À l’aube, la Lune et Vénus saluent le timide retour de Saturne

Quelques semaines après Vénus, c’est au tour de Saturne de prendre place discrètement dans le ciel de l’aube.

Timide apparition :

Saturne redevient observable ! La planète préférée des astronomes est de retour à l’aube, après sa conjonction avec le Soleil le 12 mars dernier. Oh bien sûr, il va falloir patienter pour l’observer. Encore très basse, la planète aux anneaux affiche une modeste magnitude de 1,2. Rien de comparable avec l’éclat de Vénus (magnitude -4,6). D’ailleurs, l’astre n’apparaît que sur les photographies, et en cherchant bien. Le ciel est encore trop lumineux pour dénicher la planète à l’œil nu :

Vénus, la Lune et la discrète Saturne à l’aube du 25 avril 2025. © Jean-Baptiste Feldmann

Saturne va s’élever progressivement, et sera une cible de choix cet été, avant son opposition le 21 septembre 2025. C’est désormais la face Sud des anneaux que nous allons contempler, après le passage de la Terre dans leur plan le 23 mars dernier. Si Vénus et Saturne ont pris place dans le ciel du matin, Mars et Jupiter sont encore un peu observables en soirée. N’oubliez pas de consulter les éphémérides  au fil des mois pour en savoir plus !

Une planète bien entourée :

274 lunes au compteur : Saturne compte presque deux fois plus de satellites que toutes les planètes réunies ! Une publication de l’UBC rapporte qu’une première campagne menée entre 2019 et 2021 avait permis de détecter 62 lunes supplémentaires (la planète aux anneaux en comptait 146 jusque-là). Pour leurs recherches, les astronomes avaient utilisé le Canada-France-Hawaii-Telescope (CFHT). Ils ont récidivé en 2023 avec le même instrument, portant le total de leurs découvertes à 128. Mais seuls Titan, Rhéa, Japet, Dioné et Téthys sont observables dans un télescope d’amateur.

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La comète C/2025 F2 (SWAN) fait pschitt

On l’espérait visible à l’œil nu début mai, mais ce ne sera pas le cas. La comète C/2025 F2 (SWAN) s’est probablement désintégrée. 

Imprévisibles comètes :

C/2025 F2 (SWAN) avait été découverte le 22 mars 2025 par l’instrument SWAN, embarqué à bord du satellite solaire SOHO. Début avril, elle était déjà très photogénique, comme le montre cette image réalisée par Michael Jaeger et Gerald Rhemann :

La comète C/2025 F2 (SWAN)  le 6 avril 2025. © Michael Jaeger/Gerald Rhemann

La magnitude de la comète était alors estimée à 9, donc réservée aux télescopes. Mais la courbe de luminosité prévisionnelle laissait espérer qu’elle devienne visible à l’œil nu début mai. Les astrophotographes auraient pu alors immortaliser l’astre chevelu dans le même champ que le célèbre amas des Pléiades. Malheureusement, les récentes observations laissent penser que la comète n’a pas résisté à son approche du Soleil. L’astrophotographe Eduard Andrei Mociran a confirmé la désintégration de l’astre chevelu avec ce comparatif :

En quatre nuits, l’aspect de la comète C/2025 F2 (SWAN) a bien changé. © E. A. Mociran

Comme le rappelle l’astronome Jacques Crovisier, les comètes ne sont pas des astres immuables et peuvent disparaître de bien des manières. C/2010 X1 (Elenin), C/2019 Y4 (Atlas) ou encore C/2019 Q4 (Borissov) ont connu le même sort dans le passé. Sur le site astro.vanbuitenen, les mesures de luminosité de la comète SWAN s’écartent désormais chaque nuit un peu plus de la courbe prévisionnelle, au grand dam des astronomes :

Mesures de luminosité de la comète SWAN. © astro.vanbuitenen
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Flambée d’étoiles dans la nébuleuse Henize 206

Au sein du Grand Nuage de Magellan, la nébuleuse Henize 206 voit s’allumer de nouvelles étoiles quand d’autres meurent.

Les Nuages de Magellan :

N’essayez pas de trouver Henize 206 sur votre carte du ciel. Cette nébuleuse se cache dans le Grand Nuage de Magellan (LMC pour Large Magellanic Cloud), visible depuis l’hémisphère Sud. On doit la découverte du LMC (et de son petit frère le SMC) au navigateur portugais Fernand de Magellan. Ces deux nuages sont en réalité des galaxies naines reliées gravitationnellement à notre Voie lactée. Dans le Grand Nuage, Henize 206 se cache derrière un rideau de poussière. En 2004, les astronomes ont utilisé le télescope spatial Spitzer pour en percer les secrets :

Les observations réalisées en infrarouge ont révélé la présence d’une bulle de gaz chaud émettant des rayons X. Cette bulle a été soufflée dans l’espace il y a des millions d’années par l’explosion d’une supernova. L’onde de choc de cette explosion a comprimé un nuage d’hydrogène gazeux, déclenchant une flambée de nouvelles étoiles. Ainsi, la mort d’une étoile en fait naître de nouvelles.

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Vénus entame sa longue période de visibilité matinale

La planète Vénus est désormais observable en fin de nuit. Une situation qui va se poursuivre tout le reste de cette année 2025.

Des phases pour Vénus :

Tout comme Mercure, l’autre planète intérieure (leurs orbites sont comprises entre la Terre et le Soleil), Vénus présente des phases très marquées. Le phénomène est spectaculaire à l’époque des conjonctions solaires. La dernière a eu lieu le 23 mars 2025. Il s’agissait d’une conjonction inférieure, ce qui signifie que la planète est passée entre nous et notre étoile. L’alignement entre les trois astres n’était pas rigoureusement exact et nous n’avons donc pas assisté à un transit de Vénus devant notre étoile comme ce fut le cas le 6 juin 2012.

La planète Vénus à l’aube du 2 avril 2025. © Jean-Baptiste Feldmann

Avant la conjonction, la seconde planète du Système solaire brillait en soirée. Désormais, elle est visible à l’aube au-dessus de l’horizon Est. Si vous pointez un petit télescope dans sa direction, vous verrez un grand et fin croissant. La planète s’éloignant de la Terre tout en s’écartant du Soleil, son diamètre apparent diminuera dans les semaines à venir. Quant au croissant, il va lentement épaissir (voir la fraction éclairée ci-dessous) pour se transformer en Quartier de Vénus début juin :

  • 14/04 : fraction éclairée 14%, diamètre apparent 48,4″
  • 30/04 : fraction éclairée 28%, diamètre apparent 37,4″
  • 14/05 : fraction éclairée 39%, diamètre apparent 30,3″
  • 30/05 : fraction éclairée 45,8%, diamètre apparent 24,6″
Superbe rapprochement serré entre Jupiter et Vénus le 2 mars 2023 en début de soirée. Vénus est la plus brillante des deux planètes. © Jean-Baptiste Feldmann

Chaque fin de lunaison, le fin croissant de Lune ira à la rencontre de Vénus. Ce sera le cas le 25 avril, le 24 mai ou encore le 22 juin. Des rendez-vous qui seront bien entendu annoncés dans les éphémérides !

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Décès de S. Gerasimenko, maman de la comète Tchouri

L’astronome Svetlana Ivanovna Gerasimenko, qui avait codécouvert la célèbre comète Tchouri, est décédée le 8 avril 2025.

Une discrète comète devenue célèbre :

L’histoire de la comète Tchouri débute la nuit du 11 au 12 septembre 1969. Sur des plaques photographiques réalisées par Svetlana Ivanovna Gerasimenko à l’Institut Fessenkov, Klim Churyumov remarque une petite tache floue. L’astre en question, qui s’est déplacé devant le fond des étoiles, est une nouvelle comète périodique. Elle prend le nom de 67P/Churyumov-Gerasimenko :

En novembre 2014, Svetlana Gerasimenko présente une maquette de la comète qu’elle a découverte et que vient de survoler la sonde Rosetta. © DLR German Aerospace Center

On oublie ensuite la comète 67P pendant plus de 30 ans. Puis tout change au début des années 2000, lorsque l’ESA prévoit d’expédier une sonde, Rosetta, en direction de la comète 46P/Wirtanen. Une défaillance de la fusée à la dernière minute empêche le lancement. La fenêtre de tir se referme, et quand le lanceur est de nouveau opérationnel, l’ESA doit trouver une autre cible. Elle choisit alors 67P, que les astronomes renomment Tchouri pour faire plus simple :

La comète Tchouri photographiée par la sonde européenne Rosetta en 2014. © ESA

Après avoir survolé les astéroïdes Steins en 2008 et Lutèce en 2010, la sonde Rosetta s’approche de 67P. Le 12 novembre 2014, elle largue sur la comète un petit robot, Philae. Svetlana et Klim deviennent alors des célébrités que les médias se disputent. Rosetta poursuivra son exploration pendant deux ans. Elle révèlera notamment que Tchouri est constituée de deux lobes distincts, preuve qu’elle s’est formée suite à une violente collision.

Klim Churyumov, l’autre découvreur de la comète Tchouri, est décédé en 2016. © ESA

Après le décès de Klim Churyumov en 2016, Svetlana s’est éteinte à son tour le 8 avril 2025 à l’âge de 80 ans. Outre une comète, un astéroïde porte le nom de cette astronome.

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SWAN25F, une comète pour les lève-tôt

Découverte il y a quelques jours, la comète SWAN25F est un astre chevelu qui pourrait devenir visible à l’œil nu prochainement.

Comète du matin :

Circulant actuellement entre Pégase et Andromède, la comète SWAN25F (elle a désormais son nom définitif, C/2025 F2 (SWAN)) est à chercher avant le lever du jour sur l’horizon Est. Cet astre chevelu a été découvert le 22 mars 2025 par l’instrument SWAN, embarqué à bord du satellite solaire SOHO. Déjà très photogénique, SWAN25F a été photographiée à l’aube du 6 avril par Michael Jaeger et Gerald Rhemann :

La comète SWAN25F photographiée le 6 avril 2025. © Michael Jaeger/Gerald Rhemann

La magnitude de la comète est actuellement estimée à 9, donc réservée aux télescopes. Cependant, elle pourrait atteindre magnitude 5 début mai et devenir (en théorie) visible à l’œil nu. L’astre chevelu se trouverait alors à proximité de l’amas des Pléiades, toujours au-dessus de l’horizon Est :

Vous trouverez toutes les informations sur cet astre chevelu (position, éclat prévisionnel…) sur astro.vanbuitenen ou encore sur aerith.net. Si un télescope est encore indispensable pour pointer cette comète, une paire de jumelles pourrait suffire dans les prochains jours. Mais attention : d’une part, il faut la chercher juste avant que le ciel ne devienne trop clair. D’autre part, la Lune va se rapprocher au fil des nuits !

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Des lycéens construisent un spectrohéliographe

Accompagnés par leur professeur, quatre lycéens belges se sont lancés dans un ambitieux projet : réaliser un spectrohéliographe.

Astronomie avec des lycéens :

Rémy Mas est professeur de sciences au lycée IEJ à Nivelles (Belgique). C’est là qu’il anime un club d’astronomie depuis 2017. Cette année, quatre élèves ont formé l’équipe SOLARIS : Clément Chéry, Théo Cornet Bielecki, Romain Piscaglia (5e secondaire) et Alban Jadin (6e secondaire), l’équivalent des classes de lycée en France. Ils ont construit et utilisé un spectrohéliographe SUNSCAN (conçu par l’équipe STAROS) pour étudier le Soleil et mesurer le déplacement des taches solaires sur la photosphère :

Quelques images du Soleil obtenues par les lycéens du projet SOLARIS. © Rémy Mas

Rémy Mas a découvert ce nouvel instrument, compact et autonome, lors des Rencontres du Ciel et de l’Espace 2024. Séduit par les possibilités de cet appareil, il a donc proposé à ses élèves de réaliser leur propre exemplaire. Et pour les motiver, il a également inscrit l’équipe SOLARIS (Solar Observation via Light And Rotation Investigation System) au concours Science-Expo. Continuer la lecture de Des lycéens construisent un spectrohéliographe

Mars derrière la Lune depuis l’Observatoire de Kitt Peak

Le nouveau télescope de l’Observatoire de Kitt Peak a immortalisé un étonnant cache-cache céleste entre la Lune et la planète Mars.

Un observatoire dans le désert :

Situé en Arizona, le désert de Sonora est la plus grande zone aride de l’Amérique du Nord. On y trouve de magnifiques cactus Saguaro (Carnegiea gigantea) dont certains atteignent 15 mètres de haut. En raison de son climat, la région a été choisie en 1958 pour y créer un observatoire astronomique :

Orage sur l’Observatoire de Kitt Peak le 4 juin 1972. © Gary Ladd/KPNO/NOIRLab

L’Observatoire de Kitt Peak (KPNO) compte deux radiotélescopes et vingt-deux télescopes optiques (dont le télescope Mayall de 4 mètres de diamètre). Depuis le mois de novembre 2024, un nouveau télescope de 60 centimètres de diamètre est entré en service. Destiné aux animations nocturnes pour le grand public, il a par exemple servi à photographier l’occultation de la planète Mars par la Lune le 13 janvier 2025 :

Occultation de la planète Mars par la Lune le 13 janvier 2025. © KPNO/NOIRLab

Alors qu’en France nous assistions à un rapprochement serré entre les deux astres (voir ici), le spectacle était bien plus intéressant depuis l’Arizona. De plus, l’occultation intervenait alors que la Planète rouge se trouvait au plus près de la Terre. Depuis, la quatrième planète du Système solaire s’éloigne de nous. Il faudra attendre la prochaine opposition en février 2027 pour qu’elle retrouve un diamètre apparent convenable.

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