Tourbillon d’étoiles dans le ciel du Beaujolais

Certaines des nuits de cette fin novembre sont belles dans le Beaujolais, à condition d’accepter les températures négatives.

Nuits cristallines :

Depuis le Beaujolais, je profite d’un ciel relativement épargné par les lumières. Quand les nuits sont claires, le spectacle y est de toute beauté. Je mesure la chance que j’ai de pouvoir pratiquer des observations nocturnes depuis chez moi sans avoir besoin de parcourir des dizaines de kilomètres ! Car je sais qu’un nombre croissant d’astronomes amateurs sont contraints de faire de l’astrophoto à distance. Je peux donc sans effort suivre le passage d’une comète, admirer une aurore boréale, ou encore dessiner derrière mon télescope.

La nuit dernière, la température est descendue à -5 degrés. Le ciel s’est dégagé, un léger vent du nord empêchant le dépôt de givre sur les optiques. Les conditions étaient donc idéales pour réaliser une rotation d’étoiles. J’ai orienté mon appareil photo (un Nikkon D7100) en direction du pôle céleste (l’étoile polaire se situe dans les hautes branches à  droite). Entre 5 heures et 7 heures du matin, j’ai réalisé 130 poses de 45 secondes à 800 iso, que j’ai additionnées avec le logiciel StarMax. Sur pied fixe, le boîtier, équipé d’un objectif de 24 millimètres de focale, a ainsi enregistré la rotation apparente de la voûte céleste (c’est en réalité la Terre qui tourne).

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NGC 2997, une élégante spirale dans le ciel austral

Certaines galaxies sont plus photogéniques que d’autres. C’est le cas de NGC 2997, une élégante spirale cachée dans le ciel austral.

Discrète merveille :

NGC 2997 est une galaxie spirale inclinée d’environ 45 degrés située dans la discrète constellation australe de la Machine pneumatique. Découverte en 1793 par William Herschel, elle a un diamètre d’environ 9X7 minutes d’arc (par comparaison, le diamètre apparent de la Pleine Lune est de 30 minutes d’arc). Mais pourquoi cette galaxie a-t-elle droit au titre envié de galaxie de grand style ? Pour mériter cette appellation, une galaxie doit présenter des bras spiraux importants et nettement délimités. Et c’est bien le cas sur cette superbe image que l’on doit à Patrick Winkler (Celestial Objects). Pour obtenir ce magnifique portrait céleste, il a cumulé plus de 13 heures de poses avec un télescope ASA 400RC :

Cette galaxie a connu son heure de gloire au printemps 1999. En effet, c’est elle qui avait été choisie comme “première lumière” du VLT à l’occasion de l’inauguration de l’Observatoire du Paranal. Il faut avouer que le succès de NGC 2997 doit beaucoup aux nébuleuses rouges d’hydrogène ionisé qui décorent ses bras spiraux composés de jeunes étoiles chaudes bleutées.

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Croissant de Lune et lumière cendrée à l’aube

Outre le croissant de Lune, on observe aussi la lumière cendrée qui éclaire délicatement le reste du globe lunaire. Explications.

Une douce clarté :

Qu’est-ce que la lumière cendrée ou clair de Terre ? Alors que le croissant lunaire reçoit directement les rayons du Soleil, le reste du globe est très légèrement éclairé. En cause, la lumière solaire que la Terre renvoie dans l’espace. Ce joli phénomène est particulièrement perceptible autour de la Nouvelle Lune (NL). Et c’était justement le cas ce matin, 48 heures avant la NL. Ce cliché a été réalisé avec un boîtier Nikon D3200 et son objectif Nikkor de 50 millimètres de focale. Pose de 2 secondes avec une sensibilité de 800 iso :

Léonard de Vinci fut le premier à donner une explication de ce phénomène. Dans son Codex Leicester, il proposa une théorie audacieuse. Selon lui, la Lune ressemble à la Terre, avec une atmosphère et des océans. Il suggéra donc que ces étendues d’eau réfléchissent la lumière solaire et éclairent le paysage lunaire. Le génie florentin se trompait concernant l’existence de surfaces liquides sur la Lune, mais il avait raison dans son explication.  Il y a quelques années, le regretté Fred Espenak avait filmé la lumière cendrée depuis la région montagneuse de Portal en Arizona :

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La comète C/2025 K1 (ATLAS) est en train de se briser

Plusieurs observations montrent que la comète C/2025 K1 (ATLAS) est en train de se désintégrer après son passage à proximité du Soleil.

Trop près du Soleil  :

En cet automne riche en comètes, C/2025 K1 (ATLAS) aurait presque pu passer inaperçue. Elle n’est pas vraiment brillante, par rapport à C/2025 R2 (SWAN) et surtout C/2025 A6 (Lemmon). Quant à son nom, il est déjà pris par une autre célébrité, la comète interstellaire 3I/ATLAS. Malgré tout, les astronomes ont consciencieusement suivi le passage de cet astre chevelu :

Découverte en mai 2025 grâce au programme ATLAS, C/2025 K1 est passée début octobre à seulement 49 millions de kilomètres du Soleil. Des conditions qui laissaient craindre une fragmentation du noyau, ce que l’on observe actuellement. Continuer la lecture de La comète C/2025 K1 (ATLAS) est en train de se briser

L’incroyable image de la chute d’Icare devant le Soleil

L’astrophotographe Andrew McCarthy a réalisé une stupéfiante image du Soleil avec la complicité d’un parachutiste dans le rôle d’Icare.

chute mythologique :

Icare, dans la mythologie grecque, c’est ce jeune homme qui se fabrique des ailes de plumes et de cire pour s’échapper du labyrinthe. Mais n’écoutant pas les conseils de son père Dédale, il s’approche trop près du Soleil. La sanction est immédiate : Icare voit fondre ses ailes et chute  tragiquement. Morale de l’histoire, on doit toujours écouter son père ! Il faut croire que cette légende a inspiré l’astrophotographe Andrew McCarthy. Le 8 novembre, en effet, il a réussi une extraordinaire image depuis l’Arizona :

Cet exploit, il le doit en grande partie à Gabriel C. Brown,  pilote de paramoteur et vidéaste Web.  Six tentatives de saut en parachute ont été nécessaires pour saisir l’instant où Gabriel C. Brown “tombe” devant la surface solaire photographiée en H-alpha. Pour les septiques, une vidéo raconte les coulisses de cet exploit, résumé en quelques captures d’écran :

Rappelons que l’astrophotographe américain est coutumier des images spectaculaires. On lui doit notamment la Station spatiale devant le cratère lunaire Tycho ou encore l’ombre de la Terre pendant une éclipse de Lune. On se demande quel sera le prochain défi qu’il va relever !

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La France une nouvelle fois sous les aurores boréales

En France, les astrophotographes prévenus ont pu passer la deuxième moitié de la nuit sous les aurores boréales. 

Ciel en feu :

Même si l’activité solaire est en baisse, la Terre continue de recevoir régulièrement des bouffées de particules solaires. En pénétrant dans la haute atmosphère, ces particules entrent en collision avec les atomes d’oxygène et les molécules d’azote, produisant l’émission de lueurs colorées : les aurores polaires. Parfois, ces lueurs deviennent visibles à de plus basses latitudes. C’est le spectacle auquel nous avons eu droit en seconde partie de nuit, suite à une violente tempête géomagnétique (de niveau G4 sur une échelle de 1 à 5). Elle faisait suite à l’arrivée sur Terre de deux éjections de masse coronale (CME) qui se sont additionnées :

Voici donc les images de Jean-Marc Lecleire, Alain Herrault, Emmanuel Paoly, AstroGuigeek, Nicolas Schneider ou encore Simon Labergère. Du Nord au Sud de la France, en passant par les Alpes, ils ont immortalisé ce spectacle. Le phénomène pourrait d’ailleurs se reproduire ce soir, à surveiller sur SpaceWeatherLive.

Un guide pour chasser les aurores :

Je vous recommande le dernier ouvrage écrit par Emmanuel Beaudoin : À la découverte des aurores boréales en France, tout pour se préparer, les observer et les photographier, aux éditions Dunod :

Illustré de plus d’une centaine de très beaux clichés, l’ouvrage guide le lecteur pas à pas pour comprendre, observer et photographier ces superbes draperies lumineuses. Un livre à mettre dans toutes les bibliothèques !

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En vidéo : quand le vent solaire rencontre la comète Lemmon

À proximité du Soleil, la longue queue de plasma de la comète Lemmon (C/2025 A6) a subi les assauts du vent solaire.

Comète en mouvement :

Après son passage au périhélie le 8 novembre, la comète Lemmon (C/2025 A6) s’éloigne désormais. Pour certains astrophotographes, c’est l’heure de dépouiller les images réalisées au cours des semaines passées. C’est le cas par exemple de Julien De Winter qui a immortalisé l’astre chevelu à plusieurs reprises depuis Starfront Observatories au Texas. Il vient de créer une animation à partir des clichés qu’il a réalisés le 28 octobre dernier :

À cette époque, la comète s’approchait du Soleil et voyait sa surface se sublimer. Elle abandonnait alors dans son sillage des poussières et du gaz, donnant naissance à deux queues. D’un côté, une queue de poussière (blanche) repoussée par la pression de radiation solaire. De l’autre, une queue ionique (bleutée) composée de molécules de gaz. Cette queue ionique est très sensible à l’action du vent solaire, un flux de particules chargées qui s’échappe en permanence de notre étoile. Dans cette animation vidéo, qui a demandé plus de vingt heures de travail à son auteur, on voit bien les modifications de la queue ionique en seulement 30 minutes.

À savoir :

C/2025 A6 (Lemmon) a été découverte le 3 janvier 2025 à l’Observatoire du Mont Lemmon avec une magnitude de 21,6. Nommée CCNG6P2 dans un premier temps, elle a reçu sa désignation définitive une fois sa nature cométaire confirmée. Les astronomes ont calculé que sa période orbitale est d’environ 1350 ans.

La comète dans le ciel du Beaujolais le 23 octobre 2025. © Jean-Baptiste Feldmann

Son passage au plus près de la Terre (0,68 UA) a eu lieu le 21 octobre, et le périhélie le 8 novembre. Initialement, la luminosité maximale de la comète devait avoisiner la magnitude 10. Mais elle s’est révélée beaucoup plus lumineuse que prévu, pour le plus grand bonheur des astronomes et des photographes !

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En vidéo : l’astrophoto à distance, comment ça marche ?

De plus en plus d’astronomes amateurs se tournent vers l’astrophoto à distance. Cédric Humbert nous explique ce choix.

À la recherche du ciel perdu :

L’astrophoto à distance a le vent en poupe. Il suffit pour s’en convaincre d’observer le développement des fermes de télescopes. Ces structures accueillent plusieurs dizaines de télescopes automatisés. Des instruments que leurs propriétaires pilotent depuis chez eux, parfois à plusieurs milliers de kilomètres. La plus grande de ces fermes, Starfront Observatories, se trouve au Texas. Là-bas, près de 400 instruments sont opérationnels dans une dizaine de hangars. Sur place, des techniciens résolvent toutes les petites et grosses avaries que leurs clients rencontrent au cours de leurs séances d’imagerie. C’est là que Cédric Humbert, alias AstroBerto54, a décidé d’installer sa lunette. Un choix imposé par une météo capricieuse et une pollution lumineuse qui mettent à rude épreuve les nerfs de ce Lorrain passionné d’astrophoto. Après une année d’imagerie au Starfront Observatories, il dresse un premier bilan :

C’est une évolution de l’astronomie amateur qui répond à un engouement certain pour l’astrophoto. Engouement qui n’empêche pas de passer quelques belles nuits sous les étoiles dans des lieux encore préservés, comme la Réserve internationale de ciel étoilé du Morvan.

Nuit d’astronomie dans la Réserve de ciel étoilé du Morvan. © Jean-Baptiste Feldmann
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Soleils noirs, des rendez-vous exceptionnels en 2026 et 2027

Les Soleils noirs de 2026 et 2027 s’annoncent comme des rendez-vous incontournables pour tous les amoureux du ciel et de ses spectacles.   

Spectacles inoubliables :

Les Soleils noirs, ce sont ces quelques minutes indescriptibles où le Soleil disparaît entièrement lors d’une éclipse totale. C’est également le titre du dernier livre de Jean-Marc Lecleire, expert en optique et astronome amateur. Un ouvrage spécialement rédigé à l’intention de tous ceux qui voudront profiter des deux prochaines éclipses de Soleil, le 12 août 2026 et le 2 août 2027. Des éclipses, qui, par chance, seront totales en Espagne ou en Afrique du Nord. Pour les habitants de la métropole, il y aura donc deux excellentes raisons de faire le déplacement, qui plus est en pleine période estivale ! Et si vous choisissez de rester en France, l’auteur vous donne toutes les informations pour profiter du spectacle sans danger :

Rappelons que la dernière éclipse totale de Soleil en France s’est produite le 11 août 1999. Quant à la prochaine, il faudra patienter jusqu’au 3 septembre 2081 ! Continuer la lecture de Soleils noirs, des rendez-vous exceptionnels en 2026 et 2027

Découverte : le magnifique télescope de Gino Caporicci

À Montréal, l’astronome amateur Gino Caporicci possède un magnifique télescope qu’il a construit dans les années 1970.

Astronome au Québec :

Gino Caporicci fait partie des astronomes amateurs du Québec. Cette communauté francophone est particulièrement active, comme on peut le constater sur sa page Facebook. C’est d’ailleurs sur cette page que j’ai découvert la photo d’un superbe télescope réalisé par Gino il y a presque cinquante ans :

Admiratif devant cet instrument, je lui ai donc proposé de nous le présenter, ce qu’il a bien voulu faire. Je l’en remercie et je lui laisse donc la parole.

Passion de jeunesse :

“Dès ma jeunesse, dans les années 60, l’astronomie a capté mon attention. Stimulé par l’environnement médiatique qui nous informait de l’émergence de l’astronautique, l’idée de construire mon télescope s’installait peu à peu.  

Par chance, le club de la Société d’astronomie de Montréal était situé à proximité de ma résidence au Jardin Botanique de Montréal. Il s’y trouvait un magasin qui offrait des pièces usinées par Monsieur Rousseau permettant de construire un instrument au complet. Après avoir observé les membres du club et suivi les cours afin d’acquérir les principes mécaniques du télescope de Newton au début des années 1970, le télescope de mes rêves se dessinait enfin.

Un télescope unique :

En premier lieu, j’ai effectué le creusage par abrasion et le polissage du miroir principal de 30 centimètres de diamètre pour atteindre 1800 millimètres de distance focale.

Ensuite, j’ai fabriqué la structure métallique à l’usine où je travaillais à l’époque. J’ai dû faire des “patrons” en bois pour mouler l’aluminium des étriers devant supporter les roulements à billes des axes de déclinaison et d’ascension droite. L’axe polaire de 9 centimètres de diamètre est en acier usiné. Le poids total de l’ensemble est de 250 kilos !

Ce fut une passion qui s’est maintenue jusqu’à aujourd’hui, et que je partage lors de présentations publiques et sur le site Facebook des Astronomes amateurs du Québec.”

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