C’est la bonne surprise de ce début d’année. La comète C/2016 R2 Panstarrs déploie une étonnante queue de gaz, pour la grande joie des astrophotographes.
Les comètes sont des astres imprévisibles, et ce n’est pas C/2016 R2 Panstarrs qui fera dire le contraire aux astronomes. Découverte le 7 septembre 2016 à la magnitude 19,1 par le réseau de surveillance d’astéroïdes Pan-Starrs (Panoramic Survey Telescope and Rapid Response System)installé à Hawaii (un télescope qui a également déniché C/2014 Q1 Panstarrs), la comète C/2016 R2 Panstarrs est une comète périodique à très longue période (elle effectue sa révolution en 20.327 ans). Actuellement dans la constellation du Taureau avec une magnitude de 13, son observation n’est possible qu’avec un gros télescope. Inutile donc de tenter de la repérer avec une longue-vue !
Ce sont les photographies qui révèlent toute la beauté de cet astre chevelu ; exemple avec cette superbe image réalisée le 10 janvier par l’astrophotographe autrichien Gerald Rhemann à l’aide d’un télescope de 305 mm de diamètre installé en Namibie et près d’une heure de pose.
Pourquoi un tel déploiement de volutes bleues ? La réponse se trouve dans la présence d’un élément clé, le monoxyde de carbone (CO), un élément très répandu dans le cosmos qui se forme au cœur des étoiles et se répand lors des explosions stellaires. D’après des mesures effectuées par le radiotélescope millimétrique de l’Arizona Radio Observatory (ARO), Le noyau de la comète C/2016 R2 Panstarrs recrache chaque seconde 4,7×1028 molécules de CO dans l’espace.
Le monoxyde de carbone est un gaz extrêmement volatil qui peut se sublimer (passer directement d’un état solide à l’état gazeux) à des températures aussi basses que -248° C (25 K). Il suffit donc d’un peu de lumière solaire pour transformer les dépôts de CO congelé à la surface du noyau en jets de gaz et en nuages bleutés (la couleur du CO ionisé à la longueur d’onde de 427 nanomètres).
C/2016 R2 Panstarrs va poursuivre son chemin en direction du Soleil dont elle sera au plus près le 9 mai 2018 (date de la prochaine opposition de la planète Jupiter et veille des traditionnelles Rencontres Astronomiques de Printemps) à un peu plus de 2,6 Unités Astronomiques. Son dégazage devrait donc continuer de plus belle, mais comme dans le même temps elle s’éloigne de la Terre son éclat va diminuer : seuls les astrophotographes les mieux équipés pourront immortaliser son activité.