Vous avez envie de réaliser de belles images planétaires ? Nous avons demandé à Jean-Paul Oger de nous donner quelques conseils.
Semestre planétaire :
Cela ne vous a sans doute pas échappé, mais nous sommes entrés dans une période faste pour les amoureux des planètes. Les oppositions vont se succéder : Saturne le 8 septembre, Jupiter le 7 décembre et Mars le 16 janvier 2025. Une suite de rapprochements très favorables qui pourraient vous donner envie d’immortaliser ces astres. Pour mettre toutes les chances de votre côté, voici les conseils de l’astrophotographe Jean-Paul Oger (à suivre sur Instagram), dont les superbes images illustrent cet article :
Bien choisir son matériel :
- L’instrument : privilégiez les télescopes plutôt que les lunettes. Un modèle du type Cassegrain ou Dall-Kirkham est parfait, mais on peut opter pour un Newton de gros diamètre ou un Schmidt-Cassegrain. Bien que de qualité, le Maksutov est limité en diamètre. Quant au Ritchey-Chrétien, il a une obstruction centrale trop importante à l’origine d’une perte de contraste.
- La caméra : les capteurs couleurs permettent aujourd’hui de réaliser de très bonnes images. Mais si le seeing est excellent, une caméra N et B avec des filtres sera encore plus performante.
- L’indispensable ADC : apparu depuis quelques années, le correcteur de dispersion atmosphérique ou ADC est un petit accessoire indispensable sous nos latitudes. Plus les planètes sont basses et plus l’atmosphère agit comme un prisme en créant des liserés colorés sur le bord des astres. L’ADC permet d’éliminer la plus grande partie de ces défauts qui affectent la résolution finale des images.
Bien préparer sa soirée :
- Le site d’observation : la proximité d’une forêt ou d’un étang est souvent gage d’une meilleure stabilité du ciel. Mais on peut aussi parfaitement imager en ville puisque la pollution lumineuse n’est pas une gêne (évitez quand même de vous mettre sous un lampadaire !).
- Les conditions météorologiques : privilégiez les nuits fraîches sans nuage avec un jet stream entre 15 et 27 mètres/seconde. Consultez des sites comme Météo Blue, Ventusky ou encore Skippysky pour connaître le seeing.
- La collimation : elle est différente selon l’instrument. Schmidt-Cassegrain : on agit sur les vis du miroir secondaire en observant la tâche d’Airy formée par une étoile brillante. Newton : idem, sinon utilisez un laser de collimation. Cassegrain : on règle d’abord le miroir secondaire avec un microscope de collimation, puis le miroir primaire sur une étoile. N’hésitez pas à refaire la collimation de votre instrument à l’occasion de chaque sortie.
Passez à l’action :
- L’échantillonnage : c’est la portion angulaire du ciel vue par un pixel du capteur de votre caméra. En imagerie planétaire, l’échantillonnage le mieux adapté correspond à un rapport F/D=20. Selon les instruments, un tel rapport F/D nécessitera l’emploi d’une lentille de Barlow X2 ou X3.
- Les paramètres de la prise de vue : choisir des temps d’exposition de 10-20 ms pour Jupiter, 20 ms pour Saturne et 5-6 ms pour Mars. Durée des vidéos : en raison du mouvement de rotation des planètes, ne pas dépasser 120 secondes pour Jupiter. Concernant Mars et Saturne, on peut aller jusqu’à 240 secondes. Le gain est réglé à 70 %, les couches couleurs sont alignées pendant les captures pour un bon rendu colorimétrique (graphique couleur de l’histogramme).
- Les filtres : un filtre UV/IR-Cut / L corrige l’équilibre des couleurs (même avec une caméra monochrome) et permet d’avoir une transmission de 98 % de l’ensemble du spectre visible (de 420 à 685 nm).
- Le traitement : Autostakkert 4 permettra d’aligner les images des vidéos. Le résultat sera ensuite traité dans AstroSurface. Pour augmenter le signal tout en contrant la rotation rapide des planètes géantes gazeuses, il faudra utiliser WinJUPOS.
Je remercie Jean-Paul Oger d’avoir bien voulu prendre le temps de nous faire profiter de ses conseils. De nombreux tutos sont également disponibles sur internet, on pourra s’y plonger avec profit.
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