Ceci est la sixième de mes « Chroniques de l’espace illustrées ». Si vous souhaitez acquérir mon livre dans sa version papier non illustrée (édition d’origine 2019 ou en poche 2020), ne vous privez pas !
Animaux dans l’espace
Avant que des êtres humains soient embarqués dans l’espace, ce sont nos amis les animaux qui ont servi de cobayes. Le 19 septembre 1783 déjà, un coq, un mouton et un canard font l’expérience du premier vol habité en montgolfière. Cela se passe devant le château de Versailles, en présence du roi Louis XVI. Leur nacelle s’élève jusqu’à 480 mètres de hauteur avant de redescendre, ils sont recueillis bien vivants.
L’aventure spatiale du XXe siècle offre un scénario identique, à ceci près qu’un vol à bord d’une fusée ou d’un satellite artificiel est autrement périlleux qu’une simple ascension en ballon dans la basse atmosphère. Au départ, les scientifiques ne savent pas si l’être humain peut survivre aux fortes accélérations de départ et aux longs séjours en apesanteur. Dès 1948, Américains et Soviétiques commencent donc à expérimenter avec des animaux. Les Russes utilisent d’abord des lapins, des rats et des souris pour des vols sans retour, puis des chiennes, qu’ils tentent de ramener vivantes sur Terre. Les Américains préfèrent les singes, dont la physiologie est plus proche de celle de l’Homme. Nombre d’entre eux sont sacrifiés au nom de la science, lors des phases de décollage, de retour au sol des fusées, ou dans les vols orbitaux.
C’est ainsi que le 3 novembre 1957, une chienne noir et blanc nommée Laïka embarque à bord de Spoutnik 2. Le lancement est effectué sans tests préliminaires et dans la précipitation, s’agissant de damer le pion aux Américains. Le satellite atteint effectivement son orbite, Laïka est le premier être vivant à voyager dans l’espace interplanétaire. Las, il n’a jamais été prévu que Spoutnik 2 revienne. Équipée d’une combinaison de cosmonaute et enfermée dans un petit habitacle, Laïka s’affole au décollage, son cœur bat la chamade. Après la mise sur orbite, la température de la capsule monte à 41 degrés. Laïka met cinq heures à mourir de déshydratation, de chaleur et de convulsions. Spoutnik 2 se consumera dans l’atmosphère quelques mois plus tard. Quarante ans après, une statue a été érigée à Moscou en l’honneur de Laïka. On lui devait bien cela.
Heureusement, beaucoup d’animaux ont survécu. C’est notamment le cas avec la mission Spoutnik 5, en 1960, qui embarque 2 chiennes nommées Belka et Strelka, 40 souris, 2 rats, des centaines d’insectes, des végétaux tels que maïs, blé, oignons et champignons, des bactéries et des préparations de peau humaine. Tous sont récupérés sur Terre en parfait état. Strelka a plus tard donné naissance à 6 chiots, dont l’un a été offert à John Kennedy pour son fils !
C’est aussi le cas de nombreux singes des missions américaines, à l’instar de Ham, un chimpanzé bonobo qui s’envole en 1961 de Cap Canaveral pour un vol de seize minutes et devient le premier être vivant à contempler la Terre de l’espace. Ou encore du chimpanzé Enos à bord d’une capsule Mercury qui le met en orbite autour de la Terre. L’engin est récupéré en mer et le singe est sauf. Grâce à lui, plusieurs centaines d’améliorations vont être apportées à la fusée et à la capsule, permettant la réussite du vol d’Alan Shepard, qui, la même année 1961, sera le premier humain américain envoyé dans l’espace.
Toujours en 1961, la France utilise pour sa part sa petite fusée Véronique pour lancer une capsule balistique habitée par le rat Hector, et en 1963 c’est au tour de la chatte Félicette, rebaptisée Félix par les médias. Les deux ont été récupérés vivants.
Le clou de la ménagerie spatiale se passe en 1968 lorsque les Soviétiques envoient en direction de la Lune la sonde Zond 6. Elle transporte des insectes et des tortues, contourne la Lune et retourne sur Terre. Grâce à un choix subtil d’orbite, la sonde revient avec une décélération acceptable pour un humain, mais elle s’écrase à l’arrivée sur le territoire de l’URSS. Tous les animaux périssent. Alexeï Leonov, qui trois ans auparavant avait été le premier piéton de l’espace, avait fait des pieds et des mains pour participer au vol. Heureusement pour lui, le chef de mission Vassili Michine avait refusé, conscient que le vaisseau n’était pas prêt !
De nombreux autres vols habités par des animaux se sont déroulés jusqu’en 1996 avec de moins en moins d’accidents. Sans ces héros bien involontaires de l’espace, la conquête spatiale n’aurait pas été aussi rapide et aurait provoqué de nombreuses pertes humaines. Les noms de Iouri Gagarine et Neil Armstrong restent dans toutes les mémoires. Mais qui se souvient des singes Albert, Gordo, Sam, Yorick, Mike, des chiennes Dezik, Lisa, Pchelka, et de centaines d’autres qui ne portaient même pas de nom ?
Une ombre de plus au tableau de la pathétique aventure humaine.
Bonjour!
Pauvre minou!
Nous sommes bien loin de l’idée du calme que nous suggère le chat assis du peintre Georges d’Espagnat…
Ombre au tableau, dites-vous? Laissons notre Nobel couronné, plein d’esprit, apporter sa lumière, puisque dans son nom, réponse il y a…
Et là, cette joyeuse anagramme, palsambleu!
Ce billet avec nos frères animaux me fait penser à une fable : “Un animal dans la lune” de Monsieur Jean de La Fontaine.
Rendu depuis longtemps tout entier aux beaux-arts, notre nautonier des espaces stellaires appréciera.
Pour l’heure, si Ariane est d’accord, peut-être pourrait-on envoyer là-haut “Monsieur Tout-le-Monde”…
Une bien belle anagramme d’un professeur et d’un artiste lui dit depuis longtemps déjà : “Tu es le mouton endormi.”
Eh bien mes aïeux, si tel est le cas, il n’a pas fini de roupiller sur son orbite, le pauvre!
De grâce, Monsieur Luminet, dessinez-nous une étoile capable de nous réveiller!
Bien à vous
M
“Un animal dans la lune”
http://www.la-fontaine-ch-thierry.net/animlune.htm#:~:text=Le%20point%20de%20départ%20de,fondée%20en%201660)%20était%20ridiculisée.
” (..) Mon âme en toute occasion
Développe le vrai caché sous l’apparence.
(..)Quand l’eau courbe un bâton, ma raison le redresse,
La raison décide en maîtresse.
Mes yeux, moyennant ce secours,
Ne me trompent jamais, en me mentant toujours”
Je me disais aussi hier que si je malaxe mes idées à loisir et qu’il n’en sort jamais aucun éclaircissement, c’est peut être un bon critère pour distinguer mon erreur dans le faux problème, et sa persistance comme mal en général.
Un superbe ouvrage que je conseille vivement !