Une éclipse de Lune, le retour de Mercure, l’opposition de Saturne et une prometteuse comète sont au menu de ce mois de septembre 2024.
Ombre terrestre sur la Lune :
En septembre 2024, nous assisterons à une nouvelle éclipse partielle de Lune. Elle se produira avant l’aube le mercredi 18. Peu après quatre heures du matin, la Lune entamera sa traversée du cône de pénombre terrestre. C’est à 04 heures 45 qu’aura lieu le maximum de l’éclipse. Nous verrons alors une échancrure sombre sur le bord lunaire :
Pour tout savoir sur ce phénomène, consultez l’article que Stelvision lui consacre. Ce mois de septembre 2024 sera également l’occasion de profiter de l’opposition de Saturne. La planète gazeuse géante, dont les anneaux se referment lentement, est au plus près de la Terre. Enfin la comète C/2023 A3 pourrait nous offrir un joli spectacle (à lire ici). Utilisez une application comme Stellarium pour vous repérer dans le ciel nocturne. Continuer la lecture →
George Alcock a été l’un des plus prolifiques observateurs du ciel, réalisant ses nombreuses découvertes avec de simples jumelles.
Une comète derrière la vitre :
Tout comme Patrick Moore, George Alcock aura marqué de son empreinte l’astronomie britannique du XXe siècle. Son nom est irrémédiablement associé à la comète C/1983 H1 (IRAS-Araki-Alcock). George Alcock la découvrit le 3 mai 1983, indépendamment du japonais Genichi Araki et du satellite IRAS. Alcock avait alors 71 ans. Il venait de dénicher sa cinquième comète en observant derrière une fenêtre fermée avec une simple paire de jumelles 11X80 (grossissement de 11 fois et diamètre de 80 millimètres).
Jeune observateur à l’époque, je me souviens de cet astre chevelu de magnitude 3 visible à l’œil nu comme un petit nuage diffus. La comète se déplaçait très vite (deux degrés par heure) devant les étoiles de la Grande Ourse. Grâce à un passage à seulement 0,031 UA de la Terre le 11 mai, il fut possible de détecter du soufre diatomique (S2) dans la chevelure de la comète et de mesurer la taille de son noyau (entre 5 et 8 km).
Des comètes aux novae :
Pour George Alcock, C/1983 H1 arrivait après plusieurs décennies d’observations et de découvertes, toutes réalisées depuis sa maison ou son jardin avec différentes paires de jumelles. Né à Peterborough le 28 août 1912, il assista à l’éclipse partielle de Soleil du 8 avril 1921 avec ses camarades de classe. Mais c’est l’observation d’un bolide (un météore plus brillant que Vénus) en décembre 1930 qui le décida à rejoindre la British Astronomical Association. Il se lança alors assidument dans l’observation des étoiles filantes jusque dans les années 1950, avant de se tourner vers la chasse aux comètes.
Sa petite lunette de 75 millimètres de diamètre étant insuffisante, il acheta en janvier 1959 une paire de jumelles 25X105. Six mois plus tard, il découvrit ses deux premières comètes : C/1959 Q1 le 24 août et C/1959 Q2 six jours plus tard. Ce sera ensuite C/1963 F1 le 1er mars 1963 et C/1965 S2 le 26 septembre 1965. Sa parfaite connaissance du ciel (il avait mémorisé l’emplacement de plusieurs milliers d’étoiles) lui permit de découvrir également plusieurs novae en 1967, 1968, 1970 et 1976. Il fit sa dernière découverte (Nova Herculis 1991) à 78 ans avec une petite paire de jumelles 10X50 !
Découverte par des amateurs équipés de puissants télescopes, une tempête de sable prend de l’ampleur sur la lointaine planète Mars.
Mars se réchauffe :
Comment une tempête de sable prend-elle naissance sur Mars ? Imaginez que la Planète rouge se rapproche du Soleil comme c’est le cas depuis le mois de mai 2024. Le réchauffement du sol gelé provoque une rapide sublimation du dioxyde de carbone qui s’y était déposé durant l’hiver martien. Cette sublimation entraîne la formation de courants thermiques entre les régions recouvertes de givre et celles qui dégèlent. Les ingrédients se trouvent alors réunis pour donner naissance à de puissantes tempêtes :
#Mars on August 21st https://t.co/ZfxBI939cl Reasonable seeing. Bright and extensive dust clouds across Chryse on the limb extending toward Sinus Meridiani near centre. C14 with Uranus-C camera. pic.twitter.com/J73zRwS0Tb
Les poussières de sable sont soulevées sur plusieurs milliers de mètres d’altitude. Elles sont ensuite transportées sur de grandes distances par des vents dont la vitesse peut parfois dépasser 100 kilomètres/heure. La tempête peut durer des semaines et s’étendre à toute la planète, comme ce fut le cas en 2018.
En août, le Dernier Quartier de Lune nous réserve une jolie surprise en traversant l’amas des Pléiades, un spectacle à suivre aux jumelles.
Le ciel aux jumelles :
On ne le répètera sans doute jamais assez, l’astronomie se pratique d’abord avec une paire de jumelles. Lisez par exemple mon test des Yeux de hibou. Utilisation des deux yeux, clarté, grand champ, image redressée conforme à ce qu’on voit à l’œil nu… sont quelques-unes des qualités de cet instrument. Le 26 août avant l’aube, ce sera le moment de sortir la paire sagement rangée dans un tiroir. La Lune, à son Dernier Quartier, a en effet la bonne idée de passer devant l’amas d’étoiles des Pléiades :
Il faudra environ deux heures à la Lune (entre quatre et six heures du matin) pour traverser le sud de l’amas et en occulter les étoiles. Continuer la lecture →
Un groupe d’astronomes amateurs a suivi les variations d’éclat de (761) Brendelia. Verdict : il pourrait s’agir d’un astéroïde double.
Trafic dans la ceinture principale :
(761) Brendelia fait partie de la ceinture principale d’astéroïdes entre les orbites des planètes Mars et Jupiter. Repéré le 8 septembre 1913, son nom fait référence à l’astronome allemand Otto Brendel. Cette ceinture contient plusieurs millions de petits corps dont le plus imposant, Cérès, fut découvert en 1801. Depuis quelques années, les astronomes amateurs traquent les astéroïdes. Dans leurs déplacements, ces derniers ont parfois la bonne idée d’occulter une étoile :
Mais il est également possible d’assurer un suivi photométrique de ces petits corps sur le long terme. Objectif : détecter de très faibles fluctuations de luminosité en lien avec leur rotation. C’est le travail que mène le G.O.R.A. , un groupe argentin spécialisé. Il rapporte une série de mesures concernant (761) Brendelia. Les variations d’éclat observées laissent penser que cet astéroïde serait double. Continuer la lecture →
Ce mercredi 21 août 2024, ceux qui n’étaient pas sous les nuages ont pu profiter d’une très belle occultation de Saturne par la Lune.
Spectacle étonnant :
Les astronomes étaient nombreux cette fin de nuit derrière leurs télescopes. En raison d’une météo capricieuse, tous n’ont pas eu la chance d’assister à la disparition de Saturne derrière la Lune. Cette occultation à l’aube du 21 août 2024 était l’une des belles surprises que nous offre régulièrement la mécanique céleste :
Les deux astres étant lumineux, on pouvait même observer l’occultation en ville avec une simple paire de jumelles. Les astrophotographes en ont profité pour immortaliser ce spectacle, chacun essayant de gérer au mieux la différence d’éclat entre Saturne et la Lune presque pleine :
La prochaine occultation de ce type observable en France aura lieu dans la soirée du 4 janvier 2025. La Lune sera alors beaucoup plus mince, deux jours avant le Premier Quartier. Mais cette fois encore, c’est la météo qui décidera du sort des observateurs !
La Pleine Lune s’est levée durant la soirée du 19 août dans un ciel brumeux, chargé des fumées des incendies canadiens.
Feux hors de contrôle :
Depuis plusieurs semaines, d’immenses incendies ravagent le parc national Jasper au Canada. Transportées par un flux d’ouest océanique, les fumées de ces incendies survolent actuellement la France. Voilà pourquoi le ciel a un aspect laiteux. Cette brume modifie la teinte du Soleil et de la Lune, surtout lorsqu’ils sont proches de l’horizon. Les couleurs de ces astres sont alors accentuées, comme le montrent ces images réalisées hier soir à quelques minutes d’intervalle :
Ces clichés ont été pris depuis le Beaujolais avec un boîtier Panasonic FZ 82 (sur trépied) et son zoom de 1200 millimètres. Notez au passage que les médias avaient annoncé une Super Lune. Il s’agit simplement d’une Pleine Lune proche de son périgée. Elle se caractérise alors par un diamètre apparent de plus de 33 minutes d’arc, indécelable à l’œil nu. Seule la comparaison de deux clichés (Lune au périgée/Lune à l’apogée) permet de faire la différence. La plus proche Pleine Lune de l’année aura lieu le 18 septembre prochain.
C’est l’événement astronomique de l’été : le mercredi 21 août à l’aube, la Lune occultera Saturne. Un phénomène à ne pas manquer.
Spectacle pour tous :
Le mercredi 21 août 2024, un peu avant 5h30 du matin, la Lune avalera Saturne. Nous verrons alors la célèbre planète aux anneaux disparaître pendant une heure derrière notre satellite naturel. Cette occultation, fruit de la mécanique céleste, est un phénomène rare, le seul observable en France cette année :
Il ne faut donc surtout pas rater ce spectacle, d’autant plus que son observation est à la portée de tous :
l’occultation est facile à localiser puisqu’il suffit de pointer la Lune
le phénomène concerne deux astres brillants, il peut donc s’observer même en ville, depuis une fenêtre ou un balcon
aucun instrument coûteux n’est requis, on peut l’admirer aux jumelles si on ne dispose pas d’un télescope.
Le spectaculaire rapprochement Mars-Jupiter a tenu ses promesses, sous le regard bienveillant de l’amas d’étoiles des Pléiades.
Rencontre planétaire :
Ce n’était pas gagné ! Pourtant, après une nuit d’orages, le ciel s’est dégagé pour me laisser admirer le rapprochement très serré entre les planètes Mars et Jupiter (la plus brillante), le tout sous l’amas d’étoiles des Pléiades. Ce cliché (une seule pose de 15 sec à 800 iso, boîtier Nikon D3200 et focale de 27 millimètres) en atteste, alors que l’on distingue le front nuageux qui s’évacue vers l’Est :
Dans le champ de l’oculaire du télescope (avec un grossissement de 50 fois), le spectacle était étonnant. Imaginez le petit point orangé de Mars à côté de Jupiter avec ses quatre satellites alignés. Une capture d’écran de Stellarium donne une idée de ce qui attendait l’observateur :
Demain, vous pourrez encore profiter de ce rapprochement apparent. Puis vous verrez les deux astres s’éloigner un peu plus chaque fin de nuit. Mais ils ne nous quitteront pas pour autant. Jupiter comme Mars continuent de se rapprocher de nous. La première sera à l’opposition le 7 décembre, la seconde le 16 janvier 2025. En attendant, je vous donne rendez-vous le 21 août avant l’aube pour admirer l’occultation de Saturne par la Lune. Un événement que je vous présenterai prochainement.
Dans la Grande Ourse, impossible de rater la galaxie spirale NGC 3184 à côté de la brillante étoile Tania Australis.
Pointage facile :
Avec Tania Australis, les astronomes amateurs sont gâtés ! Cette étoile, appelée également Mu Ursae Majoris, brille avec une magnitude de 3 juste à côté de NGC 3184. Autant dire que le pointage de cette petite galaxie spirale devient un jeu d’enfant. Le cliché de l’astrophotographe Tommaso Massimo Stella met en perspective ces deux objets célestes :
Mais ne vous y trompez pas, leurs distances à la Terre sont très différentes. Tania Australis se situe à environ 230 années-lumière (AL) selon les données du satellite Hipparcos. La galaxie, quant à elle, pointe à près de 40 millions d’AL ! Sa magnitude proche de 10 la rend bien pâlotte à côté de Mu Ursae Majoris, comme on le constate sur ce dessin réalisé par Bertrand Laville. Continuer la lecture →
Les nuits prochaines seront propices à l’observation des Perséides. Mais un rapprochement Mars-Jupiter devrait aussi retenir votre attention.
Rendez-vous incontournable :
C’est une tradition désormais bien établie : chaque mois d’août, les astronomes amateurs ont rendez-vous avec les Perséides. Ces étoiles filantes sont les restes poussiéreux abandonnés le long de son orbite par la comète Swift-Tuttle. Ils viennent se consumer dans l’atmosphère terrestre entre le 17 juillet et le 24 août avec un maximum d’activité dans la nuit du 12 au 13 août. On leur donne le nom de Perséides car le radiant (l’endroit d’où elles semblent jaillir) est localisé dans la constellation de Persée :
Une météo en général clémente et une période de grandes vacances expliquent l’intérêt porté à cet essaim. Confortablement installé dans une chaise longue, vous pourrez guetter ces fugaces trainées. Mais si vous observez en fin de nuit, un curieux spectacle devrait attirer votre attention. Continuer la lecture →
Très photogénique, le moulin de Puimichel fait un excellent premier plan pour une image nocturne avec la Voie lactée.
Village perché :
Si vous vous rendez à Puimichel, ne manquez pas le joli moulin à vent. Dans ce petit village des Alpes-de-Haute-Provence, on y a fabriqué de la farine jusqu’à la fin du XVIIIe siècle. Laissé à l’abandon depuis, il avait besoin d’une bonne restauration. C’est chose faite : il vient de retrouver ses ailes à barreaux. C’est là-dessus que le meunier installait la toile qui allait assurer une bonne prise au vent. Début juillet 2024, juste après le retrait des échafaudages, j’ai photographié le moulin à la tombée de la nuit :
L’image a été réalisée avec un boîtier Nikon D7100, un objectif de 14 millimètres de focale et une pose unique de 30 secondes à 3200 iso. La Voie lactée semble plonger en direction du moulin. À sa droite, on reconnaît les étoiles de la constellation du Scorpion et la supergéante rouge Antarès. Notez que Puimichel est un village dédié à l’astronomie, puisqu’on y compte pas moins de six coupoles, dont celle qui abrite le plus gros télescope d’Europe accessible au public.
Connue par les amateurs de préhistoire, la commune de Tautavel accueille aussi un festival qui met à l’honneur l’astronomie en Occitanie.
Site préhistorique… :
Dans le département des Pyrénées-Orientales, en région Occitanie, la commune de Tautavel doit sa renommée à la Caune de l’Arago. Ce site est mondialement connu pour les fouilles archéologiques qui y sont menées depuis plusieurs décennies. En 1971, l’équipe du professeur Henry de Lumley a découvert des fragments de crâne humain dans une grotte perchée :
Datant d’environ 450.000 ans, les restes de cet Homo heidelbergensis (que l’on a surnommé l’Homme de Tautavel) ont fait la notoriété du village.
… et festival renommé :
Pour les amoureux des étoiles, Tautavel est aussi un rendez-vous incontournable. La commune accueille chaque été un festival d’astronomie dont c’était la 17ème édition cette année. Cet événement est porté depuis sa création par Cyril Calvet. Astronome amateur, il est également le Coordinateur du Service de Médiation scientifique du musée. Pour organiser ce festival, il est entouré d’une fidèle équipe de bénévoles :
Expositions, stands, observations du Soleil et séances de planétarium rythment les quatre jours de festival. Preuve du dynamisme et de la renommée de ce rendez-vous astronomique, la venue de Sylvie Vauclair. L’astrophysicienne a présenté une conférence intitulée “La naissance des éléments, du Big-Bang à la Terre” :
Mais ce sont surtout les nuits d’observation qui régalent les visiteurs. Paires de jumelles, lunettes et télescopes pointent amas d’étoiles, nébuleuses, galaxies et planètes. À travers les instruments apportés par les astronomes amateurs, chacun peut ainsi découvrir quelques joyaux du ciel d’été :
Et pendant que Raymond Sadin conte le ciel mythologique, les étoiles filantes traversent la nuit étoilée en silence, pour le bonheur de tous :