À Dijon, la belle renaissance d’un observatoire oublié

La Société astronomique de Bourgogne fait revivre l’observatoire de la Tour Philippe Le Bon à Dijon, un site scientifique renommé au XVIIIème siècle.

Si vous déambulez dans Dijon, vous ne manquerez pas de passer devant le Palais des ducs et des états de Bourgogne (qui abrite aujourd’hui la mairie et le musée des beaux-arts) dont la partie la plus ancienne date du XIVème siècle. Ce majestueux ensemble architectural est surmonté par la Tour Philippe le Bon, haute de 46 m et construite entre 1450 et 1460. Depuis la terrasse située à son sommet auquel on accède après avoir gravi les 316 marches d’un escalier en vis, on découvre l’ensemble de l’agglomération dijonnaise, voire beaucoup plus loin quand l’atmosphère est dégagée.

La Tour Philippe le Bon domine Dijon de ses 46 mètres. Au XVIIIème siècle les astronomes s’installaient sur sa terrasse pour arpenter le ciel. © Jean-Baptiste Feldmann/CIELMANIA

C’est dans cette Tour que la Société Astronomique de Bourgogne vous invite à venir admirer une méridienne horizontale constituée d’une règle en laiton de plus de 8 m de longueur.

Au milieu de la journée un rayon de Soleil (quand il y en a) entre par un orifice percé dans la fenêtre sud et vient éclairer cette règle ; un jeu de lumière qui fournit l’heure solaire et permettait autrefois de régler des horloges alors peu précises. On doit cette réalisation à l’Abbé Jean Fabarel, grand chantre de la cathédrale de Dijon et passionné d’astronomie, qui décida à cet endroit de la création d’un observatoire au XVIIIème siècle.

La SAB fait revivre (en costume) la belle histoire de la méridienne située dans la Tour Philippe le Bon à Dijon. © Jean-Baptiste Feldmann/CIELMANIA

Épaulé par l’Abbé Claude Philippe Bertrand qu’il a recruté pour le seconder, Fabarel va déployer des trésors de persuasion pour faire équiper cet observatoire avec différents instruments. Lunette méridienne et quart de cercle prennent place peu à peu dans la salle et sur la terrasse pour permettre d’y pratiquer l’astronomie de position ; les tables dans lesquelles sont consignées les mesures des passages d’étoiles au méridien de Dijon sont alors destinées aux grands navigateurs pour leur permettre de retrouver leur position et aux arpenteurs que le roi charge de cartographier le pays.

Inauguré en 1783, l’observatoire de Dijon devient un centre scientifique renommé dans toute l’Europe qui échange une riche correspondance avec les plus grands astronomes de l’époque comme Joseph Jérôme Lefrançois de Lalande (membre de l’Académie des Sciences et du Collège de France) ou encore l’anglais William Herschel (le découvreur d’Uranus) qui envoie même l’un de ses télescopes à Dijon.

L’un des télescopes construits par William Herschel, celui de 1,22 mètre de diamètre, est visible à l’Observatoire de Greenwich. © Jean-Baptiste Feldmann/CIELMANIA

Après la Révolution et la mort de Fabarel et Bertrand dans les années qui suivent, l’Observatoire de Dijon s’endort et ne reprend vie que dans les années 1920, porté par un nouvel engouement pour l’observation du ciel qu’insuffle un peu partout Camille Flammarion, l’auteur d’une Astronomie populaire maintes fois rééditée. A la veille de la Seconde Guerre mondiale, livres et instruments disparaissent de l’observatoire et la Tour se rendort une nouvelle fois.

L’Astronomie Populaire est à l’origine d’un regain d’intérêt pour l’Observatoire de la Tour Philippe le Bon au début du XXème siècle. © Jean-Baptiste Feldmann/CIELMANIA

Il y a quelques années la Société Astronomique de Bourgogne a retrouvé chez un brocanteur du sud de la France une lunette Mailhat en cuivre de 100 mm de diamètre achetée en 1925 par l’Académie des Sciences, Arts et Belles lettres de Dijon : un pied fixe avait été installé sur la terrasse pour accueillir cet instrument.

Cette lunette Mailhat équipait l’Observatoire de Dijon au début de XXème siècle. © SAB 

Une découverte qui a donné des idées à la SAB : elle organise désormais des visites guidées de la Tour et tente de retrouver d’autres instruments qui équipaient l’observatoire. Avec l’espoir de les remettre un jour dans la salle de la méridienne pour en faire profiter les visiteurs…

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