Installés au sommet du Mauna Kea, les deux télescopes jumeaux de l’Observatoire Keck ont révolutionné l’astronomie depuis un quart de siècle.
Lorsqu’en 1977 les astronomes de l’Université de Californie commencent à plancher sur un projet de télescope de 10 mètres, ils savent que cet objectif est très ambitieux ; à l’époque le plus grand télescope terrestre (le télescope Hale installé sur le Mont Palomar) est équipé d’un miroir de 5 mètres de diamètre.
On sait alors qu’un miroir monobloc de 10 mètres sera impossible à construire en raison de sa masse (il va se déformer et dégrader la qualité des images) et de son coût exorbitant (si on y ajoute le prix d’une monture capable de supporter cet énorme disque en verre).
Le 24 novembre 1990 le télescope Keck I reçoit sa première lumière. Pour réaliser cet instrument de 10 mètres de diamètre les ingénieurs ont imaginé une surface collectrice composée de 36 miroirs hexagonaux de 1,8 mètre de diamètre.
Pour sa première lumière le Keck 1 n’utilise que 9 miroirs (ce qui lui donne un diamètre équivalent au télescope de Hale) ; les autres segments seront ajoutés au cours des 18 mois suivants, puis ce sera la construction du Keck 2, son jumeau (les 2 télescopes peuvent fonctionner ensemble par interférométrie, offrant une résolution angulaire comparable à celle d’un instrument de 85 mètres de diamètre). Cette technique de miroirs segmentés sera désormais privilégiée pour la construction de tous les grands télescopes qui suivront (comme le Gran Tecan).
Financés principalement par la fondation W. M. Keck, ces deux instruments font partie de l’Observatoire du Mauna Kea dont les coupoles sont implantées au sommet de l’île d’Hawaii à 4205 mètres d’altitude sous le ciel le plus noir de l’hémisphère nord (la lumière zodiacale y est de toute beauté).
Parmi les nombreuses découvertes réalisées avec les télescopes Keck on peut citer la planète naine Eris et son satellite Dysnomie en 2005 et l’exoplanète HR 8799e en 2010. En 2013 Keck a peut-être observé la première lune extrasolaire (le satellite d’une exoplanète), une observation qui n’a toujours pas été confirmée.