Après octobre, le mois de la comète, novembre 2024 sera consacré aux observations planétaires, avec quelques beaux rendez-vous.
Vénus s’installe en soirée :
Ce mois de novembre 2024 nous offre des nuits qui commencent de plus en plus tôt. Si la météo est clémente, c’est le meilleur moment pour observer les planètes. Vénus sur l’horizon Ouest, suivie de Saturne, Jupiter puis Mars. Sans instrument, amusez-vous à repérer ces astres au milieu des constellations. Une application comme Stellarium ou la carte du ciel Stelvision vous seront utiles pour les localiser. Avec des jumelles, pointez Vénus dans la soirée du 11 novembre. Elle côtoie les nébuleuses Messier 8 et Messier 20. Une observation originale proposée par l’Astronomical League :
Notez que dans un petit télescope, Vénus présente une forme gibbeuse, avec environ 70% de sa surface éclairée. Quant aux autres planètes, Saturne stagne dans le Verseau, Jupiter étincelle au-dessus d’Orion, et Mars gagne en luminosité du côté de Castor et Pollux. Pour ces deux dernières planètes, il vous faudra attendre l’avancée de la nuit pour les voir se hisser à l’Est. Si vous désirez les immortaliser, regardez Comment réussir vos photographies planétaires.
Tel un étrange oiseau cosmique, la nébuleuse Cederblad 211 semble déployer ses ailes dans la constellation du Verseau.
Nébuleuse par réflexion :
Le bestiaire cosmique est peuplé d’étranges créatures volantes. Après LDN 43, la chauve-souris dans Ophiuchus, voici Cederblad 211. Nous sommes cette fois dans la constellation du Verseau. Bien moins connue que sa célèbre voisine NGC 7293, Cederblad 211 est une nébuleuse par réflexion. Elle doit son nom à Sven Cederblad. Cet astronome suédois publia en 1946 un Catalog of Bright Diffuse Galactic Nebulae. Les nébuleuses par réflexion sont des nuages de poussières qui réfléchissent la lumière d’une étoile proche :
La comète C/2023 A3 Tsuchinshan-ATLAS s’éloigne mais vous pouvez la suivre aux jumelles jusqu’à la fin du mois.
Voyageuse sur le départ :
La comète C/2023 A3 Tsuchinshan-ATLAS a fait couler beaucoup d’encre ! Surnommée par les médias “la comète du siècle”, elle aura finalement moins brillé que Neowise il y a quatre ans. Mais ne boudons pas notre plaisir : on peut quand même la voir sans instrument depuis quelques soirs, à condition de s’éloigner de toute pollution lumineuse. En image, elle a un aspect plutôt flatteur, en raison des performances des capteurs actuels. Pour ma part, je préfère réaliser des photographies qui restituent ce que l’on voit à l’œil nu depuis mon site d’observation dans le Beaujolais :
Le cliché ci-dessus a été obtenu avec un antique boîtier Nikon D3200, un objectif Samyang de 12 millimètres de focale, et une pose de 15 secondes à 3200 iso. On devine la Voie lactée, alors que la comète plonge vers l’Ouest. Comme elle s’éloigne de nous, les jumelles vont rapidement devenir indispensables pour la suivre.
Près de 90 heures de poses auront été nécessaires pour imager deux faibles nébuleuses planétaires dans la constellation de Cassiopée.
Célèbre constellation :
La constellation de Cassiopée a la forme caractéristique d’un “W”. Elle a la particularité d’être observable toute l’année. On dit qu’elle est circumpolaire sous nos latitudes car elle ne passe jamais sous l’horizon. Avec Pégase et Persée, elle est l’objet d’une jolie randonnée céleste proposée par Stelvision. La constellation est surtout connue pour avoir hébergé une célèbre supernova, SN 1572. Elle fut observée le 11 novembre 1572 par l’astronome danois Tycho Brahe. Elle était alors plus brillante que Vénus ! Cette SN se situe à proximité de l’étoile Caph (Beta Cassiopeiae), qui marque l’extrémité droite du “W” :
Vous observez la jolie comète du moment et vous souhaitez garder un souvenir de cet instant exceptionnel ? Il vous suffit de la dessiner !
Souvenir impérissable :
Si la météo veut bien vous permettre d’admirer la comète C/2023 A3 Tsuchinshan-ATLAS, vous aurez envie d’en garder un souvenir. Tout le monde n’étant pas astrophotographe (lire comment immortaliser la comète Tsuchinshan-ATLAS), vous pouvez choisir de dessiner ce que vous voyez. La Lune se faisant de plus en plus discrète, les soirées à venir seront propices à cette activité :
L’astre chevelu, actuellement de magnitude 4, est bien visible aux jumelles. Son éclat va progressivement baisser (la comète s’éloigne) mais on pourra la suivre ensuite dans un petit télescope.
La Station spatiale internationale (ISS) est observable régulièrement à l’œil nu, comme ici au-dessus du château des Carbonnières.
Qu’est-ce que l’ISS ?
La Station spatiale internationale est un assemblage de modules et de panneaux solaires de la taille d’un terrain de football. Elle passe régulièrement au-dessus de nos têtes à plus de 300 kilomètres d’altitude. La première mission de longue durée, Expédition 1, s’est déroulée en octobre 2000. Depuis, la Station est occupée sans interruption. Le spationaute français Thomas Pesquet y a séjourné en 2021 (Mission Alpha). À l’œil nu, c’est un petit point brillant qui traverse lentement le ciel sans clignoter, à la différence des avions. Certains astronomes se sont spécialisés dans la photographie de la Station avec un télescope :
Passionné par la Lune, l’astronome William Henry Pickering (1858-1938) était convaincu que notre satellite naturel regorgeait de vie.
Frères astronomes :
Dans la famille Pickering, il y a William Henry et son grand frère Edward Charles (1846-1919). Ce dernier est connu pour avoir dirigé l’Observatoire de Harvard (HCO) de 1876 à sa mort. C’est là qu’il réalisa d’importants travaux de spectroscopie stellaire. Plusieurs astronomes féminines travaillèrent sous ses ordres, comme la célèbre Henrietta Swan Leavitt. Edward Charles Pickering fut également cofondateur en 1911 de l’American Association of Variable Star Observers (AAVSO). Mais revenons au petit frère :
William Henry Pickering naquit à Boston le 15 février 1858. Même s’ils ont les mêmes initiales, ne le confondez pas avec William Hayward Pickering qui dirigea le Jet Propulsion Laboratory (JPL) de 1954 à 1976. Diplômé du Massachusetts Institute of Technology (MIT) en 1879, William Henry entra au HCO dirigé par son grand frère. Ce dernier lui confia d’abord la direction de la station d’observation de Arequipa au Pérou. Puis il l’envoya en 1900 à Mandeville en Jamaïque pour y fonder une autre station d’observation. C’est là que le cadet fit le reste de sa carrière d’astronome jusqu’à sa mort en 1938. Continuer la lecture de W. H. Pickering, l’astronome qui aimait (trop) la Lune→
On l’attendait, la voici ! La comète C/2023 A3 Tsuchinshan-ATLAS est désormais observable en soirée. Récit depuis Oingt en Beaujolais.
Village médiéval :
Oingt, l’un des plus beaux villages de France, est situé dans le Beaujolais, à une trentaine de kilomètres de Lyon. C’est l’emblème du Pays des Pierres Dorées, amusant surnom que l’on doit aux façades jaune ocre des maisons. Juché sur sa colline, Oingt a longtemps eu pour rôle de surveiller le passage entre Saône et Loire. Il ne reste plus aucune trace de la motte féodale édifiée par les premiers seigneurs d’Oingt, mais le village a gardé son caractère médiéval. Parcourir ses ruelles aux noms imagés – rues “Tyre-laine”, “Coupe-jarret” ou “Traine-cul” – permet d’admirer les hautes façades aux teintes chaudes, les voûtes en plein cintre et autres linteaux en double accolade :
C’est face au village que je me suis posté dans la soirée du 13 octobre pour attendre la comète C/2023 A3 Tsuchinshan-ATLAS. Après un crépuscule flamboyant, l’astre chevelu a fini par se montrer. Je l’ai immortalisé avec un boîtier Nikon D7100 et une focale de 100 millimètres. Pose de 6 secondes à 3200 iso :
Peut-on vraiment parler de “comète du siècle” ? Pour ma part, je trouve C/2023 A3 moins lumineuse que Neowise il y a quatre ans. Il faut dire qu’il est difficile d’avoir actuellement des ciels vraiment purs. Espérons que les soirées à venir seront meilleures. Malgré la Lune de plus en plus brillante, il sera alors possible de profiter du passage de cet astre chevelu. Dans mes jumelles 12X80, j’imagine sans peine que le spectacle sera au rendez-vous !
C’est un spectacle rare à nos latitudes : le 10 octobre 2024, une aurore boréale était observable depuis le Beaujolais.
Soleil en colère :
Une aurore boréale (ou australe) se produit lorsque le vent solaire chargé en particules énergétiques vient balayer notre planète. L’excitation des atomes d’oxygène et d’azote présents dans l’atmosphère terrestre est à l’origine des belles draperies lumineuses que nous observons. En général, ces aurores se cantonnent aux latitudes élevées ; les astrophotographes vont donc les traquer autour du cercle polaire. Mais il arrive que l’aurore devienne visible jusqu’au Sud de l’Europe, quand la tempête solaire est assez puissante.
Un tel spectacle avait déjà eu lieu dans la nuit du 10 au 11 mai 2024. Exactement cinq mois plus tard, le phénomène s’est reproduit, en cette année de maximum d’activité solaire. Dans la soirée du 10 octobre, je suis sorti sous les nuages, après avoir reçu un message d’alerte signalant l’arrivée d’une puissante éjection de masse coronale. J’ai réalisé le cliché ci-dessus en posant 15 secondes à 3200 iso avec un boîtier Nikon D7100 et un objectif de 50 millimètres de focale ouvert à 4.
Quand une belle comète se présente, on a tous envie d’en garder la trace. Préparez-vous, la comète C/2023 A3 Tsuchinshan-ATLAS arrive !
Comète à l’horizon :
La comète C/2023 A3 Tsuchinshan-ATLAS (que l’on peut encore suivre dans le coronographe de la sonde SOHO), va devenir visible sur l’horizon Ouest en fin de journée à partir du 12 octobre. Si son éclat est conforme aux prévisions, elle sera observable à l’œil nu. Elle “grimpera” chaque soir un peu plus dans le ciel, devenant visible de plus en plus longtemps. Dans le même temps, son éclat (on parle de magnitude) va diminuer progressivement car elle s’éloigne du Soleil. Voici quelques conseils pour la photographier.
Avec un appareil photo :
Les premiers soirs, l’astre chevelu sera assez bas, l’occasion de réaliser de jolies compositions avec un premier plan. Un appareil photo sur pied avec des focales de 50 à 200 millimètres fournira de beaux clichés. La sensibilité (de 100 à 3200 iso) et la vitesse de prise de vues (de une à cinq secondes) dépendront de la luminosité de la comète et de la clarté du fond du ciel. Déclenchez l’appareil sans le toucher (avec un retardateur ou un câble dédié) pour éviter les vibrations. Voici quelques images réalisées en 2020 lors du passage de la comète Neowise :
Avec un smartphone :
Les téléphones mobiles ne cessent d’évoluer, en particulier en photographie. Capteurs de plus en plus sensibles et fonctionnalités enrichies offrent de nouvelles possibilités de prises de vues. Au point que certains n’hésitent plus à pointer leur smartphone en direction du ciel nocturne. C’est le choix qu’a fait Yann Grouselle. Les conseils qu’il donne pour photographier la Voie lactée s’appliquent également aux comètes :
Conseils valables pour l’ensemble des smartphones disponibles aujourd’hui, pour peu qu’il soit possible de régler leur sensibilité et de faire des poses longues de plusieurs secondes.
Avec un télescope :
La plupart des comètes ne sont pas assez lumineuses et/ou pas assez étendues pour être photographiées avec un simple appareil photo ou un smartphone. Pour celles et ceux qui attraperont le virus des comètes, un télescope deviendra vite indispensable. L’instrument devra être motorisé, puisqu’il faudra en même temps compenser la rotation de la Terre et le mouvement propre de la comète devant les étoiles. Écoutons Christophe de la Chapelle (La Chaîne Astro) à l’occasion du passage de la comète 46P/Wirtanen en 2018 :
J’espère que tous ces conseils pourront vous être utiles. Si vous avez des questions, n’hésitez pas à les poser plus bas en laissant un commentaire !
Se glissant entre le Soleil et la Terre, la comète C/2023 A3 Tsuchinshan-ATLAS est observable dans le coronographe de la sonde SOHO.
Observatoire solaire :
Lancée fin 1995, la sonde SOHO (Solar and Heliospheric Observatory) fournit quotidiennement un bulletin de santé du Soleil dans différentes longueurs d’onde. Elle est équipée de deux coronographes LASCO (Large Angle and Spectrometric Coronagraph) destinés à étudier la couronne solaire. Le principe du coronographe a été mis au point dans les années 1930 par l’astronome français Bernard Lyot. Un cache central sert à masquer le Soleil, trop lumineux, de façon à pouvoir observer ce qui se passe autour. Grâce à ce procédé, SOHO a déjà découvert plus de 5.000 comètes ! C’est dans le champ de LASCO C3 que l’on peut actuellement observer la comète C/2023 A3 Tsuchinshan-ATLAS :
La planète Mercure (magnitude -1) est également présente dans le champ du coronographe. Durant cette traversée, qui va durer quatre jours, la comète se situe environ à 80 millions de kilomètres de la Terre et 70 millions de kilomètres du Soleil :
Sa brillance la rend incontournable. Revoici Vénus dans le ciel du soir, un spectacle qui va durer plusieurs mois.
Phare céleste :
Si certains objets astronomiques nécessitent l’usage d’un télescope, ce n’est vraiment pas le cas de Vénus. Avec une magnitude toujours négative (entre -3 et -4), la seconde planète du Système solaire est immanquable. Vous allez pouvoir en profiter pendant plusieurs mois, puisque l’astre en question est installé dans le ciel du soir pour un moment. Vénus va en effet progressivement s’élever au-dessus de l’horizon Ouest, s’écartant de plus en plus du Soleil. L’élongation (l’écart Soleil-Vénus) sera maximale en février 2025 :
Alors qu’on attend l’arrivée de la comète C/2023 A3 Tsuchinshan-ATLAS, un nouvel astre chevelu très prometteur vient d’être découvert.
Màj du 02/10/24 :
La comète A11bP7I s’appelle désormais C/2024 S1 (ATLAS).
Surprise céleste :
Depuis quelques semaines, on ne parle que de la comète C/2023 A3 Tsuchinshan-ATLAS. Déjà belle depuis l’hémisphère Sud, elle passera dans quelques jours entre le Soleil et la Terre. Puis ce sera au tour des observateurs de l’hémisphère Nord de se régaler, car elle devrait gagner en luminosité. Je vous renvoie vers les éphémérides d’octobre 2024 pour tout savoir sur l’arrivée de cette belle voyageuse :