Le passage de la comète Nishimura a donné lieu à de spectaculaires images alors qu’elle était en réalité très peu visible. Explications.

Comète pour initiés :

La comète Nishimura (C/2023 P1) a été décevante pour le grand public, il faut se rendre à l’évidence. Elle n’était pas visible à l’œil nu, perdue dans les lueurs de l’aube. Trop basse, donc atténuée par l’absorption atmosphérique, son éclat était insuffisant pour la voir sans au minimum une paire de jumelles. En 2020 la comète Neowise s’en était beaucoup mieux sortie :

Cependant, certaines photos ont pu jeter le trouble et laisser croire que C/2023 P1 était immense et très brillante dans le ciel à l’aube. Explications.

Clichés en deux temps :

Outre l’amélioration de la sensibilité des capteurs de leurs boîtiers, les astrophotographes disposent de puissants outils informatiques. Il est par exemple possible d’empiler des images, une fonction très pratique pour réaliser des rotations d’étoiles. Dans le cas d’une comète, on peut ainsi associer une image détaillée de l’astre chevelu (en réalisant des poses longues avec une monture équatoriale qui compense la rotation de la Terre) et un simple cliché du paysage. C’est ce que nous explique Stéphane Vetter :

Comme le souligne ce photographe membre de TWAN, il faudrait en toute rigueur réaliser les deux clichés (comète et paysage) avec la même focale et au même endroit. Les poses longues sur la comète seraient simplement destinées à renforcer son éclat et mieux révéler sa queue sans modifier sa taille apparente. D’autres photographes prennent beaucoup plus de liberté en associant des focales différentes, dévoilant une comète immense par rapport au paysage terrestre :

En règle générale, ils détaillent leur mode opératoire. Mais avec la tentation de survoler les images publiées sans se pencher dessus, ou par méconnaissance, nombreux sont les internautes qui ne réalisent pas le subterfuge. Ils partagent alors des clichés dont l’aspect esthétique est indéniable mais qui ne restituent pas la réalité du phénomène astronomique.

C’est à chaque internaute d’être vigilant et à chaque photographe de préciser honnêtement comment il procède. Un code de bonne conduite indispensable à l’heure de l’intelligence artificielle capable de générer toute sorte d’images. Mais au fait, à quoi ressemblait vraiment la comète Nishimura si on l’immortalisait avec une pose photo unique ? À ceci :

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