Vision insolite de la constellation d’Orion

Je vous propose aujourd’hui une image inhabituelle de la constellation d’Orion, qui fascine les hommes depuis des millénaires. 

Vision insolite :

La célèbre constellation est de retour en fin de nuit. L’image que je vous propose a été réalisée avec un boîtier Nikon D7100, un objectif de 50 millimètres de focale et une pose de 15 secondes avec une sensibilité de 3200 iso. Grâce à la mise au point sur le premier plan (un télescope Celestron 6 XLT), on obtient des étoiles défocalisées :

Un procédé qui permet de mieux voir leurs couleurs : l’éclat orangé de la supergéante Bételgeuse, l’azur des géantes bleues du baudrier ou encore le rose pâle de Messier 42, la nébuleuse d’Orion. Continuer la lecture

Saturne : dix ans d’imagerie depuis un balcon lyonnais

Depuis son balcon lyonnais, l’astronome amateur Lionel Guyonnet a patiemment photographié Saturne et ses anneaux pendant une décennie.

Saturne au balcon :

Tous les astronomes amateurs n’ont pas la chance de disposer d’un véritable observatoire dans leur jardin. Ceux qui habitent en ville doivent s’adapter. Certains (comme Christian Bertincourt) prennent la route, d’autres (comme James Dias) se contentent d’une fenêtre ouverte. Lionnel Guyonnet, lui, dispose d’un balcon en plein cœur de Lyon. Ce n’est peut-être pas l’idéal, mais cet électricien a su en tirer profit :

Il suffit pour s’en convaincre de faire un tour sur ses galeries AstroBin et Flickr. Avec patience et ténacité, il a photographié Saturne pendant une décennie. Le résultat permet d’apprécier le balancement des anneaux de Saturne, un phénomène qui fascine les astronomes depuis longtemps. Continuer la lecture

En vidéo : la Lune insolite de Darya Kawa Mirza

En multipliant les traitements informatiques, l’astrophotographe Darya Kawa Mirza réalise d’étonnantes images lunaires.  

Astrophotographe irakien :

À Erbil, la capitale du Kurdistan irakien, le jeune astrophotographe Darya Kawa Mirza (31 ans) s’est spécialisé dans l’imagerie lunaire. Depuis plusieurs années, il photographie la surface cratérisée de notre satellite naturel. Il n’est certes pas le seul, mais ses images se remarquent d’emblée. Grâce à de nombreux traitements informatiques (coloration, accentuation des reliefs…), Darya Kawa Mirza nous montre la Lune sous un nouveau jour :

Une démarche qui a retenu l’attention des administrateurs de l’APOD en 2023, et qui lui vaut également une belle notoriété sur Instagram. Continuer la lecture

Spectacle : Saturne au plus près de la Terre

Au plus près de la Terre le 8 septembre 2024, la planète Saturne nous offre le spectacle fascinant de ses anneaux. Un régal dans un télescope.

Lointaine merveille :

Saturne est une planète géante gazeuse, la seconde après Jupiter. Sa magnitude apparente peut atteindre 0 lors de son opposition (elle est alors à l’opposé du Soleil, formant l’alignement Soleil-Terre-Saturne). Pour cette opposition 2024, la sixième planète du Système solaire se situe à un peu moins de 1,3 milliard de kilomètres, dans la constellation du Verseau. Le diamètre apparent du disque de la planète est de 19 secondes d’arc, porté à 43 secondes d’arc pour la limite des anneaux :

Ce superbe cliché a été réalisé une dizaine de jours avant l’opposition. Outre les bandes gazeuses qui ceinturent le disque de la planète, on distingue également deux de ses nombreux satellites.  © Simon Labergère et Robin Le Guern

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Spica frôle le jeune croissant de Lune

Dans la soirée du 6 septembre, on pouvait admirer l’étoile Spica juste à côté de la Lune, alors qu’en Amérique on assistait à une occultation.

Un phare dans la Vierge :

Spica (Alpha Virginis) est la plus brillante étoile de la Vierge. Cette constellation est surtout connue pour abriter un amas de plus de 1.500 galaxies dont Arp 116. Alpha Virginis (appelée aussi l’Épi) se situe à plus de 250 années-lumière. Avec une magnitude de 1, c’est la quinzième étoile la plus brillante du ciel nocturne. Je vous rappelle que la première est Sirius dans la constellation du Grand Chien. L’Épi est en réalité une binaire à éclipses dont l’éclat varie de seulement 6/100ème de magnitude tous les quatre jours environ.

Spica à côté du croissant de Lune le 6 septembre 2024. © Jean-Baptiste Feldmann

La déclinaison de Spica (-11°) lui vaut d’être régulièrement occultée par la Lune, beaucoup plus rarement par Mercure et Vénus. Hier soir, la plus brillante étoile de la Vierge se trouvait à proximité du croissant, alors qu’une occultation était visible en Amérique du Nord. Continuer la lecture

La fenêtre de Baade, curiosité du ciel d’été

Pauvre en poussières interstellaires, la fenêtre de Baade nous offre l’opportunité d’observer le centre de notre Galaxie dans le Sagittaire. 

Poussières interstellaires :

Par une belle soirée d’été sans Lune, la Voie lactée fend le ciel du Nord au Sud de sa douce clarté. Cette bande laiteuse correspond à notre Galaxie vue par la tranche, notre Système solaire étant situé en périphérie.

L’artiste flamand Pierre Paul Rubens nous a laissé une représentation de la Voie lactée qui s’inspire de la mythologie gréco-romaine. La Voie lactée représente le lait qui s’échappe du sein de la déesse Héra lorsque cette dernière repousse Hercule sous le regard de Zeus.

En pointant sa modeste lunette en direction de la Voie lactée, Galilée fut le premier à constater qu’elle était composée d’une multitude d’étoiles. Ce qu’il n’imaginait pas, c’est la quantité de poussières interstellaires présentes au milieu des astres. Les astronomes ont calculé qu’en enlevant cette poussière, la Voie lactée serait assez lumineuse pour projeter des ombres !

La poussière interstellaire atténue l’éclat de la Voie lactée. © Jean-Baptiste Feldmann

Toute cette poussière nous empêche d’observer en lumière visible le bulbe central de notre Voie lactée, situé dans la direction du Sagittaire. À moins de pointer une petite zone surnommée la fenêtre de Baade… Continuer la lecture

Comment réussir vos photographies planétaires

Vous avez envie de réaliser de belles images planétaires ? Nous avons demandé à Jean-Paul Oger de nous donner quelques conseils.

Semestre planétaire :

Cela ne vous a sans doute pas échappé, mais nous sommes entrés dans une période faste pour les amoureux des planètes. Les oppositions vont se succéder : Saturne le 8 septembre, Jupiter le 7 décembre et Mars le 16 janvier 2025. Une suite de rapprochements très favorables qui pourraient vous donner envie d’immortaliser ces astres. Pour mettre toutes les chances de votre côté, voici les conseils de l’astrophotographe Jean-Paul Oger (à suivre sur Instagram), dont les superbes images illustrent cet article :

Bien choisir son matériel :
  • L’instrument : privilégiez les télescopes plutôt que les lunettes. Un modèle du type Cassegrain ou Dall-Kirkham est parfait, mais on peut opter pour un Newton de gros diamètre ou un Schmidt-Cassegrain. Bien que de qualité, le Maksutov est limité en diamètre. Quant au Ritchey-Chrétien, il a une obstruction centrale trop importante  à l’origine d’une perte de contraste.
  • La caméra : les capteurs couleurs permettent aujourd’hui de réaliser de très bonnes images. Mais si le seeing est excellent, une caméra N et B avec des filtres sera encore plus performante.
Séance d’astrophoto au T400 mm. © Jean-Paul Oger
  • L’indispensable ADC : apparu depuis quelques années, le correcteur de dispersion atmosphérique ou ADC est un petit accessoire indispensable sous nos latitudes. Plus les planètes sont basses et plus l’atmosphère agit comme un prisme en créant des liserés colorés sur le bord des astres. L’ADC permet d’éliminer la plus grande partie de ces défauts qui affectent la résolution finale des images.

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Tête binoculaire, l’accessoire indispensable

Ayant découvert le plaisir d’observer avec une tête binoculaire, j’en suis venu à ne plus m’en passer. Focus sur cet accessoire.

Découverte fortuite :

Une tête binoculaire, pourquoi faire ? Cela fait plusieurs années que j’entends parler de cet accessoire. J’y voyais surtout des inconvénients : perte de luminosité (le faisceau lumineux est divisé en deux), poids important et investissement conséquent (il faut acheter la tête bien sûr, mais également un second jeu d’oculaires). Comme toujours, c’est en essayant qu’on peut vraiment se rendre compte. Cet été, j’ai pu tester l’accessoire en me rendant chez Serge Deconihout :

Serge Deconihout en train d’observer le Soleil. Son grand réfracteur et sa lunette solaire sont tous deux équipés d’une tête binoculaire. © Jean-Baptiste Feldmann

Bien sûr, le réfracteur de Serge est un instrument particulier. Mais quand même, je me suis rendu compte qu’observer avec les deux yeux était un plaisir auquel j’allais avoir envie de goûter plus souvent. Continuer la lecture

Discrète, Mercure pointe sous la Lune à l’aube

Ce premier jour du mois de septembre, Mercure a fait une timide apparition sous le croissant de Lune avant le lever du Soleil. 

Messager des Dieux :

Mercure, c’est un peu l’Arlésienne du Système solaire. Plus proche planète du Soleil, elle est toujours délicate à observer. Elle est perdue dans les lueurs de l’aube ou du crépuscule. Les premiers Égyptiens ont d’ailleurs longtemps cru qu’il s’agissait de deux astres différents : un le soir, un autre le matin. Mais si vous savez à quel moment et dans quelle direction regarder, vous la trouverez facilement en raison de son éclat assez élevé. C’est d’ailleurs sa luminosité qui avait permis aux Sumériens de la repérer dès l’Antiquité :

Mercure à l’aube du 01/09/24, boîtier Panasonic FZ 82. © Jean-Baptiste Feldmann

En raison de son déplacement très rapide (la planète met seulement 88 jours pour faire le tour du Soleil), les Romains lui avaient donné le nom du dieu du commerce. Chez les Grecs cet astre était assimilé à Hermès, le Messager des Dieux. Comme je vous l’ai précisé dans les éphémérides, vous avez une quinzaine de jours pour tenter de la repérer avant qu’elle ne replonge dans les lueurs solaires.

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