Des étranges visions de Percival Lowell à l’atterrissage du rover Perseverance, retour sur plus d’un siècle de passion pour la planète Mars.
Une planète intrigante :
Mars est sans conteste la planète qui nous fascine le plus. Sa couleur ocre (en raison de la présence d’oxyde de fer à sa surface) et ses variations de luminosité (sa distance peut varier de 50 à 400 millions de kilomètres) avaient été remarquées depuis l’Antiquité. Les premières observations télescopiques débutèrent avec Galilée. L’amélioration des instruments apporta de nouveaux indices troublants. La Planète rouge tournait sur elle-même à la même vitesse que la Terre, et on y observait des calottes polaires ainsi que des changements d’aspect saisonniers.
Dans les années 1880, on cru même détecter la présence d’eau dans l’atmosphère martienne. Il ne manquait plus que l’entrée en scène de Percival Lowell pour asseoir le mythe de la Planète rouge.
Visions trompeuses :
Riche industriel américain, Percival Lowell (1855-1916) consacra sa vie et sa fortune à l’observation de Mars. Il se fit construire un observatoire dans l’Arizona qu’il équipa d’une lunette de 60 cm de diamètre. Observant assidûment la Planète rouge, il se mit à y voir un dense réseau de canaux qu’il dessina. Selon sa théorie, des habitants intelligents avaient construit un immense système d’irrigation à l’échelle de la planète. Des ouvrages destinés à amener l’eau des calottes polaires jusqu’aux régions équatoriales arides.
Aveuglé par sa passion, Percival Lowell fut en réalité victime d’illusions d’optique provoquées par la turbulence atmosphérique, la fatigue visuelle et les imperfections de sa lunette.
La construction d’un mythe :
Malgré le démenti apporté par des observations réalisées après 1900 par de plus gros télescopes, les canaux de Lowell devinrent très populaires. Pour le grand public, l’idée de la vie sur Mars, une planète qui ressemblait à la Terre comme une sœur, était indiscutable. Au point qu’en 1938, un jeune auteur, Orson Welles, raconta à la radio américaine une invasion de la Terre par des Martiens. Son récit, adapté d’un roman de science fiction écrit par Herbert George Wells, La Guerre des Mondes, sema la confusion dans la population.
Les données recueillies par les astronomes étaient pourtant bien différentes. Mars se révélait comme une planète froide, sèche, dotée d’une atmosphère chargée en dioxyde de carbone.
Des sondes et un visage :
À partir des années 1960, la planète Mars fit l’objet d’une grande campagne d’observations à l’aide de multiples missions robotisées. Elles sont rassemblées dans ce saisissant montage (Mars Exploration Family Portrait) :
Les données scientifiques ne cessèrent de s’accumuler, mais les superstitions résistaient. En 1976, l’orbiteur Viking 1 photographia une très belle illusion d’optique. Il s’agissait d’un relief qui ressemble à une tête humaine. Elle devint la photo culte de toute une génération de passionnés d’extraterrestres et de petits hommes verts. Ce n’était pourtant qu’une simple paréidolie (quand notre cerveau associe une forme familière à une image).
Les photographies haute résolution obtenues ultérieurement révèleront la vraie nature de ce visage. Surnommé Cydonia Mensae, c’est un relief résiduel allongé au-dessus duquel se succèdent quelques sommets érodés.
La science et le rêve :
Avec Perceverance, mais également toutes les autres missions en cours, l’exploration de Mars se poursuit. Les scientifiques espèrent y trouver des traces de vie passée. Et les agence spatiales rêvent d’y poser le pied dans quelques décennies. La Planète rouge devrait continuer à nous faire rêver encore longtemps…
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