Les astronomes font un premier bilan de l’occultation de Bételgeuse par l’astéroïde (319) Leona qui s’est produite le 12 décembre.
Événement astronomique :
Ils se souviendront de cette nuit du 12 décembre. Leurs télescopes pointés vers Bételgeuse, amateurs et professionnels ont guetté l’éclipse de α Orionis. La principale étoile de la constellation d’Orion devait en effet être cachée pendant une dizaine de secondes par l’astéroïde (319) Leona. La plupart des observateurs, des habitués d’occultations d’étoiles par des astéroïdes, s’étaient positionnés à l’intérieur d’une bande de visibilité allant du Mexique jusqu’à l’Ouest de la Chine. Pour une fois, leur cible était particulièrement brillante, ce qui a nécessité quelques adaptations. Certains ont opté pour des masques à l’avant du télescope de façon à ne pas saturer le capteur de leur caméra :
Rappelons que (319) Leona est un astéroïde mesurant environ 70X60 km. De magnitude 14, il circule entre les orbites de Mars et Jupiter. Il fut découvert à l’Observatoire de Nice en 1891 par l’astronome Auguste Charlois.
Premiers résultats, premières surprises :
Les astronomes ont commencé à partager leurs résultats sur la page de l’International Occultation Timing Association (IOTA). Il va falloir prendre le temps de dépouiller ces mesures, mais on peut déjà faire quelques constatations :
- Tous les observateurs ont assisté au mieux à une baisse d’éclat de Bételgeuse, mais l’étoile est toujours restée visible à l’œil nu. On devrait donc plutôt parler de transit de (319) Leona devant α Orionis puisque l’astéroïde n’est jamais parvenu à masquer complètement l’étoile :
- Lorsque des astronomes observent des occultations, ils se répartissent dans la largeur (et un peu au delà) de la bande de visibilité du phénomène. La largeur de cette bande est calculée à partir des dimensions (connues ou estimées) de l’astéroïde occulteur. Chacun peut ainsi mesurer une “corde”, qui correspond à la longueur de l’astéroïde vu depuis son emplacement. Malgré tout, le 12 décembre, plusieurs astronomes placés dans la moitié Nord de la bande de visibilité ont fait une observation négative. Curieusement, ils n’ont pas eu droit à une baisse d’éclat de Bételgeuse :
- Enfin, rappelons que l’objectif de cette mission était d’obtenir des informations sur la localisation des énormes cellules convectives de l’étoile. Leur présence devrait se traduire par des différences de luminosité à la surface de l’astre. Mais pour l’instant, les courbes photométriques ne révèlent aucune anomalie :
Le dépouillement de l’ensemble des données acquises fera l’objet de publications ultérieures, mais il semble qu’il nous reste encore beaucoup à apprendre sur Bételgeuse et (319) Leona. En tout cas, ce rendez-vous céleste aura été une nouvelle fois l’occasion d’une belle coopération entre amateurs et professionnels.
Merci à Stéphane Neveu (Commission des Techniques en Astronomie Amateur de la SAF) pour sa relecture et ses suggestions.
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