Les astronomes amateurs découvrent encore des nébuleuses

On croyait les découvertes astronomiques désormais réservées aux professionnels. Avec les nébuleuses planétaires les amateurs ont encore leur mot à dire.

Agonie stellaire :

Qu’on ne s’y trompe pas, les nébuleuses planétaires (NP) ne doivent leur nom qu’à leur aspect circulaire. C’est ce qui les faisait passer pour des planètes dans les télescopes imparfaits de nos aïeux. Il s’agit en réalité d’une enveloppe gazeuse éjectée par des étoiles très chaudes. Elles deviennent instables en fin de vie, lorsqu’elles ont atteint le stade de naine blanche. Les astronomes estiment que notre Galaxie pourrait compter 30.000 NP dont seulement 10% ont été découvertes à ce jour.

Messier 97, la nébuleuse du Hibou dans la Grande Ourse. © Keith Quattrocchi

Certaines NP sont particulièrement célèbres, comme Messier 97 (le Hibou, image ci-dessus) ou Messier 27 (la nébuleuse Dumbbell ci-dessous). Mais la majorité d’entre elles sont beaucoup plus discrètes et peuvent être découvertes par des astronomes amateurs motivés.

Une nébuleuse bretonne :

En 2011 Pascal Le Dû dénichait sa première NP, une découverte qu’il nous avait racontée à l’époque sur Futura-Sciences. En zoomant sur un de ses clichés de la nébuleuse SH2-124, il avait découvert une discrète bulle de gaz non répertoriée qui allait devenir la NP Dû 1. Cette découverte avait nécessité 400 minutes de poses avec un filtre Hα en utilisant une lunette de 106 millimètres de diamètre.

La nébuleuse Dumbbell (M 27) dans la constellation du Petit Renard. © José Mtanous
Pluie de découvertes :

Cet astronome amateur breton s’est depuis spécialisé dans la recherche de ces objets exotiques avec le soutien de l’astrophysicienne Agnès Acker. Il a entraîné dans son sillage d’autres amateurs qui traquent de possibles NP. Certains comme Laurent Ferrero étudient les images des professionnels disponibles sur Aladin Sky Atlas. D’autres font leurs propres photographies (comme Pascal Le Dû, Nicolas Outters ou encore le très prolifique trio de l’APO). Si ces NP sont très discrètes en imagerie classique, elles apparaissent avec des filtres. On les détecte dans certaines longueurs d’onde comme celles de l’oxygène ionisé [OIII] ou de l’hydrogène Hα.

Spectre de confirmation (notez les pics dans l’oxygène ionisé [OIII] et l’hydrogène Ha) de la NP LDû 18 réalisé par Pascal Le Dû en octobre 2015 à l’Observatoire AstroQueyras de Saint-Véran. © PlanetaryNebulae.net
Des amateurs vraiment pros :

De longs temps de poses, des ciels de qualité (loin de toute pollution lumineuse), une parfaite maîtrise du matériel utilisé et de l’imagerie avec filtres, des champs stellaires habituellement délaissés, voici quelques-unes des conditions à remplir pour avoir le privilège de découvrir une probable NP. “Probable”, dites-vous ? Et oui, car il faut ensuite une confirmation en réalisant le spectre de l’objet découvert, un procédé encore plus délicat à mettre en œuvre. Là encore Pascal a relevé le défi avec le soutien technique d’Olivier Garde, de Christian Buil et l’apparition sur le marché des spectroscopes proposés par la société Shelyak Instruments. D’autres passionnés se sont aussi lancés dans ces confirmations spectroscopiques à l’image de Lionel Mulato.

Page d’accueil du site Planetary Nebulae.net

Cette belle aventure scientifique vient de franchir une nouvelle étape avec la création du site PlanetaryNebulae.net dans lequel Pascal Le Dû et Thomas Petit (de l’APO) ont rassemblé toutes les actualités et catalogues des nébuleuses planétaires francophones.

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