Éphémérides : le ciel du mois de juin 2024

Au cours de ce mois de juin 2024 aux nuits très courtes, admirez la Lune à l’occasion d’une nouvelle édition de On The Moon Again.

Pas de nuit noire :

Qu’observer en juin 2024, alors que les nuits sont les plus courtes de l’année ?  Ce mois-ci, les amoureux des étoiles doivent oublier la Voie lactée. Idem pour les nébuleuses que vous retrouverez plus tard dans l’été. Mais rassurez-vous, il n’est pas toujours nécessaire d’attendre la nuit pour admirer le ciel. Outre l’étude des taches solaires (voir comment observer l’activité solaire en toute sécurité), nous entrons dans la bonne période pour guetter les fugaces nuages noctiluques :

Nuages noctiluques en Bourgogne à l’aube du 4 juillet 2021. © Jean-Baptiste Feldmann

Mais le mois de juin est surtout l’occasion d’admirer la Lune au télescope dans le cadre de l’opération On The Moon Again. Du 14 au 16, des centaines d’astronomes amateurs (carte des sites d’observation) vous attendent un peu partout pour trois soirées d’observations lunaires inoubliables :

Séance découverte de la Lune au lycée de Brochon. © Jean-Baptiste Feldmann

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Alignement planétaire : que verra-t-on vraiment le 3 juin ?

L’info fait actuellement le buzz : pourrons-nous observer six planètes alignées à l’aube du 3 juin ? Pas vraiment, et voici pourquoi. 

Faux scoop :

Depuis quelques jours, certains médias nous promettent l’observation de six planètes réunies à l’aube du lundi 3 juin. L’événement est annoncé comme rarissime et les superlatifs ne manquent pas. En consultant une application comme Stellarium, on remarque effectivement qu’il y a bien un regroupement planétaire à l’Est. S’étirant le long de l’écliptique, on trouve en partant de l’horizon Est Jupiter, Mercure, Uranus, Mars, Neptune et Saturne. Le montage ci-dessous permet de visualiser cet alignement :

Alignement planétaire à l’aube du 3 juin 2024. Seules Saturne, Mars et Jupiter sont observables. © Cielmania

Ne manque à l’appel que Vénus (la brillante étoile du Berger), inobservable actuellement avant son retour en soirée cet été. Mais attention, toutes les planètes n’ont pas le même éclat. N’espérez pas voir Neptune, Uranus ni même Mercure : leur luminosité est insuffisante pour qu’on puisse les distinguer dans un ciel clair. Quant à Jupiter, des jumelles seront peut-être nécessaires pour la localiser dans les lueurs de l’horizon. Continuer la lecture

L’étonnante queue en éventail de la comète 12P/Pons-Brooks

À l’approche du périgée, la comète 12P/Pons-Brooks présente une curieuse queue de poussière en forme d’ éventail. Explications.

Comète australe :

On avait presque oublié la comète 12P/Pons-Brooks ! J’avais pu l’apercevoir une dernière fois le 10 avril 2024 avant qu’elle ne soit trop proche du Soleil. Devenue inobservable en France depuis son passage au périhélie le 21 avril dernier, elle reste cependant à la portée des télescopes installés dans l’hémisphère Sud :

Au début du printemps, l’astre chevelu s’était fait remarquer par la splendeur de sa queue de gaz (appelée aussi queue ionique). Vient désormais si ajouter une étonnante queue de poussière en éventail (explications ci-dessous). Le phénomène devrait s’intensifier jusqu’au périgée le 2 juin (la comète sera alors à 1,55 UA de la Terre). Bien qu’elle se rapproche, la comète garde un éclat stable (magnitude 6 environ) puisque dans le même temps elle s’éloigne du Soleil.    Continuer la lecture

La Lune et le château de Rochebonne

Ce 25 mai à l’aube, la Lune presque pleine se couchait derrière le château de Rochebonne à Theizé dans le Beaujolais.

Un château en Beaujolais :

Les plus anciens vestiges du château de Rochebonne remontent au XIIe siècle. Construit pour contrôler la rive droite de la Saône, l’édifice connaîtra de nombreuses modifications. Son histoire mouvementée nous est racontée par les Amis de Rochebonne.  Le château appartient désormais à la commune de Theizé en Beaujolais. C’est cet ouvrage que j’ai voulu mettre en valeur à l’aube de ce samedi 25 mai :

Deux jours après la Pleine Lune, notre satellite naturel se couchait derrière le château depuis mon point de vue situé au-dessus de Liergues. Continuer la lecture

Fournaise au cœur de la nébuleuse planétaire NGC 2440

Dans la nébuleuse planétaire NGC 2440, les astronomes ont déniché l’un des astres les plus chauds de notre galaxie.

Une étoile brûlante :

170.000°C pour la naine blanche cachée dans la nébuleuse NGC 2440 ! Voilà qui dépasse allègrement les 130.000°C mesurés au centre de la nébuleuse du Masque. Sans détrôner WR 102 et ses 210 000°C, l’astre au cœur de NGC 2440 est donc l’un des plus chauds connus à ce jour. On doit la découverte de la nébuleuse à l’astronome germano-britannique William Herschel en 1790. L’ensemble, de magnitude 9, se situe à 3.600 années-lumière dans la constellation de la Poupe, à l’Est de Sirius. Voici la nébuleuse photographiée par l’un des télescopes du KPNO (Kitt Peak National Observatory) :

On peut également la retrouver dans les archives du Télescope spatial Hubble, ou en dessin sur le blog de Bertrand Laville. Continuer la lecture

Les anneaux de Saturne se referment lentement

Tous les 15 ans environ, les anneaux de Saturne se referment, un étonnant spectacle observable dans un petit télescope.

Équinoxe saturnien :

Le balancement des anneaux de Saturne fascine les astronomes depuis longtemps. En 1880, dans son Astronomie populaire, Camille Flammarion expliquait déjà ce curieux phénomène à ses lecteurs :

Pendant les solstices saturniens de 1855 et 1869, les anneaux sont éclairés au maximum quand on les observe depuis la Terre. Pendant les équinoxes de 1848, 1862 et 1877, les anneaux sont presque invisibles pour les Terriens car on les voit par la tranche. © Camille Flammarion

L’inclinaison du plan équatorial de la planète de presque 27° est responsable de cette modification d’aspect. Au cours d’une révolution de Saturne autour du Soleil en un peu moins de 30 ans, nous observons deux solstices et deux équinoxes. Lors des solstices saturniens, le Soleil éclaire les anneaux avec un angle de 26° 44′ « par-dessus » (été boréal) ou « par-dessous » (été austral). Au moment des équinoxes saturniens (ce sera le cas en 2025), les anneaux sont éclairés par la tranche. Continuer la lecture

Un nouveau guide pour découvrir le ciel à l’œil nu

Pratique, ludique et pédagogique, Le ciel à l’œil nu est un joli guide à mettre entre les mains de tous, petits et grands curieux.

Levez les yeux :

Observer le ciel à l’œil nu peut sembler désuet à une époque où écrans, caméras et télescopes nous semblent incontournables. Pourtant, la récente Grande éclipse nord-américaine est venue nous rappeler combien certains phénomènes célestes sont spectaculaires à l’œil nu. Moins impressionnants mais plus fréquents, le ballet des planètes, les facéties de la Lune, le passage fugace des étoiles filantes ou encore la splendeur de la Voie lactée sont à la portée de ceux qui lèvent les yeux. C’est à leur intention que Stelvision propose un nouveau guide, “Le ciel à l’œil nu” :

En ville, à la campagne et même dans son canapé, ce joli guide a tout pour vous séduire. Réalisé par Bertrand d’Armagnac et Carine Souplet, deux passionnés qui savent parfaitement vulgariser l’astronomie, il bénéficie du talent de l’illustratrice Valérie Leblanc.

On commence par apprendre où, quand et comment observer. Puis, au fil des pages et des dépliants richement illustrés, on se familiarise avec le ciel nocturne des quatre saisons. La course des planètes, de la Lune et du Soleil ainsi que de nombreux spectacles célestes insolites viennent compléter ce guide.

Mes coups de cœur :
  • le style de l’ouvrage, rédigé avec le souci constant d’expliquer les choses simplement. Bertrand d’Armagnac et Carine Souplet confirment dans ce guide leurs talents de pédagogues.
  • des encarts réguliers destinés à enrichir sa culture céleste, qui permettent d’aborder certains aspects historiques ou scientifiques.
  • de nombreux codes QR qu’il suffit de scanner pour avoir accès à des informations actualisées : visibilité des planètes, actualité cométaire, passages de la Station spatiale…

À savoir :

Depuis plusieurs années, Stelvision marque de son empreinte le monde de l’astronomie avec des guides originaux et un choix limité de produits pertinents (voir par exemple “les Yeux de hibou“). Son site internet propose également de nombreux outils et conseils pour observer le ciel étoilé. Citons par exemple l’incontournable carte du ciel adaptée à votre lieu d’observation. Autre application très pratique, un simulateur de télescope. Il vous donnera une idée de ce que vous pouvez espérer voir dans un instrument d’astronomie en fonction du diamètre de son miroir.

“Le ciel à l’œil nu” 22,90 €, à commander ici.

Vous pourriez aimer :

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Insolite : la Station spatiale chinoise devant le Soleil

L’astrophotographe Nicolas Giraud a saisi le rapide passage de la Station spatiale chinoise Tiangong devant le Soleil et ses taches. 

Station chinoise :

Tiangong (Palais céleste en mandarin) est le nom de la Station spatiale chinoise. Cette dernière est composée pour le moment de trois modules lancés en 2021 et 2022. Mais elle va prochainement s’agrandir, comme cela a été annoncé en 2023 à l’occasion du 74e Congrès international d’astronautique. Actuellement, Tianhe (le module central), Wentian (le module d’habitation) et Mengtian (le module scientifique) représentent un volume de 110 m³. Un espace suffisant pour accueillir régulièrement trois taïkonautes. Comparativement, les astronautes présents dans la Station spatiale internationale (ISS) disposent d’environ 400 m³.

La station spatiale chinoise Tiangong est en orbite depuis 2021. © Shujianyang

Orbitant à environ 350 km au-dessus de la Terre, la station Tiangong est alimentée en électricité par de grands panneaux solaires. Ils lui donnent une silhouette qui rappelle celle de l’ISS. Continuer la lecture

Une soirée avec la lumière cendrée depuis le Vercors

Retour sur la soirée du 9 mai avec le fin croissant de Lune et la lumière cendrée observés sous le ciel pur du Vercors.

Un massif préservé :

Le Vercors est un massif montagneux des Préalpes dont le point culminant est le Grand Veymont (2.341 mètres). On y pratique les sports de pleine nature tout en y préservant l’environnement. Si le paysage a été façonné pour les besoins de l’élevage, les plans de reboisement font du Vercors un des principaux massifs forestiers de France. C’est aussi une réserve pour des espèces telles que la Tulipe australe et le Tétras lyre, deux des symboles du Parc Naturel Régional du Vercors. Le bouquetin des Alpes et le vautour fauve y ont également été réintroduits. C’est au-dessus de Villard-de-Lans que j’ai pu admirer la lumière cendrée le soir du 9 mai :

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En vidéo : Saint-Cirq-Lapopie sous l’aurore boréale

Dans la nuit du 10 au 11 mai, un photographe a filmé l’aurore boréale depuis l’un des plus beaux villages de France, Saint-Cirq-Lapopie.

Village médiéval :

Saint-Cirq-Lapopie est un très beau village médiéval situé dans le Quercy. Le bourg est perché sur une falaise surplombant un méandre du Lot. La silhouette de son église fortifiée en est l’emblème, mais Saint-Cirq-Lapopie compte également plus d’une dizaine de monuments historiques. C’est là que le photographe Pierre-Paul Feyte (à suivre sur Instagram et sur Facebook) a immortalisé l’aurore boréale de la semaine dernière :

Pierre-Paul Feyte n’était pas le seul dehors cette nuit du 10 au 11 mai. De nombreux photographes avaient été avertis du phénomène et ont profité du spectacle, comme le raconte Futura Sciences. Mais tous n’ont pas eu la chance d’avoir comme premier plan l’un des plus beaux villages de France ! Continuer la lecture

Une curieuse nébuleuse dentelée dans Persée

Très délicate à photographier, HDW 3 est une nébuleuse planétaire de toute beauté située dans la constellation de Persée.

Célèbre constellation :

Pour les astronomes, Persée est une constellation bien connue pour ses trésors. On peut y admirer par exemple Algol, une étoile dont la variabilité est connue depuis l’Antiquité. C’est aussi dans cette constellation que se trouve un célèbre double amas d’étoiles, NGC 869 et 884, visibles à l’œil nu. Mais il est une autre merveille, autrement plus discrète : il s’agit de la nébuleuse planétaire HDW 3. Elle est tellement faible qu’elle n’a été dénichée qu’en 1983. Une découverte à mettre au crédit de Herbert Hartl, Johann Dengel et Ronald Weinberger. Pour nous la dévoiler, Peter Goodhew (Imagingdeepspace) n’a pas hésité à accumuler 71 heures de poses :

Avec sa lunette de 152 millimètres de diamètre, l’astrophotographe est coutumier des très longues expositions. Pas moins de 43 heures pour Abell 31 et 37 heures pour NGC 6826 par exemple.  Continuer la lecture

Cure de jouvence pour le célèbre télescope Hooker

Le miroir du télescope du Mont Wilson, dont l’astronome Edwin Hubble fut un fervent utilisateur, va être réaluminé.

Observatoire centenaire :

L’Observatoire du Mont Wilson est installé à 1.742 mètres d’altitude dans le comté de Los Angeles, en Californie. C’est là que les astronomes ont écrit quelques-unes des plus belles pages de l’astronomie du XXe siècle. L’observatoire fut fondé en 1904 par l’astronome George Ellery Hale. Il fut équipé quatre ans plus tard d’un télescope de 1,5 mètre de diamètre. Puis en 1917 un télescope de 2,5 mètres de diamètre entra en service et resta le plus grand du monde jusqu’en 1948. C’est ce dernier, le télescope Hooker, qui fait actuellement l’objet d’une cure de jouvence. Les images du démontage du miroir ont été réalisées par David Frey :

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Voyage au milieu de quelques lunes de Saturne

Retour sur l’une des belles images recueillies par la sonde Cassini, avec ce cliché des lunes Titan, Dioné, Pandore et Pan. 

Des lunes et des anneaux :

Le 15 septembre 2017, la sonde Cassini effectuait un grand plongeon dans les entrailles de Saturne. C’était la fin de plus d’une décennie d’exploration de la planète gazeuse géante pendant laquelle la sonde américaine avait réalisé une multitude d’observations et d’incroyables photographies. Cassini était l’un des plus gros vaisseaux interplanétaires jamais construits :

Il mesurait près de 7 mètres de haut pour 4 mètres de largeur et pesait 2.150 kg. Sans oublier les 350 kg du module Huygens (largué sur Titan le 14 janvier 2005) et plus de 3 tonnes d’hydrazine pour la propulsion. Continuer la lecture

Éphémérides : le ciel du mois de mai 2024

Au cours de ce mois de mai 2024, traditionnellement riche en Rencontres Astronomiques, la Lune croisera quatre planètes. 

Rencontres sous les étoiles :

Comme les années précédentes, mai 2024 est l’occasion pour les astronomes amateurs de se retrouver. Le pont de l’Ascension offre quatre jours et trois nuits sans Lune, une aubaine si la météo est clémente. Vous avez donc rendez-vous avec les Rencontres Astronomiques de Printemps (26ème édition) ou les Nuits Astronomiques de Touraine (12ème édition) :

Un très beau télescope “fait maison” présent aux RAP 2017. © Jean-Baptiste Feldmann

Ces rencontres sont une belle occasion pour observer et échanger entre passionnés. En outre, de nombreux ateliers permettent de s’initier ou de se perfectionner dans différents domaines : dessin, astrophoto, observations solairesContinuer la lecture