Suite du billet précédent Interstellar : un trou noir à Hollywwod (1)
La plaque du foyer noir,
de réels soleils des grèves :
ah ! puits des magies.
Arthur Rimbaud, Illuminations
Depuis sa diffusion le 5 novembre dernier sur les écrans du monde entier, le film Interstellar de Christopher Nolan s’est imposé comme le blockbuster de l’année, suscitant des centaines de débats et dicussions passionnées sur la toile, alimentant des dizaines de blogs (la majorité anglo-saxons) qui ont, soit encensé, soit critiqué les exactitudes ou inexactitudes scientifiques du film, la vraisemblance du scénario, etc. Je rappelle que le conseiller scientique du film est mon collègue chercheur, le célèbre physicien américain Kip Thorne; avec son équipe de la compagnie privée Double Negative spécialisée dans les effets visuels, ils ont notamment concocté l’image du disque d’accrétion illuminant le trou noir “Gargantua”, censée être la plus précise jamais montrée, et qui a fait le tour du monde.
Pour accompagner la promotion du film, Kip Thorne a lui-même publié un livre de vulgarisation intitulé “The Science of Interstellar“, dans lequel il explique comment il a tenté de respecter le mieux qu’il pouvait l’exactitude scientifique, malgré les exigences parfois étranges du réalisateur, s’assurant en particulier que les despriptions visuelles des trous noirs et des effets relativistes associés soient les plus réalistes possibles.
Puisque, comme déjà rappelé dans le billet précédent, j’ai été en 1979 le premier chercheur au monde à effectuer des simulations numériques et à publier une image réaliste simulée d’un trou noir entouré d’un disque d’accrétion, dans les billets qui suivent je reviendrai aux bases de la visualisation des trous noirs, dans une visée non point critique mais pédagogique. Une bonne partie est adaptée d’un chapitre d’un de mes livres publié en français en 2006 chez Fayard, Le destin de l’univers, et repris en livre de poche en 2010 chez Folio/Gallimard. Continuer la lecture