Découvert au début du XXe siècle près de la ville chinoise de Dunhuang, le plus ancien atlas astronomique indique la position de plus de 1.300 étoiles.
Une bibliothèque secrète :
Les voyageurs qui empruntaient la route de la soie aimaient faire halte dans les grottes de Mogao sur la colline de Mingsha. Elles furent creusées entre les IVe et XIVe siècles. Elles se situent à environ 25 kilomètres au sud-est de Dunhuang dans la province du Gansu. Il s’agit de sanctuaires bouddhistes dans lesquels on priait sans doute pour le succès de son voyage. En 1900 un prêtre s’y installa et décida de les remettre en état. En creusant derrière une paroi il tomba par hasard sur une extraordinaire bibliothèque composées de 40.000 rouleaux.
Sur ces parchemins il était question de littérature, mathématiques, médecine ou encore d’économie. Parmi les manuscrits se trouvait une magnifique carte céleste.
Le ciel boréal sur un rouleau :
En 1907 l’archéologue Marc Aurel Stein rapporta la carte et plus de 7.000 autres manuscrits au British Museum de Londres. Ce document montre tout le ciel visible de Chine. Les étoiles sont habilement dessinées à la main sur du papier de mûrier avec des encres rouges et noires. Le support est un fin rouleau de papier long de quatre mètres. Réalisé à la fin du VIIe siècle, il s’agit du plus ancien atlas céleste existant au monde. Il est divisé en deux parties. La première montre 26 dessins de nuages de formes différentes. L’autre partie se compose de 12 cartes célestes (par section de 30°) ainsi qu’une carte du ciel circumpolaire. Les positions des étoiles correspondent au ciel observé à une latitude de 34 ° Nord. Les mesures ont peut-être été réalisées depuis l’observatoire impérial de Xi’an (anciennement Chang’an).
Un atlas très précis :
Sur l’atlas on recense 1.339 étoiles réparties en 257 groupes (appelés astérismes). Deux correspondent aux constellations de la Grande Ourse et d’Orion. On note la présence de faibles étoiles difficiles à voir à l’œil nu. L’astronome Jean-Marc Bonnet-Bidaud a constaté que la position des astres les plus brillants est étonnamment précise (à quelques degrés près). En collaboration avec S. Whitfield et F. Praderie, il a présenté le résultat de son étude sur arXiv. Les trois chercheurs ont remarqué aussi que les étoiles de l’atlas avaient été dessinées en utilisant des méthodes de projection encore utilisées aujourd’hui en cartographie.
Une nécessité politique :
Sur l’atlas céleste de Dunhuang, le texte accompagnant chaque carte se compose du nom de la région du ciel, des prédictions astrologiques qui lui sont associées et de la liste des états de l’empire chinois censés être concernés par ces prédictions. Cet atlas restera plusieurs siècles l’ouvrage le plus détaillé au sujet du ciel boréal. Ceci s’explique par le rôle de l’astronomie, science impériale, dans la Chine ancienne. Les empereurs chinois cherchaient des indices dans le ciel pour prendre les bonnes décisions politiques et stratégiques. Astronomes et astrologues de la cour ont été dans l’obligation d’établir des catalogues d’étoiles depuis au moins le Ve siècle avant J-C.
À lire en complément : l’univers fascinant de l’astronomie chinoise, interview de Jean-Marc Bonnet-Bidaud sur Futura Sciences.
Génial, mais il va falloir apprendre le chinois ancien!!!