Tous les articles par Jean-Baptiste FELDMANN

Spectacle rare : l’ombre de deux lunes sur Saturne

L’astrophotographe Philip Smith a immortalisé l’ombre de deux lunes sur Saturne, un spectacle rare observable tous les quatorze ans environ. 

Ombres sur Saturne :

Tout comme les Phe-Sat (phénomènes mutuels des satellites de Saturne), les passages de l’ombre des lunes ont lieu au moment de l’équinoxe sur la planète. C’est une configuration (lorsque le Soleil et la Terre passent dans le plan orbital des satellites) que l’on retrouve tous les 14,5 ans seulement. Titan étant le plus gros des satellites de la planète aux anneaux et l’un des plus proches, son ombre est logiquement la plus facile à observer. Mais d’autres lunes projettent également leur ombre, plus discrète. Parfois, spectacle rare, deux ombres sont observables en même temps. C’est ce que Philip Smith a immortalisé le 4 septembre dernier. Cet amateur, qui opérait depuis son observatoire situé à Manorville (État de New York), a utilisé un télescope Celestron 14 :

Deux lunes projettent leur ombre sur Saturne. © Philip Smith

Rappelons que Titan est la plus grosse lune de Saturne avec un peu plus de 5.000 kilomètres de diamètre. Elle a été découverte par Christian Huygens en 1655. Il utilisait alors une simple petite lunette astronomique de seulement 57 mm de diamètre. Sachez que Titan possède des lacs d’hydrocarbures à sa surface ainsi qu’une atmosphère. Cette dernière se compose principalement d’azote moléculaire (95 à 98%) et de méthane. Quant à Téthys, c’est un corps glacé d’un peu plus de 1000 km de diamètre. Sa découverte par l’astronome Jean-Dominique Cassini remonte à 1684. Téthys est surtout connu pour les mystérieuses lignes rouges observables à sa surface.

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Ciel d’été : l’amas IC 1311 scintille au cœur du Cygne

Poudroiement d’étoiles au milieu des nébuleuses du Cygne, l’amas ouvert IC 1311 offre un joli spectacle aux astrophotographes. 

Dans l’aile du Cygne :

IC 1311 (IC pour Index Catalogue of Nebulae and Clusters of Stars, dont la première version est parue en 1895) a été repéré le 6 octobre 1893. On doit la découverte de cet amas d’étoiles à l’astronome amateur anglais Thomas Espin. Il le décrivait alors comme un disque d’étoiles très faibles (diamètre apparent de 5 minutes d’arc), ce qui est assez normal puisqu’on estime sa magnitude à 13.  L’amas compte près de 850 étoiles et on évalue son âge à environ 1,6 milliard d’années. Si l’envie vous prend de le localiser, il vous faudra plonger dans la constellation du Cygne, en choisissant la bonne aile. Celle qui se déploie en direction de Pégase est connue pour ses célèbres Dentelles. Mais IC 1311 se cache sous l’autre aile, celle qui s’étire au-dessus de la Lyre :

Carte de repérage des principaux objets du Cygne. © Deep⋆Sky Corner

À première vue, les amas d’étoiles ouverts intéressent assez peu les astrophotographes. Sans doute leur préfère-t-on des nébuleuses colorées, comme celle du Trèfle. Mais IC 1311 a la particularité d’être entouré de jolis nuages de gaz ionisé. Ces derniers sont illuminés par le rayonnement ultraviolet de jeunes étoiles très chaudes. Il est d’ailleurs très probable que l’amas se situe très loin derrière ces nébuleuses. Quoi qu’il en soit, le résultat a de quoi motiver les esthètes à la recherche d’images originales ! C’est donc Robert Eder qui nous propose une magnifique vue de cette région céleste. L’image que voici a nécessité un peu plus de trois heures de poses au foyer d’un télescope de vingt centimètres :

Gageons que ce portrait photogénique va donner des idées à d’autres astrophotographes ! Signalons enfin que cette jolie région céleste a également été immortalisée par le télescope Mayall de quatre mètres de diamètre.

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Éphémérides : le ciel du mois de septembre 2025

L’éclipse totale de Lune du 7 sera l’un des spectacles célestes à ne pas manquer durant ce mois de septembre 2025.

Éclipse à l’horizon :

Le dimanche 7 septembre 2025, nous assisterons à la seconde éclipse totale de Lune de l’année, après celle du 14 mars. Aux alentours de vingt heures, vous verrez notre satellite naturel se lever à l’Est, entièrement plongé dans l’ombre terrestre :

Si le ciel est dégagé, ce sera l’occasion de réaliser de belles images avec un premier plan terrestre. Je vous rappelle que lors des éclipses de Lune, notre satellite naturel se pare d’une belle couleur cuivrée, provoquée par la réfraction de la lumière solaire (explications). Mais bien que ce joli phénomène soit particulièrement photogénique, il ne sera pas le seul à intéresser les amoureux du ciel durant ce mois de septembre. Je vous propose donc de voir maintenant ce que le ciel nous réserve. Continuer la lecture de Éphémérides : le ciel du mois de septembre 2025

Comète interstellaire 3I/ATLAS : les explications d’Adrien Coffinet

Pourquoi la comète interstellaire 3I/ATLAS fascine-t-elle les astronomes ? Éléments de réponse avec Adrien Coffinet.

Fascinante visiteuse :

Après 1I/ʻOumuamua en 2017 et 2I/Borissov en 2019, 3I/ATLAS est le troisième visiteur interstellaire repéré dans le Système solaire. Depuis sa découverte le 1er juillet 2025 par le Asteroid Terrestrial-impact Last Alert System, cette comète fait l’objet de toutes les attentions. Docteur en astrophysique et journaliste scientifique, Adrien Coffinet nous explique les raisons de cet engouement.

Le réseau de surveillance ATLAS se compose de quatre télescopes (deux à Hawaï, un au Chili et un en Afrique du Sud) qui scrutent automatiquement le ciel. © ATLAS
Cielmania : que sait-on sur cet objet céleste ?

Adrien Coffinet : il s’agit d’une comète interstellaire qui a été découverte il y a presque deux mois, mais on a retrouvé sa trace sur des images remontant au 21 mai 2025. Les astronomes vont continuer à l’observer dans les mois qui viennent, mais lorsque la comète sera au périhélie le 29 octobre prochain, la Terre sera de l’autre côté du Soleil, rendant les observations impossibles. Pourtant, le passage au périhélie est une période cruciale pour en apprendre plus. C’est le moment où une comète est la plus active, et elle peut même éventuellement se fragmenter (comme l’avait fait 2I/Borissov). L’observer au périhélie permettrait peut-être aussi de confirmer qu’elle provient bien du disque épais de notre galaxie, comme on le suspecte.

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Saturne : une tempête polygonale au pôle Sud ?

L’astrophotographe amateur Jean-Paul Oger a peut-être découvert une nouvelle tempête polygonale sur Saturne, cette fois au pôle Sud.

Un hexagone au Nord, un décagone au Sud ?

En survolant le pôle Nord de Saturne dans les années 1980, les sondes Voyager y ont découvert un étrange vortex de forme hexagonale. Autour de cette tempête, dont le diamètre dépasse trente mille kilomètres, on a pu mesurer des vents circulant à des vitesses proches de 500 km/h. Des simulations menées ultérieurement (Harvard, 2020) ont montré que l’interaction entre plusieurs petites tempêtes pouvait conduire à la formation d’une telle structure polygonale. Mais les chercheurs sont restés sur leur faim, puisque le modèle obtenu était un polygone à neuf côtés et non un hexagone :

Vortex de forme hexagonale photographié au pôle Nord de Saturne. © NASA

On n’avait encore rien observé d’aussi spectaculaire au pôle Sud, si ce n’est un vortex polaire chaud. Mais les dernières images de Jean-Paul Oger révèlent un autre phénomène. Cet astrophotographe amateur a réalisé un planisphère du pôle Sud de la planète à partir de plusieurs clichés. Ils ont été pris avec une caméra infrarouge et un télescope de 40 centimètres de diamètre. Le résultat final dévoile un vortex polygonal inconnu :

Un vortex apparaît au pôle Sud sur les images réalisées en infrarouge. © Jean-Paul Oger

En attendant que cette découverte soit confirmée par d’autres observations, n’hésitez pas à pointer Saturne cette nuit (utilisez Stellarium pour la repérer). La planète aux anneaux, qui se trouve actuellement dans la constellation des Poissons, se rapproche de nous jusqu’à son opposition le mois prochain.

En ce moment, observez la célèbre planète aux anneaux. © Jean-Baptiste Feldmann
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C/2025 A6 (Lemmon), une belle comète cet automne ?

La comète C/2025 A6 (Lemmon) augmente d’éclat beaucoup plus rapidement que prévu. Avec peut-être une agréable surprise à l’automne.

Astre chevelu du soir, espoir :

C/2025 A6 (Lemmon) a été découverte le 3 janvier 2025 à l’Observatoire du Mont Lemmon avec une magnitude de 21,6. Nommée CCNG6P2 dans un premier temps, elle a reçu sa désignation définitive une fois sa nature cométaire confirmée. Les astronomes ont calculé que sa période orbitale est d’environ 1372 ans. Son passage au plus près de la Terre (0,68 UA) est fixé au 21 octobre, et le périhélie au 8 novembre. Initialement, la luminosité de la comète devait avoisiner la magnitude 10 à cette époque. Mais les dernières estimations d’éclat ont conduit Seiichi Yoshida à réévaluer ses prévisions :

Si ces projections se confirment, C/2025 A6 (Lemmon) pourrait alors atteindre la magnitude 4,5 et devenir visible à l’œil nu. L’astre chevelu circulerait du Bouvier à Ophiuchus, et serait donc très bien placé dans le ciel du soir pour les observateurs de l’hémisphère Nord. Mais restons prudents, car c’est bien connu, les comètes n’en font qu’à leur tête. Souvenez-vous : bien que très prometteuse, la comète C/2025 F2 (SWAN) a fait pschitt il y a quelques mois….

La comète C/2023 A3 Tsuchinshan-ATLAS le 13 octobre 2024 en train de glisser derrière Oingt en Beaujolais, l’un des plus beaux villages de France. © Jean-Baptiste Feldmann
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Vingt-cinq heures avant la Nouvelle Lune

Le croissant lunaire faisait une dernière apparition ce matin, avant la prochaine Nouvelle Lune, faussement appelée Lune noire.

Le buzz de la Lune noire :

La Nouvelle Lune (NL) se produit tous les 29,53 jours, le temps d’une lunaison. Au cours de cette période, on assiste aux différentes phases. Après la NL, c’est le Premier quartier, suivi de la Pleine Lune puis du Dernier quartier, avant la NL suivante. L’écart moyen entre chaque phase est donc d’environ 7,4 jours. Ce matin, veille de la NL, on pouvait observer un très fin croissant au-dessus de l’horizon Est :

Joli croissant de Lune à l’aube du 22 août 2025. © Jean-Baptiste Feldmann

Au moment de la NL, notre satellite naturel est invisible, car trop proche angulairement du Soleil. Invisible, vraiment ? Sauf pour l’astrophotographe français Thierry Legault, qui a réussi l’exploit de le photographier le 14 avril 2010. Mais pour le commun des mortels, il faut attendre deux ou trois jours pour retrouver un fin croissant, cette fois au-dessus de l’horizon Ouest en soirée. Bref, la mécanique céleste explique parfaitement les différentes phases lunaires, nul besoin de chercher à faire le buzz avec une prétendue Lune noire !

Les phases s’expliquent par les différentes configurations Lune-Terre-Soleil. ©AstroJuniors
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Insolite : de la neige à l’Observatoire de Las Campanas

Bien que situé dans l’une des régions les plus sèches du monde, l’Observatoire de Las Campanas s’est brièvement retrouvé sous la neige. 

Observatoires chiliens :

À Las Campanas, comme à La Silla ou au Cerro Paranal, les astronomes ont rarement l’occasion de voir des précipitations. Ces trois observatoires chiliens bénéficient en effet d’un climat particulièrement sec, c’est-à-dire pourvu d’une atmosphère très pauvre en vapeur d’eau. Un gage pour des observations de qualité, avec une très faible probabilité de couverture nuageuse. Si les observatoires de La Silla et du Cerro Paranal sont européens, celui de Las Campanas est américain. Et c’est là, dans la Cordillère des Andes, qu’une rare chute de neige a été immortalisée par Yuri Beletsky :

Rare chute de neige dans la Cordillère des Andes. © Yuri Beletsky

Comme l’astrophotographe le raconte sur sa page Facebook, le paysage autour de l’observatoire s’est couvert d’une mince couche de neige après une tempête. À droite sur l’image, on remarque les deux coupoles jumelles des télescopes Magellan de 6,5 mètres de diamètre. Au fond à gauche, on distingue les coupoles qui abritent les télescopes Henrietta Swope (1 mètre de diamètre) et Irénée du Pont (2,50 m).

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Une nouvelle lune découverte autour de la lointaine Uranus

Le télescope spatial James Webb a découvert une vingt-neuvième lune autour d’Uranus, la septième planète du Système solaire.

La planète d’Herschel :

Uranus a été découverte le 13 mars 1781 par William Herschel, lui assurant une immense célébrité. L’astronome-musicien utilisait alors un télescope de 160 millimètres de diamètre. Avec un rayon d’un peu plus de 25.000 kilomètres, cette planète gazeuse géante arrive en troisième position après Jupiter et Saturne :

Uranus et quelques-uns de ses satellites. © Georges Astrophotography

Uranus met un peu plus de 84 ans pour effectuer une révolution autour du Soleil. Depuis quelques années, les instruments de plus en plus performants ont permis d’observer des modifications de la météo sur Uranus :

On a photographié d’énormes tempêtes (image ci-dessus) sous forme de nuages clairs. Une couleur qui s’explique probablement par la remontée de glace de méthane. Par ailleurs, ces tempêtes sont poussées par des vents pouvant atteindre 900 km/h. On a également découvert (en 1977) un système d’anneaux autour de la planète. Continuer la lecture de Une nouvelle lune découverte autour de la lointaine Uranus

Astrolys, l’incontournable festival d’astronomie vendéen

Retour sur la dix-septième édition du festival d’astronomie vendéen Astrolys, qui faisait cette année honneur aux animaux du ciel.

La Chapelle-Aux-Lys, village étoilé :

Astrolys (site de l’association), c’est l’astronomie à la Chapelle-Aux-Lys. Dans ce petit village vendéen, on tutoie les étoiles depuis bien longtemps. Planétarium, chemin aux étoiles, cadrans solaires et photographies astronomiques dans les rues, ainsi qu’un festival dont la dix-septième édition se déroulait les 16 et 17 août 2025. La faute à Olivier Sauzereau, un astrophotographe qui partage sa passion avec une énergie débordante :

De gauche à droite Olivier Sauzereau, Tony Crocetta et moi-même. © CIELMANIA

Quand il n’est pas en train d’observer une éclipse totale de Soleil (comme par exemple le 21 août 2017 aux USA), Olivier se consacre à la diffusion de l’astronomie. Au point d’avoir fait de son village (le plus petit du monde à posséder un planétarium) un lieu incontournable pour les amoureux du ciel étoilé, avec le soutien bienveillant du maire, Philippe Boisson :

Inauguration de la dix-septième édition du festival. © Astrolys

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Spectacle à l’aube : deux planètes et une étoile filante

Ce matin 12 août, spectacle assuré avec la conjonction Jupiter-Vénus, avec en prime le passage d’une belle étoile filante.

Rencontre céleste :

Le spectacle annoncé a bien eu lieu ! Comme prévu, on pouvait admirer le rendez-vous entre Vénus et Jupiter en fin de nuit. Un rapprochement planétaire qui n’était qu’apparent, puisque les deux planètes ne sont pas à la même distance. Vénus se situe en effet à 180 millions de kilomètres, alors que Jupiter vogue à 900 millions de kilomètres !

Moins d’un degré apparent séparait les deux planètes. © Jean-Baptiste Feldmann

Il fallait composer avec l’éclairage lunaire, deux jours après la Pleine Lune.  On voit bien la clarté du ciel sur l’image ci-dessus, prise avec une focale de 75 millimètres. Mais ce 12 août, c’est aussi la date du maximum d’activité de l’essaim d’étoiles filantes des Perséides. Et un joli météore s’est invité sur un de mes clichés, glissant au-dessus de la constellation d’Orion :

Passage surprise d’une étoile filante au-dessus d’Orion. © Jean-Baptiste Feldmann

Vénus va poursuivre sa descente en direction de l’horizon Est jusqu’à sa conjonction avec le Soleil le 6 janvier 2026. Quant à Jupiter, elle a entamé le mouvement inverse. Elle va s’élever au fil des nuits, allongeant sa période d’observation jusqu’à son opposition le 10 janvier 2026. Avec Saturne, le duo planétaire va enchanter les astronomes dans les semaines qui viennent.

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Celestron, célèbre fabricant de télescopes, fête ses 65 ans

Depuis 1960, la société Celestron fabrique des télescopes, surfant sur un modèle emblématique imaginé dans les années 1970.

Concept révolutionnaire :

l’histoire de Celestron (à découvrir ici) débute à la fin des années 1950 en Californie. Tom Johnson, le directeur de Valor Electronics, une entreprise de composants, cherche un télescope pour initier ses garçons. Ne trouvant rien qui lui convienne, il construit alors un réfracteur de 15 centimètres de diamètre. Se prenant de passion pour ces instruments, Johnson fonde en 1960 Celestron-Pacific (le deuxième nom sera supprimé ultérieurement), une filiale de Valor Electronics. La nouvelle société fabrique et commercialise des télescopes de type Schmidt-Cassegrain.

Un des télescopes de la marque américaine sous les étoiles d’Orion. © Jean-Baptiste Feldmann

La conception optique de ces télescopes les rend particulièrement compacts, mais la taille de leur lame de fermeture en verre reste coûteuse. Les choses changent en 1970, lorsque Tom Johnson trouve le moyen de produire ces fameuses lames à un prix raisonnable. La marque lance alors un instrument mythique : un télescope au miroir de 20 centimètres logé dans un célèbre tube orange. Installé sur une monture à fourche motorisée, il est proposé pour moins de mille dollars :

Le célèbre tube orange du SC 8 va révolutionner l’astronomie dans les années 1970.

Cet instrument et ses déclinaisons dans différents diamètres vont connaître un succès foudroyant. Cinquante ans plus tard, un certain nombre sont toujours en service, preuve de la qualité du produit ! Aujourd’hui encore, la société Celestron poursuit la production et le développement de ses célèbres tubes, devenus noirs depuis 1980. Preuve que Tom Johnson, décédé en 2012, était un visionnaire !

Les télescopes Schmidt-Cassegrain ont toujours du succès. © Jean-Baptiste Feldmann
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À l’aube, admirez le rapprochement Vénus-Jupiter

Prélude à leur rencontre le 12 août 2025, les planètes Vénus et Jupiter ont entamé un rapprochement apparent dans le ciel de l’aube. 

Rencontre céleste :

C’est à l’aube que se déroule actuellement un joli spectacle céleste. Comme elles le font régulièrement, les planètes Vénus et Jupiter vont se croiser. Un rapprochement qui n’est qu’apparent : si, à l’aube du 12 août, moins d’un degré séparera les deux astres, ils sont en réalité très éloignés. Vénus se situe en effet à 180 millions de kilomètres, alors que Jupiter vogue à 900 millions de kilomètres !

Position des deux planètes dans le ciel côté Est le matin du 3 août 2025. © Eric G. David

Le charme de ces rendez-vous planétaires, c’est qu’ils sont observables par tous. Pour les suivre, pas besoin d’une lunette astronomique ou d’un télescope, car l’éclat des deux astres est très important. Figurez-vous que Vénus a une magnitude de -4 et Jupiter de -2. Autant dire que vous n’aurez aucune difficulté pour les repérer à l’œil nu :

Situation à l’aube du 12 août 2025. © Stellarium

Vous pouvez donc admirer dès maintenant ce spectacle (que je vous annonçais dans les éphémérides), à condition de vous lever aux alentours de cinq heures du matin. En portant votre regard en direction de l’Est, vous ne pourrez pas manquer les deux planètes. Pour mémoire, leur dernier rapprochement apparent  a eu lieu dans la soirée du 2 mars 2023 :

Rapprochement Jupiter-Vénus le 2 mars 2023 en soirée. © Jean-Baptiste Feldmann
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Éphémérides : le ciel du mois d’août 2025

Ce mois d’août 2025 sera peut-être pour vous l’occasion de découvrir le ciel nocturne en participant aux Nuits des étoiles.

Faites une pause, levez les yeux :

Août 2025 ne dérogera pas à la règle. Cette année encore, une nouvelle édition (la trente-cinquième) des Nuits des étoiles mettra le ciel nocturne à la portée de tous. Cette manifestation fut proposée pour la première fois en 1991 par les astrophysiciens Daniel Kunth et Hubert Reeves. Un peu partout sur le territoire, des centaines d’associations vous accueilleront les 1, 2 et 3 août. S’il faudra attendre la seconde partie de la nuit pour admirer Saturne, le célèbre Triangle d’été et la Voie lactée se dévoileront en première partie.

Nuits des étoiles en juillet 2019 à Dijon. © Jean-Baptiste Feldmann

Les passionnés se feront une joie de vous dévoiler les joyaux du ciel (comme la nébuleuse du Trèfle) dans leurs télescopes. Quant au reste du mois, il offrira quelques jolies observations, détaillées dans le paragraphe suivant.  Continuer la lecture de Éphémérides : le ciel du mois d’août 2025

28 juillet 1851, première image d’une éclipse de Soleil

C’est le 28 juillet 1851 que l’astronome prussien Julius Berkowski réalisa la première image (un daguerréotype) d’une éclipse de Soleil.

Spectacle céleste :

Une éclipse de Soleil est sans doute le plus beau spectacle astronomique qui soit. Mais ce fut aussi pendant longtemps la seule occasion de pouvoir brièvement étudier la couronne solaire. Il n’est donc pas étonnant que les astronomes se soient mobilisés à l’occasion de chaque rendez-vous entre le Soleil et la Lune. En raison de la rareté des phénomènes, la science des éclipses est assez récente :

Protubérances et grains de Baily au cours de l’éclipse du 8 avril 2024. © Bryon Wiley

Bien sûr, la couronne solaire est observée depuis longtemps. Mais pour les protubérances, il faut attendre l’éclipse du 8 juillet 1842. À cette occasion, elles sont signalées pour la première fois par Francis Baily, l’astronome anglais qui a déjà découvert les grains de Baily en 1836. Mais comment immortaliser ces phénomènes de façon plus objective que le dessin ? Continuer la lecture de 28 juillet 1851, première image d’une éclipse de Soleil

Image insolite : Phobos survole le cratère martien Herschel

Retour sur une incroyable image réalisée en 1977 par l’orbiteur Viking 1 qui survola le satellite Phobos sur fond de cratère martien.

Un astronome soutenu par son épouse :

Les deux satellites naturels de Mars, Phobos et Deimos, ont été découverts en 1877. Cette année-là, l’opposition de la Planète rouge était particulièrement favorable. Le 5 septembre, elle n’était qu’à 56,2 millions de kilomètres de nous et de nombreux télescopes la pointèrent. Avec l’espoir de découvrir d’éventuels satellites, l’astronome Asaph Hall avait décidé de l’étudier à partir du mois d’août à l’Observatoire de Washington. Ne voyant rien, il était prêt à abandonner son projet, quand sa femme Angelina Stickney l’exhorta à ne pas renoncer. Une bonne idée, puisque Hall découvrit Deimos le 12 août 1877 et Phobos cinq jours plus tard !

Phobos se glisse entre l’orbiteur Viking 1 et la planète Mars. © NASA/Michael Benson

L’image ci-dessus a été prise presque un siècle plus tard, le 26 septembre 1977, par Viking Orbiter 1. Elle a été ultérieurement colorisée  (en 2003) par l’artiste Michael Benson. On y voit la lune (sombre) survoler le cratère d’impact Herschel, qui se situe dans Mare Tyrrhenum.

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La grande comète Hale-Bopp était découverte il y a 30 ans

Elle a été l’une des plus belles comètes du XXe siècle. Zoom sur Hale-Bopp, un astre chevelu découvert par deux amateurs américains.

Découverte d’amateurs :

L’histoire débute dans la nuit du 23 juillet 1995. Deux astronomes amateurs américains qui ne se connaissent pas scrutent le ciel avec leur télescope : Alan Hale depuis le Nouveau-Mexique et Thomas Bopp en Arizona. En visant la constellation du Sagittaire, ils découvrent une petite tache diffuse qui n’est pas référencée dans leurs atlas célestes et en informent le Minor Planet Center. Il s’agit bien d’une nouvelle comète qui va prendre leur nom.

La comète Hale-Bopp déploie ses deux queues au printemps 1997. © Jerry Lodriguss

Il s’avère très rapidement que C/1995 O1 est une grosse comète très active (le télescope spatial Hubble permet d’estimer le diamètre de son noyau à quarante kilomètres).

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On a trouvé un compagnon à Bételgeuse !

Bételgeuse, la célèbre étoile supergéante rouge, a un discret compagnon, qui vient d’être découvert par le télescope Gemini Nord.

Vedette imprévisible :

S’il y a une étoile que tout le monde connaît, c’est bien Bételgeuse. Celle qui symbolise l’épaule du chasseur Orion fait en effet régulièrement parler d’elle. Ce fut le cas par exemple lorsqu’elle a été occultée par un astéroïde, et surtout au moment de son grand obscurcissement. Cet astre intriguant devrait même finir par exploser en supernova, devenant alors visible en plein jour ! Quand ? Cela, personne ne peut le prévoir. Peut-être la nuit prochaine ou dans cent mille ans, comme l’explique l’astrophysicienne Sylvie Vauclair. Dernièrement, une équipe internationale d’astrophysiciens a même suggéré que l’explosion s’était peut-être déjà produite…

Un autre regard sur la nébuleuse d’Orion. Notez la couleur orangée de Bételgeuse.  © Jean-Baptiste Feldmann

En tout cas, une chose est sûre, c’est que les sautes d’humeur de cette supergéante rouge sont connues depuis longtemps. D’ailleurs, on en trouve la trace dans les récits que se transmettent les Aborigènes d’Australie (à lire sur arXiv). Continuer la lecture de On a trouvé un compagnon à Bételgeuse !

Il y a dix ans, la sonde New Horizons survolait Pluton

Le 14 juillet 2015, la sonde américaine New Horizons nous transmettait d’incroyables images de la surface de Pluton.

Un long voyage :

New Horizons a survolé la planète naine Pluton le 14 juillet 2015 à une distance de 12.500 kilomètres. Lancée le 19 janvier 2006, la sonde américaine était alimentée en énergie par 11 kilogrammes de plutonium. En effet, son voyage l’emmenait trop loin du Soleil pour pouvoir utiliser des panneaux photovoltaïques. À son bord, huit instruments scientifiques dont un spectromètre qui a confirmé la présence de méthane sur Pluton sous forme de glace (la température de surface avoisine les -223°C).

En vidéo : survolez pour la première fois les plaines et montages gelées de Pluton

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La nébuleuse du Trèfle, joyau du ciel d’été

Surnommée Trifide ou nébuleuse du Trèfle, Messier 20 est une merveille céleste nichée dans la constellation du Sagittaire.

Une nébuleuse incontournable :

Depuis sa découverte en juin 1764 par Charles Messier, la nébuleuse du Trèfle fascine les amoureux du ciel nocturne. L’astronome français, qui la classa en vingtième position dans son célèbre catalogue, ne remarqua pas sa forme si particulière. Le mérite en revint à John Herschel (fils du célèbre William Herschel) soixante ans plus tard. Il constata que des chenaux sombres semblaient diviser la nébuleuse en trois et lui donna alors le nom de Trifide. Cette forme de trèfle est évidente sur les photographies de Messier 20 :

Messier 20, une nébuleuse en forme de trèfle dans le Sagittaire. © Luigi Morrone

Outre la beauté qu’elles procurent à cette nébuleuse, les couleurs nous donnent également des informations scientifiques. La zone bleutée correspond à une nébuleuse par réflexion, dans laquelle la poussière diffuse la lumière de jeunes étoiles. Le rouge est typique des nébuleuses en émission, où l’hydrogène ionisé par le rayonnement stellaire produit cette coloration. Quant aux sillons sombres, aucune étoile n’y est encore née pour faire briller le gaz et la poussière qui les composent.  Continuer la lecture de La nébuleuse du Trèfle, joyau du ciel d’été