Avec l’instrument SPHERE, le Very Large Telescope vient de fournir l’image la plus précise jamais obtenue du troisième plus gros astéroïde, Pallas.
Un instrument à tout SPHERE :
L’instrument SPHERE (Spectro Polarimetric High contrast Exoplanet REsearch) est installé depuis mai 2014 sur le Very Large telescope de l’ESO. Il est conçu pour fournir directement des images des planètes extrasolaires ainsi que leurs caractéristiques spectrales et colorimétriques. C’est sous la responsabilité de l’Institut de Planétologie et d’Astrophysique de Grenoble que cet instrument a été conçu par un consortium d’astronomes et d’ingénieurs européens.
Il y a quelques jours SPHERE nous offrait une surprenante nouvelle image de l’étoile Bételgeuse. Cette fois l’instrument lève (un peu) le voile sur la surface de l’astéroïde Pallas (voir l’article de l’ESO).
Pallas, un astéroïde inaccessible :
Au printemps 2019 la NASA avait étudié un temps l’opportunité de financer une petite mission à destination de Pallas. Car si la sonde Dawn a étudié Cérès et Vesta, aucun engin spatial ne s’est approché de Pallas, le troisième plus gros astéroïde du Système solaire (diamètre moyen de 510 km). Tout comme ses deux grands frères Cérès et Vesta, Pallas est une protoplanète. Son étude permettrait aux astronomes de remonter aux origines de la formation de la Terre et de la vie. Mais Pallas est beaucoup plus difficile à atteindre en raison de son orbite assez inhabituelle (elle est très inclinée par rapport au plan de l’orbite terrestre).
L’aspect d’une balle de golf :
C’est le 28 mars 1802 que l’astronome allemand Heinrich Olbers (connu pour son célèbre paradoxe) découvrit par hasard Pallas (il cherchait à repérer Cérès et les deux astéroïdes se trouvaient alors dans la même portion de ciel). Trois ans plus tôt le français Charles Messier l’avait déjà observé mais l’avait classé comme une étoile. Jusqu’à présent les meilleures images de Pallas étaient celles réalisées en 2007 par le télescope spatial Hubble. Avec SPHERE les astronomes viennent d’obtenir un portrait inédit de l’astéroïde. Sa surface fortement cratérisée lui donne l’aspect d’une balle de golf. Ceci laisse penser que Pallas a connu une histoire marquée par de violentes et fréquentes collisions.
À savoir :
Si l’on pouvait se rendre à la surface de Pallas et en étant très patient, on pourrait observer le transit des planètes intérieures devant le Soleil. Ce fut le cas de la Terre en 1998 et cela se reproduira en 2224. Pour Vénus le prochain transit est prévu en 2123 et pour Mars en 2759…