Le Voyage Cosmique dans la Littérature et la Poésie (1/2)

Le mythe d’Icare rappelle combien l’homme a toujours rêvé de s’affranchir de la pesanteur et de conquérir l’espace. Initié dans l’Antiquité grecque, le voyage imaginaire dans l’espace est devenu un genre littéraire en soi, dont le succès témoigne de ses racines profondes dans la sensibilité. Pour nombre d’explorateurs cosmiques, l’essentiel n’est cependant pas le trajet spatial, mais les contrées visitées.

La littérature est si riche qu’il est impossible d’en faire ici une compilation exhaustive. Citons au moins quelques études profondes: Gaston Bachelard bien sûr (L’Air et les Songes, 1943 ; Le Livre de Poche, 1992) et sa disciple Hélène Tuzet (Le Cosmos et l’Imagination, José Corti 1988), mais aussi Lucien Boia (L’exploration Imaginaire de l’Espace, La Découverte 1987), Stephen Dick (La pluralité des mondes, Actes Sud 1992), et pourquoi pas mon anthologie astropoétique Les Poètes et l’Univers (Le Cherche-midi, 1992).

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Quant aux œuvres littéraires elles-mêmes relevant du genre, elles peuvent être classées d’après la forme du voyage. Le voyage mythique est accompli par des êtres surnaturels ou par des hommes placés sous leur conduite. Le voyage mystique décrit le ravissement de l’âme débarrassée du corps. Le voyage en pensée est celui où seule l’intelligence humaine parcourt les cieux. Enfin, le voyage astronautique est né le jour où la présence de l’homme dans l’espace est devenue effective : la conquête spatiale des cinquante dernières années restera l’un des achèvements scientifiques, technologiques et culturels les plus marquants du XXe siècle.

Dans ce billet je me cantonnerai aux navigateurs célestes qui, pratiquant davantage le vers que la prose, s’exaltent à parcourir le plus vaste des océans. S’ils font halte parfois dans les îles lumineuses, ils repartent toujours, ou bien se contentent de les frôler, de les saluer au passage, dans leur avidité d’aller toujours plus loin.

Dans le carcan des sphères aristotéliciennes


Ils assuraient qu’ils apercevaient distinctement les bornes du ciel, ils mesuraient le soleil, ils marchaient dans l’espace au-dessus de la lune.
Lucien de Samosate, Icaroménippe (vers 160)

Le voyage mythique traduit en termes de fictions issues de rêves a été traité dans l’Antiquité, avec notamment Le Songe de Scipion de Cicéron au Ier siècle avant l’ère chrétienne ou Le Songe de Macrobe au Ve siècle. Le premier écrit connu abordant le voyage physique (et non pas mental) dans l’espace est L’Histoire Vraie, composée en 160 après J.-C. par le grec Lucien de Samosate (que plus tard Johann Kepler traduira en latin afin d’apprendre le Grec !). Lucien raconte comment la nef d’Ulysse, aspirée en mer par une effroyable tornade, a vogué sept jours à travers l’espace pour se poser enfin sur la Lune. Mais Lucien expédie son équipée céleste en quelques lignes, son véritable propos étant de faire une satire des historiens qui présentent comme véridiques des récits invraisemblables et mensongers. D’ailleurs, un autre récit de Lucien, l’Icaroménippe, raconte un voyage dans la Lune, mais là encore, à aucun moment le voyage relaté n’a recours à une technologie « vraisemblable », et Lucien ne le présente jamais comme réalisable à l’aide de la science.

 

 

 

 

 

 

 

Je ne mentionnerai  pas ici ses innombrables imitateurs qui, rimeurs ou non, n’auront pas davantage le goût de l’aventure cosmique.

Dans le Moyen-Age chrétien, la traversée céleste a pour seul objectif de rejoindre l’Empyrée – le séjour divin. La cosmologie aristotélicienne régnante, enfermée dans une suite de coquilles sphériques, bloque tout intérêt pour l’espace. La Divine Comédie de Dante (vers 1320) n’est pas un contre-exemple de cette emprise paralysante si l’on réalise que le poète traverse le ciel sans le regarder… C’est une belle chose que son envol: le regard de Béatrice, rivé aux astres, y puise la force ascensionnelle que le poète à son tour boit dans les yeux de sa bien-aimée. Mais les sphères que le Florentin traverse en leur tournant le dos n’ont pour lui aucun intérêt. L’abîme des espaces n’existe pas. Comme dans une ascension mystique, la montée est d’une promptitude surnaturelle, le trajet d’un astre à l’autre presque instantané.

Cette conception de l’espace perdure en pleine Renaissance. La traversée céleste ne pose toujours aucun problème à Ludovico Arioste, auteur du Roland Furieux (1516). Au chant XXXIV, Astolphe, conduit par Saint Jean l’Evangéliste, emprunte le char d’Elie pour monter dans la Lune. Il y découvre un vallon dans lequel est rassemblé tout ce qui a été perdu sur terre :

« On y voit tous les vœux et toutes les prières que les malheureux pécheurs adressent au Ciel. Là se trouvent encore les larmes et les soupirs des amants, le temps perdu au jeu ou dans l’oisiveté, les vains projets laissés sans exécution, les frivoles désirs dont le nombre immense remplit presque le vallon. Enfin on aperçoit là-haut tout ce qui a été perdu sur la terre ».

Au chant xxxiv du poème Roland Furieux de l’Arioste, Astolphe s’élève vers la Lune sur le char d’Elie.

Un siècle plus tard, le chevalier Giambattista Marino (Adone, 1623) enlève tout aussi facilement son héros (Adonis) dans le char de Vénus et l’emporte dans les sphères célestes pour le conduire au « Théâtre du Palais d’Amour », dont l’architecture baroque contient rien de moins que la figure de l’univers :

« Là une salle immense, à travers cent fenêtres
De limpide cristal, prend la lumière du jour
Et dans un beau décor de fines mosaïques
Elle contient la figure de l’univers ».

Dans ces deux récits, la visite des mondes planétaires est bien plus intéressante que le vol lui-même – lequel se réduit à quelque chose d’aussi étriqué que le cosmos aristotélicien, borné par une sphère des étoiles fixes à peine plus grande que l’orbe de Saturne.

Dans son long poème Adone, Giambattista Marino fait l’éloge des récentes découvertes télescopiques de Galilée.
La Renaissance et l’ivresse de l’infini

Cependant, la Renaissance a donné aux esprits un nouvel élan: sans que l’architecture du monde ait encore changé, l’attitude de l’Homme face au ciel se fait plus hardie, plus confiante. L’humanité a reçu en héritage le monde pour l’explorer et le dominer, dès cette vie. Un tel enthousiasme est proche de la tentation d’orgueil. Si les poètes y échappent, le philosophe Giordano Bruno y cède à la façon d’un hardi explorateur. L’ivresse du vol, sans appréhension ni hésitation aucune, c’est chez lui que nous la trouvons pour la première fois, et la joie du voyage sans fin, sans espoir de retour (De l’Infinito, Universo e Mondi 1584) :

« C’est donc vers l’air que je déploie mes ailes confiantes.
Ne craignant nul obstacle, ni de cristal, ni de verre,
Je fends les cieux et m’érige à l’infini.
Et tandis que de ce globe je m’élève vers d’autres globes
Et pénètre au-delà par le champ éthéré,
Je laisse derrière moi ce que d’autres voient de loin »

Giordano Bruno a été condamné par l’Inquisition à être brûlé vif pour avoir notamment affirmé l’infinité du monde.

Les poètes, encore timides, ne lui emboîtent guère le pas. On ne décèle pas encore cette libération chez Luis de Gongora (1561-1627), dont la première des Solitudes (1613) décrit un voyage onirique. Dans une langue mystérieuse et belle, on y voit l’ascension de l’esprit solitaire jusqu’à la Voie lactée, ce « gond, jointure étroite » du ciel, qui semble délimiter l’espace. Non, les premiers à lancer l’homme vers les astres, les vrais poètes du vol spatial, ce ne sont pas des rimeurs, mais des savants : Johann Kepler, puis le Père Athanasius Kircher.

La curiosité passionnée des hommes de la Renaissance habite Kepler, et il l’exprime dans toute sa force en écrivant au seul émule capable de le comprendre: Galilée (Conversation avec le Messager Céleste, 1610). Pour le visionnaire allemand, le vol interplanétaire est pour demain, et les pionniers ne manqueront pas :

« Qui aurait cru autrefois que la traversée du Grand Océan était plus calme et moins dangereuse que la navigation dans les golfes étroits et traîtres de l’Adriatique et de la Baltique ? Créons des navires et des voiles adaptés à l’éther, et il y aura un grand nombre de gens pour n’avoir pas peur des déserts du vide. En attendant, nous préparerons, pour les hardis navigateurs du ciel, des cartes des corps célestes; je le ferai pour la Lune et toi, Galilée, pour Jupiter ».

Cette anticipation hardie, Kepler l’écrit sous le choc du Messager Céleste, dans lequel l’italien révélait ses découvertes télescopiques. Mais cette lecture n’a fait que confirmer sa propre intuition sur la nature terrestre des planètes. L’année précédente, il avait déjà composé pour son plaisir personnel le premier voyage lunaire où se pose le problème physique du vol spatial: Le Songe, ou l’astronomie lunaire, écrit en l609, connu d’abord seulement par des copies manuscrites, surchargé de gloses tardives par son auteur, fut publié enfin en 1634, à titre posthume. Le Songe de Kepler a l’air d’un voyage mythique, avec son peuple de démons volants, ses herbes magiques, ses commentaires astrologiques et son symbolisme médiéval ; c’est en réalité le premier voyage astronautique (pour une analyse approfondie, voir ma série de billets). Les navigateurs de l’espace sont sélectionnés et préparés comme les cosmonautes d’aujourd’hui par des démons ressemblant aux actuels “sorciers” de la NASA. Tout cela n’aurait qu’un intérêt de curiosité, si la science de Kepler, tout entière présente à l’arrière-plan de ce récit, ne se subordonnait au rêve.

      

 

 

 

 

 

Autre voyageur inspiré, le Père jésuite Athanasius Kircher, dont l’Itinéraire Céleste Extatique (1656) n’a à ma connaissance jamais été traduit du latin. Après avoir entendu un concert donné par un trio de luthistes, Kircher est transporté en un voyage extatique à travers les sphères des planètes telles qu’elle étaient conçues dans le système Tycho Brahe, adopté par la confrérie Jésuite aux détriment de celui de Copernic, jugé impie. Le thème mystique de la Quête prend ici une forme cosmique que l’on retrouvera souvent. Les voyages célestes de Cyrano de Bergerac (contemporain exact de Kircher), bien plus connus, apparaissent de prime abord plus prosaïques, mais sont en réalité chargés d’un mysticisme d’une autre nature, lié à l’alchimie et aux tarots. Dans Le Voyage dans la Lune par exemple, la machine dont le héros se sert pour échapper à l’attraction terrestre utilise la rosée comme substance motrice. Or, dans la symbolique alchimique, la rosée représente l’eau issue de la terre montant au ciel, métaphore de la spiritualisation de la matière.

Les milles parures du vol cosmique


Le bruissement des ailes de l’ange voyageur, porté par un souffle embaumé, arrive jusque sur les plages des soleils.

Klopstock, La Messiade (1777)

Moins d’un siècle plus tard, le vol cosmique, transformé en thème littéraire, s’enrichit de mille parures. Les rimeurs sillonnent en foule l’espace. Le ton a changé: si l’enthousiasme n’est pas dépassé, la sécurité s’est accrue, l’orgueil aussi : dans l’intervalle, il y a eu Newton. Or, l’espace newtonien est propice au voyage. Le premier navigateur à s’y lancer est Edward Young. Ses Nuits (1742) mettent au point le plan et les procédés classiques de l’itinéraire céleste. Il s’agit d’un voyage éducatif, à fin essentiellement religieuse; il faut faire réfléchir l’incrédule en le conduisant jusqu’au trône de Dieu. Dans les cieux, l’âme retrouve son pays natal :

« L’âme de l’Homme fut faite pour parcourir les cieux. Délicieuse délivrance de sa prison d’ici-bas ! Là-haut, débarrassée de ses chaînes,– les liens des vanités terrestres,– elle peut errer au large, là, respirer en liberté, se dilater, s’étendre, dans leurs pleines proportions donner champ à tous ses pouvoirs, et ce n’est pas en étrangère qu’elle y marche mais, merveille elle-même, elle s’égare parmi des merveilles.
Délivrez-moi des barrières terrestres; au cercle étroit du soleil laissez mon cœur échapper… Ton âme, maintenant contractée, fanée, rétrécie, ravagée par les rafales malsaines de l’air terrestre, va fleurir ici… »

Edward Young, Night Thoughts, édition illustrée de 1797 (Henry E. Huntington Library).

 

Peu de poètes ont aussi bien exprimé que Young ce bien-être de l’âme qui se sent chez elle. Pour un voyageur ainsi préparé, l’envol est aisé, la route est frayée. Le but lointain qu’il vise, c’est celui que le regard de l’astronome, soutenu par sa lunette de Galilée et le télescope de Newton, a déjà rejoint.

Friedrich Gottlieb Klopstock (1724-1803) lui est contemporain. Sa Messiade est une fresque grandiose, embrassant en 20 chants l’histoire du Messie. Commencée en 1748 sous l’influence du Paradis Perdu de Milton, elle se conclut en 1777 par le voyage cosmique d’un séraphin, en quête, comme chez Young, de la demeure divine :

« Rapide et diaphane comme une suave matinée de printemps, le séraphin s’est élevé vers les sphères célestes. Là des soleils seuls emplissent l’espace, et leur reflet s’étend sur l’infini, semblable à un voile pourpré, tissé par une main divine avec les rayons de la lumière primitive. Au-dessous de cette atmosphère étincelante que pas un globe ténébreux n’ose aborder, la nature nuageuse passe en fuyant, et les mondes et leurs habitants paraissent et s’abîment comme les flots de poussière, avec leurs populations d’insectes imperceptibles, se soulèvent et s’affaissent sous les pas du voyageur. Mille routes partent en tous sens de ce foyer de lumière ».

Elévation du Séraphin dans les Sphères célestes, illustration de Heinrich Friedrich Füger pour La Messiade de Klopstock (1797).

Young et Klopstock eurent un rayonnement européen. Désormais, les voyages cosmiques se multiplient, où les procédés, encore souples chez l’initiateur, se figent rapidement. Le caractère didactique s’accentue; il ne s’agit plus de religion, mais de science, et l’orgueil conquérant de l’homme triomphe chez les Français, dont André Chénier est un bon exemple. Hermès -digne nom pour un voyageur – est demeuré à l’état de plan illustré de quelques vers seulement :

« Souvent mon vol, armé des ailes de Buffon,
Franchit avec Lucrèce, au flambeau de Newton,
La ceinture d’azur sur le globe étendue.
Je vois l’être et la vie et leur source inconnue,
Dans les fleuves d’éther tous les mondes roulants;
Je poursuis la comète aux crins étincelants,
Les astres et leurs poids, leurs formes, leurs distances,
Je voyage avec eux dans leurs cercles immenses ».

La muse d’André Chénier, marbre taillé en 1886 par le sculpteur Denys Puech pour illustrer la mort d’André Chénier, guillotiné place de la Barrière le 7 thermidor an II (25 juillet 1794). Dans une lettre à Chabrier (octobre 1886) Denys Puech pensionnaire de la Villa Médicis, écrit :
[après que le couperet se soit abattu] “une forme blanche apparût au pied de la guillotine (…) petit à petit, un contour se précisa et l’on vit le corps (…) d’une vierge. De ses mains, elle prit la tête aux cheveux noirs… Puis s’asseyant, et ramenant sa longue chevelure sur sa poitrine, elle y déposa la chère tête qu’elle baisa sur le front cependant qu’elle disait dans un souffle : “Dors tranquille, ô poète, ta muse veillera sur ta mémoire.”
Rêves d’univers


Arrête, voyageur, que cherches-tu ici?

– Je cherche une route qui me mène à la rive de son vaste univers!
Friedrich von Schiller, La Grandeur du Monde (1797)

A la fin du XVIIIe siècle, la poésie scientifique se sclérose, mais la poésie romantique, naissante, fait naturellement sienne la notion d’Infini. C’est à Johann Paul Friedrich Richter (1763-1825), mieux connu sous le pseudonyme de Jean Paul, que l’on doit les chefs-d’œuvre du voyage cosmique – Jean Paul, dont le corps était si obèse eût pu dire de son esprit “je suis oiseau”. Dans Hesperus (1792), un maître, Emmanuel, s’adresse à son disciple et l’invite à l’envol. Ce schéma de voyage, Jean-Paul l’a repris et développé plus tard dans le grand rêve de La Comète (1820), où la maîtrise des moyens s’unit à la spontanéité créatrice en un alliage presque unique :

« Bientôt ne resta plus de notre ciel que le soleil, semblable à une petite étoile, et les flammèches de quelques queues de comètes qui s’en approchaient. Nous passâmes comme un éclair devant une comète lointaine qui, venue du Soleil terrestre, volait vers Sirius.
Nous passions maintenant entre les soleils d’un vol si rapide qu’à peine ils prenaient un instant à nos yeux la grandeur de lunes, avant de se fondre, derrière nous, en infimes nébuleuses; et leurs terres, sur notre passage accéléré, ne nous apparaissaient pas. Enfin, le soleil de notre terre, Sirius, toutes les constellations et la Voie Lactée de notre ciel ne furent plus sous nos pieds qu’une claire nébuleuse au milieu de petites nuées plus lointaines. Ainsi traversions-nous les solitudes étoilées; les cieux, successivement, s’épanouissaient devant nous et se resserraient derrière nous – et des Voies Lactées s’accumulaient dans le lointain, comme l’Arc de Triomphe de l’Esprit Infini ».

L’écrivain romantique allemand Johann Paul Friedrich Richter (1763 – 1825), mieux connu sous le pseudonyme de Jean Paul.

Ce rêve de l’univers est un voyage mythique, où le rêveur suit à travers les espaces une apparition mystérieuse. Il traverse de vastes régions fourmillantes de soleils et bien plus lumineuses que la nôtre. Point de halte aux confins de notre petit système planétaire: il est effacé aussitôt. Spontanément, ici et ailleurs, la pensée de Jean-Paul identifie l’espace au temps. Le navigateur s’abandonne. Il est sans orgueil. Jean-Paul ignore la soif de comprendre, qui nous frappait chez Young. S’il parcourt l’espace, c’est qu’il est né plongeur – comme un pêcheur méditerranéen plonge profondément du regard dans une eau limpide. Mais la mentalité de l’explorateur, du conquérant, lui est étrangère.

Pour les Romantiques plus tardifs, l’idée du Beau n’est plus associée aux sensations de lumière et de sécurité, mais à celles d’ombre, de crainte, de surprise. D’où un type nouveau de voyage cosmique, très différent de l’expédition newtonienne: il s’agit maintenant d’un voyage périlleux parmi les sombres monstruosités du cosmos. Dans son très long poème astronomique Magnitudo Parvi (1839), Victor Hugo entraîne sa frêle petite fille dans un voyage effrayant. Le jeune père, en promenade avec Didine, avise à l’horizon deux lueurs minuscules; l’une est un feu de pâtre et l’autre une étoile… Tout l’être du poète, concentré dans son regard, se tend vers l’abîme obscur, et ce n’est certes pas pour bercer sa Didine de doux rêves qu’il lui conte ce voyage horrifique puisé dans le “noir livre ciel”!

« Si nous pouvions franchir ces solitudes mornes,
Si nous pouvions passer les bleus septentrions,
Si nous pouvions atteindre au fond des cieux sans bornes
Jusqu’à ce qu’à la fin, éperdus, nous voyions,
Comme un navire en mer croît, monte, et semble éclore,
Cette petite étoile, atome de phosphore,
Devenir par degrés un monstre de rayons;
S’il nous était donné de faire
Ce voyage démesuré,
Et de voler, de sphère en sphère,
A ce grand soleil ignoré;
Si, par un archange qui l’aime,
L’homme aveugle, frémissant, blême,
Dans les profondeurs du problème,
Vivant pouvait être introduit;
Si nous pouvions fuir notre centre,
Et, forçant l’ombre où Dieu seul entre,
Aller voir de près dans leur antre
Ces énormités de la nuit;
Ce qui t’apparaîtrait te ferait trembler, ange ! »

Cet extraordinaire poème peut être lu et même écouté ici dans son intégralité.

Soleil d’encre, dessin de Victor Hugo.

La suite est ici

18 réflexions sur “ Le Voyage Cosmique dans la Littérature et la Poésie (1/2) ”

  1. Bonjour prof., ne donne-t-on pas ce titre aux experts…
    Le navigateur s’abandonne. Il est sans orgueil…. de Jean-Paul. Plaisir de vous lire, sous le charme.Il faut revenir comme un lieu qu’on ne peut quitter avec regret en se disant, on reviendra à ce lieu qui nous fait tant rêver de monts et merveilles.Vous avez cela aussi et surtout, lorsque vous nous parler des autres auteurs.Vous ne vous cantonnez pas à un seul genre comme un guide de voyage et quel voyage on fait avec vous, professeur!

  2. Bonsoir!

    Un très beau et juste commentaire de Monsieur Gabbro, en effet.

    “Profs” est aussi le titre…d’un film.

    Le voyage sait ce qu’il veut, il veut sortir du voyage.

    Il paraît que c’est une épanadiplose!

    Garro

  3. Bonjour!

    Bien évidemment, ce billet de mai est tout simplement merveilleux!

    Les commentaires de Messieurs Gabbro et Garro ne manquent pas d’air…et de songes.

    Au fait, c’est quoi une “épanadiplose”, ce mot d’intellectuel, comme dit la petite fille

    qui a mille peines à le prononcer, dans le film mentionné?

    Le dictionnaire ne dit pas ce que rapporte le voyage et Garro qui ne quitte pas son arbre, non plus!

    Rapporter? Littré donne vingt-cinq acceptions du mot.

    Quand voyagent la folie et le génie bien au delà du temps, bien par-dessus les océans, que peuvent

    attendre de nos Argonautes les pauvres hères d’ici-bas?

    On est toujours un oiseau de bohème, une enfant du printemps.

    Je vous souhaite une bonne Ascension, jour férié de notre République des âmes mortes et sans panache.

    Roxane

    1. Le reflet sait ce qu’il veut, il veut sortir du miroir ce lent reflet
      (Et Roxane de soupirer au panache vieilli du pauvre et vieux Cyrano faisant maigre)

  4. Bonjour!

    Dieu(x), que ce commentaire sonne juste!

    Celui de Monsieur Bardou qui nous invite à donner aux ailes, un ciel.

    Peut-être du côté d’une claire fontaine où nous pourrions à loisir
    rouvrir “L’eau et les rêves” et nous instruire sur le reflet du miroir…

    Faire chère lie à sa manière, faire maigre à sa façon.

    Traversons la psyché et voyons ce qu’il y a de l’autre côté…N’est-ce
    point le but du voyage cosmique dans la littérature et la poésie?

    Au delà des contrées visitées atteindre la rive pour aborder, après tant
    et tant d’aventures, la contrée devinée par celle ou celui qui pense et
    vit avec la science. “Contrée lointaine, où il est difficile, voire
    même, je le crains, périlleux de vouloir aller, mais vers laquelle il
    est très bon et finalement très raisonnable de regarder”, écrit le
    physicien Bernard d’Espagnat, en conclusion d’un ouvrage sur les enjeux
    du savoir.

    Chausser ses bésicles et ses longue-vues pour tenter d’apercevoir
    quelque chose à l’horizon du réel voilé…Pourquoi pas?

    Nous sommes tous sur le même bateau, capitaine ou long cours et simple
    matelot…Et vogue le navire!

    Alors autant “enlever son maillot” pour dévoiler sans dévoiler
    l’essentiel d’une telle odyssée.

    Dans le carcan des sphères, l’ivresse de l’infini, des mille et une
    parures du vol cosmique et des rêves d’univers, notre Commandant de bord
    va chercher le grec Lucien de Samosate, cet auteur qui connaissait,
    semble-t-il, l’Évangile de Cérinthe et l’Apocalypse mais pas les
    Évangiles synoptisés.

    Monsieur Michel Onfray, dans une préface à son journal hédoniste,
    intitulée “Le principe d’archipel” se rappelle l’œuvre du philosophe
    mentionnée par Monsieur Luminet, qu’il écrit d’ailleurs “Icamorémippe”
    mais le titre est parfaitement orthographié, rassurez-vous, au chapitre
    des vengeances de la perdrix dans un autre journal. Cet écrivain
    normand, athée, en appelle finalement aux alcyons nécessaires.

    Arioste dont la qualité de poète faisait respecter dans sa personne, le
    titre de gouverneur d’une province d’Apennin; qualité même reconnue des
    brigands de l’époque. Jean-Baptiste Marini, ami de Poussin, attaché au
    neveu du pape Clément VIII, fut appelé en France par la reine Marie de
    Médicis qui lui accorda une pension de deux mille écus. Sa poésie
    licencieuse ne plut pas au souverain Pontife qui le mit aux arrêts mais
    il se racheta et obtint sa grâce en composant, en peu de jours Le
    massacre des Innocents. Athanasius Kircher auteur du livre rare Iter
    extaticum (1657), cité dans le billet, fut l’un des premiers en Europe à
    étudier la langue copte et on lui attribue l’invention de la lanterne
    magique. A propos de cet ouvrage, des lettrés catholiques on dit plus
    tard, qu’il n’y a que le génie desséché par les calculs et les aridités
    géométriques, qui puisse avoir dicté la censure dédaigneuse faite de ce
    livre (L’auteur visé était Maclaurin). A.Kircher a donné lui-même le
    mémoire sur sa vie et ses ouvrages dans le Fasciculus epistolarum, de
    Langenmantel (pages 65 et suivantes)

    F G Klopstock, auteur de La Messiade, applaudit l’élan de la révolution
    de 1789 qui lui semblait devoir réaliser ses rêves pour le bonheur de
    l’humanité et ses chants patriotiques lui valurent le titre de citoyen
    français. Mais lorsqu’il vit les crimes que l’on commettait au nom de la
    liberté, il renvoya le diplôme à la Convention. Les dix premiers chants
    de la Messiade furent imprimés en 1755 aux frais du roi. Dans ses
    chants, il célèbre son épouse sous le nom poétique de Cidli.

    André Chenier, traducteur d’une ode de Sapho, à 16 ans, brigua, dit-on,
    le périlleux honneur de partager avec Malesherbes, la défense de Louis
    XVI. Il mourut sur l’échafaud dans l’indifférence de ses amis. “Pourtant
    j’avais quelque chose là!” , disait-il en montrant sa tête du doigt.
    Autrement dit sa muse ou celle de René de Chateaubriand qui lui révéla
    son talent.

    Il écrivit en prison, à Saint-Lazare “La jeune captive”. ” Avant son
    exécution, il s’est écrié :

    “Mourir sans vider son carquois, sans percer, sans flétrir, sans fouler
    dans leur fange, ces bourreaux barbouilleurs de lois, ces tyrans
    effrontés de la France asservie.”

    F von Schiller composa en 1789 pour l’ouverture de son cours, un
    discours sur cette question :

    “Qu’est-ce que l’histoire universelle et quel est le but de cette
    étude?” Un an plus tard, il trouva le bonheur domestique avec
    Mademoiselle de Lengeld avec laquelle il s’unit.

    Jean-Paul (Richter), auteur des “Petits voyages” et du “Choix fait
    parmi les papiers du diable” (1782) perçut une pension considérable,
    assurée en 1802 par le Prince primat Dalberg, qui lui fut continuée par
    le roi de Bavière.

    Le chapelain du roi et curé de Wellwyn, Edward Young, marié en 1731 avec
    la veuve du Colonel Lée, eut le malheur de perdre sa fille aînée au
    moment qu’elle allait se marier. Cette profonde tristesse lui a valu ce
    beau poème de “Nuits”, cité par Monsieur Luminet dans son billet.

    Il a été traduit en français par Le Tourneur qui a mis en tête ces
    quelques lignes :” Young pousse trop loin les conséquences de
    l’immortalité de l’âme, et que quand même l’âme serait mortelle, il y
    aurait encore des devoirs à remplir.”

    Fâché de l’entendre rabaisser le talent de Milton, E Young écrivit à
    Voltaire cette épigramme sanglante :

    “Tu es si spirituel, si maigre et si laid qu’on trouve réunis en toi, le
    diable, la mort et le péché”

    Il paraît que le destinataire, déconcerté, n’eut pas la force de
    balbutier un mot de réplique.

    Ces petites indications quelque peu singulières, à l’endroit des
    voyageurs retenus par M.Jean-Pierre Luminet dans la première partie
    remarquable de son billet de mai, ne sont pas là, bien entendu, pour
    témoigner de la relative érudition d’un commentateur parmi d’autres.

    Il s’agit bien d’autre chose. Plutôt essayer d’apporter un ton, une
    autre couleur pour aider à replacer les acteurs dans leur quête et
    permettre ainsi au lecteur, par ces faits divers et minimes relatés,de
    chercher à comprendre et à se comprendre.

    Que pense un auteur profond de toutes ces références qui ne sont pas toutes
    des détails de l’histoire?

    Prenons l’air, par exemple, avec Bachelard sous l’arbre à songes de mai et voyons ce
    qu’il nous dit des mécanismes du “Voyageur aux Empires du soleil et de la
    lune” :

    “Ils sont, eux aussi, du mécanique plaqué sur du vivant. Voilà pourquoi
    les écrits de Cyrano nous divertissent sans nous émouvoir. Ils sont du
    règne de la fantaisie; trop rapidement, ils ont perdu la grande patrie
    de l’imagination.” (L’air et les songes, page 46)

    Dans “La formation de l’esprit scientifique”, page 221, l’auteur cite le
    journaliste français Jean-Louis Carra qui reprend les idées du Père
    Kircher pour les critiquer et qui rationalise à sa façon la même
    hypothèse. Et Gaston Bachelard d’ajouter :”Il faut affirmer que tout
    n’est pas possible, dans la culture scientifique, et qu’on ne peut
    retenir du possible, dans la culture scientifique, que ce dont on a
    démontré la possibilité. Il y a là une possibilité courageuse et parfois
    risquée contre l’esprit de finesse, qui sans cesse fuira la preuve pour
    la présomption, le plausible pour le possible.”

    Jean-Paul (Richter) est mentionné maintes fois dans toute l’œuvre de
    G.Bachelard, dans les deux versants poétique et scientifique.

    On retrouve un exemple de rêverie dans Le Titan de Jean-Paul, cité par
    G.Bachelard :

    “(…) l’arbre unit l’infernal au céleste, l’air à la terre; il oscille
    du jour à la nuit et de la nuit au jour (…) la cime s’incline jusqu’au
    pré! Et puis aussitôt, avec quelle force l’habitant idéal de la ramure
    est rendu au ciel bleu! Celui qui a lu et rêvé au-dessus de la terre,
    dans la fourche d’un vieux noyer, retrouvera la rêverie de Jean-Paul.
    L’excès du mouvement ne le gênera pas, car l’exagération n’est faite que
    pour réveiller des impulsions premières. Il comprendra que l’arbre est
    vraiment une demeure, une sorte de château du rêve.” (L’air et les
    songes, page 240)

    Notre professeur étoilé termine son billet extra par une citation du
    poème astronomique “Magnitudo Parvi” daté d’Ingouiville en août 1839.

    Il nous conte à sa manière bien à lui “ce voyage horrifique” en nous
    proposant de le lire et de l’écouter.

    Comment ne point penser aux considérations très horrifiques d’un
    voyageur du bathyscaphe microcosmique au pays des quanta?

    Et au bout du voyage, Monsieur Michel Paty se pose, nous pose la question :

    “Le vertige nous saisit. Ce voyage en bathyscaphe au microcosme que
    peuplent les quanta ne va-t-il pas se transformer en une plongée aux
    confins de l’univers, dans les mystères de sa fabuleuse histoire?”

    Mythe de l’albatros et mythe du bâtisseur de cathédrales. Charles
    Baudelaire, Victor Hugo. Ils planent…Nous planons tous puisque nous
    vivons d’horizons.

    Feu de pâtre et étoile…Et si, si, si quelque part une Didine attentive
    a retenu la leçon de résistance et d’envol, telle la petite sirène
    revenue d’un ruisseau du Quercy ou d’un voyage intersidéral au fond de
    la nuit, peut-être, saura-t-elle nous tendre la coupe de son heureuse
    et petite victoire, fruit délicieux de son expérience et de sa quête…

    Eh bien, Madame, Monsieur, on lui dira merci, comme la belle, ce soir,
    là-bas à Lisbonne, à l’Eurovision de la chanson!

    Garo

    1. Penché sur votre source, j’entends des milliers de bouches murmurer leurs êtres. On dirait que vous ne vous appartenez pas, vous êtes magique, Garo

  5. Bonjour !

    A bord du navire voguant sur les eaux de l’Eurovision lisboètes, la France, treizième dans l’ordre d’arrivée sur la Hune, s’est placée treizième au palmarès.
    En ce treize mai, donc pas de championne marine, ce jour, sur le plateau du Jt13 H.
    Si l’on en croit le symbolisme hébraïque, le treize n’est que passage et le voyage continue !
    Une question à Garo, s’il vous plaît :
    Vous parlez de Cérinthe sans donner une référence précise des écrits de Michel Onfray, à ce sujet.
    Pourriez-vous nous indiquer cette référence qui touche les origines du christianisme ?

    Merci à vous et merci à Mercy, puisque nous sommes tous sur le même bateau.

    Roxane

  6. Il ne reste plus qu’à confronter cela avec l’explication des mythes grecs que l’on trouve dans: Emmanuel d’Hooghvorst, Le Fil de Pénélope (chez Beya).

  7. Bonsoir !

    Ah ! Les nombres sans la magie…

    Pour l’Eurovision, elle est bien loin la source qui chante au milieu du bois…

    Ils sont bien loin, le banc, l’arbre, la rue, l’oiseau et l’enfant des années septante !

    Des voix, des textes, des mélodies…Nostalgie ? C’est une question, pas une réponse.

    Question justifiée posée, réponse donnée :

    J’ai mentionné, c’est vrai, Cérinthe, mais ma référence n’était point dans un livre de Monsieur Onfray.

    Je l’ai trouvée dans un ouvrage d’un érudit, spécialiste des origines du christianisme.

    Ce savant s’appelle Daniel Massé et le livre : « Jean-Baptiste et Jean, le disciple aimé et l’apôtre ».

    C’est un livre rare et original.(Le sept février mil neuf cent soixante-dix-neuf, son fils, Pierre Massé, qui fut Commissaire général au plan sous le Général de Gaulle, m’envoya un autre livre de son père, sur le même sujet)

    Mais il est vrai que Cérinthe considéré comme un saint hérétique par Michel Onfray, a voix au chapitre VI de son « christianisme hédoniste – contre-histoire de la philosophie 2 – » en deux petites pages (69 et 70) avec un sous-titre intitulé « la satisfaction du ventre ».

    Merci petit Jésus !

    Bonne nuit

    Garo

  8. Bonsoir !

    Que de mots ! Que de mots !
    La tradition reste la tradition et la science reste la science…
    A quoi bon une confrontation ?
    Livres, conférences, sites et commentaires à gogo ne changent rien à la situation.
    Tout cela n’est que littérature.
    Et si c’est tout ce qui reste, eh bien on va dire que tout est noir !
    Noir c’est noir …N’y aurait-il donc plus d’espoir ?

    Jacques

  9. Bonjour!

    Plus d’espoir, dites-vous, dans le noir, Monsieur Jacques?

    J’en ai pourtant trouvé une note dans la quatrième partie d’un livre intitulé : “L’heure de s’enivrer – L’univers a-t-il un sens?”

    L’auteur de ce livre s’est posé, un jour, sur une route de province, une question dans la voiture de Jean Staune (la belle rouge américaine, sans doute!) :

    “La complexité est-elle viable?”

    Et son conducteur, page 57 de son dernier livre “Explorateurs de l’invisible”, d’écrire à la suite de cette question :

    “Détecter une forme de vie extraterrestre intelligente serait d’une certaine façon affirmer l’existence d’un espoir pour notre propre civilisation d’échapper à l’autodestruction”

    Laissons là nos deux gentils conférenciers roulant dans la nuit sous une pluie d’étoiles, à bord d’un ORBI (Objet roulant bien identifié) déjà vu dans la cour de la ferme.
    Et pour l’homme imaginant qui ne néglige pas l’écho, car c’est d’écho qu’il vit, l’existence d’un espoir pour notre propre survie, peut être réalité, à condition bien sûr de travailler
    le passage. Alors, autant se souvenir du dauphin de Monsieur de La Fontaine qui fit asseoir sur son dos, un magot qui prenait le Pirée pour un homme, comme tant de gens prennent Vaugirard pour Rome, renchérit le fabuliste.
    Mais cela nous dit pas par quel moyen une forme de vie extraterrestre va se manifester sur l’asphalte ou sur
    les allées du jardin, palsambleu!
    Dans le second billet de son voyage cosmique – sait-on jamais! – notre passeur astrophysicien en dira peut-être un peu plus à celles et à ceux pour qui penser et sentir est une seule et même chose.
    On verra bien quitte à ultra-voir et à ultra-entendre…en un “jeu avec les forces” animé par un orchestre invisible, sis en chacun de nous, comme il est écrit dans une philosophie des silences et des timbres.
    Merci Monsieur Feye de votre conseil. Vos lecteurs doivent savoir que l’achat du livre que vous mentionnez, est très difficile pour les clients de l’Espace culturel Leclerc qui ont choisi cette enseigne pour le commander.
    L’éditeur ne répond pas aux messages adressés par les responsables concernés de ce centre commercial de grande distribution.
    Bien sûr, il existe d’autres moyens…
    Bonnes lectures actives et bonne seconde quinzaine de mai.

    Garo

  10. Bonjour !

    Je viens de lire, aux aurores, votre dernier message Garo.
    Vous êtes bien mystérieux…Quel est donc le nom de cet auteur qui covoiture avec Jean Staune ?
    Rédemption extraterrestre ? Soyons sérieux et redescendons sur terre !
    Puisque vous parlez bagnole (la belle rouge de Monsieur Staune), vous me faites penser à celle de la chanson de Pierre Vassiliu et de son pilote voyant ce qui se passe sur la terre, jamais n’y remit les pieds.
    Si forme humaine doit prendre la vie extraterrestre, je vois mal quelque Denrée suivre le fil de Pénélope pour arriver à l’Espace culturel d’un Centre Leclerc afin de signer son livre intersidéral, à l’instar de l’ex-président de la république française, Monsieur François Hollande, tout récemment.
    Il y a là forcément là, problème technique et je ne suis pas mécanicienne pour deux sous.
    Merci de bien vouloir nous apporter réponse à ma question.

    Roxane

  11. Bonjour !

    Je découvre, ce matin, votre message sensé, chère Roxane. Merci de nous donner le la et le là…Oh là là!Ce n’est pas si facile de composer avec !
    Je veux bien répondre à votre question.Le passager dans la voiture de Monsieur Jean Staune est Monsieur Hubert Reeves, l’auteur du livre que j’ai mentionné où se trouve le chapitre intitulé « Une note d’espoir », page 197. A cette page, on trouve, cette citation de Saint-John Perse :
    « Mais de l’homme, quand sera-t-il question ? » L’un des deux conférenciers de profession avait une véritable douleur dans la voix.
    Je suis bien d’accord avec vous et j’apprécie votre humour en chantant.
    Si rédemption, il y a, allons plutôt la voir « éclose » dans L’intuition de l’instant….Puisqu’elle est à la page !
    Ce qui n’exclut ni atterrissage, ni satyre, ni passant, ni partage de brouet, ni ermitage en fromage de Hollande et bien entendu ni véhicule… Mais c’est à voir dans la question de la technique qui ne peut être sans essence.
    Au garage des « luminesciences », je vous en donne mon billet, notre estimé spécialiste saura bien faire repartir la machine, palsambleu ! Autrement dit, répondre à la question :
    Comment trouver un sens et une cohérence à notre vie ?
    Pour l’heure qui n’est point celle de s’enivrer, dame, avec cette histoire de tôlerie, vous me faites penser à la mienne qui doit passer bientôt le contrôle technique ? Faut dire qu’elle a du plomb dans l’aile, je l’ai achetée d’occasion, il y a seize ans, mais ça roule quand même…
    Bonne route prudente à tous.

    Garo

  12. « Détecter une forme de vie extraterrestre intelligente serait d’une certaine façon affirmer l’existence d’un espoir pour notre propre civilisation d’échapper à l’autodestruction »

    …. je pense qu’on ne peut rien détecter de supérieur ou d’égal à notre “complexité” d’observateur. C’est en tout cas ce que je pense devant ce géranium ou mon chat, et pour qui, en tant qu’être, je suis à une distance qui vaut bien les années lumières de distance que j’observe dans les étoiles. Si le programme cosmique est globalement l’augmentation de la complexité, les extraterrestres ou le niveau au-dessus du mental ne sont pas du tout loin. “Échapper à l’autodestruction” me fait penser à l’expérience du mental terrible que j’ai dans la tête chaque fois qu’il est menacé. Le plus réel aurait été de ne pas écrire de commentaire malgré la puissance de faire, de façon à agir autrement. Ça aurait été si beau ! L’espace d’un instant je l’ai vu, et j’ai crû que je saurai me taire et agir. Et puis je n’observe que ma capacité d’aimer et je partage des paroles et cet oiseau de feu qui s’est envolé.

  13. ….et pour se poser en toute beauté à la fin d’une introduction où mon hôte d’un jour, écrivait ces belles paroles, trente-deux ans plus tôt :
    « Parce qu’elle est toujours à gagner la vraie vie est présente. Elle travaille en chacun de nos éveils. Elle est contemporaine de nos paroles. Comme l’oiseau de feu elle renaît et nous invite à renaître de ses cendres. Ce n’est pas assez de dire qu’une nouvelle vie nous est possible. Il faut affirmer qu’elle est « un destin de l’homme ». (Fin de citation)
    S’engageant, par son commentaire, dans les métamorphoses de la pureté, Monsieur Guillaume Bardou amène tout naturellement son lecteur à rouvrir « L’intuition de l’instant » où l’oiseau de feu retrouve son nid.

    Garo

  14. Vos pouvez, cher Monsieur Bardou, puisqu’il est là – le frisson…dans le nid.
    Chapitre IV (Le nid)de “La poétique de l’espace”, page 97
    Quant à celui (le frisson)d’uchronie…

    Garo

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *