Inauguré en 1897, l’observatoire américain Yerkes pourrait cesser de fonctionner cette année. Il accueille la plus grande lunette du monde.
C’est un monument de l’astronomie qui pourrait définitivement fermer si aucun mécène ne vient à son secours : l’Université de Chicago, qui gère l’observatoire Yerkes, a annoncé qu’elle cesserait d’en financer l’entretien à partir du 1er octobre 2018.
L’observatoire (qui se trouve au milieu d’un parc sur la rive du lac Léman à Williams Bay, dans le Wisconsin, juste de l’autre côté de la frontière de l’Illinois) a été fondé en 1897 par l’astronome George Ellery Hale et financé par Charles Tyson Yerkes (un magnat des transports) qui lui a donné son nom.
Cet observatoire est connu pour abriter le plus grand réfracteur du monde : une lunette astronomique conçue par l’astronome-opticien Alvan Clark dont l’objectif a un diamètre de 102 centimètres et une focale de 19 mètres. Cet instrument exceptionnel est logé dans une coupole de 27 mètres de diamètre (presque aussi grande que celle qui abrite le Grand Télescope des Canaries dont le miroir a un diamètre de 10,40 mètres).
Comme le tube de l’instrument est très long, une partie du plancher de la coupole coulisse verticalement pour permettre à l’observateur de pouvoir mettre l’œil à l’oculaire quelle que soit la position de l’instrument. L’observatoire dispose de sa propre centrale électrique pour alimenter les moteurs qui actionnent la lunette, la coupole et son plancher.
Même si les grandes lunettes construites à la fin du XIXe siècle ont vite été supplantées par les télescopes, l’observatoire de Yerkes a contribué à l’essor de l’astronomie : c’est là que Edward Barnard a photographié sans le savoir Pluton en 1909 (la planète naine n’a été découverte qu’en 1930) et que Edwin Hubble a mené des recherches dans le cadre de son doctorat.
Il n’est pas surprenant que l’Université de Chicago ait songé à abandonner Yerkes : depuis des décennies on n’y observait plus, comme c’est le cas dans la plupart des anciens observatoires (voir à ce sujet l’observatoire Camille Flammarion). Elle avait d’ailleurs déjà essayé de le vendre il y a quelques années mais avait finalement renoncé devant le tollé que cette décision avait provoqué. Les amoureux du site espèrent que le bâtiment pourra être préservé et maintenu ouvert dans une certaine mesure, par exemple sous la forme d’un musée. Ils attendent qu’un généreux mécène se manifeste, 121 ans après Charles Tyson Yerkes…