Archives pour l'étiquette Singapour

Promenade artistique au Musée de Singapour (3) : 1950-aujourd’hui

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Entrons dans la seconde moitié du XXe siècle avec une tentative cubiste de l’Indonésien Mochter Apin (1923-1994) et, beaucoup plus réussi, de gracieuses jeunes femmes balinaises par le sino-indonésien Lee Man Fong (1913-1988). Farouche opposant au régime colonial japonais en Indonésie, le jeune Man Fong a été emprisonné à Djakarta  en 1942, mais un officier japonais amateur de peinture l’a fait libérer au bout de six mois. Après quelques péripéties il est devenu plus tard le peintre préféré du président Sukarno!

Mochter Apin (Indonésie), Winter 1953
Lee Man Fong, Vie à Bali, 1960-65

Comme il se doit , la Galerie Nationale offre une place de choix aux artistes singapouriens.

Lim Cheng Hoe (1912-1979) fut  un aquarelliste reconnu comme l’un des pionniers majeurs de l’école artistique Nanyang à Singapour,  aux côtés de Chen Chong Swee (1910-1985) et Cheong Soo Pieng (1917-1983).

Lim Cheng Hoe, Scène à Kampong, 1960
Chen Chong Swee – After Bath, 1952 (Encre de Chine et aquarelle)
Cheong Soo Pieng -Retour du marché, 1975

Née en Chine de riches parents antiquaires, Georgette Chen (1906-1993) a vécu à new York et à Paris avant de rejoindre l’Académie des Beaux-Arts Nanyang à Singapour et d’y enseigner.  Elle y est très populaire.

Georgette Chen (Singapour), Lotus dans la Brise, 1970

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Promenade artistique au Musée de Singapour (2) : 1900-1950

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F. De la Rosa, Portrait de José Rizal, 1902

Nous entrons de plain-pied dans le XXe siècle avec cette huile datée de 1902 du peintre philippin Fabián de la Rosa (1869-1937). C’est le portrait de José Rizal, artiste, poète et romancier philippin, véritable héros national fusillé en 1896 à Manille pour activités subversives. On lui voue encore aujourd’hui un véritable culte, comme j’ai pu le constater lors de mon récent passage à Manille : un musée dans la vieille ville d’Intramuros lui est entièrement consacré, sans compter les innombrables rues, parcs, places, statues et temples !

Exécution de José Rizal, fresque du Rizal Museum à Manille

Plusieurs peintres philippins sont  à l’honneur au Musée de Singapour, comme Fernando Amorsolo (1892-1972), reconnu comme peintre national, et Hernando Ocampo (1911-1978):

F. Amorsolo, Place du Marché sous l’Occupation, 1942
F. Amorsolo, Défends ton honneur, 1945
H. Ocampo -Danse Moro, 1946

Poursuivons avec un beau tableau de Victor Tardieu, né en France en 1870 et mort en 1937à Hanoï au Vietnam, qui n’est autre que le père du grand poète Jean Tardieu.

Victor Tardieu, La Tonkinoise au panier, 1923

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Promenade artistique au musée de Singapour (1): XIXe siècle

La Galerie Nationale de Singapour (National Gallery Singapore) est un musée spécialisé dans l’art de l’Asie du Sud-Est. Il a ouvert en 2015 dans les anciens bâtiments coloniaux de la Cour Suprême et de la Mairie, situés côte à côte et classés monuments historiques. L’architecte français Jean-François Milou a remporté le projet parmi plus de 100 propositions et a entrepris des travaux pharaoniques de rénovation des bâtiments. Le résultat est une vraie réussite architecturale, reflétant tout à fait la puissance économique du Singapour d’aujourd’hui.

Deux vues de Singapour depuis la terrasse supérieure du Musée

Le musée s’étend au total sur une surface de 64 000 m2, soit l’équivalent du Musée d’Orsay. Il est très loin cependant d’abriter les immortels chefs-d’œuvre de la peinture occidentale que présente ce dernier. La National Gallery évoque en effet l’histoire de l’Art à Singapour des XIXe et XXe siècles – pour moi la partie intéressante. Il est en effet toujours instructif de voir ce qui se faisait ailleurs dans le monde aux temps où l’art européen atteignait un nouveau sommet, avec notamment l’impressionnisme et le post-impressionnisme.

Les deux anciens bâtiments, liés par une voile et bien mis en valeur.
Deux vues intérieures

Le musée de Singapour présente aussi, « exercice obligé » de tous les musées d’art moderne du monde, tout un panel de réalisations, installations et performances relevant le plus souvent de la pure escroquerie (c’est mon opinion personnelle, et je précise que je ne suis nullement « réactionnaire » en matière artistique, comme le prouve mon implication dans la création en musique contemporaine.)

Ayant eu la chance de visiter ce musée lors d’un récent et bref séjour à Singapour, et sachant que la grande majorité de mes lecteurs n’auront pas cette chance, je les invite à une petite promenade en images dans ce musée. Je me suis focalisé sur les œuvres qui m’ont le plus intéressé, et que j’ai moi-même photographiées avec mon Iphone – d’où la qualité parfois contestable des reproductions!

Commençons par deux vues de Singapour au milieu du XIXe siècle (on appréciera ou pas le changement!)

Charles Andrew Dyce, Old Bridge in Singapore, 1842
F.E.Paris & S. Himeley, Le port de Singapour en 1835

C’était une époque où les explorateurs européens comme Louis Delaporte (1842-1925, découvreur du site d’Angkor) et le Capitaine Robert Smith (1792-1882, découvreur de l’Ile Prince of Wales) dessinaient les merveilles naturelles de la région:

Delaporte, Intérieur de la grotte du Nam Hou, 1873
Cascade sur l’Ile Prince de Galles, gravure de William Daniell d’après une aquarelle du Capitaine Robert Smith, 1812.

Quand on pense à l’art d’Extrême Orient, on pense automatiquement aux estampes représentant la nature:

Découvrons maintenant quelques artistes asiatiques du XIXe siècle, très peu connus en Occident, comme les Indonésiens Jan Daniel Beynon (1830-1877) et Raden Kusumadibrata, les Philippins Juan Luna (1857-1899) et Félix Resurrection Hidalgo (1855-1913).  Continuer la lecture