Tous les articles par Jean-Baptiste FELDMANN

À l’aube, la Lune et Vénus saluent le timide retour de Saturne

Quelques semaines après Vénus, c’est au tour de Saturne de prendre place discrètement dans le ciel de l’aube.

Timide apparition :

Saturne redevient observable ! La planète préférée des astronomes est de retour à l’aube, après sa conjonction avec le Soleil le 12 mars dernier. Oh bien sûr, il va falloir patienter pour l’observer. Encore très basse, la planète aux anneaux affiche une modeste magnitude de 1,2. Rien de comparable avec l’éclat de Vénus (magnitude -4,6). D’ailleurs, l’astre n’apparaît que sur les photographies, et en cherchant bien. Le ciel est encore trop lumineux pour dénicher la planète à l’œil nu :

Vénus, la Lune et la discrète Saturne à l’aube du 25 avril 2025. © Jean-Baptiste Feldmann

Saturne va s’élever progressivement, et sera une cible de choix cet été, avant son opposition le 21 septembre 2025. C’est désormais la face Sud des anneaux que nous allons contempler, après le passage de la Terre dans leur plan le 23 mars dernier. Si Vénus et Saturne ont pris place dans le ciel du matin, Mars et Jupiter sont encore un peu observables en soirée. N’oubliez pas de consulter les éphémérides  au fil des mois pour en savoir plus !

Une planète bien entourée :

274 lunes au compteur : Saturne compte presque deux fois plus de satellites que toutes les planètes réunies ! Une publication de l’UBC rapporte qu’une première campagne menée entre 2019 et 2021 avait permis de détecter 62 lunes supplémentaires (la planète aux anneaux en comptait 146 jusque-là). Pour leurs recherches, les astronomes avaient utilisé le Canada-France-Hawaii-Telescope (CFHT). Ils ont récidivé en 2023 avec le même instrument, portant le total de leurs découvertes à 128. Mais seuls Titan, Rhéa, Japet, Dioné et Téthys sont observables dans un télescope d’amateur.

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La comète C/2025 F2 (SWAN) fait pschitt

On l’espérait visible à l’œil nu début mai, mais ce ne sera pas le cas. La comète C/2025 F2 (SWAN) s’est probablement désintégrée. 

Imprévisibles comètes :

C/2025 F2 (SWAN) avait été découverte le 22 mars 2025 par l’instrument SWAN, embarqué à bord du satellite solaire SOHO. Début avril, elle était déjà très photogénique, comme le montre cette image réalisée par Michael Jaeger et Gerald Rhemann :

La comète C/2025 F2 (SWAN)  le 6 avril 2025. © Michael Jaeger/Gerald Rhemann

La magnitude de la comète était alors estimée à 9, donc réservée aux télescopes. Mais la courbe de luminosité prévisionnelle laissait espérer qu’elle devienne visible à l’œil nu début mai. Les astrophotographes auraient pu alors immortaliser l’astre chevelu dans le même champ que le célèbre amas des Pléiades. Malheureusement, les récentes observations laissent penser que la comète n’a pas résisté à son approche du Soleil. L’astrophotographe Eduard Andrei Mociran a confirmé la désintégration de l’astre chevelu avec ce comparatif :

En quatre nuits, l’aspect de la comète C/2025 F2 (SWAN) a bien changé. © E. A. Mociran

Comme le rappelle l’astronome Jacques Crovisier, les comètes ne sont pas des astres immuables et peuvent disparaître de bien des manières. C/2010 X1 (Elenin), C/2019 Y4 (Atlas) ou encore C/2019 Q4 (Borissov) ont connu le même sort dans le passé. Sur le site astro.vanbuitenen, les mesures de luminosité de la comète SWAN s’écartent désormais chaque nuit un peu plus de la courbe prévisionnelle, au grand dam des astronomes :

Mesures de luminosité de la comète SWAN. © astro.vanbuitenen
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Flambée d’étoiles dans la nébuleuse Henize 206

Au sein du Grand Nuage de Magellan, la nébuleuse Henize 206 voit s’allumer de nouvelles étoiles quand d’autres meurent.

Les Nuages de Magellan :

N’essayez pas de trouver Henize 206 sur votre carte du ciel. Cette nébuleuse se cache dans le Grand Nuage de Magellan (LMC pour Large Magellanic Cloud), visible depuis l’hémisphère Sud. On doit la découverte du LMC (et de son petit frère le SMC) au navigateur portugais Fernand de Magellan. Ces deux nuages sont en réalité des galaxies naines reliées gravitationnellement à notre Voie lactée. Dans le Grand Nuage, Henize 206 se cache derrière un rideau de poussière. En 2004, les astronomes ont utilisé le télescope spatial Spitzer pour en percer les secrets :

Les observations réalisées en infrarouge ont révélé la présence d’une bulle de gaz chaud émettant des rayons X. Cette bulle a été soufflée dans l’espace il y a des millions d’années par l’explosion d’une supernova. L’onde de choc de cette explosion a comprimé un nuage d’hydrogène gazeux, déclenchant une flambée de nouvelles étoiles. Ainsi, la mort d’une étoile en fait naître de nouvelles.

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Vénus entame sa longue période de visibilité matinale

La planète Vénus est désormais observable en fin de nuit. Une situation qui va se poursuivre tout le reste de cette année 2025.

Des phases pour Vénus :

Tout comme Mercure, l’autre planète intérieure (leurs orbites sont comprises entre la Terre et le Soleil), Vénus présente des phases très marquées. Le phénomène est spectaculaire à l’époque des conjonctions solaires. La dernière a eu lieu le 23 mars 2025. Il s’agissait d’une conjonction inférieure, ce qui signifie que la planète est passée entre nous et notre étoile. L’alignement entre les trois astres n’était pas rigoureusement exact et nous n’avons donc pas assisté à un transit de Vénus devant notre étoile comme ce fut le cas le 6 juin 2012.

La planète Vénus à l’aube du 2 avril 2025. © Jean-Baptiste Feldmann

Avant la conjonction, la seconde planète du Système solaire brillait en soirée. Désormais, elle est visible à l’aube au-dessus de l’horizon Est. Si vous pointez un petit télescope dans sa direction, vous verrez un grand et fin croissant. La planète s’éloignant de la Terre tout en s’écartant du Soleil, son diamètre apparent diminuera dans les semaines à venir. Quant au croissant, il va lentement épaissir (voir la fraction éclairée ci-dessous) pour se transformer en Quartier de Vénus début juin :

  • 14/04 : fraction éclairée 14%, diamètre apparent 48,4″
  • 30/04 : fraction éclairée 28%, diamètre apparent 37,4″
  • 14/05 : fraction éclairée 39%, diamètre apparent 30,3″
  • 30/05 : fraction éclairée 45,8%, diamètre apparent 24,6″
Superbe rapprochement serré entre Jupiter et Vénus le 2 mars 2023 en début de soirée. Vénus est la plus brillante des deux planètes. © Jean-Baptiste Feldmann

Chaque fin de lunaison, le fin croissant de Lune ira à la rencontre de Vénus. Ce sera le cas le 25 avril, le 24 mai ou encore le 22 juin. Des rendez-vous qui seront bien entendu annoncés dans les éphémérides !

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Décès de S. Gerasimenko, maman de la comète Tchouri

L’astronome Svetlana Ivanovna Gerasimenko, qui avait codécouvert la célèbre comète Tchouri, est décédée le 8 avril 2025.

Une discrète comète devenue célèbre :

L’histoire de la comète Tchouri débute la nuit du 11 au 12 septembre 1969. Sur des plaques photographiques réalisées par Svetlana Ivanovna Gerasimenko à l’Institut Fessenkov, Klim Churyumov remarque une petite tache floue. L’astre en question, qui s’est déplacé devant le fond des étoiles, est une nouvelle comète périodique. Elle prend le nom de 67P/Churyumov-Gerasimenko :

En novembre 2014, Svetlana Gerasimenko présente une maquette de la comète qu’elle a découverte et que vient de survoler la sonde Rosetta. © DLR German Aerospace Center

On oublie ensuite la comète 67P pendant plus de 30 ans. Puis tout change au début des années 2000, lorsque l’ESA prévoit d’expédier une sonde, Rosetta, en direction de la comète 46P/Wirtanen. Une défaillance de la fusée à la dernière minute empêche le lancement. La fenêtre de tir se referme, et quand le lanceur est de nouveau opérationnel, l’ESA doit trouver une autre cible. Elle choisit alors 67P, que les astronomes renomment Tchouri pour faire plus simple :

La comète Tchouri photographiée par la sonde européenne Rosetta en 2014. © ESA

Après avoir survolé les astéroïdes Steins en 2008 et Lutèce en 2010, la sonde Rosetta s’approche de 67P. Le 12 novembre 2014, elle largue sur la comète un petit robot, Philae. Svetlana et Klim deviennent alors des célébrités que les médias se disputent. Rosetta poursuivra son exploration pendant deux ans. Elle révèlera notamment que Tchouri est constituée de deux lobes distincts, preuve qu’elle s’est formée suite à une violente collision.

Klim Churyumov, l’autre découvreur de la comète Tchouri, est décédé en 2016. © ESA

Après le décès de Klim Churyumov en 2016, Svetlana s’est éteinte à son tour le 8 avril 2025 à l’âge de 80 ans. Outre une comète, un astéroïde porte le nom de cette astronome.

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SWAN25F, une comète pour les lève-tôt

Découverte il y a quelques jours, la comète SWAN25F est un astre chevelu qui pourrait devenir visible à l’œil nu prochainement.

Comète du matin :

Circulant actuellement entre Pégase et Andromède, la comète SWAN25F (elle a désormais son nom définitif, C/2025 F2 (SWAN)) est à chercher avant le lever du jour sur l’horizon Est. Cet astre chevelu a été découvert le 22 mars 2025 par l’instrument SWAN, embarqué à bord du satellite solaire SOHO. Déjà très photogénique, SWAN25F a été photographiée à l’aube du 6 avril par Michael Jaeger et Gerald Rhemann :

La comète SWAN25F photographiée le 6 avril 2025. © Michael Jaeger/Gerald Rhemann

La magnitude de la comète est actuellement estimée à 9, donc réservée aux télescopes. Cependant, elle pourrait atteindre magnitude 5 début mai et devenir (en théorie) visible à l’œil nu. L’astre chevelu se trouverait alors à proximité de l’amas des Pléiades, toujours au-dessus de l’horizon Est :

Vous trouverez toutes les informations sur cet astre chevelu (position, éclat prévisionnel…) sur astro.vanbuitenen ou encore sur aerith.net. Si un télescope est encore indispensable pour pointer cette comète, une paire de jumelles pourrait suffire dans les prochains jours. Mais attention : d’une part, il faut la chercher juste avant que le ciel ne devienne trop clair. D’autre part, la Lune va se rapprocher au fil des nuits !

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Des lycéens construisent un spectrohéliographe

Accompagnés par leur professeur, quatre lycéens belges se sont lancés dans un ambitieux projet : réaliser un spectrohéliographe.

Astronomie avec des lycéens :

Rémy Mas est professeur de sciences au lycée IEJ à Nivelles (Belgique). C’est là qu’il anime un club d’astronomie depuis 2017. Cette année, quatre élèves ont formé l’équipe SOLARIS : Clément Chéry, Théo Cornet Bielecki, Romain Piscaglia (5e secondaire) et Alban Jadin (6e secondaire), l’équivalent des classes de lycée en France. Ils ont construit et utilisé un spectrohéliographe SUNSCAN (conçu par l’équipe STAROS) pour étudier le Soleil et mesurer le déplacement des taches solaires sur la photosphère :

Quelques images du Soleil obtenues par les lycéens du projet SOLARIS. © Rémy Mas

Rémy Mas a découvert ce nouvel instrument, compact et autonome, lors des Rencontres du Ciel et de l’Espace 2024. Séduit par les possibilités de cet appareil, il a donc proposé à ses élèves de réaliser leur propre exemplaire. Et pour les motiver, il a également inscrit l’équipe SOLARIS (Solar Observation via Light And Rotation Investigation System) au concours Science-Expo. Continuer la lecture de Des lycéens construisent un spectrohéliographe

Mars derrière la Lune depuis l’Observatoire de Kitt Peak

Le nouveau télescope de l’Observatoire de Kitt Peak a immortalisé un étonnant cache-cache céleste entre la Lune et la planète Mars.

Un observatoire dans le désert :

Situé en Arizona, le désert de Sonora est la plus grande zone aride de l’Amérique du Nord. On y trouve de magnifiques cactus Saguaro (Carnegiea gigantea) dont certains atteignent 15 mètres de haut. En raison de son climat, la région a été choisie en 1958 pour y créer un observatoire astronomique :

Orage sur l’Observatoire de Kitt Peak le 4 juin 1972. © Gary Ladd/KPNO/NOIRLab

L’Observatoire de Kitt Peak (KPNO) compte deux radiotélescopes et vingt-deux télescopes optiques (dont le télescope Mayall de 4 mètres de diamètre). Depuis le mois de novembre 2024, un nouveau télescope de 60 centimètres de diamètre est entré en service. Destiné aux animations nocturnes pour le grand public, il a par exemple servi à photographier l’occultation de la planète Mars par la Lune le 13 janvier 2025 :

Occultation de la planète Mars par la Lune le 13 janvier 2025. © KPNO/NOIRLab

Alors qu’en France nous assistions à un rapprochement serré entre les deux astres (voir ici), le spectacle était bien plus intéressant depuis l’Arizona. De plus, l’occultation intervenait alors que la Planète rouge se trouvait au plus près de la Terre. Depuis, la quatrième planète du Système solaire s’éloigne de nous. Il faudra attendre la prochaine opposition en février 2027 pour qu’elle retrouve un diamètre apparent convenable.

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Éphémérides : le ciel du mois d’avril 2025

Outre une magnifique occultation des Pléiades par la Lune, je vous propose de découvrir une superbe galaxie en ce mois d’avril 2025.  

Du côté des Chiens de Chasse :

Ce mois d’avril 2025, profitez d’une nuit sans Lune pour viser les Chiens de Chasse, au zénith en milieu de nuit. Cette petite constellation située juste à côté de la Grande Ourse recèle un trésor. Il s’agit de la galaxie spirale Messier 51. Vous pouvez commencer à la rechercher avec une longue-vue ou une paire de jumelles (cartes de repérage sur BinocularSky) :

Position de la galaxie Messier 51 dans les Chiens de Chasse vers minuit. © Stelvision

On surnomme également Messier 51 la galaxie du Tourbillon (Whirlpool). Elle est le résultat de la rencontre de deux galaxies. Une grande qui a une structure en spirale et une petite que l’on voit au bout d’un des « bras » de la spirale. Dans le New General Catalogue, la structure en spirale se nomme NGC 5194 et la petite galaxie au bout du bras NGC 5195. Depuis sa découverte par Charles Messier le 13 octobre 1773, cette double galaxie fait le bonheur des observateurs. Quant aux astrophotographes, ils ne se lassent pas de l’imager :

La galaxie Messier 51 dans la constellation des Chiens de Chasse. © Alexandre Piquelin
Le ciel en avril 2025 :
  • Le 1er avril dans la soirée, le jeune croissant de Lune occulte une à une les étoiles de l’amas des Pléiades. Il s’agit du plus beau spectacle céleste du mois, à suivre dans une paire de jumelles à partir de 23 heures :

  • Le 13, c’est la Pleine Lune.
  • Le 17, avant l’aube, Antarès brille aux côtés de la Lune gibbeuse décroissante :

  • Le 21, c’est le Dernier quartier de Lune.
  • Le 25 avant l’aube, Vénus et Saturne encadrent le croissant de Lune :

  • Le 27, c’est la Nouvelle Lune.
  • Les 29 et 30 en soirée, le jeune croissant de Lune se déplace dans le Taureau, des Pléiades à Jupiter :

Les captures d’écran qui illustrent ces éphémérides ont été réalisées à l’aide du logiciel Stellarium, indispensable pour vos soirées d’astronomie.

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NGC 1514 cache un étrange couple stellaire

Une étude menée pendant une décennie a révélé un incroyable système stellaire binaire dans la nébuleuse NGC 1514.

Nébuleuse planétaire dans le Taureau :

NGC 1514 est surnommée la nébuleuse de la boule de cristal. Cette nébuleuse planétaire située dans la constellation du Taureau a été découverte en 1790 par William Herschel. Avec une magnitude de 11 et un diamètre apparent de deux minutes d’arc, elle est assez difficile à observer. On peut en découvrir deux dessins sur le blog de Bertrand Laville, à comparer avec l’image réalisée par l’astrophotographe Andrea Arbizzi :

À la différence de nébuleuses planétaires comme Abell 33 ou ESO 378-1, NGC 1514 n’a pas une forme sphérique. Les astronomes soupçonnaient donc la présence d’un système stellaire binaire en son centre, responsable de cette forme atypique. C’est bien ce qu’ils ont trouvé, mais leur surprise a été de taille. La plupart des binaires dans les nébuleuses planétaires tournent très vite l’une autour de l’autre (en une journée, voire moins). Dans NGC 1514, cette période de rotation est de … neuf ans, ce qui en fait, de très loin, la plus longue période connue ! Un résultat obtenu en analysant une décennies de mesures réalisées avec le spectrographe HERMES. L’instrument est installé sur le télescope Mercator à l’Observatoire du Roque de Los Muchachos aux Canaries. Continuer la lecture de NGC 1514 cache un étrange couple stellaire

Comment observer sans danger l’éclipse du 29 mars 2025

L’éclipse partielle de Soleil du 29 mars 2025 sera observable avec quelques précautions. Petit tour d’horizon des moyens à votre disposition.

Une éclipse très partielle :

Ce 29 mars 2025, le Soleil a rendez-vous avec la Lune à l’occasion d’une éclipse partielle. On pourra suivre en fin de matinée le lent grignotage de notre étoile par Séléné. La position géographique des observateurs déterminera le pourcentage de Soleil éclipsé : de seulement 6% à Ajaccio jusqu’à 31,4 % à Quimper. La carte suivante vous donne les valeurs pour quelques villes françaises (ajoutez une heure pour avoir l’heure locale) :

Carte de l’éclipse solaire du 29 mars 2025. © LTE/PSL

Depuis le Québec, on assistera au lever d’un Soleil éclipsé à près de 50% (détails sur cette page). Même si le phénomène n’est pas aussi spectaculaire qu’une éclipse totale, son observation est toujours intéressante, que ce soit avec un petit télescope ou simplement à l’œil nu. Il est par exemple possible que le disque lunaire occulte quelques taches solaires, en cette période de maximum d’activité. Mais attention, il est impératif de se protéger les yeux ! Voyons d’abord le phénomène en détail avec la Chaîne Astro :

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Accédez librement aux superbes images du GTC

L’un des plus grands télescope du monde, le GTC, offre un accès libre à ses images pour les traiter. Avis aux amateurs !

Le géant des Canaries :

 Les espagnols le surnomment GTC ou Gran Tecan (pour Gran Telescopio Canarias). Construit à 2.400 mètres d’altitude sur l’île de La Palma aux Canaries, le GTC est un télescope géant. Il fait partie de l’Observatoire del Roque de los Muchachos, adossé à la caldeira vertigineuse de Taburiente :

Une coupole de 32 mètres de diamètre abrite le télescope. © Jean-Baptiste Feldmann

Au-dessus des nuages et de la pollution lumineuse, le Grand Télescope des Canaries bénéficie du meilleur ciel de l’hémisphère nord (moins de 20 jours de pluie par an). Avec ses 10,4 mètres de diamètre, c’est l’un des plus grands instruments actuellement en service.  Son miroir primaire est composé d’une mosaïque de 36 miroirs hexagonaux d’une surface collectrice totale de 75,7 m². L’instrument (300 tonnes monture comprise), est installé sous une coupole de 32 mètres de diamètre. Il produit des images saisissantes depuis son inauguration en 2007 par le Roi d’Espagne :

L’impressionnant miroir primaire de 10,4 mètres de diamètre. © Jean-Baptiste Feldmann

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Plongez au cœur de la nébuleuse planétaire PuWe 1

Bien que très peu lumineuse, la nébuleuse planétaire PuWe 1 occupe une surface équivalente aux deux-tiers de la Pleine Lune.

La seconde plus grande nébuleuse planétaire :

PuWe 1 doit son nom à Alois Purgathofer (1925-1984) et Ronald Weinberger (né en 1948). Ces deux astronomes autrichiens ont repéré cette faible nébuleuse planétaire en 1980. Cette découverte (fortuite) a eu lieu en étudiant des relevés du Palomar Observatory Sky Survey. Leur nébuleuse (cataloguée également sous la référence PN G158.9+17.8) se situe à environ 1.500 années-lumière de la Terre, dans la constellation du Lynx. Son diamètre apparent est de vingt minutes d’arc, ce qui équivaut aux 2/3 de la Pleine Lune. Seule la nébuleuse de l’Hélice (NGC 7293) présente une taille apparente supérieure. Grâce au télescope Mayall de quatre mètres de diamètre, il est possible d’admirer cette faible nébuleuse avec un luxe de détails :

Comme toutes les nébuleuses planétaires, PuWe 1 a été créée par l’explosion d’une étoile géante rouge. Cette dernière, en fin de vie, a violemment expulsé les couches externes de son atmosphère. Il ne reste plus qu’un noyau stellaire extrêmement dense et chaud, appelé naine blanche. Le rayonnement ultraviolet (UV) de cette naine blanche centrale continue d’exciter le gaz expulsé, le faisant briller. C’est ce processus qui permet d’admirer la nébuleuse, que vous pouvez explorer en cliquant ici.

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Éclipse de Lune : comment la photographier ?

C’est un joli spectacle qui vous attend à l’aube du 14 mars 2025 : une éclipse totale au coucher de la Lune. Comment la photographier ? 

Spectacle pour tous :

Vous serez sans doute nombreux à vouloir admirer l’éclipse totale de Lune ce 14 mars 2025. C’est l’un des plus beaux spectacles astronomiques et on peut facilement l’observer. Pas besoin de parcourir des milliers de kilomètres comme c’est le cas pour les éclipses de Soleil. Pas besoin non plus d’un télescope : le phénomène est visible à l’œil nu, un peu mieux dans une paire de jumelles. Avec La Chaîne Astro, découvrons le spectacle qui nous attend :

Conditions de l’éclipse de Lune :

En France, le phénomène aura lieu en fin de nuit du 14 mars, notre satellite naturel se trouvant au-dessus de l’horizon Ouest. Choisissez donc votre site avec une bonne visibilité dans cette direction. La Pleine Lune entrera dans le cône d’ombre terrestre à 6 heures 10 (heure locale française) :

Image de l’éclipse partielle de Lune du 18 septembre 2024. © Jean-Baptiste Feldmann

Depuis l’Est de la France, la Lune se couchera plus ou moins partiellement éclipsée. Les observateurs les mieux placés (en Bretagne) pourront assister au coucher d’une Lune totalement éclipsée vers 7 heures 25. Notez que pour les observateurs installés au Canada, les conditions d’observation seront bien meilleures :

Visibilité de l’éclipse de Lune du 14 mars 2025. © SkyTonight
Matériel et prises de vues :

Pour photographier l’éclipse, un appareil photo reflex monté sur pied est recommandé. Je vous conseille de travailler en mode manuel pour maîtriser les différents paramètres de prises de vues. Vous les ajusterez en fonction de ce que vous montrera l’écran de contrôle de votre boîtier :

L’éclipse partielle de Lune du 16 juillet 2019. © Jean-Baptiste Feldmann

Le mode automatique peut cependant vous permettre d’avoir de bons résultats, puisque le ciel s’éclaircira progressivement (en France). N’ hésitez pas non plus à utiliser votre smartphone, car il est tout à fait possible de réaliser de belles images avec ces nouveaux outils photographiques :

On peut immortaliser une éclipse de Lune avec un smartphone. © Jean-Baptiste Feldmann

Lorsque la Lune pénètrera dans le cône d’ombre terrestre, vous remarquerez que la surface de notre satellite naturel se teinte d’une belle couleur rouge. En effet, le cône d’ombre terrestre n’est pas totalement noir : une fraction de la lumière solaire (la composante rouge) vient l’éclairer. Il y aura donc matière à réaliser de belles images si la météo est clémente :

L’éclipse de Lune du 27 juillet 2018 avec la planète Mars. © Jean-Baptiste FEldmann
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Saturne compte désormais 274 lunes !

Le record sera difficile à battre : la découverte de 128 nouveaux petits satellites porte à 274 le nombre de lunes de Saturne.

Une planète bien entourée :

274 lunes au compteur : Saturne compte presque deux fois plus de satellites que toutes les planètes réunies ! Une publication de l’UBC rapporte qu’une première campagne menée entre 2019 et 2021 avait permis de détecter 62 lunes supplémentaires (la planète aux anneaux en comptait 146 jusque-là). Pour leurs recherches, les astronomes avaient utilisé le Canada-France-Hawaii-Telescope (CFHT). Ils ont récidivé en 2023 avec le même instrument, portant le total de leurs découvertes à 128 :

Pan, Dioné, Titan et Pandore, quelques-uns des 274 satellites de Saturne. © NASA

Selon le Dr Brett Gladman, « Ces lunes mesurent quelques kilomètres et sont probablement toutes des fragments d’un plus petit nombre de lunes initialement capturées, qui ont été brisées par de violentes collisions, soit avec d’autres lunes de Saturne, soit avec des comètes de passage ». Tout comme Phobos et Deimos, les satellites de Mars, ces lunes sont beaucoup trop petites pour être sphériques. Leur aspect évoque très probablement celui des pommes de terre !

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Visualisez l’intense activité solaire de l’année 2024

Il est encore trop tôt pour en être certain, mais 2024 aura peut-être été l’année du maximum d’activité solaire de ce 25e cycle.

Un nouveau cycle riche en taches :

L’activité solaire n’a cessé de s’intensifier depuis 2019. Cette année-là, les scientifiques ont assisté au changement de polarité du magnétisme du Soleil. C’était le signal de départ d’un nouveau cycle solaire, le vingt-cinquième. Ces cycles, d’une durée moyenne de onze ans, ont été découverts au XIXe siècle par Heinrich Schwabe. L’astronome allemand avait remarqué la périodicité de l’apparition des taches solaires :

La tache AR 3354 photographiée le 28 juin 2023 au coucher du Soleil. Boîtier Panasonic FZ82, focale de 1200 mm, 100 iso, pose 1/800e de seconde. © Jean-Baptiste Feldmann

Ces dernières sont des zones sombres moins chaudes qui trahissent une intense activité magnétique à la surface de notre étoile. Elles sont numérotées dans l’ordre d’apparition, le numéro étant précédé par les lettres AR qui signifient Active Region. Continuer la lecture de Visualisez l’intense activité solaire de l’année 2024

Dans la Mer des Crises, Blue Ghost rejoint l’Albatros

Sur la Lune, l’atterrisseur Blue Ghost s’est posé dans la Mer des Crises, survolée à chaque nouvelle lunaison par un bel Albatros.

Retour sur la Lune :

Le 2 mars 2025, la sonde américaine privée Blue Ghost a réalisé un atterrissage parfait sur la Lune. Cette mission robotique est développée par la société Firefly Aerospace. Blue Ghost dispose maintenant d’une quinzaine de jours ensoleillés pour collecter des données scientifiques. Il ne devrait pas résister à la longue et glaciale nuit lunaire qui succèdera. Cet atterrisseur s’est posé dans la Mer des Crises, à proximité de Mons Latreille. Il s’agit d’un relief circulaire évasé d’environ 150 mètres de haut pour un peu plus de 6 kilomètres de diamètre :

Mons Latreille, photographié par l’orbiteur LRO, dans la Mer des Crises. © NASA

La Mer des Crises est un bassin ovale d’environ 600 km de diamètre très facile à repérer avec une paire de jumelles. Creusé par la chute d’un astéroïde il y a un peu moins de 4 milliards d’années, le bassin a ensuite été comblé par des épanchements de lave. La sonde russe Luna 15 s’y est écrasée le 21 juillet 1969, pendant que de leur côté les membres de la mission américaine Apollo 11 faisaient leurs premiers pas dans la Mer de la Tranquillité.

La Mer des Crises est facile à repérer. © Jean-Baptiste Feldmann

Armé d’un télescope, admirez la Mer des Crises et son Albatros, une illusion provoquée par des reliefs en arc de cercle. Mais n’espérez pas trouver Blue Ghost, beaucoup trop petit pour être visible depuis la Terre !

La Mer des Crises photographiée avec un petit télescope.  © Jean-Baptiste Feldmann
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Suivez le retour de Mercure au crépuscule

Vous avez quelques soirées pour repérer Mercure, mais faites vite, cette planète n’est jamais observable très longtemps.

Messager des Dieux :

Plus proche planète du Soleil, Mercure est toujours délicate à observer. Elle est perdue dans les lueurs de l’aube ou du crépuscule. Les premiers Égyptiens ont d’ailleurs longtemps cru qu’il s’agissait de deux astres différents : un le soir, un autre le matin. Mais si vous savez à quel moment et dans quelle direction regarder, vous la trouverez facilement en raison de son éclat assez élevé. C’est d’ailleurs sa luminosité qui avait permis aux Sumériens de la repérer dès l’Antiquité :

Une danseuse accompagne Vénus et Mercure au crépuscule. © Jean-Baptiste Feldmann

En raison de son déplacement très rapide (la planète met seulement 88 jours pour faire le tour du Soleil), les Romains lui avaient donné le nom du dieu du commerce. Chez les Grecs cet astre était assimilé à Hermès, le Messager des Dieux. Continuer la lecture de Suivez le retour de Mercure au crépuscule

Éphémérides : le ciel du mois de mars 2025

Deux éclipses, une de Lune et une de Soleil, ainsi qu’une farandole de planètes sont au menu de ce mois de mars 2025.

Le Soleil a rendez-vous avec la Lune :

En mars 2025, vous allez pouvoir admirer deux éclipses. La première est une éclipse de Lune. À l’aube du vendredi 14 mars, la Pleine Lune se couchera partiellement éclipsée. Pour profiter du spectacle, choisissez un horizon Ouest parfaitement dégagé. À l’œil nu ou dans une paire de jumelles, vous pourrez admirer l’ombre de la Terre mordant sur le disque lunaire :

Second rendez-vous, le samedi 29 mars vers midi. Cette fois, c’est la Lune qui masquera le Soleil en partie :

Attention, il faut impérativement protéger vos yeux pour admirer ce spectacle sans danger. Si vous observez avec une lunette ou un télescope, placez un filtre approprié devant le tube (lire : comment observer l’activité solaire en toute sécurité). Si vous observez à l’œil nu, protégez-vous avec des lunettes spéciales. Et sans lunettes, utilisez une écumoire pour voir plein de petits croissants de Soleil se former sur une feuille de papier :

Le ciel en mars 2025 :
  • Le 1er en soirée, le croissant de Lune se glisse entre Mercure et Vénus. Vingt-quatre heures plus tard, il est au-dessus de Vénus.

  • Le 6, c’est le Premier quartier. En soirée, pointez la Lune avec un petit télescope. Vous pourrez observer un joli jeu d’ombre et de lumière, le X lunaire.
  • Le 8, La Lune gibbeuse croissante est aux côtés de la planète Mars, dans les Gémeaux.

  • Les 10 et 11 en soirée, tentez d’apercevoir Mercure aux jumelles, à proximité de Vénus, beaucoup plus brillante.

  • Le 14 à l’aube, éclipse de Lune (voir plus haut).
  • Le 20, c’est l’équinoxe, premier jour du printemps dans l’hémisphère Nord.
  • Le 22, c’est le Dernier quartier.
  • Le 26 à l’aube, tentez de repérer Vénus à l’Est du croissant de Lune. Après sa conjonction avec le Soleil, la seconde planète du Système solaire est désormais observable en fin de nuit.

  •  Le 29 à midi, éclipse partielle de Soleil (voir plus haut).

Sauf mention contraire, les captures d’écran qui illustrent ces éphémérides ont été réalisées à l’aide du logiciel Stellarium, indispensable pour vos soirées d’astronomie.

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IC 349, la nébuleuse qui défie les astrophotographes

Au sein de l’amas des Pléiades, la nébuleuse IC 349 est perdue dans la lumière de l’étoile Mérope, un vrai défi pour les astrophotographes. 

Nébuleuse fantôme :

IC 349 a été dénichée le 14 novembre 1890 par l’astronome américain Edward Emerson Barnard. On doit à ce dernier de nombreuses découvertes, comme par exemple le cinquième satellite de Jupiter, Amalthée (1892). IC 349 est une petite zone poussiéreuse très brillante sculptée par la pression de radiation exercée par sa brillante voisine, Mérope. Cette étoile de magnitude 4 fait partie des astres les plus lumineux au sein du célèbre amas des Pléiades :

Le célèbre amas des Pléiades et ses plus brillantes étoiles. © SAP Limoges

Saisir les délicates volutes poussiéreuses de IC 349 est à la portée du télescope spatial Hubble. Hors de l’atmosphère, l’instrument ne souffre pas trop de la diffusion lumineuse autour de Mérope :

Pour les astrophotographes, le défi est de taille, car la nébuleuse est dix mille fois moins brillante que sa voisine Mérope. Voisine à nos yeux seulement, car l’écart réel entre ces deux astres est quand même de 3500 Unités astronomiques. Il faut tout le savoir-faire de Alessandro Ravagnin pour révéler la très discrète IC 349 :

À propos des Pléiades :

En 1771, l’astronome français Charles Messier enregistre l’amas des Pléiades à la quarante-cinquième position de son célèbre catalogue. Il s’inscrit dans une longue liste d’observateurs qui, depuis l’Antiquité, admirent ce petit groupe d’étoiles. Vers 850 avant J.-C., le poète grec Homère y faisait déjà référence dans l’Iliade et l’Odyssée. On en retrouve la trace dans les cultures du monde entier. Que ce soit chez les Maoris de Nouvelle-Zélande, les Perses, les Indiens, les Chinois, les Japonais ou encore les Mayas et les Aztèques :

98 heures de poses auront été nécessaires pour révéler les filaments de poussière qui s’intercalent entre nous et le célèbre amas d’étoiles des Pléiades. © Jeffrey Horne

À l’œil nu, l’amas des Pléiades (Messier 45) ressemble à un petit nuage constitué de sept étoiles relativement brillantes. Ces astres sont Alcyone, Atlas, Mérope, Électre, Maïa, Taygète et Pléioné. Leurs magnitudes varient entre 3 et 5. Les observateurs ayant une vue perçante parviennent à dénombrer jusqu’à douze étoiles quand ils l’observent sous un excellent ciel sans aucune pollution lumineuse.

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