Tous les articles par Jean-Baptiste FELDMANN

Décès de Fred Espenak, célèbre chasseur d’éclipses

Fred Espenak était fasciné par les éclipses de Soleil. Depuis un demi-siècle, il parcourait le monde pour les admirer.

Monsieur Eclipse :

On avait fini par le surnommer “Mr Eclipse“. Depuis l’observation de sa première éclipse totale de Soleil en mars 1970, Fred Espenak n’avait jamais cessé de les admirer et d’en calculer les paramètres. Cet astrophysicien (à la retraite depuis 2009) en a observé plus d’une trentaine. Il avait l’habitude de dire : “ Sur l’échelle de la beauté des phénomènes naturels, une éclipse partielle de Soleil est de 3, et une éclipse totale est d’un million. Rien n’est comparable à une éclipse totale. Si vous habitez près de la trajectoire de l’éclipse totale, mais légèrement en dehors, et que vous décidez de ne pas vous y rendre le jour J, vos voisins et amis qui assisteront à l’éclipse vous en parleront et vous le regretterez. Alors, efforcez-vous d’aller voir l’éclipse totale si possible. »

Fred Espenak a observé plus d’une trentaine d’éclipses totales de Soleil. @ NASA

Lorsqu’il travaillait au Goddard Space Flight Center, Fred Espenak se consacrait au développement et à l’utilisation de spectromètres infrarouges pour sonder les atmosphères des planètes, une activité qui le conduisait à utiliser les plus grands télescopes de la planète. La surveillance de l’ozone dans l’atmosphère de Mars, la détection des vents sur Vénus, Mars et Titan, ou encore l’étude des hydrocarbures dans les stratosphères de Jupiter et Saturne n’avaient pas de secret pour lui. Continuer la lecture de Décès de Fred Espenak, célèbre chasseur d’éclipses

Éphémérides : le ciel du mois de juin 2025

Au cours de ce mois de juin 2025, la Lune est de nouveau à l’honneur et les nuages noctiluques pourraient vous étonner.

Pas de nuit noire :

Qu’observer en juin 2025, alors que les nuits sont les plus courtes de l’année ?  Rassurez-vous, il n’est pas toujours nécessaire d’attendre la nuit pour admirer le ciel. Outre l’étude des taches solaires (voir comment observer l’activité solaire en toute sécurité), nous entrons dans la bonne période pour guetter les fugaces nuages noctiluques (noctilucent clouds, NLC en anglais). Ces nuages polaires mésosphériques se forment à 80 kilomètres d’altitude. Dans un environnement glacé (-130° C), des traînées de vapeur d’eau se condensent autour des poussières d’étoiles filantes ou d’éruptions volcaniques pour former des cristaux de glace. Ce sont ces cristaux qui renvoient la lumière des derniers (le soir) ou premiers (le matin) rayons solaires :

Festival de nuages noctiluques à l’aube durant l’été 2024. © Jean-Baptiste Feldmann

Mais le mois de juin est surtout l’occasion d’admirer la Lune au télescope dans le cadre de l’opération On The Moon Again qui se déroulera du 06 au 08 juin. Continuer la lecture de Éphémérides : le ciel du mois de juin 2025

Méduse cosmique dans les filets du télescope Subaru

Le télescope japonais Subaru a réalisé une pêche miraculeuse dans la Vierge, ramenant dans ses filets cette étonnante méduse cosmique.

Télescope japonais géant :

Au Japon, “subaru” désigne le célèbre amas d’étoiles des Pléiades. Mais c’est aussi le nom qui a été donné au plus grand télescope du pays. Cet instrument de 8,2 mètres de diamètre, opérationnel depuis 1998, est installé au sommet du Mauna Kea, dans l’archipel d’Hawaï. Le ciel y est particulièrement noir, et le télescope japonais n’est pas le seul à en bénéficier. On trouve également au sommet de ce volcan éteint le Gemini Nord, les deux Keck, ainsi que le CFHT :

Les interactions gravitationnelles entre les galaxies UGC 9326 et UGC 9327 sont à l’origine de cette étonnante méduse cosmique dans la constellation de la Vierge. © NAOJ

En plongeant dans la belle constellation de la Vierge, le télescope japonais y a fait une étonnante trouvaille. Deux galaxies en interaction gravitationnelle (UGC 9326 et 9327) ressemblent à une méduse. UGC 9326 (que l’on distingue dans le filament central) a traversé UGC 9327 (qui a pris une forme d’ombrelle) il y a des millions d’années :

Il faut dire que de telles rencontres cosmiques ne sont pas rares : Arp 273, NGC 2442 ou encore Triplet de Wild en sont quelques exemples. À chaque fois, le processus est identique. Au début, on observe deux galaxies s’approchant un peu trop près l’une de l’autre. Elles sont ensuite déformées par les marées gravitationnelles. Elles s’arrachent alors mutuellement du gaz et des étoiles, nous offrant cet étonnant spectacle.

À savoir :
  • Le Uppsala General Catalogue of Galaxies (UGC) est un catalogue de galaxies recensant plus de 12.000 galaxies visibles dans l’hémisphère nord.
  • La rencontre entre UGC 9326 et 9327 préfigure ce qui nous attend dans un avenir lointain. En effet, dans quatre milliards d’années, la Voie lactée fusionnera avec la galaxie d’Andromède.
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Le Morvan devient Réserve internationale de ciel étoilé

Les astronomes en rêvaient. C’est chose faite : le Morvan devient la septième Réserve internationale de ciel étoilé en France.

Les étoiles font le spectacle :

Les astronomes vous le diront : le Morvan, c’est d’abord une tache noire sur les images satellite nocturnes. Idéalement situé entre Paris et Lyon, son Parc naturel régional semble échapper à une envahissante pollution lumineuse. Une particularité qui lui permet d’entrer aujourd’hui dans le petit cercle des Réserves internationales de ciel étoilé (RICE). On en compte actuellement vingt-quatre dans le monde, dont sept en France.

Nuit d’astronomie sous le ciel étoilé du Morvan. © Jean-Baptiste Feldmann

La première RICE française est celle du pic du Midi de Bigorre, labellisée en 2013. Sont venues s’y ajouter celles des Cévennes, du Mercantour, du Limousin, du Vercors et des Landes de Gascogne. En ce qui concerne le Morvan, le prestigieux label, décerné par DarkSky International, est l’aboutissement d’une démarche entamée il y a neuf ans. Communes, syndicats d’énergie, associations, clubs d’astronomie et habitants qui s’étaient unis pour préserver leur ciel étoilé, voient aujourd’hui leurs efforts récompensés. La RICE concerne la partie sud du Parc et couvre 1.297 km² et 50 communes. Avec près de 100% des points lumineux éteints en moyenne entre 22 heures et 6 heures, on peut désormais dire : « En Morvan, les étoiles font le spectacle ! »

La comète Neowise photographiée en juillet 2020 depuis le Parc Naturel Régional du Morvan. © Jean-Baptiste Feldmann
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Les astronomes bourguignons se sont retrouvés aux RABE

Ce 17 mai 2025, les amateurs avaient rendez-vous pour une nouvelle édition des Rencontres Astronomiques de Bourgogne et Environs (RABE). 

Le rendez-vous des passionnés Bourguignons :

Les RABE rassemblent tous les deux ans les amateurs bourguignons. Ces Rencontres, crées en 1990 à l’initiative de l’astronome amateur Jean-Claude Merlin, se déroulent sur une journée. Elles permettent aux astronomes amateurs de la région Bourgogne-Franche-Comté et des environs de se rassembler. Près de 90 d’entre eux étaient présents pour cette édition 2025 qui se tenait à Imphy dans la Nièvre. Le succès de cette journée doit beaucoup aux membres du Club d’astronomie-MJC d’Imphy chargés de l’organisation.

Les intervenants :
  • Jean-Claude Merlin a présenté ses recherches d’astéroïdes en utilisant des télescopes à distance.
  • Pierre Causeret (Cygnus 21) a expliqué comment utiliser une sphère armillaire proposée en kit par le CLEA.
  • Franck Grière (Mirro Sphère) a dévoilé les détails du Travel Télescope, un instrument qui tient dans une sacoche d’ordinateur.

  • Michel Dumont s’est penché sur l’étude dynamique et spectrale de la nébuleuse du Crabe.
  • L’intervention de Marc Peigneux a porté sur la réalisation d’un radiotélescope amateur.
  • L’astrophysicien Dominique Proust a fait une présentation de son métier.
  • Quant à moi, j’ai expliqué l’intérêt de réaliser des croquis et dessins astronomiques.

Les participants ont pu également observer le Soleil avec des instruments dédiés et visiter l’observatoire du club d’Imphy, équipé d’un télescope de 400 millimètres de diamètre.

Les images qui illustrent cet article ont été réalisées par Ursa Major Astronomie.

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H. P. Wilkins, l’astronome qui voyait la Lune en grand

Astronome amateur gallois, Hugh Percy Wilkins (1896-1960) fut l’auteur de nombreuses cartes de la Lune, dont une monumentale.

La Lune, rien que la Lune :

Hugh Percy Wilkins naquit au Pays de Galles le 4 décembre 1896. Contrairement à Étienne Léopold Trouvelot qui se mit à dessiner les spectacles célestes à plus de quarante ans, Wilkins commença beaucoup plus jeune. Il réalisa en effet ses premiers croquis de la Lune à l’âge de treize ans. Puis il entra en 1918 à la British Astronomical Association (BAA) où il occupa ultérieurement le poste de directeur de la Section lunaire. Il acheva de dessiner une première carte de la Lune en 1924. Elle allait être suivie de beaucoup d’autres, de plus en plus grandes et de plus en plus détaillées :

Au début, Wilkins réalisait ses dessins avec un télescope de 32 centimètres de diamètre qu’il remplaça ensuite par un autre de 40 centimètres de diamètre. C’est l’instrument que l’on voit dans le reportage ci-dessous, réalisé en 1953 :

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Saturne photographiée… sans ses anneaux

De retour à l’aube, Saturne nous offre un étonnant visage : la planète géante gazeuse semble avoir perdu ses célèbres anneaux ! 

Une question d’orientation :

Saturne est sans doute la plus fascinante des planètes avec ses célèbres anneaux. Au début du XVIIe siècle, Galilée n’y voyait qu’une paire d’oreilles dans sa médiocre lunette. C’est en 1655 que l’astronome hollandais Christian Huygens a compris leur véritable nature. Constitués d’innombrables particules de glace et de poussière, les anneaux ont une épaisseur de moins de un kilomètre et s’étendent jusqu’à 300 000 kilomètres de la planète :

Saturne montre l’évolution de son orientation sur une décennie. © Lionel Guyonnet

Avec un axe de rotation incliné de 27°, Saturne connaît des saisons comme la Terre. Mais bien plus longues, puisqu’elles durent chacune un peu plus de sept ans ! En effet, la planète met 29,47 ans pour effectuer une révolution complète autour du Soleil. Ce printemps 2025 correspond à l’équinoxe sur Saturne, et le 6 mai, le Soleil est donc passé du Nord au Sud des anneaux. Il éclairait leur face boréale depuis le 10 août 2009, il va désormais éclairer leur face australe, et ce jusqu’au 22 janvier 2039. Éclairés sur la tranche, les anneaux (très fins) sont devenus invisibles pour quelques jours. C’est ce spectacle étonnant qu’a immortalisé l’astrophotographe Christopher Go :

Saturne photographiée le 9 mai 2025. © Christopher Go

Seule une image surexposée de la planète permettait de les deviner (voir par exemple ce cliché de Tomio Akutsu). Si vous voulez observer Saturne, il faudra la chercher dans les lueurs de l’aube. Comme elle affiche une modeste magnitude de 1,2, une paire de jumelles sera utile pour l’identifier, une fois sa localisation effectuée avec le logiciel Stellarium.

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Admirez AR 4079, une impressionnante tache solaire

S’étirant actuellement sur près de 140.000 kilomètres, la tache géante AR 4079 est suivie avec intérêt par tous les observateurs du Soleil. 

Soleil encore actif :

La très belle tache AR 4079 nous apporte la preuve que le cycle solaire en cours n’a pas dit son dernier mot. Rappelons que ce cycle, le vingt-cinquième, a débuté fin 2019, lorsque l’on a noté un changement de polarité du magnétisme du Soleil. Chaque cycle ayant une durée moyenne de onze ans, les astronomes estiment que le maximum du cycle actuel s’est produit fin 2024 :

Patricio Leon a superposé les 259 images solaires qu’il a prises en 2024. Voilà de quoi révéler de façon spectaculaire l’intensité de l’activité de notre étoile durant l’année écoulée.

Logiquement, l’activité solaire est donc en train de décroître. Cela signifie que les taches,  ces zones sombres moins chaudes qui trahissent une intense activité magnétique, vont être moins nombreuses. Avec sans doute quelques belles surprises, comme actuellement :

La tache solaire AR 4079 photographiée le 7 mai 2025. © Maximilian-Vlad Teodorescu

Pour mémoire, les taches sont numérotées dans l’ordre d’apparition, le numéro étant précédé par les lettres AR qui signifient Active Region.

À savoir :
  • L’observation du Soleil nécessite impérativement l’adjonction d’un filtre. La société Stelvision vous propose par exemple deux modèles (ASTF 80 ou ASTF 140) adaptables sur un télescope, qui ne laissent passer que 1/100.000e du rayonnement solaire.
  • En l’absence de filtre, il est quand même possible de suivre sans danger l’activité de notre étoile. Pour cela, il suffit de se rendre sur la page du satellite solaire SOHO (SOlar and Heliospheric Observatory).
  • C’est Galilée qui le premier observa des taches solaires avec une lunette astronomique en 1612. Heinrich Schwabe remarqua la périodicité de ces taches en 1848. Puis l’astronome Rudolph Wolf détermina la durée moyenne d’un cycle solaire : environ 11 ans.
Dessin de la tache solaire AR 4079 réalisé avec un télescope le 30 avril 2025. © Jean-Baptiste Feldmann
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Le rover Curiosity photographié depuis l’orbite martienne

En orbite autour de Mars depuis dix-neuf ans, MRO a repéré le rover Curiosity et ses traces dans Gediz Vallis Ridge.

Caméra haute résolution :

En 2026, la NASA fêtera les vingt ans d’observations de la sonde Mars Reconnaissance Orbiter (MRO). D’elle, le grand public connaît surtout les incroyables images délivrées par sa caméra HiRISE. Elle doit ses performances à un détecteur de 14 CCD associé à un télescope de 0,5 mètre de diamètre. D’ailleurs, c’est la plus grosse caméra embarquée sur une sonde, avec une résolution au sol qui peut atteindre 0,3 mètre depuis une altitude de 300 kilomètres :

Le rover martien Curiosity photographié par l’orbiteur MRO. © NASA

En voici la preuve avec cette image obtenue le 28 février 2025. Premièrement, on y voit l’astromobile Curiosity. Deuxièmement, et c’est plus insolite, on distingue très bien la trace laissée par ses roues. Ces traces devraient être progressivement effacées par les vents martiens. Actuellement, le rover explore Gediz Vallis Ridge sur les pentes du Mont Sharp. En effet, cette zone riche en débris rocheux intéresse beaucoup les planétologues. Car ces débris ont probablement été amenés par un torrent de boue il y a trois milliards d’années. Continuer la lecture de Le rover Curiosity photographié depuis l’orbite martienne

Éphémérides : le ciel du mois de mai 2025

Au cours de ce mois de mai 2025, traditionnellement riche en rencontres astronomiques, la Lune croisera quatre planètes. 

Rencontres entre passionnés :

Comme les années précédentes, mai 2025 sera l’occasion pour les astronomes amateurs de se retrouver. Tout d’abord, le samedi 17 mai, se dérouleront les Rencontres Astronomiques de Bourgogne et Environs (RABE) à Imphy (58). Le même jour en Loire-Atlantique, les passionnés se donneront rendez-vous à l’Astro-44.  Puis ce sera le pont de l’Ascension qui offre quatre jours et trois nuits sans Lune, une aubaine si la météo est clémente. Les astronomes amateurs se retrouveront durant les Rencontres Astronomiques de Printemps (RAP, 27ème édition) ou les Nuits Astronomiques de Touraine (NAT, 13ème édition). Notez que dans le Sud de la France se déroulera la première édition des Nuits Astronomiques du Verdon (NAV) :

En mai, les astronomes se retrouvent pour observer ensemble. © Jean-Baptiste Feldmann

Ces rencontres seront une belle occasion pour observer et échanger entre passionnés. En outre, de nombreux ateliers et conférences permettront de s’initier ou de se perfectionner dans différents domaines comme le dessinl’astrophotoles observations solaires

Le ciel en mai 2025 :
  • Le 1er au crépuscule, le croissant de Lune domine Jupiter au-dessus de l’horizon Ouest.

  • Le 12, c’est la Pleine Lune. La nuit du 13 au 14, elle accompagne Antarès, la brillante étoile du Scorpion.

  • Le 20, c’est le Dernier quartier de Lune.
  • Le 22 et le 23 avant l’aube, le croissant de Lune glisse du côté de Saturne. Le 24, il s’approche de Vénus.

  • Le 27, c’est la Nouvelle Lune. Un croissant âgé de 17 heures seulement est théoriquement observable au crépuscule.
  • Le 28 en soirée, le croissant de Lune surplombe à nouveau Jupiter, près de l’horizon Ouest.

  • Le 31 en soirée, le croissant retrouve la planète Mars.

Les captures d’écran qui illustrent ces éphémérides ont été réalisées à l’aide du logiciel Stellarium, indispensable pour vos soirées d’astronomie.

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La Lune nous offre son plus beau sourire

Avant qu’elle n’escalade la voûte céleste les nuits prochaines, la jeune Lune nous a offert hier soir son plus beau sourire.

Nouvelle lunaison :

Avez-vous vu le sourire de la jeune Lune hier soir ? Posé loin au-dessus de l’horizon Ouest, il était particulièrement photogénique. Très souvent, le croissant n’a pas cette orientation. Il se tient bien droit, ou légèrement penché :

Croissant de Lune derrière le donjon du château de Montmelas. © Jean-Baptiste Feldmann

Tout dépend, vous l’aurez compris, de sa position par rapport au Soleil. Il nous fait un sourire quand il est juste au-dessus du Soleil couché. Mais que signifie jeune croissant ? Le jeune croissant de Lune est celui qu’on observe après la Nouvelle Lune (NL), donc le soir. À l’opposé, le vieux croissant (celui du matin) précède la NL. On considère qu’il faut attendre au moins 24 heures après la NL pour commencer à distinguer le jeune croissant. Mais si vous êtes novice, sachez que son observation deviendra plus aisée à partir de 35 heures après la NL. Le croissant ci-dessous a été photographié une cinquantaine d’heures après la NL :

Croissant de Lune au télescope le 29 avril 2025. © Jean-Baptiste Feldmann

Pour réaliser ce cliché, j’ai placé un appareil photo derrière un télescope de 102 mm de diamètre. Une pose assez rapide révèle quelques détails sur ce sourire d’argent (montagnes et cratères d’impact). Une pose plus longue aurait permis de mettre en valeur la lumière cendrée au détriment du croissant surexposé.

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Volutes rouges autour de la Galaxie du Cigare

Dans la constellation de la Grande Ourse, un panache rouge de gaz et de poussières s’échappe de la superbe Galaxie du Cigare.   

Au cœur de la Grande Ourse :

Découvrir la Galaxie du Cigare (qui doit son nom à sa forme allongée) nous entraîne dans la plus connue des constellations. Il s’agit de la Grande Ourse (UMa pour Ursa Major), l’une des 48 constellations déjà identifiées par l’astronome grec Claude Ptolémée. Bien qu’elle soit très étendue, elle est souvent réduite à ses sept étoiles les plus brillantes. Vous le savez sans doute, leur disposition évoque une grande casserole. Les étoiles du manche de cet ustensile sont Alkaïd, Mizar et Alioth. Quant au contenant, il est délimité par Megrez, Phecda, Merak et Dubhe :

La chapelle Saint-Bonnet en Beaujolais sous la Grande Ourse. © Jean-Baptiste Feldmann

Pour commencer, prolongeons la droite Phecda-Dubhe. Puis armez-vous d’une paire de jumelles ou d’un petit télescope, et laissez-vous guider par les cartes de Stelvision. C’est ainsi que vous tomberez sur la Galaxie du Cigare (Messier 82) et sa voisine Messier 81. Continuer la lecture de Volutes rouges autour de la Galaxie du Cigare

À l’aube, la Lune et Vénus saluent le timide retour de Saturne

Quelques semaines après Vénus, c’est au tour de Saturne de prendre place discrètement dans le ciel de l’aube.

Timide apparition :

Saturne redevient observable ! La planète préférée des astronomes est de retour à l’aube, après sa conjonction avec le Soleil le 12 mars dernier. Oh bien sûr, il va falloir patienter pour l’observer. Encore très basse, la planète aux anneaux affiche une modeste magnitude de 1,2. Rien de comparable avec l’éclat de Vénus (magnitude -4,6). D’ailleurs, l’astre n’apparaît que sur les photographies, et en cherchant bien. Le ciel est encore trop lumineux pour dénicher la planète à l’œil nu :

Vénus, la Lune et la discrète Saturne à l’aube du 25 avril 2025. © Jean-Baptiste Feldmann

Saturne va s’élever progressivement, et sera une cible de choix cet été, avant son opposition le 21 septembre 2025. C’est désormais la face Sud des anneaux que nous allons contempler, après le passage de la Terre dans leur plan le 23 mars dernier. Si Vénus et Saturne ont pris place dans le ciel du matin, Mars et Jupiter sont encore un peu observables en soirée. N’oubliez pas de consulter les éphémérides  au fil des mois pour en savoir plus !

Une planète bien entourée :

274 lunes au compteur : Saturne compte presque deux fois plus de satellites que toutes les planètes réunies ! Une publication de l’UBC rapporte qu’une première campagne menée entre 2019 et 2021 avait permis de détecter 62 lunes supplémentaires (la planète aux anneaux en comptait 146 jusque-là). Pour leurs recherches, les astronomes avaient utilisé le Canada-France-Hawaii-Telescope (CFHT). Ils ont récidivé en 2023 avec le même instrument, portant le total de leurs découvertes à 128. Mais seuls Titan, Rhéa, Japet, Dioné et Téthys sont observables dans un télescope d’amateur.

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La comète C/2025 F2 (SWAN) fait pschitt

On l’espérait visible à l’œil nu début mai, mais ce ne sera pas le cas. La comète C/2025 F2 (SWAN) s’est probablement désintégrée. 

Imprévisibles comètes :

C/2025 F2 (SWAN) avait été découverte le 22 mars 2025 par l’instrument SWAN, embarqué à bord du satellite solaire SOHO. Début avril, elle était déjà très photogénique, comme le montre cette image réalisée par Michael Jaeger et Gerald Rhemann :

La comète C/2025 F2 (SWAN)  le 6 avril 2025. © Michael Jaeger/Gerald Rhemann

La magnitude de la comète était alors estimée à 9, donc réservée aux télescopes. Mais la courbe de luminosité prévisionnelle laissait espérer qu’elle devienne visible à l’œil nu début mai. Les astrophotographes auraient pu alors immortaliser l’astre chevelu dans le même champ que le célèbre amas des Pléiades. Malheureusement, les récentes observations laissent penser que la comète n’a pas résisté à son approche du Soleil. L’astrophotographe Eduard Andrei Mociran a confirmé la désintégration de l’astre chevelu avec ce comparatif :

En quatre nuits, l’aspect de la comète C/2025 F2 (SWAN) a bien changé. © E. A. Mociran

Comme le rappelle l’astronome Jacques Crovisier, les comètes ne sont pas des astres immuables et peuvent disparaître de bien des manières. C/2010 X1 (Elenin), C/2019 Y4 (Atlas) ou encore C/2019 Q4 (Borissov) ont connu le même sort dans le passé. Sur le site astro.vanbuitenen, les mesures de luminosité de la comète SWAN s’écartent désormais chaque nuit un peu plus de la courbe prévisionnelle, au grand dam des astronomes :

Mesures de luminosité de la comète SWAN. © astro.vanbuitenen
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Flambée d’étoiles dans la nébuleuse Henize 206

Au sein du Grand Nuage de Magellan, la nébuleuse Henize 206 voit s’allumer de nouvelles étoiles quand d’autres meurent.

Les Nuages de Magellan :

N’essayez pas de trouver Henize 206 sur votre carte du ciel. Cette nébuleuse se cache dans le Grand Nuage de Magellan (LMC pour Large Magellanic Cloud), visible depuis l’hémisphère Sud. On doit la découverte du LMC (et de son petit frère le SMC) au navigateur portugais Fernand de Magellan. Ces deux nuages sont en réalité des galaxies naines reliées gravitationnellement à notre Voie lactée. Dans le Grand Nuage, Henize 206 se cache derrière un rideau de poussière. En 2004, les astronomes ont utilisé le télescope spatial Spitzer pour en percer les secrets :

Les observations réalisées en infrarouge ont révélé la présence d’une bulle de gaz chaud émettant des rayons X. Cette bulle a été soufflée dans l’espace il y a des millions d’années par l’explosion d’une supernova. L’onde de choc de cette explosion a comprimé un nuage d’hydrogène gazeux, déclenchant une flambée de nouvelles étoiles. Ainsi, la mort d’une étoile en fait naître de nouvelles.

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Vénus entame sa longue période de visibilité matinale

La planète Vénus est désormais observable en fin de nuit. Une situation qui va se poursuivre tout le reste de cette année 2025.

Des phases pour Vénus :

Tout comme Mercure, l’autre planète intérieure (leurs orbites sont comprises entre la Terre et le Soleil), Vénus présente des phases très marquées. Le phénomène est spectaculaire à l’époque des conjonctions solaires. La dernière a eu lieu le 23 mars 2025. Il s’agissait d’une conjonction inférieure, ce qui signifie que la planète est passée entre nous et notre étoile. L’alignement entre les trois astres n’était pas rigoureusement exact et nous n’avons donc pas assisté à un transit de Vénus devant notre étoile comme ce fut le cas le 6 juin 2012.

La planète Vénus à l’aube du 2 avril 2025. © Jean-Baptiste Feldmann

Avant la conjonction, la seconde planète du Système solaire brillait en soirée. Désormais, elle est visible à l’aube au-dessus de l’horizon Est. Si vous pointez un petit télescope dans sa direction, vous verrez un grand et fin croissant. La planète s’éloignant de la Terre tout en s’écartant du Soleil, son diamètre apparent diminuera dans les semaines à venir. Quant au croissant, il va lentement épaissir (voir la fraction éclairée ci-dessous) pour se transformer en Quartier de Vénus début juin :

  • 14/04 : fraction éclairée 14%, diamètre apparent 48,4″
  • 30/04 : fraction éclairée 28%, diamètre apparent 37,4″
  • 14/05 : fraction éclairée 39%, diamètre apparent 30,3″
  • 30/05 : fraction éclairée 45,8%, diamètre apparent 24,6″
Superbe rapprochement serré entre Jupiter et Vénus le 2 mars 2023 en début de soirée. Vénus est la plus brillante des deux planètes. © Jean-Baptiste Feldmann

Chaque fin de lunaison, le fin croissant de Lune ira à la rencontre de Vénus. Ce sera le cas le 25 avril, le 24 mai ou encore le 22 juin. Des rendez-vous qui seront bien entendu annoncés dans les éphémérides !

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Décès de S. Gerasimenko, maman de la comète Tchouri

L’astronome Svetlana Ivanovna Gerasimenko, qui avait codécouvert la célèbre comète Tchouri, est décédée le 8 avril 2025.

Une discrète comète devenue célèbre :

L’histoire de la comète Tchouri débute la nuit du 11 au 12 septembre 1969. Sur des plaques photographiques réalisées par Svetlana Ivanovna Gerasimenko à l’Institut Fessenkov, Klim Churyumov remarque une petite tache floue. L’astre en question, qui s’est déplacé devant le fond des étoiles, est une nouvelle comète périodique. Elle prend le nom de 67P/Churyumov-Gerasimenko :

En novembre 2014, Svetlana Gerasimenko présente une maquette de la comète qu’elle a découverte et que vient de survoler la sonde Rosetta. © DLR German Aerospace Center

On oublie ensuite la comète 67P pendant plus de 30 ans. Puis tout change au début des années 2000, lorsque l’ESA prévoit d’expédier une sonde, Rosetta, en direction de la comète 46P/Wirtanen. Une défaillance de la fusée à la dernière minute empêche le lancement. La fenêtre de tir se referme, et quand le lanceur est de nouveau opérationnel, l’ESA doit trouver une autre cible. Elle choisit alors 67P, que les astronomes renomment Tchouri pour faire plus simple :

La comète Tchouri photographiée par la sonde européenne Rosetta en 2014. © ESA

Après avoir survolé les astéroïdes Steins en 2008 et Lutèce en 2010, la sonde Rosetta s’approche de 67P. Le 12 novembre 2014, elle largue sur la comète un petit robot, Philae. Svetlana et Klim deviennent alors des célébrités que les médias se disputent. Rosetta poursuivra son exploration pendant deux ans. Elle révèlera notamment que Tchouri est constituée de deux lobes distincts, preuve qu’elle s’est formée suite à une violente collision.

Klim Churyumov, l’autre découvreur de la comète Tchouri, est décédé en 2016. © ESA

Après le décès de Klim Churyumov en 2016, Svetlana s’est éteinte à son tour le 8 avril 2025 à l’âge de 80 ans. Outre une comète, un astéroïde porte le nom de cette astronome.

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SWAN25F, une comète pour les lève-tôt

Découverte il y a quelques jours, la comète SWAN25F est un astre chevelu qui pourrait devenir visible à l’œil nu prochainement.

Comète du matin :

Circulant actuellement entre Pégase et Andromède, la comète SWAN25F (elle a désormais son nom définitif, C/2025 F2 (SWAN)) est à chercher avant le lever du jour sur l’horizon Est. Cet astre chevelu a été découvert le 22 mars 2025 par l’instrument SWAN, embarqué à bord du satellite solaire SOHO. Déjà très photogénique, SWAN25F a été photographiée à l’aube du 6 avril par Michael Jaeger et Gerald Rhemann :

La comète SWAN25F photographiée le 6 avril 2025. © Michael Jaeger/Gerald Rhemann

La magnitude de la comète est actuellement estimée à 9, donc réservée aux télescopes. Cependant, elle pourrait atteindre magnitude 5 début mai et devenir (en théorie) visible à l’œil nu. L’astre chevelu se trouverait alors à proximité de l’amas des Pléiades, toujours au-dessus de l’horizon Est :

Vous trouverez toutes les informations sur cet astre chevelu (position, éclat prévisionnel…) sur astro.vanbuitenen ou encore sur aerith.net. Si un télescope est encore indispensable pour pointer cette comète, une paire de jumelles pourrait suffire dans les prochains jours. Mais attention : d’une part, il faut la chercher juste avant que le ciel ne devienne trop clair. D’autre part, la Lune va se rapprocher au fil des nuits !

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Des lycéens construisent un spectrohéliographe

Accompagnés par leur professeur, quatre lycéens belges se sont lancés dans un ambitieux projet : réaliser un spectrohéliographe.

Astronomie avec des lycéens :

Rémy Mas est professeur de sciences au lycée IEJ à Nivelles (Belgique). C’est là qu’il anime un club d’astronomie depuis 2017. Cette année, quatre élèves ont formé l’équipe SOLARIS : Clément Chéry, Théo Cornet Bielecki, Romain Piscaglia (5e secondaire) et Alban Jadin (6e secondaire), l’équivalent des classes de lycée en France. Ils ont construit et utilisé un spectrohéliographe SUNSCAN (conçu par l’équipe STAROS) pour étudier le Soleil et mesurer le déplacement des taches solaires sur la photosphère :

Quelques images du Soleil obtenues par les lycéens du projet SOLARIS. © Rémy Mas

Rémy Mas a découvert ce nouvel instrument, compact et autonome, lors des Rencontres du Ciel et de l’Espace 2024. Séduit par les possibilités de cet appareil, il a donc proposé à ses élèves de réaliser leur propre exemplaire. Et pour les motiver, il a également inscrit l’équipe SOLARIS (Solar Observation via Light And Rotation Investigation System) au concours Science-Expo. Continuer la lecture de Des lycéens construisent un spectrohéliographe

Mars derrière la Lune depuis l’Observatoire de Kitt Peak

Le nouveau télescope de l’Observatoire de Kitt Peak a immortalisé un étonnant cache-cache céleste entre la Lune et la planète Mars.

Un observatoire dans le désert :

Situé en Arizona, le désert de Sonora est la plus grande zone aride de l’Amérique du Nord. On y trouve de magnifiques cactus Saguaro (Carnegiea gigantea) dont certains atteignent 15 mètres de haut. En raison de son climat, la région a été choisie en 1958 pour y créer un observatoire astronomique :

Orage sur l’Observatoire de Kitt Peak le 4 juin 1972. © Gary Ladd/KPNO/NOIRLab

L’Observatoire de Kitt Peak (KPNO) compte deux radiotélescopes et vingt-deux télescopes optiques (dont le télescope Mayall de 4 mètres de diamètre). Depuis le mois de novembre 2024, un nouveau télescope de 60 centimètres de diamètre est entré en service. Destiné aux animations nocturnes pour le grand public, il a par exemple servi à photographier l’occultation de la planète Mars par la Lune le 13 janvier 2025 :

Occultation de la planète Mars par la Lune le 13 janvier 2025. © KPNO/NOIRLab

Alors qu’en France nous assistions à un rapprochement serré entre les deux astres (voir ici), le spectacle était bien plus intéressant depuis l’Arizona. De plus, l’occultation intervenait alors que la Planète rouge se trouvait au plus près de la Terre. Depuis, la quatrième planète du Système solaire s’éloigne de nous. Il faudra attendre la prochaine opposition en février 2027 pour qu’elle retrouve un diamètre apparent convenable.

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