Creusé dans la Mer des Humeurs par la chute d’un astéroïde, Gassendi est un vénérable cratère d’impact au fond crevassé.

Cap au SUD-OUEST de la Lune :

Les observateurs lunaires ne manquent jamais de pointer le cratère Gassendi un peu avant la Pleine Lune. C’est à partir du onzième jour de la lunaison qu’il apparaît sur le bord OUEST de la Mer des Humeurs. Cratère d’impact d’une centaine de kilomètres de diamètre, Gassendi porte le nom de l’astronome et mathématicien français Pierre Gassendi. L’astéroïde de 5 kilomètres de diamètre qui a formé ce cratère est tombé au Nectarien, il y a presque 4 milliards d’années.

C’est pendant cette période géologique que se sont formés les grands bassins lunaires, tel celui de Mare Nectaris, suite à de violents impacts météoritiques.

Une bague sur la Lune :

Les images ci-dessous vont nous permettre de découvrir et d’explorer le cratère Gassendi. Elles ont été réalisées par l’astronome amateur Philippe Mouniguet avec une caméra ZWO 178 mc et télescope C11 XLT. Observé à faible grossissement (par exemple avec une longue-vue), Gassendi évoque une bague ornée d’une pierre précieuse. En effet, un second cratère plus petit (Gassendi A, 33 kilomètres de diamètre), empiète sur le rempart NORD de Gassendi, beaucoup plus imposant.

Dans un gros télescope, avec peu de turbulence, Gassendi dévoile sa majestueuse enceinte de 110 km de diamètre et 1.860 m de profondeur. Une infinité de détails (rainures, collines, montagnes) attirent alors les regards émerveillés.

Sol fracturé :

Au centre du cratère, on note la présence d’un joli massif montagneux qui se dresse à plus de 1.000 mètres d’altitude. Tout autour, le fond est sillonné de crevasses enchevêtrées. Larges de 700 à 1.200 mètres, elles courent sur des dizaines de kilomètres. Lorsque la lave s’est solidifiée au fond du cratère, elle s’est fendue sous la contrainte de fortes pressions. Sur son versant OUEST (en haut sur le cliché ci-dessous), un pan de muraille s’est effondré, créant une encoche sur le rempart du cratère.

Au SUD-OUEST (en haut à gauche), la muraille du cratère s’ouvre sur la Mer des Humeurs. Le fond du cratère étant 600 mètres plus haut que le sol environnant, on peut imaginer que la lave de Gassendi s’est déversée dans la mer voisine.

Une région à surveiller ?

Dans son monumental “Atlas-guide photographique de la Lune“, Georges Viscardy rapporte quelques observations troublantes. En 1889, on signale une tache noire au bord OUEST du cratère. Puis en 1941, c’est une tache lumineuse (Haas), qui revient en 1951 (Wilkins). Enfin, en 1966, plusieurs observateurs, dont le célèbre Patrick Moore, notent l’apparition de nouvelles taches brillantes. S’agit-il de poches de gaz souterraines qui se vident en surface ? Ou plus probablement de subtils jeux d’ombre et de lumière dans le cratère ? Pressenti un temps pour accueillir la mission Apollo 17, Gassendi fut finalement délaissé au profit de la vallée de Taurus-Littrow. Bref, cette zone a de quoi mettre en appétit les observateurs lunaires !

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