2000 ans séparent les astronomes qui observaient en Chine une nova en 48 avant J.-C. et ceux qui en ont retrouvé les restes avec le Very Large Telescope.
L’âge d’or de l’astronomie chinoise :
La contribution majeure de la Chine ne cesse de se révéler au fil de la publication d’études en archéoastronomie. Il semble que les astronomes de l’Empire du Milieu étaient déjà particulièrement actifs il y a plus de 4.000 ans. Prédiction des éclipses, observation de phénomènes célestes marquants (comètes, novae…), création d’un calendrier luni-solaire, découpage du ciel en constellations, autant d’avancées à mettre à l’actif des astronomes impériaux. Un patrimoine scientifique qui a traversé le temps grâce à la manie qu’avaient les Chinois de consigner toutes leurs observations. On en retrouve la trace au fil des découvertes d’anciens parchemins comme l’atlas astronomique de Dunhuang.
Nous allons nous intéresser aujourd’hui à l’observation d’une explosion d’étoile consignée en 48 avant Jésus-Christ. Le Very Large Telescope a permis d’en retrouver les restes un peu plus de 2.000 ans après.
MUSE fait des merveilles :
Pour analyser la lumière des astres lointains, les astronomes ont imaginé il y a quelques années un concept révolutionnaire : un spectrographe intégral de champ ou spectrographe 3D, qui soit à la fois un spectrographe et un imageur capable de fournir un spectre de toute source lumineuse présente dans le champ de l’instrument.
C’est ainsi qu’est né MUSE (Multi Unit Spectroscopic Explorer), un monstre de 5 tonnes réalisé par 7 grands laboratoires européens. Il est installé derrière l’un des VLT, un ensemble de 4 très grands télescopes de l’ESO (8,2 mètres de diamètre) situés dans le désert chilien d’Atacama à plus de 2.600 mètres d’altitude.
Restes de nova :
MUSE, qui a réalisé sa première image en juillet 2014, a été mis à contribution pour scruter Messier 22. Cet amas globulaire (magnitude 5,2) se situe dans la constellation du Sagittaire à un peu plus de 10.000 années-lumière. Les astronomes ont retrouvé dans ce groupe d’étoiles une nébuleuse de gaz chaud composée d’hydrogène (d’où sa couleur rouge). Elle trahit l’explosion de la couche externe d’une étoile, un phénomène assez lumineux pour être observable à l’œil nu qui se serait produit il y a environ 2.000 ans. L’âge et la localisation de cette nova correspondent à la description qu’on trouve dans des chroniques chinoises de l’époque, comme le rapporte le CRAL.