Une tempête de sable ne cesse de prendre de l’ampleur sur Mars. Un événement climatique prévisible alors que la Planète rouge se rapproche de nous.
Les ingénieurs de la NASA l’ont annoncé le 12 juin : ils n’ont plus aucun contact avec le rover Opportunity qui affronte sa pire tempête de sable depuis son arrivée sur Mars au début de l’année 2004. Installé près du cratère Endeavour, dans Perseverance Valley, le robot américain a certainement mis en veille tous ses circuits pour économiser l’énergie qui fait défaut : en raison d’une violente tempête de sable, les panneaux solaires du rover ne reçoivent plus assez de lumière pour un fonctionnement correct.
Détectée pour la première fois le 30 mai par le vaisseau MRO depuis son orbite, cette tempête s’étendait sur 35 millions de kilomètres carrés (le quart de la surface martienne) le 12 juin et pourrait à terme recouvrir toute la planète comme ce fut le cas en 2001 (images ci-dessus).
Comment naissent de telles tempêtes ? Durant le printemps et l’été martiens (qui se produisent cette année respectivement le 22 mai et le 16 octobre), quand Mars se rapproche du Soleil (plus courte distance fin juillet), le réchauffement de la calotte polaire Sud provoque une sublimation rapide du dioxyde de carbone dont elle est constituée. Des courants thermiques se forment entre les régions recouvertes de givre et celles qui dégèlent, donnant parfois naissance à de puissantes tempêtes : les poussières de sable sont alors soulevées sur plusieurs milliers de mètres d’altitude et emportées dans toutes les directions par des vents dont la vitesse peut dépasser 100 km/h.
En 1971 une grande tempête avait obligé la sonde Mariner 9 à patienter plusieurs semaines avant de commencer son travail de cartographie depuis l’orbite martienne. D’autres tempêtes ont eu lieu depuis, mais celle en cours aura peut-être des conséquences sur la durée de vie des rovers sur place : si Curiosity peut continuer à fonctionner normalement grâce à son générateur électrique nucléaire, Opportunity dépend entièrement de ses panneaux solaires et du niveau d’ensoleillement pour recharger ses batteries.
De mieux en mieux équipés, les astronomes amateurs peuvent également suivre les grandes tempêtes martiennes. C’est le cas de l’astrophotographe Mark Justice dont les images prises les 9 et 10 juin permettent de constater la rapidité avec laquelle la tempête se propage (et masque les paysages) dans l’hémisphère sud martien.