. Vous remarquerez au passage que les cinq planètes sont disposées dans leur ordre d’éloignement par rapport au Soleil. Uranus et Neptune sont également présentes, mais trop faibles pour être visibles sans instrument :
Cette semaine, la Lune décroissante vient se glisser au milieu de ce Grand alignement :
Le 18 et le 19 à l’aube, notre satellite naturel est passé quelques degrés sous Saturne.
Le 21 et le 22 à l’aube, on retrouve le Dernier Quartier du côté de Jupiter.
Le 23 à l’aube, le gros croissant lunaire passe à un degré environ de la planète Mars. Une occultation de la Planète rouge est même observable dans le Sud de l’océan Pacifique.
Le 24, les observateurs situés en Indonésie peuvent suivre l’occultation d’Uranus par la Lune.
Le 26 à l’aube, le fin croissant de Lune se trouve à moins de deux degrés de Vénus, et le 27 à moins de quatre degrés de Mercure.
Observée sur Jupiter depuis plus de 350 ans, la célèbre Grande Tache rouge poursuit inexorablement sa cure d’amincissement.
Anticyclone géant :
C’est la plus célèbre tempête de tout le Système solaire. La GTR (Grande Tache rouge) est un gigantesque anticyclone orangé que l’on observe sur Jupiter. Sa couleur pourrait s’expliquer par l’action des rayons cosmiques sur les molécules d’hydrosulfure d’ammonium qui remontent du fond de la Tache jusqu’à sa surface. La découverte de la GTR par le français Jean-Dominique Cassini date de 1665. Depuis, les astronomes n’ont jamais cessé de l’étudier :
L’astrophotographe Dario Giannobile a immortalisé la dernière Pleine Lune au-dessus des nuages de cendre expulsés par l’Etna.
Un géant sous la Lune :
L’Etna est le plus haut volcan actif d’Europe avec ses 3.357 mètres d’altitude. Le 12 mai dernier, le géant sicilien a signé son énième réveil par des émissions de cendres et une petite coulée de lave. Bien que les habitants de Catane, la ville voisine, soient habitués aux toussotements de l’Etna, c’est chaque fois la même question : faut-il craindre une grande éruption ? Cela n’a pas été le cas cette fois-ci. Néanmoins, les émissions de gaz et de cendres se poursuivent toujours. Une situation qui a inspiré Dario Giannobile (voir son site internet) :
L’astrophotographe s’est donc installé sur la côte Ouest du volcan pour assister au lever de la Pleine Lune de juin. Il a composé son image finale en additionnant un cliché de la Lune et quatorze clichés du paysage. Ces quatorze clichés étaient nécessaires pour donner cet effet éthéré au nuage de cendres.
Dario Giannobile fait partie de ces photographes qui mettent en valeur le patrimoine nocturne à travers leurs images. Une démarche qui n’est pas sans rappeler le travail de Babak Tafreshi ou encore Jeff Day, membres du collectif TWAN (The World At Night).
La Pleine Lune a traversé le ciel en rase-motte la nuit dernière en direction du Sud. C’était la plus basse Pleine Lune de l’année.
Une Pleine Lune au plus bas :
Si vous avez regardé le ciel la nuit dernière, vous avez sans doute remarqué que la Pleine Lune passait en rase-motte plein Sud. La hauteur de notre satellite naturel varie en effet durant la lunaison, et se décale au fil du temps. La plus haute Pleine Lune (70 degrés au-dessus de l’horizon Sud) est observable entre novembre et janvier. La plus basse (22 degrés au-dessus de l’horizon Sud) entre mai et juillet. Cette année, c’est durant la nuit du 14 au 15 juin que le phénomène avait lieu :
Cette Pleine Lune était aussi celle des fraises. Un surnom que lui a valu la couleur rouge qu’elle prend parfois à l’époque du solstice d’été, quand elle se lève à la fin d’une chaude journée. On observe le même phénomène avec le Soleil. Il s’agissait également d’une Super Lune, qualificatif qu’on lui attribue quand son diamètre apparent dépasse 33 minutes d’arc. La Pleine Lune du 13 juillet prochain sera un peu plus près de nous, donc encore un peu plus grosse.
C’est l’une des plus brillantes étoiles de notre Galaxie. Grâce au télescope Hubble, on peut admirer AG Carinae avec un luxe de détails.
Un phare dans la Galaxie :
Perdue dans la constellation australe de la Carène, AG Carinae (AG Car) pourrait passer inaperçue. Sa magnitude variant de 6 à 9, elle n’est même pas visible à l’œil nu. Il s’agit pourtant d’une des étoiles les plus brillantes de notre Galaxie, la Voie lactée. Son rayonnement est un million de fois supérieur à celui du Soleil ! Si nous ne percevons pas cette intensité, c’est tout simplement parce que 20.000 années-lumière nous séparent de AG Carinae :
Quand on regarde une étoile dans un télescope d’amateur, on ne voit qu’un point lumineux. On a beau utiliser le plus fort grossissement disponible, impossible d’obtenir plus de détails. Mais si vous avez le privilège de pouvoir utiliser un grand télescope installé dans l’espace, il en va tout autrement. Continuer la lecture de Voyage au cœur de l’étoile supergéante AG Carinae→
La galaxie lenticulaire Centaurus A est un objet cosmique singulier. Elle est en train d’avaler une galaxie spirale sous nos yeux.
Cliché professionnel :
L’astrophotographe Wolfgang Promper (Astro-Pics) vient de réaliser une époustouflante image de Centaurus A. Il faut dire qu’il ne lésine pas sur le matériel : cinq heures de poses avec un télescope de 60 centimètres de diamètre sous le ciel noir de la Namibie ! Et le résultat vaut largement ce qu’on obtient dans les grands observatoires, comme ici à l’ESO. Un investissement conséquent, à la hauteur de l’énigmatique galaxie :
L’éclipse de Lune du 16 mai 2022 a été photographiée en Antarctique par un astronome depuis la base Amundsen-Scott.
Observatoire austral :
La base antarctique Amundsen-Scott (ASSPS) est une station de recherche américaine située au pôle Sud. Elle porte le nom de deux célèbres explorateurs, Roald Amundsen et Robert F. Scott. Ils atteignirent le pôle respectivement en décembre 1911 et janvier 1912 :
Parmi les formations lunaires qui suscitent encore des interrogations, les cratères Messier tiennent une place de choix.
Un nom évocateur :
Quand on parle de Messier, on pense d’abord au célèbre catalogue qui recense les principaux objets nébuleux du ciel nocturne. Ce qu’on sait moins, c’est que l’astronome français Charles Messier (1730-1817) a également son nom sur la Lune. Tous les possesseurs d’une lunette astronomique ont déjà observé une curieuse formation dans la Mer de la Fécondité :
Il s’agit de deux cratères allongés dans le prolongement desquels s’étirent des trainées claires, le tout disposé selon un axe Est-Ouest. À l’époque de la Pleine Lune, l’ensemble devient très brillant, signe de la jeunesse (relative) de cette formation :
En ce mois de juin 2022, toutes les planètes du Système solaire se regroupent dans le ciel de l’aube, nous offrant leur grande parade.
Spectacle matinal :
C’est une grande parade à laquelle nous convient toutes les planètes du Système solaire durant ce mois de juin 2022. Et ça tombe bien, puisque le spectacle a lieu à l’époque des plus courtes nuits de l’année. Oubliez la Voie lactée et ses nébuleuses que vous retrouverez cet été, et concentrez-vous sur les premières heures de l’aube. Alors que le ciel commence à pâlir, des astres errants vous attendent à l’Est. De Mercure à Saturne, les sept planètes du Système solaire s’échelonnent le long de l’écliptique :
Depuis l’Observatoire du Cerro Tololo au Chili, Babak Tafreshi a utilisé un objectif fisheye pour immortaliser la Voie lactée.
Observatoire chilien :
Le CTIO (Cerro Tololo Inter-American Observatory) est installé à 2.200 mètres d’altitude sur le Cerro Tololo. C’est l’un des sommets qui encadrent la vallée de l’Elqui au Chili. L’air y est très sec et la pollution lumineuse absente. C’est ce qui explique la présence d’autres installations astronomiques dans la région. Le Gemini sud et le LSST (Large Synoptic Survey Telescope) sont construits sur un autre sommet, le Cerro Pachón. Le CTIO est l’un des quatre observatoires rassemblés au sein du NOAO.
Le 27 mai, l’astrophotographe Quentin Gineys a immortalisé l’occultation de Vénus par la Lune depuis l’Île de la Réunion.
Spectacle rare :
L’astrophotographe Quentin Gineys (voir son site internet), a assisté au passage de la planète Vénus derrière la Lune. Le phénomène a eu lieu le 27 mai dernier. Comme je vous l’avais expliqué ici, depuis la France on pouvait observer une conjonction serrée entre les deux astres. C’est par exemple ce qu’a photographié Pierre Walcho en Alsace (voir son image). Mais pour les observateurs comme Quentin Gineys installés à la Réunion, Vénus disparaissait derrière la Lune :
Le 27 mai à l’aube, la Lune et Vénus nous proposeront leur plus beau rapprochement apparent pour cette année 2022.
Flirt céleste :
Les photographes vous le diront : chaque rencontre entre la Lune et Vénus est un spectacle. Bien entendu, le rapprochement des deux astres n’est qu’apparent. Ce 27 mai par exemple, Vénus sera environ 400 fois plus éloignée de nous que le croissant lunaire. Mais la brillance de la seconde planète du Système solaire (magnitude -4,1 actuellement) lui permet de rivaliser avec le croissant lunaire :
Un astrophotographe a immortalisé la capsule Starliner alors qu’elle s’approchait de la Station spatiale internationale.
Exploit photographique :
Poursuivre au télescope la Station spatiale internationale qui file à 28.000 km/h au-dessus de nos têtes est devenu le passe-temps de quelques photographes. En janvier 2021, je vous avais présenté l’époustouflant cliché réalisé par Michael Tzukran. Cet astronome amateur israélien avait développé un programme informatique pour suivre l’ISS avec un télescope de 35 centimètres de diamètre motorisé. Cette fois, c’est Nagy Szabolcs (Space Station Guys) qui a frappé très fort. Il est parvenu à immortaliser l’approche de la capsule Starliner le 20 mai (en vidéo). 200 mètres séparent la capsule de la Station à ce moment-là :
Les moyens techniques de Nagy Szabolcs sont beaucoup plus modestes que ceux de son collègue Michael Tzukran. Pour réaliser cette incroyable image (depuis Londres), il suivait manuellement la capsule derrière l’ISS avec son télescope de 25 centimètres de diamètre équipé d’une caméra. Continuer la lecture de Stupéfiant : un amateur filme la capsule Starliner derrière l’ISS→
Niché dans la constellation de la Vierge, un immense amas de galaxies ne cesse de fasciner les astronomes depuis sa découverte par Messier.
Une constellation difficile à visualiser :
Coincée entre le Lion à l’Ouest et la Balance à l’Est, la Vierge a une forme peu évocatrice. Cette grande constellation (la plus étendue après l’Hydre), n’évoque guère les grandes déesses de l’Antiquité qui y sont associées. Heureusement que sa plus brillante étoile, Spica, est facilement repérable. Pour la dénicher, partez de la Grande Ourse. Suivez l’arc de cercle formé par le manche de la « casserole » jusqu’à Arcturus (Bouvier). Dans le prolongement de cet arc, vous trouverez Spica.
Fin avril, j’ai pu photographier la Vierge depuis un étang dans la Vienne. Merci à ma compagne Christine qui a participé à la composition de cette image (30 secondes de pose à 4000 iso, Nikon D7100, objectif 12 millimètres de focale ouvert à 3,5). Les annotations sont de Jean-François que je remercie également. Continuer la lecture de Des milliers de galaxies se cachent dans la Vierge→
Sur la planète Mars, chaque paréidolie excite l’imagination. Dernière illusion en date, une porte photographiée par le rover Curiosity.
Fausse porte, vraie paréidolie :
Avez-vous vu la photographie d’une porte sur la planète Mars ? Réalisée le 7 mai dernier par l’astromobile Curiosity, cette image peut surprendre. Les petits hommes verts auraient-ils creusé un passage dans la roche martienne ? Pour les scientifiques, il s’agit très probablement d’une fracture dans une paroi de Greenheugh Pediment, une zone géologique que le rover américain est en train d’explorer :
Alors, pourquoi voyons-nous une porte ? C’est une simple paréidolie, un phénomène au cours duquel notre cerveau associe une forme familière à une image. C’est pour la même raison que nous voyons des contours d’animaux quand nous regardons les nuages. Et ce n’est pas la première fois que la surface de Mars nous joue des tours avec de drôles d’illusions d’optique. Continuer la lecture de Illusions martiennes : un visage, un cercueil, et une porte !→
Sous le ciel étoilé de l’archipel des Canaries, les astrophotographes ont immortalisé l’éclipse de Lune du 16 mai au milieu des étoiles.
Voyage astronomique :
L’astronome amateur Philippe Morel l’avait annoncé : pour observer l’éclipse de Lune du 16 mai, le meilleur rapport distance à parcourir/qualité du spectacle se trouvait aux Canaries. Outre la probabilité d’une météo excellente, l’archipel espagnol situé au large du Maroc permettait de suivre cet événement astronomique beaucoup plus longtemps en raison de sa position extrême au Sud-Ouest de l’Europe.
La Pleine Lune dans les étoiles :
Plusieurs astrophotographes avaient donc fait le déplacement, et bien leur en a pris. La France, comme la Belgique, ont une nouvelle fois subi les aléas de la météo. En outre, les sommets des Îles Canaries accueillent plusieurs observatoires, dont le fameux GranTeCan. L’assurance d’un ciel préservé de toute pollution lumineuse.
Cette éclipse s’annonçait particulièrement sombre, en raison des poussières éjectées dans l’atmosphère par le volcan des Tonga. C’est ce qui a permis de photographier la Pleine Lune éclipsée avec les mêmes temps de pose que pour les ciels étoilés.
Patience, patience :
Comme nous le précise l’IMCCE, il nous faudra attendre le 7 septembre 2025 pour pouvoir observer la prochaine éclipse totale de Lune en Europe. D’ici là, ceux qui n’ont pas eu la chance de pouvoir observer celle de ce 16 mai 2022 pourront toujours se répéter le vieil adage : l’astronomie est l’école de la patience !
C’est le spectacle astronomique de ce mois : à l’aube du 16 mai, nous assisterons à une éclipse totale de Lune. Comment la photographier ?
Spectacle pour tous :
Vous serez sans doute nombreux à vouloir photographier l’éclipse totale de Lune du 16 mai 2022. C’est l’un des plus beaux spectacles astronomiques et on peut facilement l’admirer.
Pas besoin de parcourir des milliers de kilomètres comme c’est le cas pour les éclipses de Soleil (voyez celle du 30 avril au Chili). Pas besoin non plus d’un télescope pour l’observer : le phénomène est visible à l’œil nu, un peu mieux dans une paire de jumelles. Enfin, l’observation d’une éclipse de Lune est sans danger, alors qu’une éclipse de Soleil nécessite des filtres de protection. Je ne reviendrai pas sur le déroulement de cette éclipse : je vous renvoie vers l’excellent article que Stelvision a publié pour l’occasion. Vous trouverez également des infos et des simulations sur In-The-Sky.org. Je vais plutôt vous expliquer comment photographier ce beau phénomène.
Au huitième jour de la lunaison, les premiers rayons du Soleil illuminent le cratère Clavius. Un spectacle à ne pas manquer !
Un autre regard sur la Lune :
Ceux qui pensent que l’observation de la Lune est monotone n’ont sans doute jamais assisté au lever de Soleil sur Clavius. Il faut dire que le phénomène ne dure que quelques heures. Mais avant de vous le présenter, je vous propose de faire connaissance avec cette formation. Clavius est l’un des plus célèbres cratères lunaires. Avec un diamètre de 225 kilomètres, on le classe parfois dans la catégorie des plaines murées. Vous n’aurez aucun mal à le découvrir dans une petite lunette astronomique ou même une simple paire de jumelles. Son arène est localisée à proximité du pôle Sud :
Dans le champ de NGC 7331, une belle spirale située du côté de Pégase, on observe plusieurs autres galaxies, en réalité bien plus éloignées.
Carte d’identité :
NGC 7331 a été découverte le 6 septembre 1785 par l’astronome germano-britannique William Herschel. Cette belle galaxie spirale de magnitude 10 fait partie de l’imposant New General Catalogue of Nebulae and Clusters of Stars qui regroupe près de 8.000 objets du ciel profond. Initié par l’astronome irlando-danois John Dreyer, ce catalogue fit l’objet d’une première édition en 1888. La galaxie est également référencée comme Caldwell 30 dans le catalogue de Patrick Moore.
NGC 7331 se situe dans la constellation de Pégase, au Sud d’Andromède. Sous un bon ciel et avec un gros télescope, la galaxie révèle son fuseau lumineux sur 10X4 minutes d’arc. Dans les années 1930, l’astronome américain Edwin Hubble proposa de classer les galaxies selon des critères morphologiques. Caldwell 30 appartient à la catégorie SAb, une galaxie spirale intermédiaire entre galaxie spirale régulière et galaxie spirale barrée. Continuer la lecture de NGC 7331, une galaxie spirale bien entourée dans Pégase→
"J'ai en moi un besoin terrible. Dirais-je le mot? La religion. Alors, je sors la nuit et je peins des étoiles." Vincent van Gogh