Tous les articles par Jean-Pierre LUMINET

La naissance de la science (2/3) : Sur les épaules des géants

Sur les épaules des géants

Epaules-geantsOn sait que l’émergence de la science moderne a été marquée par la publication, à la fin du XVIIe siècle, des Principes mathématiques de la philosophie naturelle d’Isaac Newton (1642-1727). La mécanique classique et le calcul infinitésimal du savant anglais étaient révolutionnaires, mais ses découvertes n’auraient pas été possibles sans les travaux réalisés par les générations précédentes. Les trois lois de la dynamique de Newton sont fondées sur les travaux de Galilée (1564-1642) traitant de l’inertie, de la chute des corps et des relations entre l’espace et le temps dans le mouvement accéléré. Sa fameuse théorie de la gravitation universelle est, elle, en étroit rapport avec les lois de Kepler relatives au mouvement des corps célestes.

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La naissance de la science (3/3) : la Chine ou l’Occident ?

Conditions supplémentaires pour le développement de la science

Discuter les maîtres ne suffit pas pour asseoir la dynamique de la pensée scientifique : il y faut aussi un environnement social et politique favorables. Dans la Grèce antique, la base culturelle de la naissance de la science est aussi la base de la naissance de la démocratie. Concevoir une structure politique démocratique suppose en effet accepter que les meilleures discussions puissent émerger de la discussion entre tous plutôt que de l’autorité d’un seul. Anaximandre n’a fait que transporter sur le terrain du savoir une pratique déjà courante dans l’agora grecque : critiquer la position du magistrat, non pour lui manquer de respect, mais dans la conscience partagée qu’une meilleure proposition existe toujours.

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Science et culture

L’ensemble de la science est lié à la culture humaine en général, et les découvertes scientifiques, même celles qui à un moment donné apparaissent les plus avancées, ésotériques et difficiles à comprendre, sont dénuées de signification en dehors de leur contexte culturel. Une science théorique qui ne serait pas conscience de ce que les concepts qu’elle tient pour pertinents et importants sont destinés à terme à être exprimés en concepts et en mots qui ont un sens pour la communauté instruite, et à s’inscrire dans une image générale du monde, une science théorique où cela serait oublié et où les initiés continueraient à marmonner en des termes compris au mieux par un petit groupe de partenaires, serait coupée du reste de l’humanité culturelle, vouée à l’atrophie et à l’ossification.

Erwin Schrödinger, 1952