Ceci est la septième de mes « Chroniques de l’espace illustrées ». Si vous souhaitez acquérir mon livre dans sa version papier non illustrée (édition d’origine 2019 ou en poche 2020), ne vous privez pas !
Objectif Lune
1962. La guerre froide bat son plein, exacerbée par la crise des missiles de Cuba. Les activités spatiales militaires permettent de développer au pas de charge toute la panoplie des technologies nécessaires pour envoyer un Homme sur la Lune. Côté américain, les programmes Gemini et Apollo se voient attribuer des budgets colossaux. Côté russe, la station orbitale permanente devient l’objectif à long terme, sans toutefois écarter la Lune des projets immédiats.
Une cinquantaine de missions lunaires américaines et soviétiques vont ainsi se dérouler dans les quinze années qui suivent. Certaines placent en orbite lunaire des satellites transmettant des photographies détaillées de la surface, d’autres font atterrir des modules capables d’analyser le sol de notre satellite naturel.
En 1966, Luna 9 réussit la très délicate manœuvre de l’alunissage en douceur. Le premier drapeau à « flotter » sur la Lune est soviétique !
Pour ne pas rester en arrière, les Américains réussissent à leur tour l’alunissage avec la sonde Surveyor 1, et à peine un an plus tard Surveyor 6 est le premier module capable de redécoller.
Cinq sondes Lunar Orbiter sont placées en orbite pour cartographier 99 % de la surface lunaire et définir les sites d’atterrissage des missions Apollo.
Pour des raisons de mécanique céleste, le voyage Terre-Lune aller-retour se présente de façon optimale lors de certaines fenêtres de tir périodiques et prévisibles. Une fenêtre se présente fin décembre 1968. Le premier vol humain en orbite lunaire est réalisé par le vaisseau Apollo 8, dont les trois membres d’équipage passent Noël à 380 000 kilomètres de chez eux. Les missions s’enchaînent avec succès.
En mai 1969, Apollo 10 se met en orbite lunaire et teste toutes les manœuvres conçues pour l’alunissage.
Enfin le 21 juillet 1969, Apollo 11 dépose le module Eagle sur la mer de la Tranquillité. Neil Armstrong et Buzz Aldrin sont les premiers hommes à marcher sur la Lune. Six cents millions de téléspectateurs assistent en direct au spectacle. La mission semble bien se dérouler, mais la réalité est toute différente. Pendant la descente du module, l’ordinateur sature et tombe en panne. Armstrong ne reconnaît pas le site d’alunissage mémorisé pendant l’entraînement. On est à 12 kilomètres du point prévu. Il faut improviser, il reste à peine quarante secondes de carburant. Armstrong réussit malgré tout l’alunissage en mode manuel. Une fois au sol, les deux marcheurs lunaires font des prises de vue, récoltent 22 kilos de roches, se livrent à diverses expériences physiques et veulent prolonger la balade alors qu’il ne leur reste qu’une demi-heure d’oxygène. Sur Terre, les opérateurs de la Nasa hurlent : « Vous voulez qu’il y ait un mort ? Rentrez tout de suite ! » Leur promenade aura duré deux heures trente.
La mission Apollo 11, réussie quelques mois avant la date butoir donnée par Kennedy, est aujourd’hui encore considérée comme l’événement le plus important de la conquête spatiale. Le programme Apollo va se poursuivre jusqu’à la mission numéro 17, de décembre 1972.
Au total, une douzaine d’astronautes américains se sont déplacés, à pied ou en jeep, à la surface de la Lune, et ont rapporté 382 kilos de roches lunaires extraites de six régions différentes, à comparer aux 336 grammes ramenés sur Terre à la même époque par les missions soviétiques du programme Luna, équipées pour leur part de prodigieux automates.
Entre-temps cependant, l’intérêt du public a vite diminué. Des voix se sont élevées contre le coût du programme, des restrictions budgétaires ont été votées par le Congrès américain. Depuis 1972, plus aucun astronaute ne s’est éloigné de plus de quelques centaines de kilomètres de la Terre.
Or, l’aventure a été exceptionnelle, tant sur le plan scientifique que culturel. Certes, l’exploration de la Lune peut s’effectuer à moindres coûts et à moindres risques sans l’intervention physique de l’Homme. Mais aucune sonde automatique n’est en mesure de traduire ce que le poète Archibald MacLeish a exprimé dans cette une du New York Times parue le jour de Noël 1968: « Contempler la Terre telle qu’elle est réellement, petit joyau bleu flottant dans un silence éternel, c’est réaliser que nous sommes des passagers solidaires de la Terre, frères pour l’éternité sur cette beauté multicolore au milieu du froid éternel, frères qui réalisent maintenant qu’ils sont vraiment frères. »
Cinquante ans plus tard, nous sommes encore très loin de cette fraternité rêvée.
Magnifique document synthèse
Merci beaucoup
Bonjour m. Luminet,
Ce billet est indispensable. Il ne faut pas oublier que notre satellite est aussi précieux que la prunelle de nos yeux. Merci d’y avoir songé.
Bonjour et merci pour cette très instructive chronique,
Le géologue Harrison Schmitt installa sur le sol lunaire le dernier sismomètre déposé sur le sol d’une autre “planète”… jusqu’à 2018 où la mission InSight en déploya un aussi sur le sol d’une autre planète, Mars cette fois. Ce sismomètre, SEIS, est majoritairement français, sous maîtrise d’œuvre du CNES et sous responsabilité scientifique de l’Institut de Physique du Globe de Paris. C’était aussi un mois de décembre, le 19, que le déploiement eu lieu avec un bras automatique et avec succès. Harrison Schmitt, toujours en vie, envoya un mail de félicitations au scientifique français responsable de l’expérience et aux équipes en charge de sa construction, de son développement et de son exploitation. A ce jour, deux ans plus tard, le sismomètre fonctionne toujours à merveille. Un lien entre cette dernière mission Apollo et l’exploration de Mars…
Bonjour!
Je n’avais pas la télévision en messidor mil neuf cent soixante-neuf et je n’ai donc pas vu “en direct” comme ils disent, le grand événement.
On n’oublie pas même si les os oublient, comme disait ce sacré Archibald, sans doute quelque part un peu parent avec l’oncle du chanteur
de Sète :
“Le vol des corbeaux,
La façon dont le vent souffle,
Le lever de la lune, le coucher du soleil,
Les entraîneront
Jusqu’aux durs os nus.
Et les os oublient.”
Pour faire écho à la citation du poète qui termine le beau billet de Monsieur Luminet, autant aller de ce pas, visiter ce qui suit dans les archives de la conquête de l’espace :
“En ce moment de triomphe technologique, les hommes ont tourné leurs pensées vers leur foyer et l’humanité, réalisant depuis cette perspective lointaine que la destinée de l’homme sur Terre n’est pas divisible, nous révélant que quelle que soit la distance que nous atteindrons dans le cosmos, notre destinée n’est pas dans les étoiles mais bien sur terre, entre nos mains et dans nos cœurs.”
A cette heure – celle de s’enivrer – comme dans la fable, autant regarder entre les verres de la lunette, foi d’animal, pour ne pas être complètement dans la lune!
Jean-Marie Apostolidès, un spécialiste français du petit reporter lié à l’objectif Lune, qui enseigne au pays de l’Oncle Sam, dans un bel article sur Tintin et le mystère de la Trinité, écrit :
“Le premier calcule et réfléchit, le second part à l’aventure, le troisième invente entre art et science. A eux trois, sous la garde du chevalier François de Hadoque qui est leur fétiche, ils incarnent un homme complet, un héros du XX ème siècle.”
(Monsieur Apostolidès cite en référence, un correspondant ami, spécialiste de l’œuvre de Gaston Bachelard.)
A – “la Chaire du génie” – , nous trouvons par une belle anagramme, haut perchée au Ministère et dans la Cité, Madame -“Claudie Haigneré”.
Auteur d’une lettre à tous ceux qui aiment l’école, la gente dame des hautes sphères en appelle à la science comme aventure, solidarité et ferment d’avenir.
C’était au tout début du XXI ème siècle.
Et maintenant…Chroniques bibliques et Odyssée de l’espace suffiront-elles par leur contenu respectif à faire valoir un destin de connaissance et à rallumer dans les chaumières, la flamme d’une chandelle qui manque à plus d’un pauvre terrien, pour écrire un mot au Pierrot de la lune.
Dans un blogue luminescient, on peut toujours rêver…
Gérard
Tous les pauvres terriens qui en sont capables doivent allumer eux-même leurs propres chandelles.
Avec passage et repassage sur l’ouvrage, comme on pétrit de la terre pour un résultat incertain, ils développent l’art de faire une statue, ils modèlent leurs visages.
Le ciseau des équations coupe bien dans cette glaise.
Bonsoir!
Pierrot de la lune, nous le retrouvons en Arlequin dans un mot de Michel Serres : laïcité, au début de son livre “Le Tiers-Instruit”.
Icelui, cherchant si j’ai bien compris, le trait d’union entre sciences humaines et sciences exactes, aimerait-il le cocorico bien français, gorge haute déployée, dans le commentaire si instructif de Monsieur Laudet?
Le monde des gens cultivés qui écrivent des livres, passent sur les ondes et les plateaux de nos chaînes nationales, le monde de Monsieur Luminet et de Monsieur Laudet, par exemple – qui ont la tête dans les étoiles et qui, en même temps, aiment la musique et composent avec elle – est un “autre monde” pour la plupart des gens.
Dans un monde, sans doute ébranlé par un tremblement d’histoire, au delà d’un vaste remous de barricades, comme disait Monsieur Frossard dans une conversation avec lui-même, la pose d’un sismomètre quelque part, est toujours possible!
Enregistrer est un chose, transformer en est une autre…
Qui ne rêve pas, ici-bas, d’un autre monde, d’une autre vie, autrement dit du réel? Pour un sacré moment…Fraternité.
Si d’argile, on se souvient, disait le diplomate et le poète.
Kalmia
Une correspondante me demande de poster son commentaire.
Dont acte.
“Pierrot de la lune, nous le retrouvons en Arlequin dans un mot de Michel Serres : laïcité, au début de son livre “Le Tiers-Instruit”.
Icelui, cherchant si j’ai bien compris, le trait d’union entre sciences humaines et sciences exactes, aimerait-il le cocorico bien français, gorge haute déployée, dans le commentaire si instructif de Monsieur Laudet?
Le monde des gens cultivés qui écrivent des livres, passent sur les ondes et les plateaux de nos chaînes nationales, le monde de Monsieur Luminet et de Monsieur Laudet, par exemple – qui ont la tête dans les étoiles et qui, en même temps, aiment la musique et composent avec elle – est un “autre monde” pour la plupart des gens.
Dans un monde, sans doute ébranlé par un tremblement d’histoire, au delà d’un vaste remous de barricades, comme disait Monsieur Frossard dans une conversation avec lui-même, la pose d’un sismomètre quelque part, est toujours possible!
Enregistrer est un chose, transformer en est une autre…
Qui ne rêve pas, ici-bas, d’un autre monde, d’une autre vie, autrement dit du réel? Pour un sacré moment…Fraternité.
Si d’argile, on se souvient, disait le diplomate et le poète.
Kalmia”
Bien à vous tous avec cette chanson du groupe musical
“Indochine” :
“J’ai demandé à la lune”
Gérard
Bonjour monsieur, un hommage en rimes…
Aux spationautes rêveurs, à la lune et aux amants…
Apollo 13
C’est la lune lapin
une histoire de destin
un rendez-vous manqué,
d’un homme et Séléné.
On a tous des tants PI
depuis l’Antiquité,
une quadrature du cercle
dans l’aire trop compliquée
problème de quarrer,
deux aires différenciées
d’un rond et d’un carré.
Même le compas dans l’oeil
de tous les beaux projets
visant là à coucher
à l’aide d’une équerre
des nous des insister,
ne serait éprouvé
la formule d’aimer.
L’amour qui encercle
durement démontré
depuis la nuit des temps
problème par avance
des Mars et des Vénus,
l’impossible rébus
solution l’invariance.
Seul un retour sur terre
peut éviter l’écueil
du peu oxygéné
des aimants l’asphyxie,
dans l’heure des séparés
promesse de nouvelle vie.
Choix pour tous les amants
qui sait des lendemains
les parques et chemins
jardins des nouveaux champs,
géométrie sachant
des possibles appliqués
du bleu des retrouvés.
…Houston on à trouvé !