Serge Deconihout possède l’un des plus grands réfracteurs amateurs au monde. Rencontre avec un passionné.
Aventure provençale :
Serge Deconihout a posé ses valises au pied du petit village de Puimichel en 1991. Délaissant la région parisienne où il travaillait dans le secteur “études et prototypes” en aéronautique militaire, il est venu s’installer avec femme et enfants dans ce joli coin de Provence pour lancer son entreprise de mécanique astronomique. Pendant vingt-sept ans, sa société Valmeca a conçu des montures pour télescopes.
Difficile de tous les énumérer, mais on en retrouve à La Réunion (un télescope de 1,2 mètre et deux de 0,6 mètre pour l’Observatoire des Makes), au Maroc (0,6 mètre pour l’OUCA), en Allemagne (0,6 mètre pour l’Université de Tübingen), en France (0,6 mètre pour le Centre d’Astronomie de Saint-Michel-l’Observatoire)… Signalons également deux télescopes de 0,6 mètre en Suisse, l’un pour l’OFXB (ainsi qu’un coronographe de 150 millimètres), et l’autre (utilisé par Michel Ory) à l’Observatoire Astronomique Jurassien. Il a enfin réalisé les instruments TAROT et ROSACE, ainsi que de nombreuses pièces mécaniques pour de prestigieux observatoires professionnels comme le VLT, le CFHT ou encore le KPNO.
En 2011, Serge Deconihout s’est lancé dans une autre aventure : réaliser son propre observatoire et l’équiper d’instruments exceptionnels.
Réfracteur géant :
Serge a imaginé un réfracteur dont la lentille principale ferait 43,5 centimètres de diamètre. Pour faire tenir l’instrument et ses 6,5 mètres de focale sous une coupole, il a opté pour un faisceau optique replié. Ce principe a été imaginé par l’astronome-opticien suisse Emile Schaer (1862-1931) :
L’objectif (un doublet) a été calculé par Thierry Lépine et Cyril Cavadore. Il a ensuite été taillé par l’opticien Dany Cardoen. Serge a conçu une monture mono-fourche avec une structure alvéolée pour assurer une parfaite rigidité à l’ensemble. Juste à côté, une seconde coupole accueille un télescope Ritchey-Chrétien de 75 centimètres de diamètre, rapports F/D de 3 et 8. Claudine Rinner a été sollicitée pour la réalisation des circuits électroniques de pilotage des instruments et des coupoles.
Le Soleil en majesté :
Serge a eu la gentillesse de m’accueillir pour observer le Soleil avec le grand réfracteur. Au foyer de l’instrument, dont le champ de pleine lumière est de dix centimètres, un impressionnant hélioscope de Herschel taillé par Dany Cardoen élimine l’excès de lumière :
Les taches solaires (que l’on admire avec une tête binoculaire) sont incroyablement détaillées. Mais c’est surtout quand la turbulence s’estompe que les images deviennent fantastiques. Une multitude de fines structures apparaissent alors, un peu comme si l’on venait de trouver d’un coup la mise au point parfaite :
Mais si ces images solaires en lumière blanche sont remarquables, l’instrument serait incomplet sans la possibilité d’observer notre étoile dans la raie de l’Hydrogène Alpha. Serge a donc ajouté une lunette solaire de 26 centimètres de diamètre en parallèle (objectif taillé par Dany Cardoen). Son filtre DayStar de 0,5 Angström permet d’admirer avec un luxe de précision la chromosphère et les protubérances solaires. Deux instruments côte à côte qui offrent sans aucun doute aux amateurs les meilleures images solaires du monde :
Je tiens à remercier Serge (qui a désormais son astéroïde) pour son accueil et sa gentillesse. Grâce à son invitation, j’ai pu admirer le Soleil comme rarement les amateurs peuvent le faire. Je n’ai même pas essayé de réaliser un dessin de la surface de notre étoile, tant les détails étaient incroyablement nombreux ! Mais pouvoir observer avec les deux yeux le Soleil avec une telle qualité d’image restera sans aucun doute un grand moment dans ma vie d’astronome amateur.
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