Saturne : une tempête polygonale au pôle Sud ?

L’astrophotographe amateur Jean-Paul Oger a peut-être découvert une nouvelle tempête polygonale sur Saturne, cette fois au pôle Sud.

Un hexagone au Nord, un décagone au Sud ?

En survolant le pôle Nord de Saturne dans les années 1980, les sondes Voyager y ont découvert un étrange vortex de forme hexagonale. Autour de cette tempête, dont le diamètre dépasse trente mille kilomètres, on a pu mesurer des vents circulant à des vitesses proches de 500 km/h. Des simulations menées ultérieurement (Harvard, 2020) ont montré que l’interaction entre plusieurs petites tempêtes pouvait conduire à la formation d’une telle structure polygonale. Mais les chercheurs sont restés sur leur faim, puisque le modèle obtenu était un polygone à neuf côtés et non un hexagone :

Vortex de forme hexagonale photographié au pôle Nord de Saturne. © NASA

On n’avait encore rien observé d’aussi spectaculaire au pôle Sud, si ce n’est un vortex polaire chaud. Mais les dernières images de Jean-Paul Oger révèlent un autre phénomène. Cet astrophotographe amateur a réalisé un planisphère du pôle Sud de la planète à partir de plusieurs clichés. Ils ont été pris avec une caméra infrarouge et un télescope de 40 centimètres de diamètre. Le résultat final dévoile un vortex polygonal inconnu :

Un vortex apparaît au pôle Sud sur les images réalisées en infrarouge. © Jean-Paul Oger

En attendant que cette découverte soit confirmée par d’autres observations, n’hésitez pas à pointer Saturne cette nuit (utilisez Stellarium pour la repérer). La planète aux anneaux, qui se trouve actuellement dans la constellation des Poissons, se rapproche de nous jusqu’à son opposition le mois prochain.

En ce moment, observez la célèbre planète aux anneaux. © Jean-Baptiste Feldmann
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C/2025 A6 (Lemmon), une belle comète cet automne ?

La comète C/2025 A6 (Lemmon) augmente d’éclat beaucoup plus rapidement que prévu. Avec peut-être une agréable surprise à l’automne.

Astre chevelu du soir, espoir :

C/2025 A6 (Lemmon) a été découverte le 3 janvier 2025 à l’Observatoire du Mont Lemmon avec une magnitude de 21,6. Nommée CCNG6P2 dans un premier temps, elle a reçu sa désignation définitive une fois sa nature cométaire confirmée. Les astronomes ont calculé que sa période orbitale est d’environ 1372 ans. Son passage au plus près de la Terre (0,68 UA) est fixé au 21 octobre, et le périhélie au 8 novembre. Initialement, la luminosité de la comète devait avoisiner la magnitude 10 à cette époque. Mais les dernières estimations d’éclat ont conduit Seiichi Yoshida à réévaluer ses prévisions :

Si ces projections se confirment, C/2025 A6 (Lemmon) pourrait alors atteindre la magnitude 4,5 et devenir visible à l’œil nu. L’astre chevelu circulerait du Bouvier à Ophiuchus, et serait donc très bien placé dans le ciel du soir pour les observateurs de l’hémisphère Nord. Mais restons prudents, car c’est bien connu, les comètes n’en font qu’à leur tête. Souvenez-vous : bien que très prometteuse, la comète C/2025 F2 (SWAN) a fait pschitt il y a quelques mois….

La comète C/2023 A3 Tsuchinshan-ATLAS le 13 octobre 2024 en train de glisser derrière Oingt en Beaujolais, l’un des plus beaux villages de France. © Jean-Baptiste Feldmann
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Vingt-cinq heures avant la Nouvelle Lune

Le croissant lunaire faisait une dernière apparition ce matin, avant la prochaine Nouvelle Lune, faussement appelée Lune noire.

Le buzz de la Lune noire :

La Nouvelle Lune (NL) se produit tous les 29,53 jours, le temps d’une lunaison. Au cours de cette période, on assiste aux différentes phases. Après la NL, c’est le Premier quartier, suivi de la Pleine Lune puis du Dernier quartier, avant la NL suivante. L’écart moyen entre chaque phase est donc d’environ 7,4 jours. Ce matin, veille de la NL, on pouvait observer un très fin croissant au-dessus de l’horizon Est :

Joli croissant de Lune à l’aube du 22 août 2025. © Jean-Baptiste Feldmann

Au moment de la NL, notre satellite naturel est invisible, car trop proche angulairement du Soleil. Invisible, vraiment ? Sauf pour l’astrophotographe français Thierry Legault, qui a réussi l’exploit de le photographier le 14 avril 2010. Mais pour le commun des mortels, il faut attendre deux ou trois jours pour retrouver un fin croissant, cette fois au-dessus de l’horizon Ouest en soirée. Bref, la mécanique céleste explique parfaitement les différentes phases lunaires, nul besoin de chercher à faire le buzz avec une prétendue Lune noire !

Les phases s’expliquent par les différentes configurations Lune-Terre-Soleil. ©AstroJuniors
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Insolite : de la neige à l’Observatoire de Las Campanas

Bien que situé dans l’une des régions les plus sèches du monde, l’Observatoire de Las Campanas s’est brièvement retrouvé sous la neige. 

Observatoires chiliens :

À Las Campanas, comme à La Silla ou au Cerro Paranal, les astronomes ont rarement l’occasion de voir des précipitations. Ces trois observatoires chiliens bénéficient en effet d’un climat particulièrement sec, c’est-à-dire pourvu d’une atmosphère très pauvre en vapeur d’eau. Un gage pour des observations de qualité, avec une très faible probabilité de couverture nuageuse. Si les observatoires de La Silla et du Cerro Paranal sont européens, celui de Las Campanas est américain. Et c’est là, dans la Cordillère des Andes, qu’une rare chute de neige a été immortalisée par Yuri Beletsky :

Rare chute de neige dans la Cordillère des Andes. © Yuri Beletsky

Comme l’astrophotographe le raconte sur sa page Facebook, le paysage autour de l’observatoire s’est couvert d’une mince couche de neige après une tempête. À droite sur l’image, on remarque les deux coupoles jumelles des télescopes Magellan de 6,5 mètres de diamètre. Au fond à gauche, on distingue les coupoles qui abritent les télescopes Henrietta Swope (1 mètre de diamètre) et Irénée du Pont (2,50 m).

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Une nouvelle lune découverte autour de la lointaine Uranus

Le télescope spatial James Webb a découvert une vingt-neuvième lune autour d’Uranus, la septième planète du Système solaire.

La planète d’Herschel :

Uranus a été découverte le 13 mars 1781 par William Herschel, lui assurant une immense célébrité. L’astronome-musicien utilisait alors un télescope de 160 millimètres de diamètre. Avec un rayon d’un peu plus de 25.000 kilomètres, cette planète gazeuse géante arrive en troisième position après Jupiter et Saturne :

Uranus et quelques-uns de ses satellites. © Georges Astrophotography

Uranus met un peu plus de 84 ans pour effectuer une révolution autour du Soleil. Depuis quelques années, les instruments de plus en plus performants ont permis d’observer des modifications de la météo sur Uranus :

On a photographié d’énormes tempêtes (image ci-dessus) sous forme de nuages clairs. Une couleur qui s’explique probablement par la remontée de glace de méthane. Par ailleurs, ces tempêtes sont poussées par des vents pouvant atteindre 900 km/h. On a également découvert (en 1977) un système d’anneaux autour de la planète. Continuer la lecture de Une nouvelle lune découverte autour de la lointaine Uranus

Astrolys, l’incontournable festival d’astronomie vendéen

Retour sur la dix-septième édition du festival d’astronomie vendéen Astrolys, qui faisait cette année honneur aux animaux du ciel.

La Chapelle-Aux-Lys, village étoilé :

Astrolys (site de l’association), c’est l’astronomie à la Chapelle-Aux-Lys. Dans ce petit village vendéen, on tutoie les étoiles depuis bien longtemps. Planétarium, chemin aux étoiles, cadrans solaires et photographies astronomiques dans les rues, ainsi qu’un festival dont la dix-septième édition se déroulait les 16 et 17 août 2025. La faute à Olivier Sauzereau, un astrophotographe qui partage sa passion avec une énergie débordante :

De gauche à droite Olivier Sauzereau, Tony Crocetta et moi-même. © CIELMANIA

Quand il n’est pas en train d’observer une éclipse totale de Soleil (comme par exemple le 21 août 2017 aux USA), Olivier se consacre à la diffusion de l’astronomie. Au point d’avoir fait de son village (le plus petit du monde à posséder un planétarium) un lieu incontournable pour les amoureux du ciel étoilé, avec le soutien bienveillant du maire, Philippe Boisson :

Inauguration de la dix-septième édition du festival. © Astrolys

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Spectacle à l’aube : deux planètes et une étoile filante

Ce matin 12 août, spectacle assuré avec la conjonction Jupiter-Vénus, avec en prime le passage d’une belle étoile filante.

Rencontre céleste :

Le spectacle annoncé a bien eu lieu ! Comme prévu, on pouvait admirer le rendez-vous entre Vénus et Jupiter en fin de nuit. Un rapprochement planétaire qui n’était qu’apparent, puisque les deux planètes ne sont pas à la même distance. Vénus se situe en effet à 180 millions de kilomètres, alors que Jupiter vogue à 900 millions de kilomètres !

Moins d’un degré apparent séparait les deux planètes. © Jean-Baptiste Feldmann

Il fallait composer avec l’éclairage lunaire, deux jours après la Pleine Lune.  On voit bien la clarté du ciel sur l’image ci-dessus, prise avec une focale de 75 millimètres. Mais ce 12 août, c’est aussi la date du maximum d’activité de l’essaim d’étoiles filantes des Perséides. Et un joli météore s’est invité sur un de mes clichés, glissant au-dessus de la constellation d’Orion :

Passage surprise d’une étoile filante au-dessus d’Orion. © Jean-Baptiste Feldmann

Vénus va poursuivre sa descente en direction de l’horizon Est jusqu’à sa conjonction avec le Soleil le 6 janvier 2026. Quant à Jupiter, elle a entamé le mouvement inverse. Elle va s’élever au fil des nuits, allongeant sa période d’observation jusqu’à son opposition le 10 janvier 2026. Avec Saturne, le duo planétaire va enchanter les astronomes dans les semaines qui viennent.

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Celestron, célèbre fabricant de télescopes, fête ses 65 ans

Depuis 1960, la société Celestron fabrique des télescopes, surfant sur un modèle emblématique imaginé dans les années 1970.

Concept révolutionnaire :

l’histoire de Celestron (à découvrir ici) débute à la fin des années 1950 en Californie. Tom Johnson, le directeur de Valor Electronics, une entreprise de composants, cherche un télescope pour initier ses garçons. Ne trouvant rien qui lui convienne, il construit alors un réfracteur de 15 centimètres de diamètre. Se prenant de passion pour ces instruments, Johnson fonde en 1960 Celestron-Pacific (le deuxième nom sera supprimé ultérieurement), une filiale de Valor Electronics. La nouvelle société fabrique et commercialise des télescopes de type Schmidt-Cassegrain.

Un des télescopes de la marque américaine sous les étoiles d’Orion. © Jean-Baptiste Feldmann

La conception optique de ces télescopes les rend particulièrement compacts, mais la taille de leur lame de fermeture en verre reste coûteuse. Les choses changent en 1970, lorsque Tom Johnson trouve le moyen de produire ces fameuses lames à un prix raisonnable. La marque lance alors un instrument mythique : un télescope au miroir de 20 centimètres logé dans un célèbre tube orange. Installé sur une monture à fourche motorisée, il est proposé pour moins de mille dollars :

Le célèbre tube orange du SC 8 va révolutionner l’astronomie dans les années 1970.

Cet instrument et ses déclinaisons dans différents diamètres vont connaître un succès foudroyant. Cinquante ans plus tard, un certain nombre sont toujours en service, preuve de la qualité du produit ! Aujourd’hui encore, la société Celestron poursuit la production et le développement de ses célèbres tubes, devenus noirs depuis 1980. Preuve que Tom Johnson, décédé en 2012, était un visionnaire !

Les télescopes Schmidt-Cassegrain ont toujours du succès. © Jean-Baptiste Feldmann
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À l’aube, admirez le rapprochement Vénus-Jupiter

Prélude à leur rencontre le 12 août 2025, les planètes Vénus et Jupiter ont entamé un rapprochement apparent dans le ciel de l’aube. 

Rencontre céleste :

C’est à l’aube que se déroule actuellement un joli spectacle céleste. Comme elles le font régulièrement, les planètes Vénus et Jupiter vont se croiser. Un rapprochement qui n’est qu’apparent : si, à l’aube du 12 août, moins d’un degré séparera les deux astres, ils sont en réalité très éloignés. Vénus se situe en effet à 180 millions de kilomètres, alors que Jupiter vogue à 900 millions de kilomètres !

Position des deux planètes dans le ciel côté Est le matin du 3 août 2025. © Eric G. David

Le charme de ces rendez-vous planétaires, c’est qu’ils sont observables par tous. Pour les suivre, pas besoin d’une lunette astronomique ou d’un télescope, car l’éclat des deux astres est très important. Figurez-vous que Vénus a une magnitude de -4 et Jupiter de -2. Autant dire que vous n’aurez aucune difficulté pour les repérer à l’œil nu :

Situation à l’aube du 12 août 2025. © Stellarium

Vous pouvez donc admirer dès maintenant ce spectacle (que je vous annonçais dans les éphémérides), à condition de vous lever aux alentours de cinq heures du matin. En portant votre regard en direction de l’Est, vous ne pourrez pas manquer les deux planètes. Pour mémoire, leur dernier rapprochement apparent  a eu lieu dans la soirée du 2 mars 2023 :

Rapprochement Jupiter-Vénus le 2 mars 2023 en soirée. © Jean-Baptiste Feldmann
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