Archives de catégorie : Les hommes et le ciel

Astrolys, l’incontournable festival d’astronomie vendéen

Retour sur la dix-septième édition du festival d’astronomie vendéen Astrolys, qui faisait cette année honneur aux animaux du ciel.

La Chapelle-Aux-Lys, village étoilé :

Astrolys (site de l’association), c’est l’astronomie à la Chapelle-Aux-Lys. Dans ce petit village vendéen, on tutoie les étoiles depuis bien longtemps. Planétarium, chemin aux étoiles, cadrans solaires et photographies astronomiques dans les rues, ainsi qu’un festival dont la dix-septième édition se déroulait les 16 et 17 août 2025. La faute à Olivier Sauzereau, un astrophotographe qui partage sa passion avec une énergie débordante :

De gauche à droite Olivier Sauzereau, Tony Crocetta et moi-même. © CIELMANIA

Quand il n’est pas en train d’observer une éclipse totale de Soleil (comme par exemple le 21 août 2017 aux USA), Olivier se consacre à la diffusion de l’astronomie. Au point d’avoir fait de son village (le plus petit du monde à posséder un planétarium) un lieu incontournable pour les amoureux du ciel étoilé, avec le soutien bienveillant du maire, Philippe Boisson :

Inauguration de la dix-septième édition du festival. © Astrolys

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Celestron, célèbre fabricant de télescopes, fête ses 65 ans

Depuis 1960, la société Celestron fabrique des télescopes, surfant sur un modèle emblématique imaginé dans les années 1970.

Concept révolutionnaire :

l’histoire de Celestron (à découvrir ici) débute à la fin des années 1950 en Californie. Tom Johnson, le directeur de Valor Electronics, une entreprise de composants, cherche un télescope pour initier ses garçons. Ne trouvant rien qui lui convienne, il construit alors un réfracteur de 15 centimètres de diamètre. Se prenant de passion pour ces instruments, Johnson fonde en 1960 Celestron-Pacific (le deuxième nom sera supprimé ultérieurement), une filiale de Valor Electronics. La nouvelle société fabrique et commercialise des télescopes de type Schmidt-Cassegrain.

Un des télescopes de la marque américaine sous les étoiles d’Orion. © Jean-Baptiste Feldmann

La conception optique de ces télescopes les rend particulièrement compacts, mais la taille de leur lame de fermeture en verre reste coûteuse. Les choses changent en 1970, lorsque Tom Johnson trouve le moyen de produire ces fameuses lames à un prix raisonnable. La marque lance alors un instrument mythique : un télescope au miroir de 20 centimètres logé dans un célèbre tube orange. Installé sur une monture à fourche motorisée, il est proposé pour moins de mille dollars :

Le célèbre tube orange du SC 8 va révolutionner l’astronomie dans les années 1970.

Cet instrument et ses déclinaisons dans différents diamètres vont connaître un succès foudroyant. Cinquante ans plus tard, un certain nombre sont toujours en service, preuve de la qualité du produit ! Aujourd’hui encore, la société Celestron poursuit la production et le développement de ses célèbres tubes, devenus noirs depuis 1980. Preuve que Tom Johnson, décédé en 2012, était un visionnaire !

Les télescopes Schmidt-Cassegrain ont toujours du succès. © Jean-Baptiste Feldmann
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28 juillet 1851, première image d’une éclipse de Soleil

C’est le 28 juillet 1851 que l’astronome prussien Julius Berkowski réalisa la première image (un daguerréotype) d’une éclipse de Soleil.

Spectacle céleste :

Une éclipse de Soleil est sans doute le plus beau spectacle astronomique qui soit. Mais ce fut aussi pendant longtemps la seule occasion de pouvoir brièvement étudier la couronne solaire. Il n’est donc pas étonnant que les astronomes se soient mobilisés à l’occasion de chaque rendez-vous entre le Soleil et la Lune. En raison de la rareté des phénomènes, la science des éclipses est assez récente :

Protubérances et grains de Baily au cours de l’éclipse du 8 avril 2024. © Bryon Wiley

Bien sûr, la couronne solaire est observée depuis longtemps. Mais pour les protubérances, il faut attendre l’éclipse du 8 juillet 1842. À cette occasion, elles sont signalées pour la première fois par Francis Baily, l’astronome anglais qui a déjà découvert les grains de Baily en 1836. Mais comment immortaliser ces phénomènes de façon plus objective que le dessin ? Continuer la lecture de 28 juillet 1851, première image d’une éclipse de Soleil

Croquis célestes : le plaisir au bout du crayon

Faire des croquis de ses observations astronomiques, voilà une activité facile à mettre en œuvre et peu onéreuse.

Des croquis, plus simples que des dessins :

Le dessin astronomique connaît un regain d’intérêt depuis quelques années, porté par quelques passionnés. On consultera avec plaisir les sites de Bertrand LavilleSerge Vieillard, Michel Deconinck ou encore Laurent Oumar. Mais tout le monde n’a pas la fibre artistique. Parlons plutôt de croquis astronomiques, une formule qui ne fera pas reculer les néophytes. Ce sont de simples représentations sur carnet réalisées l’œil à l’oculaire, puis mises au propre :

Un croquis pour garder un souvenir de chaque observation. © Jean-Baptiste Feldmann

Un ou deux crayons à papier, une gomme, un carnet A5 papier blanc (150 grammes) éclairé, il suffit de peu de matériel pour se lancer :

Le croquis astro requiert très peu de matériel. © Jean-Baptiste Feldmann

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Photographier l’ISS, le défi de Charline Giroud

Savez-vous qu’on peut photographier la Station spatiale (ISS) en plein jour avec un télescope ? C’est le défi relevé par Charline Giroud.

Meccano géant au-dessus de nos têtes :

La Station spatiale internationale (ISS en anglais pour International Space Station) circule à environ 400 kilomètres au-dessus de nos têtes. Elle est le fruit d’une coopération entre les agences spatiales américaine, européenne, japonaise et canadienne. L’assemblage de cette structure de plus de 300 tonnes grande comme un terrain de football a commencé en 1998. Depuis, elle est occupée en permanence par des astronautes qui la rejoignent désormais avec la capsule Crew Dragon :

Passage de l’ISS au-dessus du château des Carbonnières. © Jean-Baptiste Feldmann

À l’œil nu, on peut facilement suivre le déplacement dans le ciel de l’ISS, qui est aussi brillante que Jupiter. On peut également photographier sa trace lumineuse (voir l’image ci-dessus). Mais c’est avec un télescope que l’astrophotographe Charline Giroud a choisi de la photographier, une tâche bien plus ardue. Continuer la lecture de Photographier l’ISS, le défi de Charline Giroud

Des lycéens construisent un spectrohéliographe

Accompagnés par leur professeur, quatre lycéens belges se sont lancés dans un ambitieux projet : réaliser un spectrohéliographe.

Astronomie avec des lycéens :

Rémy Mas est professeur de sciences au lycée IEJ à Nivelles (Belgique). C’est là qu’il anime un club d’astronomie depuis 2017. Cette année, quatre élèves ont formé l’équipe SOLARIS : Clément Chéry, Théo Cornet Bielecki, Romain Piscaglia (5e secondaire) et Alban Jadin (6e secondaire), l’équivalent des classes de lycée en France. Ils ont construit et utilisé un spectrohéliographe SUNSCAN (conçu par l’équipe STAROS) pour étudier le Soleil et mesurer le déplacement des taches solaires sur la photosphère :

Quelques images du Soleil obtenues par les lycéens du projet SOLARIS. © Rémy Mas

Rémy Mas a découvert ce nouvel instrument, compact et autonome, lors des Rencontres du Ciel et de l’Espace 2024. Séduit par les possibilités de cet appareil, il a donc proposé à ses élèves de réaliser leur propre exemplaire. Et pour les motiver, il a également inscrit l’équipe SOLARIS (Solar Observation via Light And Rotation Investigation System) au concours Science-Expo. Continuer la lecture de Des lycéens construisent un spectrohéliographe

Accédez librement aux superbes images du GTC

L’un des plus grands télescope du monde, le GTC, offre un accès libre à ses images pour les traiter. Avis aux amateurs !

Le géant des Canaries :

 Les espagnols le surnomment GTC ou Gran Tecan (pour Gran Telescopio Canarias). Construit à 2.400 mètres d’altitude sur l’île de La Palma aux Canaries, le GTC est un télescope géant. Il fait partie de l’Observatoire del Roque de los Muchachos, adossé à la caldeira vertigineuse de Taburiente :

Une coupole de 32 mètres de diamètre abrite le télescope. © Jean-Baptiste Feldmann

Au-dessus des nuages et de la pollution lumineuse, le Grand Télescope des Canaries bénéficie du meilleur ciel de l’hémisphère nord (moins de 20 jours de pluie par an). Avec ses 10,4 mètres de diamètre, c’est l’un des plus grands instruments actuellement en service.  Son miroir primaire est composé d’une mosaïque de 36 miroirs hexagonaux d’une surface collectrice totale de 75,7 m². L’instrument (300 tonnes monture comprise), est installé sous une coupole de 32 mètres de diamètre. Il produit des images saisissantes depuis son inauguration en 2007 par le Roi d’Espagne :

L’impressionnant miroir primaire de 10,4 mètres de diamètre. © Jean-Baptiste Feldmann

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À la Saint-Valentin, l’astéroïde Cupidon pose un lapin

La nuit de la Saint-Valentin, un groupe d’amateurs a tenté d’observer sans succès l’occultation d’une étoile par l’astéroïde (763) Cupidon.

Rendez-vous manqué :

Ça ne s’invente pas. La nuit du 14 février 2025, date de la Saint-Valentin, l’astéroïde (763) Cupidon devait occulter une modeste étoile du Taureau. Observer l’extinction d’une étoile est une manière élégante d’en savoir un peu plus sur l’astéroïde auquel on ne peut pas rendre visite. En mesurant la durée d’occultation de l’étoile depuis différents endroits, on peut déterminer la forme et l’albédo (l’éclat) de ce corps céleste. Et de (763) Cupidon, on sait peu de choses. Découvert le 25 septembre 1913 par l’astronome allemand Franz Kaiser, on pense qu’il mesure un peu moins de 20 kilomètres.

Bande d’observation de l’occultation de l’étoile UCAC4 568-014024 (constellation du Taureau) par l’astéroïde (763) Cupidon la nuit de la Saint-Valentin 2025. © OW Cloud

Six membres de l’AstroClub Charentais avaient donc choisi de braver le froid la nuit de la Saint-Valentin. L’occultation était observable le long d’une ligne reliant La Rochelle à Monaco. Las, Cupidon semble avoir posé un lapin à ses admirateurs (Lucie Brousse, Eric Barbotin, Philippe Majewski, Thierry Pelletier, Tiburce Mateos et Christophe Gervier) qui avaient installé leurs télescopes du côté de Montignac-Charente. Même si le ciel était dégagé, le dépouillement des mesures a révélé une occultation négative.

Occultation négative pour les membres de l’AstroClub Charentais. © L. Brousse/C. Gervier
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Astronomie collaborative : l’amas de galaxies de Persée

Dix-neuf astrophotographes amateurs ont uni leurs images pour réaliser un cliché unique de l’amas de galaxies de Persée, Abell 426.

Célèbre constellation :

L’amas de galaxies de Persée (Abell 426) se cache dans la constellation éponyme. Voilà une région du ciel bien connue des astronomes ! On peut y admirer par exemple Algol, une étoile dont la variabilité est connue depuis l’Antiquité. Autre célébrité, un double amas d’étoiles (NGC 869 et 884) visible à l’œil nu. Beaucoup plus discrète, la nébuleuse planétaire HDW 3 n’a été dénichée qu’en 1983 ! Autant d’objets célestes situés dans notre banlieue galactique. Mais la cible d’aujourd’hui, Abell 426, est bien plus éloignée : 240 millions d’années-lumière. Cet amas de galaxies a été photographié par dix-neuf astrophotographes rassemblés au sein de Overall Photons :

L’amas de galaxies de Persée à 240 millions d’années-lumière. © Overall Photons

Ce collectif a pour ambition de fédérer des astrophotographes de tous horizons. Leur but étant d’accumuler des centaines d’heures d’intégration sur des cibles spécifiques du ciel profond. Continuer la lecture de Astronomie collaborative : l’amas de galaxies de Persée

En vidéo : la Grande Lunette de Meudon se réveille

À Meudon, un groupe de passionnés met tout en œuvre pour redonner vie à la Grande Lunette, la troisième plus grande du monde.

Un observatoire à Meudon :

Après la défaite contre l’Allemagne en 1870, la France cherche à redorer son prestige. L’idée est alors de multiplier les réalisations pacifistes spectaculaires. L’astronome Jules Janssen propose de créer un nouvel observatoire. L’établissement voit le jour cinq ans plus tard sur un ancien domaine royal :

Une partie du parc accueillant l’Observatoire (avec la coupole du télescope de un mètre) et la vue sur Paris depuis le sommet de la tour solaire. © Jean-Baptiste Feldmann

Il faut surpasser la lunette que les Allemands viennent de mettre en service à l’Observatoire de Strasbourg ! On décide alors de construire à Meudon un instrument encore plus spectaculaire, la Grande Lunette. L’ objectif destiné à l’observation des astres a un diamètre de 83 centimètres et  une focale de 16 mètres. Un deuxième objectif de 62 centimètres de diamètre est destiné à la photographie. Inaugurée en 1893, la Grande Lunette est la troisième plus grande au monde.

La coupole abritant la Grande Lunette à Meudon. © Jean-Baptiste Feldmann
Le réveil de la Grande Lunette. © Observatoire de Paris-PSL

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Aurore boréale et compagnie pour le jour de l’An

La première soirée de l’année a été riche en observations : le croissant de Lune, une aurore boréale et l’émersion d’un satellite de Jupiter.

Spectacles variés :

La dernière aurore boréale que j’avais photographiée date du 10 octobre (à retrouver ici). Le spectacle s’est renouvelé le premier soir de cette nouvelle année :

J’ai réalisé le cliché ci-dessus en posant 15 secondes à 3200 iso avec un boîtier Nikon D7100 et un objectif de 50 millimètres de focale ouvert à 4. En cette année de maximum d’activité solaire, c’est encore une fois l’arrivée d’une puissante éjection de masse coronale qui a coloré le ciel du Beaujolais. La soirée avait commencé par la chasse au fin croissant de Lune, armé de mon boîtier Panasonic FZ 82 sur trépied :

Après l’aurore boréale, j’ai profité d’un ciel dégagé pour pointer Jupiter au télescope Celestron 6XLT avec sa tête binoculaire :

Peu après 22 heures, Europe est sorti de l’ombre de la planète gazeuse géante. Étonnant spectacle que de voir ce satellite se “rallumer” progressivement en quelques minutes :

Vous retrouverez la liste des prochains spectacles célestes dans les éphémérides de janvier. En espérant des ciels dégagés pour pouvoir les admirer !

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La Lune en couleurs, l’étonnant dessin de Lucien Rudaux

Parmi les nombreuses recherches qu’il mena, Lucien Rudaux consacra plusieurs décennies à étudier les couleurs de la Lune.

Les multiples facettes d’un passionné : 

Lucien Rudaux, l’astronome de Donville, aurait eu 150 ans cette année. Voici le portrait qu’en dresse la Société Astronomique de France : ” Lucien Rudaux (1874-1947), « l’astronome de Donville », fut un brillant amateur de sciences dont la notoriété a largement dépassé les limites de l’Hexagone durant la première moitié du XXe siècle. Curieux et avide de savoirs, il se consacra avec enthousiasme à la fois à l’astronomie, à la météorologie, à la physique du globe ou encore à la spéléologie grâce auxquelles il côtoya les grandes figures scientifiques de son époque telles que Camille Flammarion, Édouard-Alfred Martel ou Alexandre Ananoff.
C’est par le dessin et surtout la photographie qu’il enregistrait et documentait ses recherches.

En 2021, les Archives départementales de la Manche ont publié un bel ouvrage consacré à sa vie et son œuvre. Ce livre est illustré de 300 photographies, dessins et aquarelles de ce scientifique amateur. Continuer la lecture de La Lune en couleurs, l’étonnant dessin de Lucien Rudaux

L’Âme et le Cœur, une nuit d’astronomie en Lozère

L’astrophotographe Christian Bertincourt nous entraîne dans une nouvelle aventure. Cette fois-ci, cap sur la Lozère et ses nuits noires.

Ciel d’encre en Lozère :

La préparation d’une soirée d’observation astronomique est une aventure en soi, un rituel presque aussi fascinant que l’observation elle-même. Chaque détail compte, car le ciel nocturne ne se dévoile qu’aux plus attentifs“. Ainsi commence la nouvelle odyssée que nous propose Christian Bertincourt. Cet astrophotographe lyonnais nous avait déjà raconté au printemps 2024 sa chasse à la comète 12P/Pons-Brooks. Cette fois-ci, il nous entraîne dans la constellation de Cassiopée, à 6.000 années-lumière :

Il a immortalisé les nébuleuses de l’Âme et du Cœur. Il s’agit de IC 1848 et IC 1805 (IC pour Index Catalogue of Nebulae and Clusters of Stars, dont la première version est parue en 1895). Ces nébuleuses en émission rayonnent principalement dans l’hydrogène excité, d’où la nécessité de les photographier avec des filtres. C’est ce que Christian Bertincourt a fait avec sa lunette astronomique. Pour fuir la pollution lumineuse de la région lyonnaise, l’astrophotographe a passé la nuit près d’un col de moyenne montagne en Lozère. Un nouveau périple plein de poésie que je vous invite à découvrir sur son blog.

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Théophile Moreux, un abbé sous les étoiles

L’abbé Théophile Moreux (1867-1954) consacra une grande partie de sa vie à observer le ciel et à vulgariser l’astronomie.

De la soutane aux étoiles :

Né le 20 novembre 1867 à Argent sur Sauldre (Cher), Théophile Moreux développe très tôt le goût des sciences. Il y est encouragé par son père, instituteur. Après des études au lycée de Bourges et au Séminaire, il est nommé professeur de mathématiques en 1889. Deux ans plus tard, il est ordonné prêtre. Le cardinal Boyer, dont il devient le secrétaire, lui offre sa première lunette astronomique.

T. Moreux dans son observatoire à Bourges dans les années 1920. © T. Moreux

En 1893, l’Abbé devient membre de la Société Astronomique de France, fondée par Camille Flammarion. À la mort du cardinal Boyer en 1897, T. Moreux reprend son poste d’enseignant au Séminaire. Il peut alors consacrer son temps libre à l’astronomie. Il observe désormais avec une lunette de 108 millimètres de diamètre, achetée deux ans plus tôt à Eugène Antoniadi. Continuer la lecture de Théophile Moreux, un abbé sous les étoiles

John Dobson, une certaine idée de l’astronomie

John Dobson a révolutionné l’astronomie en imaginant de grands télescopes simples et peu coûteux, pour rendre l’astronomie accessible.

Un moine tourné vers les étoiles :

Des milliers d’astronomes utilisent des télescopes Dobson. Même si les modèles ont beaucoup évolué, ces instruments concilient grand diamètre et coût raisonnable, au prix d’une certaine simplification, en particulier au niveau de la monture. Mais qui se cache derrière cette révolution apparue en 1968 ? Né le 14 septembre 1915 à Pékin, John Dobson est arrivé à San Francisco à l’âge de douze ans. Il trouve un emploi dans l’industrie après des études de chimie.

Mais sa vie change complètement en 1944 quand il se tourne vers l’hindouisme et devient membre de l’ordre Râmakrishna à San Francisco. Il partage son temps entre la méditation et la contemplation du ciel étoilé. Fasciné par le cosmos, il se met à bricoler des télescopes avec des matériaux de récupération (bois et carton). Les miroirs (que Dobson sait désormais tailler, guidé par un ami) proviennent de hublots. Continuer la lecture de John Dobson, une certaine idée de l’astronomie

1909, l’année où les canaux martiens disparurent

En 1909, un rapprochement très favorable de la planète Mars mit un terme à l’incroyable histoire des canaux artificiels.

Mars en vedette, depuis Milan ou l’Arizona :

L’affaire des canaux martiens débute en 1877. Cette année-là, Mars se trouve à 56,2 millions de kilomètres de la Terre le 5 septembre. Sur le toit du Palazzo Brera à Milan, l’astronome italien Giovanni Schiaparelli observe la Planète rouge avec une lunette de 22 centimètres de diamètre. Il remarque des formations rectilignes sombres qu’il surnomme « canali », qu’on pourrait traduire par sillons ou chenaux. Schiaparelli n’est pas le seul à observer Mars. De l’autre côté de l’Atlantique, un certain Percival Lowell fait de même. Cet amateur fortuné dispose de son propre observatoire dans les montagnes de l’Arizona à proximité de la ville de Flagstaff.

Percival Lowell observant Mars depuis son observatoire. Dessin Christine Sasiad

Il l’a doté d’une lunette de 60 centimètres de diamètre. Lecteur assidu des ouvrages de Camille Flammarion, Lowell observe la Planète rouge, et se met à y voir lui aussi un dense réseau de canaux qu’il dessine.

Globe montrant les canaux martiens de Percival Lowell réalisé par Emmy Ingeborg Brun, une danoise passionnée par la planète Mars. © Royal Museums Greenwich

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L’ISS au-dessus du château des Carbonnières

La Station spatiale internationale (ISS) est observable régulièrement à l’œil nu, comme ici au-dessus du château des Carbonnières.

Qu’est-ce que l’ISS ?

La Station spatiale internationale est un assemblage de modules et de panneaux solaires de la taille d’un terrain de football. Elle passe régulièrement au-dessus de nos têtes à plus de 300 kilomètres d’altitude. La première mission de longue durée, Expédition 1, s’est déroulée en octobre 2000. Depuis, la Station est occupée sans interruption. Le spationaute français Thomas Pesquet y a séjourné en 2021 (Mission Alpha). À l’œil nu, c’est un petit point brillant qui traverse lentement le ciel sans clignoter, à la différence des avions. Certains astronomes se sont spécialisés dans la photographie de la Station avec un télescope :

Image incroyablement détaillée de la Station spatiale internationale. © Michael Tzukran

Un véritable défi, puisqu’il faut parvenir à suivre l’ISS qui file à près de 28.000 km/h. Lire à ce sujet : L’époustouflante image de la Station spatiale prise avec un télescope. De son côté, l’astrophotographe Thierry Legault a réalisé plusieurs vidéos montrant la Station en train de passer devant le Soleil ou la Lune.

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W. H. Pickering, l’astronome qui aimait (trop) la Lune

Passionné par la Lune, l’astronome William Henry Pickering (1858-1938) était convaincu que notre satellite naturel regorgeait de vie. 

Frères astronomes :

Dans la famille Pickering, il y a William Henry et son grand frère Edward Charles (1846-1919). Ce dernier est connu pour avoir dirigé l’Observatoire de Harvard (HCO) de 1876 à sa mort. C’est là qu’il réalisa d’importants travaux de spectroscopie stellaire. Plusieurs astronomes féminines travaillèrent sous ses ordres, comme la célèbre Henrietta Swan Leavitt. Edward Charles Pickering fut également cofondateur en 1911 de l’American Association of Variable Star Observers (AAVSO). Mais revenons au petit frère :

Les frères astronomes Edward Charles et William Henry Pickering. © Library of Congress

William Henry Pickering  naquit à Boston le 15 février 1858. Même s’ils ont les mêmes initiales, ne le confondez pas avec William Hayward Pickering qui dirigea le Jet Propulsion Laboratory (JPL) de 1954 à 1976. Diplômé du Massachusetts Institute of Technology (MIT) en 1879, William Henry entra au HCO dirigé par son grand frère. Ce dernier lui confia d’abord la direction de la station d’observation de Arequipa au Pérou. Puis il l’envoya en 1900 à Mandeville en Jamaïque pour y fonder une autre station d’observation. C’est là que le cadet fit le reste de sa carrière d’astronome jusqu’à sa mort en 1938. Continuer la lecture de W. H. Pickering, l’astronome qui aimait (trop) la Lune

Saturne : dix ans d’imagerie depuis un balcon lyonnais

Depuis son balcon lyonnais, l’astronome amateur Lionel Guyonnet a patiemment photographié Saturne et ses anneaux pendant une décennie.

Saturne au balcon :

Tous les astronomes amateurs n’ont pas la chance de disposer d’un véritable observatoire dans leur jardin. Ceux qui habitent en ville doivent s’adapter. Certains (comme Christian Bertincourt) prennent la route, d’autres (comme James Dias) se contentent d’une fenêtre ouverte. Lionnel Guyonnet, lui, dispose d’un balcon en plein cœur de Lyon. Ce n’est peut-être pas l’idéal, mais cet électricien a su en tirer profit :

Il suffit pour s’en convaincre de faire un tour sur ses galeries AstroBin et Flickr. Avec patience et ténacité, il a photographié Saturne pendant une décennie. Le résultat permet d’apprécier le balancement des anneaux de Saturne, un phénomène qui fascine les astronomes depuis longtemps. Continuer la lecture de Saturne : dix ans d’imagerie depuis un balcon lyonnais

Tête binoculaire, l’accessoire indispensable

Ayant découvert le plaisir d’observer avec une tête binoculaire, j’en suis venu à ne plus m’en passer. Focus sur cet accessoire.

Découverte fortuite :

Une tête binoculaire, pourquoi faire ? Cela fait plusieurs années que j’entends parler de cet accessoire. J’y voyais surtout des inconvénients : perte de luminosité (le faisceau lumineux est divisé en deux), poids important et investissement conséquent (il faut acheter la tête bien sûr, mais également un second jeu d’oculaires). Comme toujours, c’est en essayant qu’on peut vraiment se rendre compte. Cet été, j’ai pu tester l’accessoire en me rendant chez Serge Deconihout :

Serge Deconihout en train d’observer le Soleil. Son grand réfracteur et sa lunette solaire sont tous deux équipés d’une tête binoculaire. © Jean-Baptiste Feldmann

Bien sûr, le réfracteur de Serge est un instrument particulier. Mais quand même, je me suis rendu compte qu’observer avec les deux yeux était un plaisir auquel j’allais avoir envie de goûter plus souvent. Continuer la lecture de Tête binoculaire, l’accessoire indispensable